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Citations de Judith Bannon (104)


Mettre un genou par terre. Reculer d’un pas. Afficher sa vulnérabilité.

Ce ne sont pas des faiblesses.

Ce sont les forces des gens puissants.

Qui savent se replier un instant pour revenir beaucoup plus forts.

Pour rejaillir.
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— Tu veux qu’on se fréquente ? Que nous nous en tenions aux baisers ce soir ? propose-t-il, interrogateur.

Je regarde ses mains posées sur ses hanches. Elles manquent cruellement à mon corps.

— Puis qu’à notre deuxième date on se permette de se caresser un peu plus, en touchant directement nos zones érogènes ? précise-t-il, le regard allumé. Que le troisième soir, nous poussions l’audace jusqu’à nous offrir un orgasme chacun ? Que je pose ma bouche entre tes jambes, que je fasse courir ma langue dans ta fente humide en titillant ton clitoris jusqu’à ce que tu cries de plaisir en tirant mes cheveux et que tu te tortilles en m’implorant de te donner une pause avant que j’y retourne ? Puis de se garder la nudité complète et la relation sexuelle pour la quatrième rencontre alors que je pourrais enfin entrer lentement en toi, faire glisser ma queue entre tes parois étroites et humides ? Dans la chaleur où je rêve de me retrouver depuis des années ? C’est cette lente torture que tu désires ? conclut-il avec un sourire sensuel.

— Depuis des années ? répété-je d’un ton ébahi.

Il acquiesce d’un air confiant.
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Debout près de mon camion, dont les pneus ont été crevés et sur lequel on peut lire « Die bitch » gravé de façon peu artistique le long de mes portières, je mets fin à ma conversation téléphonique. Je viens d’avertir mon rendez-vous masculin de Brossard que la soirée, ou plutôt la baise prévue ce soir, est annulée. Il ne semblait pas trop contrarié. Il doit en ce moment même composer un autre numéro pour me remplacer. Pour s’assurer que ses petites poches sensibles se déchargent tel qu’il l’avait prévu.
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Kaïna

— Les filles, ne vous gênez pas pour vous resservir du punch !

Mon père vient de nous balancer cette invitation avant de traverser la porte coulissante. Je suis installée sur une causeuse extérieure, surplombée par un parasol gigantesque bourgogne à une des extrémités de la cour de la résidence que mes parents habitent depuis plus de trente ans. Une des rares maisons de la rue Chenaux où le lac des Deux-Montagnes est directement accessible. Tout comme celle où a grandi Corinne, à deux maisons de là et dont elle a hérité lorsque son père est décédé. Mon amie, appuyée sur la base du parasol, me fait face. Elle est dos au lac, ses cheveux blonds sont transpercés par les rayons du soleil, qui achève sa descente. Elle me fixe avec ses yeux bleus en amande tout en agitant doucement le contenu de son verre.

— Je pense qu’il y a plus de rhum que de jus là-dedans, avance Cori. C’est sûr que ta mère n’y a pas goûté ! Je souris face à cette affirmation des plus vraies. Ma mère, qui veut toujours garder le contrôle de tout ce qui se passe – entre autres ma vie –, n’est certainement pas au courant que le jugement de ses invités risque d’être sérieusement altéré avant le coucher du soleil.

— Bah ! C’est probablement une bonne nouvelle pour tout le monde. Si les gens sont ivres, ils seront moins ennuyés par le monologue historique de mon père sur les patriotes ! affirmé-je en plongeant ma main dans le bol de M&M’s, – mes friandises préférées – posé à mes côtés.

Chaque année, mes parents font un party pour souligner cette fête. Mon père se fait alors un honneur de rappeler les raisons à l’origine de ce jour férié, nommé différemment au Québec que dans le reste du Canada. Cependant, sa fierté patriotique n’a pas de portée politique, lui qui est parfaitement bilingue et a des amis autant anglophones que francophones.

