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3.73/5 (sur 26 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Rosario , le 13/02/1944
Mort(e) à : Buenos Aires , le 27/04/2019
Biographie :

Juan Martini est un écrivain argentin, né en 1944. Pendant la dictature militaire, il s'exile en Espagne et dirige une collection de romans noirs dans une grande maison d'édition. Il vit actuellement à Buenos Aires, où il donne des ateliers d'écriture. Il est l'auteur d'une quinzaine de romans et recueils de nouvelles. Son oeuvre, profondément inspirée par le genre policier et caractéristique d'une certaine littérature de l'exil, est considérée comme incontournable du panorama littéraire argentin.

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Un roman n’est pas toujours « ce miroir qu’on promène le long d’un chemin », offrant ces images nettes qu’affectionnent les pédagogues, mais dont Stendhal, auteur de la formule, fut aussi le premier à se défier. On ne trouvera ici aucun des vocables attendus : ni pampa, ni gaucho, ni asado champêtre aux larges quartiers de viande ; ni bandonéon, ni cabaret, ni compadrito tirant son surin au coin de la rue. Buenos-Aires n’est même pas nommé, ni aucun de ses faubourgs, non plus que les villes de l’intérieur. Et cependant tout y est : la « vie entière » de l’Argentine, en une vaste fresque expressionniste et allégorique où sont brassés l’hier et l’aujourd’hui de la patria grande, à travers ses lieux et ses personnages les plus représentatifs.

(p. 7, début de la préface de Jacques Fressard)
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Partout j’ai promené
la honte d'avoir été
et la douleur de n'être plus
mais les bords de mon chapeau
cachaient souvent un sanglot
difficile à réprimer.
Si j'ai erré dans les chemins
comme un paria que le destin
s'acharnait à briser
si j'ai été aveugle ou lâche
je veux seulement que les gens sachent
quelle valeur attacher
au courage d'aimer.

Elle,
elle était ma vie entière,
comme une chaleur printanière,
mon espoir et ma passion.
Moi,
je savais que l’humble bonheur
qui réchauffait mon pauvre cœur
était trop grand pour cette terre.
À présent,
sur la pente où je glisse,
des illusions de jadis
je ne puis me défaire.
Je rêve
d'autrefois avec nostalgie,
avec regret des jours enfuis
envolés à jamais.

