Citations de Juan Pablo Villalobos (45)
L'inspecteur me montra sa carte, qui l'autorisait, crus-je comprendre, à commettre des actes violents de nature diverse.
L'autre sortit d'une pochette plastique une carte pouilleuse de la Confédération nationale des organisations populaires, qui semblait être un passeport pour tout lieu qui lui passerait par la tête.
Le gérant du supermarché avait répondu en disant qu'on s'habituerait très vite au changement, comme si la capacité d'adaptation était devenue, dans le modèle économique en vigueur, une forme entrepreneuriale de la résignation.
A cette époque, chaque matin en sortant de mon appartement, le 3-C, je tombais sur ma voisine de palier du 3-D, qui s'était fourré dans la tête que j'écrivais un roman. Elle s'appelait Francesca et moi, excusez du peu, je n'écrivais pas du tout un roman.
Pourquoi faudrait-il qu'il y ait une histoire là-dessous ? Pourquoi faut-il toujours qu'il y ait une histoire qui explique les choses ? Depuis quand la vie a-t-elle besoin d'un narrateur qui justifie les actes des gens ? Je suis une personne, mon garçon, pas un personnage.
C'était un saut qualitatif sacrément pourri, de la littéralité à l'allégorie, sans faire escale à la métaphore, voilà ce qui arrivait quand les pères pensaient qu'on était devenu grand.
Le plus intéressant était-il le paradoxe d'avoir inventé un engin dont les fictions servaient à confirmer les règles de la réalité ?
Le plus intéressant était-il le paradoxe d'avoir inventé un engin dont les fictions servaient à confirmer les règles de la réalité ?
Le pire n'était pas d'être pauvre, le pire était de n'avoir aucune idée de ce qu'on peut faire avec de l'argent.
Tel est le paradoxe de l’Art.
Il faut rechercher le nouveau.
Celui qui ne recherche pas ne trouve pas.
L’art ne sert à rien. Tu vas crever de faim. Nous ne pouvons pas nous payer ce luxe. Le luxe d’être artistes, le luxe de mourir de faim ou le luxe de faire quelque chose d’inutile ? Et, comme si ça ne suffisait pas, le pire des chantages : L’art est réservé aux fils de bonne famille.
Même l’art, qui croit être un territoire de liberté, n’est pas prêt à accepter l’anomalie : la mie de pain devrait d’abord passer par l’impressionnisme et le cubisme, au minimum, pour interpréter les figurines d’Hipólita comme une évolution.
C’est ennuyeux. Comment se fier à la description d’une personne qui ne sait même pas utiliser les adjectifs ? D’ailleurs, le navet n’est pas un tubercule.
C’est un des avantages indiscutables de cet âge : la plupart des gens finissent par prendre les vieux en pitié, même si ceux-ci ne le méritent pas ; ils donnent envie d’être des tueurs en série.
Il n’est jamais trop tard pour se repentir.
La douleur conduit au Seigneur.
Avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.
L’art avancé écrit la comédie du tragique lui-même. Le sublime et le jeu convergent. Les œuvres importantes tendent à s’annexer pourtant leur hostilité à l’art. Là où manque cette couche suspecte d’infantilité, l’art a capitulé.
La maladie est la métaphore parfaite du couchant, de la décadence, de la finitude de tout ce qui est humain.
On ne peut écrire que sur ce qu’on a vécu et connu de première main. Je réfléchis : c’était une façon de dire que personne ne peut expliquer le goût d’un taco de chien s’il n’en a pas mangé. S’il ne croit pas en avoir mangé. S’il ne sait pas qu’il en a mangé. Le problème, c’est que tout le monde avait déjà mangé un taco de chien, même sans le savoir, même si, de fait, personne ne croyait le savoir. C’était là que résidait le vrai paradoxe : ne pouvoir écrire sur quelque chose, non parce qu’on ne l’avait pas vécu, mais parce qu’on ne savait pas qu’on l’avait vécu.
Un agent de la CIA ne prend jamais sa retraite !