Pour souligner cette fête, il organise toujours un feu d’artifice. Enfant, j’étais fascinée qu’il puisse déployer cette pyrotechnie dans notre propre cour. Aujourd’hui, même si la magie est moindre, j’aime encore voir des couleurs illuminer le ciel.

— À quelle heure Angie est-elle supposée se pointer ?

Je me penche pour soutirer mon téléphone de mon sac à main.

— Elle a texté, il y a exactement deux minutes, qu’elle arrivait. Donc je dirais dans 3, 2…

— Salut, les filles ! s’écrie Angélik en nous apercevant.

Ses cheveux roux cendré, qui tombent en cascade jusqu’au milieu de son dos, entourent son visage rond pourvu de yeux bruns rieurs. À l’âge de quinze ans, ma cousine, dont la couleur naturelle de cheveux est brune avec des reflets roux persistants, a décidé que le roux franc correspondait plus à sa personnalité. Depuis ce jour, elle se teint les cheveux d’un beau cuivre cendré.

— Angélik !

Sa mère, ma tante, vient d’interrompre son élan alors qu’Angie marchait de son pas gambadant typique vers nous. Ma cousine, qui se situe une dizaine de kilos au-dessus de ce que la norme sociale absurde exige, assume parfaitement bien son embonpoint. Elle nous fait signe du doigt de patienter une minute et tourne les talons. Je la vois se diriger vers le groupe d’adultes qui pullulent sur le terrain, autour du foyer en briques. Nous l’observons saluer toutes les personnes présentes.

Angélik, la plus jeune de nous trois, habitait avec sa famille dans une rue perpendiculaire à la mienne. Donc, bien qu’elle ait été ma cadette de deux ans – ce qui constitue un ravin chez les jeunes –, elle me suivait partout. Timide et manquant de confiance en elle, strictement à cause de ses rondeurs physiques qu’elle a toujours arborées, elle a heureusement décidé au milieu de l’adolescence de les accepter comme faisant partie de son style unique. Quant à Corinne, ma meilleure amie depuis l’école primaire, elle passait beaucoup de temps chez moi. Elle fuyait son père monoparental qui, malgré l’amour qu’il portait à sa fille, en portait encore plus à ses bouteilles de bière. Abandonnée volontairement par sa mère à l’âge de cinq ans, et moins délibérément par son père à vingt ans, elle aimait venir à la maison où elle vivait un semblant de vie familiale. Et sa présence m’offrait la possibilité d’imaginer ma vie si je n’avais pas été une fille unique surprotégée par ses parents.

Angélik revient vers nous.

— Tu as presque réussi à t’en sauver ! lance Cori.

— Presque ! admet-elle en riant. Mais ça ne me dérange pas comme toi !

— J’ai effectivement eu trop de becs à mon goût en arrivant ici ! grogne-t-elle.

Corinne est contre l’idée de donner des becs sur la joue à des gens qu’elle voit une fois par année. Cette femme splendide, qui a pratiqué le mannequinat pendant ses années d’études, préfère préserver sa « bulle » pour ses amis proches et s’amuser avec le corps des prétendants qu’elle choisit de laisser approcher, quoique son jeu de séduction est terminé depuis qu’elle s’est récemment fiancée. Si on considère sa difficulté à s’attacher réellement, cette annonce avait créé toute une surprise.

— J’ai vu que tu avais réussi à en esquiver quelques-uns, approuve Cori.

— Deux sur une quinzaine ! Ta moyenne a dû être meilleure ?

— Oh que oui ! confirme Corinne.

Angélik se laisse tomber à mes côtés sur la causeuse.

— J’ai une grosse nouvelle pour vous. Une mauvaise.

Cori vient se positionner face à elle tandis que je me redresse. L’intonation d’Angélik, habituellement pimpante, nous inquiète.

— Qu’est-ce qui se passe ? m’inquiété-je.

