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Citation de 5Arabella


Un beau matin de printemps, par un accord parfait et sans doute purement matériel entre le dedans et le dehors, par un consentement circonstanciel et fugitif des choses, nous voilà transportés, l'espace d'un instant, hors de l'éternel va-et-vient de l'offre et de la demande, hors des cauchemars du passé et des inquiétudes de l'avenir, ne faisant plus qu'un, enfin, avec le monde. Ni récompense méritée, ni préfiguration de quelque transcendance, il prend possession de nous lorsque nous parcourons, sous les grands acacias en fleur, les alentours du fleuve. Du fait d'être déjà un don, la perfection d'un tel instant ne recèle aucune promesse ; elle ne nous prépare nullement à un ordre plus élevé ; elle est une fin en soi, et il n'est pas question de l'invoquer en vue de telle ou telle ascèse, ni de prétendre l'avoir méritée à la faveur de douteuses prérogatives dues à l'étude, à l'intelligence ou la à la personnalité ; elle est donnée pour rien, et à n'importe qui, sans nécessité d'avoir été choisi en haut lieu, de sorte qu'il est inutile de perdre son temps à à remercier un quelconque dispensateur. Et si nous la considérons comme un don, c'est parce que, trop conscients de l'horreur, nous ne nous attendions guère à ce qu'elle nous fût octroyée. C'est le présent comme don : reçu non dans l'angoisse, ni dans l'étrangeté du sentiment d'être, mais dans la joie, qui englobe et dissout la conscience même de l'étant. Dans la lumière du matin, quand on marche parmi les pétales jaunes recouvrant les trottoirs, le présent infini n'est désormais plus perçu par les sens, mais en parfaite identité avec eux.
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