(p. 81-82)
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Cúper fait une drôle de tête quand je lui raconte des histoires. Des fois, sans qu’il s’en aperçoive, j’observe son expression pendant qu’il m’écoute. Il devient quelqu’un d’autre. On dirait qu’il change de visage, c’est dur à expliquer avec des mots. Cúper est moche comme un pou, mais dans ces moments-là, on dirait, je sais pas… un prince. Un prince un peu bête peut-être, mais un prince quand même. Je suis très sérieux. Ça n’a rien à voir avec le fait que Cúper soit mon ami. Je le dirais dans tous les cas, ami ou pas. Je mens presque jamais, mais presque personne me croit. C’est ça, le problème. C’est pour ça que si j’invente pas rapidement quelque chose, ces trois-là vont me défoncer. Ils vont m’exploser la gueule pour la simple raison que j’ai rien à leur dire. Pas à eux, en tout cas. Si le Pélican était là, en face de moi, ce serait différent. C’est comme ça. Moi, au Pélican, j’aurais deux ou trois mots à lui dire. Que les choses soient claires. Mais non. Le Pélican n’est pas là : il n’y a que ces trois types. Et eux, ils ne panent rien. Dans ce monde, il y a des gens pour qui les mots ont un sens. Et d’autres, pas. Au fond, c’est ça, le secret de la politique.
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« Je suis le Rat », je lui dis.
Le type me croit pas. Il m’envoie une mandale, j’essaie d’esquiver mais il m’atteint en pleine face, il me défonce l’arcade. Je ne vois plus rien de l’œil gauche. Que du sang. J’ai les mains sur les genoux, je tiens comme je peux sur cette petite chaise. Mon couteau est dans ma poche arrière.
« Espèce de crétin. Dis-moi la vérité et tu sauves ta peau. »
Le type se lèche les articulations. Il s’est fait mal aux doigts.
« J’te jure, je lui dis. Je suis le Rat. »
Ce mec est un con. Pourquoi je lui mentirais ? Je suis déjà mort. J’ai pas de raison de lui mentir. De toute façon, il m’en colle une autre. Je ne bouge pas. Je veux qu’il s’explose la main. Il m’éclate l’œil. Le même. Maintenant, je ne vois même plus le sang. Le type s’est broyé la main. Les os, ça fait du bruit quand ça casse. C’est comme ça. Les petits os de la main, ils font crac et ils cassent.
La haine le rend fou. Il m’attrape par les cheveux, me secoue la tête et me crache au visage. Puis il me lâche, il recule d’un pas, il souffle et il me dit :
« Sale race de bouffeurs de chats. »
Je rigole.
« C’est quoi, ces petits os en sucre ? T’as de l’ostéoporose ? »
Les deux types qui l’accompagnent se marrent aussi. J’ai ma petite culture. Une de mes ex m’a appris à écrire. Savoir écrire, ça n’est pas rien. S’il me traite de bouffeur de chats, c’est à cause de Rosario. Je fais comme si de rien n’était. Je ne lui donne pas ce plaisir. Un jour, je vais écrire ce que je pense de tout ça. Vous allez voir. Le type s’approche à nouveau de moi et me gifle sec du revers de la main gauche. Il m’explose la tronche.
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Il y a quelques temps, on a fabriqué un énorme panneau, on l’a fixé sur des poteaux, comme ça les cons de bourges qui longent le fleuve dans leurs Kawasaki, leurs BMW ou leurs 4x4 ne peuvent pas rater la définition de Puerto Apache que Cúper a inventée :
Nous sommes un problème du XXIe siècle
On s’est installés à l’automne 2000. Je n’arrive toujours pas à comprendre si c’était la fin du siècle dernier ou le début du suivant.
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C'est étrange de penser, devant un mort, qu'on est encore vivant.
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On est arrivés là un soir de l’automne 2000. On a fait sauter les cadenas, les grilles, et on s’est installés. On était pas nombreux, juste un petit groupe, à peine une vingtaine je crois. C’est nous qui avions monté le coup. Quelqu’un a eu l’idée, et on a monté le coup. Ça n’a pas été difficile. Le seul projet que les politiques, les entrepreneurs et les mafieux avaient pour la Réserve, c’était de la brûler. Ils voulaient tous la brûler, la déclarer inutile, stérile, comme on dit, la vider de sa faune pour faire du business. Faire du fric. Des tonnes de fric. Y mettre des banques, des restaurants, des casinos clandestins, des hôtels, des bordels, ce genre d’affaires. Cette ville ne peut rien imaginer d’autre. Ici, pour transformer le plomb en or, on brûle des arbustes et on emmerde les canards. Détruire des réserves, des parcs nationaux, des terrains publics… Rien de légal. Alors on a pensé que c’était pas un mauvais endroit pour vivre. Nous, on a rien brûlé, on a pas fait fuir les animaux, ni les insectes. Nous, on aime bien les moustiques. On pourrait presque dire que ça nous plaît quand ils nous piquent et qu’on se paye des boutons sur les bras et sur les chevilles. La seule chose qu’on fait contre les moustiques, c’est des feux pour qu’ils dansent dans la fumée et qu’ils nous laissent tranquilles un moment. Il n’y a rien de poétique dans ce que je dis. C’est la réalité. Ici, il s’en passe des choses, mais personne tue jamais un moustique.
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C'est plus facile de gagner .Ou de crever .
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[...] Il y a des fois où on ne pense à rien. C’est des moments rares, parce qu’on a presque toujours la tête encombrée.
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À Puerto Apache il y a, je sais pas, vingt ou trente blocs. On a tracé les rues, on a tiré au sort, on a donné à chacun sa parcelle, mais on a rien brûlé. S’il y avait des arbustes ou des plantes à déplacer, on les a déplacés. On est pas venus ici pour tout saccager. On est venu ici parce que les gens ont besoin d’un endroit pour vivre. Nous, on est réglos. On a nos embrouilles, comme tout le monde, parce qu’on a pas le choix mais on est réglos.
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