— Mon voisin ! lâche Angie avec un air déçu.

— Le pétard ? précise Cori.

Le troisième voisin d’Angélik est un beau spécimen que nous avons eu la chance de remarquer lors d’une des belles journées d’avril. Comme la plupart des Québécois, nous étions excitées par l’atteinte des premiers quinze degrés sous le soleil après un hiver froid qui nous avait confinées trop souvent dans nos demeures. Nous nous étions donc installées sur la terrasse de ma cousine pour siroter du vin. C’est alors que nous avions aperçu, de loin, ce nouveau voisin qui raclait son terrain. Il avait emménagé durant l’hiver. Depuis ce jour, Angélik avait réussi à lui parler, de façon anodine, à quelques reprises. Et selon ses comptes rendus fréquents, il n’y avait qu’une automobile dans l’entrée.

— Il a une blonde et l’a baisée toute la soirée sur son balcon ? hasarde Corinne.

Angie fait une moue avant de s’exprimer.

— Il est mort.

Corinne et moi sommes sidérées, muettes quelques secondes.

— Tu en es sûre ? vérifié-je.

— Quand je suis sortie ce matin, il y avait une flopée de policiers autour de sa maison. J’ai ralenti en me rendant à ma voiture. Instinctivement, je me suis mise à marcher vers chez lui. Un des enquêteurs m’a remarquée.

— Beau ? questionne Cori d’un ton méthodique.

— Pas pire, mais pas comme dans les films. Dans la vraie vie, il ne semble pas y avoir de casting pour choisir les mâles qui effectuent ce genre de travail. Il m’a confirmé que la victime, dont la description physique correspond parfaitement à mon voisin, vivait seule.

— Donc il était célibataire ! Et il est mort ! Quel gâchis ! s’insurge Cori.

L’intensité de sa réaction est déstabilisante.

— Euh… Cori, dis-je, tu te souviens que tu as un chum ?

— Ouais. Je sais.

Angie et moi échangeons un regard inquiet.

— Tu as quelque chose à nous dire, Cori ? demande Angélik.

— Rien d’aussi frappant qu’un mort dans mon voisinage. Alors, est-ce qu’il y a encore de l’action autour de sa maison ?

— Non. Après avoir parlé avec l’enquêteur, qui voulait savoir si j’avais été témoin d’anormalités dans le coin dernièrement, je suis passée à mon bureau. J’y ai travaillé environ deux heures. Puis quand je suis revenue chez moi, je l’ai vu.

— Ton voisin ? demande Corinne, l’air ailleurs.— Il est mort, Cori ! rappelle Angélik.

— Ah oui ! Désolée, c’est un réflexe. Je suis habituée que tu nous parles de lui vivant.

— J’ai vu la civière, sur laquelle il y avait un sac noir.

— Ça, c’est comme dans les films ! affirme Cori.

— Mais tu ne l’as pas vu, donc tu ne peux pas être certaine que c’est lui, renchéris-je.

— Kaïna ! Un gars, qui habitait seul dans cette maison, est mort. Les chances que ça soit le beau mec, que j’ai vu des dizaines de fois à cet endroit, sont assez élevées. Tu ne crois pas ?

— Ça peut être un autre, soulevé-je, perdue dans mes pensées.

— Il était juste trop beau pour mourir. Ce n’est pas juste ! se plaint Cori.

Angélik alterne rapidement son regard entre mon amie et moi.

— Vous savez que vous avez vraiment des réactions bizarres ! C’est moi qui devrais être la plus affectée par cette histoire.

— Ah oui, pourquoi ? demande Cori d’un air suspicieux.

— Parce que c’est moi qui ai vécu tout ce scénario macabre. Mais toi, dit-elle en me pointant du doigt, tu sembles vouloir voguer dans le déni, tandis que toi – elle désigne maintenant Cori –, tu parais beaucoup trop intéressée aux hommes pour une fille qui va se marier.

— J’annule le mariage, lâche Corinne.

Cette nouvelle ne me surprend pas. C’est l’annonce des fiançailles qui m’avait étonnée puisque Cori est incapable de s’attacher à quelqu’un. Par contre, Angélik semble totalement consternée. Sa mâchoire ne présente plus aucun tonus et ses yeux s’écarquillent. Elle voulait croire que Corinne avait enfin trouvé un homme qui pouvait la combler à long terme.

— Tu annules ? Tu as annulé ou tu annuleras ? demandé-je d’un ton pragmatique.

— Futur simple, répond mon amie.

— Merde, les filles ! On n’est pas dans un cours de grammaire ! On parle du mariage qui doit avoir lieu dans deux mois, s’exclame ma cousine.

— Devait ! rectifié-je. À ce moment-ci, tu aurais dû utiliser l’imparfait.

— Je me fous des temps de verbes ! Corinne ne s’est pas mariée, ne se marie pas et ne se mariera pas ! L’important, c’est de savoir pourquoi ! réussit-elle à articuler en regardant Cori.
— Parce que tu ne l’aimes pas ? deviné-je en portant mon attention sur la fiancée.

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C’est beaucoup plus drôle de les regarder que de jouer.
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Qui tombe en amour est passionné

Qui sait garder cet amour est envoûté
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— Il faut sortir le plus souvent possible ! Je pars à la recherche de l’homme de ma vie !

Très excitée par cette perspective, Érika me tend sa main ouverte pour faire un high five. Ensuite, elle se lève.

— You go girl ! Dis-moi où et quand, et je serai là ! Je suis sûre que Jade voudra nous accompagner.

— On va commencer par aller au Shake Down ce soir, comme prévu, exprime Méhanne.

— C’est sûr ! Il y a toujours du beau monde là-bas.
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— Ta source est-elle fiable ?

— Oui, elle est sûre, répond rapidement Maxime.

— Je ne veux pas savoir si elle est sûre, je veux savoir le nom de ton informateur ! s’impatiente Philippe en se passant la main dans les cheveux.

— Papa, regarde le beau dessin que j’ai fait ! crie Camilia en se dirigeant vers son père.

Sans vraiment jeter un œil, Philippe félicite sa fille et lui demande de faire un dessin pour grand-maman.

— Est-ce qu’on s’en va bientôt à la maison ? demande la petite.

— Oui, dans cinq minutes, ma puce, dit Philippe avant de lui donner un baiser sur les cheveux.
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Il hoche la tête, me signifiant ainsi qu’il comprend mon point de vue.

— Et je n’ai pas couché avec lui…, murmuré-je.

— Non ? s’étonne-t-il, l’air mi-soulagé, mi-intrigué.

— Ça y était presque, mais je n’ai pas été capable.

Même si j’en avais déjà parlé aux filles, je refusais d’entrer dans les détails de l’anatomie de Mathieu – par respect pour ce dernier – avec mon frère.

— Pas capable ? D’habitude, c’est de la bouche d’un gars qu’on entend ce genre d’excuses. Comme dans pas capable de bander parce que j’avais trop bu, parce que j’étais trop fatigué, que je pensais à mon ex, que je voulais voir la fin de la période, que la fille portait des sous-vêtements de matante, que…

— OK ! Ça suffit, les exemples ! dis-je en levant la main pour l’interrompre.

— Donc tu n’as pas conclu ?
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Ces deux hommes connaissent parfaitement bien mes préférences en matière de dossiers criminels. Je carbure à la défense des infractions graves. Des viols. Des tentatives de meurtres. Des meurtres. Des situations qui me procurent l’adrénaline nécessaire pour me tenir en alerte.

— Considère ça comme des travaux légers le temps de voir comment tu vas réagir à…

— J’y suis préparé depuis des semaines, j’y réagirai beaucoup mieux qu’à ce dossier accablant de monotonie !

— Tu as d’autres dossiers en cours qui devraient te fournir une dose d’adrénaline suffisante pour fonctionner.

— J’imagine que la comparution est ce matin ?

— Vous êtes un excellent avocat, très cher.

— Va te faire foutre, Oli !

— C’est un conseil que je tenterai de suivre dans les prochains jours, admet celui dont le regard noir supposément envoûtant attire facilement la gent féminine.

— Une femme en vue ?

— Pas précisément.

— Essaie de retenir son prénom, toi ! conseille Gabriel.

— Je ne lui avais rien promis !

Ma défense est accompagnée d’un sourire malin.

— Sauf ton corps ?

Je le désigne d’un air radieux pour acquiescer à sa supposition.

— Tu sais que je ne promets jamais rien de plus !

— Selon les propos émis par la femme qui requiert nos services, ramène l’intellectuel de notre trio, le jeune homme semble répondre à nos critères d’admissibilité.

Contrairement à plusieurs de nos collègues qui pratiquent au criminel, nous choisissons nos clients selon leur potentiel de non-culpabilité. Nous souhaitons défendre les gens accusés injustement, ceux qui ont été victimes de coups montés, qui ont été pris dans des situations d’où il leur était impossible de sortir. Des proies faciles pour les vrais criminels qui s’en servent comme paravents ou appâts.

J’appuie sur un des boutons de l’appareil de communication tactile posé sur mon bureau.

— Val, peux-tu m’envoyer l’appel reçu cette nuit à propos du cas de… facultés affaiblies ?

Mon visage grimaçant arrache un sourire à mes collègues.

— Oui, maître Hudson. Je vous le transfère dans la minute.
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— Donc, aujourd’hui, je n’ai qu’à rapporter une poutine ? résumé-je.

Je sens le besoin urgent de m’activer pour ne pas penser au fait qu’Alex désirait ardemment, lui aussi, que nous vivions ensemble. Mais ma grande indépendance m’avait toujours portée à refuser la vie commune.

— Apportes-en également une pour moi, me demande Philippe.

— OK ! Mais ça peut être long, les gars.

— Il n’est que onze heures. Penses-tu que nous aurons nos poutines… avant minuit ? plaisante Max.

— Je vous promets que vous les aurez avant la fin de la journée. Et Phil, donne le cheval à Amélie. Elle le peindra ! Je me dirige vers le sentier boisé menant à ma maison.

— Amélie ? répète Philippe sur un ton surpris.

— Oui, confirmé-je en me tournant à demi. Elle excelle dans toutes les tâches manuelles.

— Je n’en doute pas ! renchérit Maxime.

Il fait référence à la vie sexuelle des plus dynamiques de celle qui m’a succédé au poste de directrice événementielle.

— Je t’ai entendu ! crié-je.

— Pas grave ! Je l’aurais dit devant elle !
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Dans ses yeux, la colère diminue.

— Viens dans mon bureau, ordonne-t-il avant de reprendre son chemin.

Son attitude autoritaire ne m’impressionne pas. Je reste immobile, le regardant s’éloigner. Lorsqu’il réalise que je ne le suis pas, Alex s’arrête et se tourne vers moi.

— Peux-tu venir dans mon bureau, s’il te plaît ? demande-t-il, visiblement exaspéré.

— Pourquoi ?

— Je veux seulement qu’on discute de ça, dit-il en indiquant la sculpture, et te montrer les retombées sur les réseaux sociaux. Ne t’inquiète pas, je ne te toucherai pas, ajoute-t-il.
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—J’aime ta fougue. J’aime ton entêtement. J’aime ton impulsivité. Même si ces traits de caractère peuvent paraître irritants pour certaines personnes, ils me plaisent sincèrement. Tu es forte. J’ai besoin d’une femme forte dans ma vie. D’une femme qui saura me tenir tête. Me bousculer si la job m’engloutit. Me ramener à la réalité.
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Dans ses yeux, la colère diminue.

— Viens dans mon bureau, ordonne-t-il avant de reprendre son chemin.

Son attitude autoritaire ne m’impressionne pas. Je reste immobile, le regardant s’éloigner. Lorsqu’il réalise que je ne le suis pas, Alex s’arrête et se tourne vers moi.

— Peux-tu venir dans mon bureau, s’il te plaît ? demande-t-il, visiblement exaspéré.

— Pourquoi ?

— Je veux seulement qu’on discute de ça, dit-il en indiquant la sculpture, et te montrer les retombées sur les réseaux sociaux.
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— Alyssa, je te présente Kaciane.

Elle m’examine scrupuleusement et hoche la tête en signe de reconnaissance.

— Alors c’est toi, la grande disparue. Tu es revenue pour combien de temps ?

Son ton pue la compétition.

Vincent semble attendre la réponse aussi impatiemment qu’elle.

— Je ne sais pas exactement.

Elle bouge la tête lentement de haut en bas.

— Est-ce que ça fait longtemps que vous vous fréquentez ? questionné-je.

— Assez longtemps pour que j’entre sans cogner, comme tu as pu le constater ! déclare-t-elle d’un ton satisfait.

— Mais pas assez longtemps pour que tu aies une clé ! Tu t’es pratiquement excusée d’être entrée parce que la porte était déverrouillée, exposé-je.

Elle accuse le coup en me fusillant du regard.
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— Tu diras à ma sœur qu’elle est la plus belle et la plus sexy de la planète, et qu’elle ne mourra pas, car tu as besoin d’elle dans ta vie. De la bullshit de ce genre, banalise-t-elle d’une main qu’elle balance.

— Elle ne mourra pas, déclare solidement Dan. Et ce que tu as énuméré n’est pas de la bullshit, car ta sœur est effectivement la plus belle femme et la plus sexy de la planète. – Il me fixe tendrement. – Et j’ai besoin de toi pour vivre.

Je pose un baiser sur ses lèvres.
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— Tes enfants seront très chanceux, laisse-t-elle tomber.

— Pourquoi crois-tu cela ?

— Parce qu’ils auront des parents compréhensifs.

— Des parents ? répété-je. Je ne sais pourtant pas encore qui sera le père de mes enfants.

— C’est sûr que tu choisiras un bon père.

Je la questionne du regard.

— Ton ami, le docteur, serait un bon père pour tes enfants. Ça paraît. Ça se sent.
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Nicolas

Je me réveille au son de Beautiful Now. Je sens un mouvement qui m’oblige à bouger mon bras. C’est Kaïna. Elle a baissé le volume, qui montait graduellement de son iPod qu’elle utilise vraisemblablement comme réveille-matin.

— Bonjour, réussis-je à dire d’une voix rauque.

— Salut, toi.

Elle s’assoit sur le bord du lit.

— Toi ? repris-je. As-tu oublié mon prénom ?

— Ton prénom ? Bien sûr que non… Normand ? Naïme ? tente-t-elle avec un air espiègle.

J’essaie de la faire basculer sur le lit, mais elle réussit à se défaire de ma prise. Elle court vers la salle de bain.

— Désolée, mais je dois me préparer !
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Je me dirige vers la firme, en cette dernière semaine de projet spécial. Hier, après avoir fait mon yoga, je suis passée voir les modifications qui ont commencé à être appliquées à la maison Châtelaine dans le Boisé champêtre. Cet avancement m’avait remplie d’un bonheur indescriptible pour les futurs occupants.

Fouler le terrain géré par Jeff m’avait insufflé un désir foudroyant pour lui. Je lui avais envoyé un message de remerciements doublé d’une photo de la maison.

Il m’avait répondu rapidement.

Tu peux venir me remercier en personne.

L’attrait d’aller le voir était immense. Mais l’hésitation que je ressentais était encore plus grande. Le mécanisme de défense que j’avais développé durant ma jeunesse pour ne pas me faire blesser par les moqueries des autres était toujours actif. Dans ce cas-ci, même si mon alarme interne était consciente de la possibilité que Jeffrey réalise qu’il fait une bourde en étant avec moi, c’est une tout autre contrainte qui me retenait. Une contrainte très intellectuelle. Totalement à l’opposé de mon corps qui se mourait d’aller se blottir dans ses bras.
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Dimanche 17 mai

Nicolas

— Salut, mamou ! crié-je en franchissant la porte d’entrée de la maison voisine de la mienne.

— Je suis dans le bureau, répond-elle.

Je délace mes chaussures de randonnée et me dirige vers la première pièce à droite. En y pénétrant, j’y vois ma grand-mère concentrée devant l’écran d’ordinateur installé sur un meuble massif en acajou. Jeffrey, mon frère cadet, se tient debout derrière elle. Je lui lance une tortilla, enveloppée dans une pellicule plastique. Il l’attrape sans difficulté et me jette un regard inquisiteur.

— Je t’en ai fait une en préparant la mienne. Ça fera changement de tes déjeuners « muffin du commerce et Gatorade » !

Jeff examine l’aliment.

— Tortilla banane et beurre d’arachide, décris-je. Ton estomac devrait reconnaître les ingrédients.

Sa bouche s’étire légèrement en un début de sourire tandis qu’il s’attaque à déballer son repas.

— Viens voir et dis-moi ce que tu en penses, Nicolas, demande ma grand-mère.

J’avance dans cette pièce où le boisé extérieur, visible par une large fenêtre qui a pratiquement la même hauteur que la pièce, constitue le décor principal. Je me positionne derrière mamou. La photo d’un homme remplit le moniteur.

— C’est qui ?

— Roger ! répond-elle en roulant le R. Il a soixante-quatre ans et il est intéressé par une relation stable. Il recherche une femme mûre qui aime marcher, danser, cajoler des chats et partager des bons repas.

— Et comment sais-tu tout cela ?

— Je suis sur un site de rencontre. Roger et moi sommes un match parfait !

— Tu es inscrite sur un site de rencontre ? m’écrié-je. Mamou ! Réalises-tu ce qu’ils veulent, ces hommes-là ? Ils ne veulent pas danser le tango ni flatter des chats !

Jeffrey me fait un sourire complice. Il retient certainement la vulgarité qui aurait été facile à formuler en reliant les chats aux chattes.

— J’espère qu’ils ne veulent pas danser le tango ! s’exclame ma grand-mère. Ce n’est pas ce qui m’intéresse non plus ! Quoique, s’ils se déhanchent bien en le dansant, ça peut être un bon indicateur pour la suite.

— Ouache ! Dis quelque chose, supplié-je mon frère qui a gardé le silence depuis mon arrivée.
— Elle est super bonne, ta tortilla, admet-il avant d’en croquer un autre bout.

Je le fusille des yeux avant de reporter mon attention sur ma grand-mère.

— Mamou, tu ne peux pas faire ça. Ça n’a juste pas de sens. Et pourquoi tu le prendrais dix ans plus jeune que toi ?

— Parce que ceux de mon âge sont déjà sur le déclin. J’ai besoin d’en avoir un qui saura suivre mon rythme. Un homme fringant ! explique-t-elle avec un sourire coquin.

Je regarde de nouveau l’image de cet homme que je vois comme un prédateur pour ma grand-mère.

— Il dit qu’il recherche une femme mûre. Pourquoi, selon toi ?

J’imagine déjà cet homme vouloir s’en prendre à l’argent des dames âgées.

— Parce qu’il veut une femme d’expérience, voyons ! J’ai la chance d’être encore en pleine forme. Je dois en profiter au maximum et utiliser toute ma tuyauterie avant qu’elle rouille !

Je lâche un soupir de découragement.

— Je suis justement venu ici pour réparer des tuyaux qui, eux, semblent moins bien fonctionner. Pour préserver ma santé mentale, je vais me concentrer là-dessus. C’est la douche en haut qui coule ?

— Oui, c’est la douche qui coule.

Ma grand-mère me fait un grand sourire rempli de sous-entendus.

Je quitte la pièce en tentant d’éliminer les images qui m’envahissent. Arrivé dans la salle de bain à l’étage, j’examine le pommeau de douche.

— Je suis surpris de ne pas te voir l’oreille collée à ton cellulaire pour entamer des recherches sur Roger ! lance mon frère qui vient de faire irruption derrière moi.

— Je n’ai pas son nom de famille, admets-je en regardant brièvement Jeff.

Il hoche la tête, avec un air sceptique.

— Mais demain, au bureau, je vais faire une recherche approfondie.

— Tu n’as que son prénom et son âge, soulève-t-il.

— Et sa photo.

— Bon point.

— Donc, c’est quoi le problème ici ?

Mon frère m’explique qu’une fuite d’eau semble provenir de l’arrière de la douche. Nous nous attelons à la tâche en commençant par faire un trou dans le mur pour nous rendre à l’endroit stratégique et identifier le tuyau défectueux.

Jeff et moi habitons de chaque côté de cette maison dans laquelle ma grand-mère a emménagé, il y a près de deux ans, à la suite du décès de mon père. Mes parents en avaient été les premiers propriétaires il y a plus de six ans. Ils avaient acheté les deux terrains adjacents, pour s’assurer de l’absence de voisins. Mais la vraie raison, qu’ils laissaient filtrer subtilement de temps à autre, était qu’ils espéraient un jour voir leurs fils acquérir ces terrains pour y construire leur propre maison ou leur chalet d’été. Cependant, ma mère, foudroyée par un cancer, n’avait eu le bonheur d’habiter qu’une seule année dans cette rue parfaitement isolée. Nos trois maisons, situées au bout d’une allée qui rejoint l’unique rue de L’Île-Cadieux, sont entourées d’arbres et bordées par le lac des Deux-Montagnes à l’arrière.

Jeff et moi avons construit nos résidences simultanément, il y a plus d’un an. Comme mon frère est entrepreneur – métier qu’il a assimilé en raison des nombreuses réparations que nous devions effectuer en conséquence directe de nos coups pendables dans notre jeunesse –, nous avons décidé d’unir nos forces pour ériger en même temps nos habitations. Nous avons donc réalisé le rêve de nos parents. Trop tard pour qu’ils le vivent.

Près de deux heures après avoir trouvé et réparé le problème, mon frère colmate le trou dans le mur.

— Je viendrai donner un coup de pinceau demain, proposé-je. J’imagine que tu travailleras ?

— Ouais ! La Journée nationale des Patriotes, je la célèbre en paradant sur les chantiers.

Nous regagnons le rez-de-chaussée les mains remplies des matériaux que nous avons montés au fur et à mesure que le travail le demandait. L’odeur de la cannelle, qui envahissait l’étage, est plus soutenue durant notre descente de l’escalier.

— Je vous attends dans la cuisine. Je vous ai préparé des brioches, annonce mamou.

— Parfait ! Tu peux toutes les garder pour moi. Nic aura trop peur de voir un bourrelet apparaître sur sa taille de guêpe pour y goûter !

Avec la spatule encore légèrement recouverte de plâtre, je lui assène un coup sur l’épaule. Sa chemise bleue à carreaux en est enduite.

— Fais attention à tes paroles, la guêpe peut piquer fort !

— Hé, ma chemise ! s’écrie-t-il en me poussant.
Comme j’ai les mains pleines, je ne peux pas amortir le choc de mon corps qui cogne fortement contre le mur près de l’escalier.

— N’avez-vous rien de mieux à faire que de créer des nouvelles façons de rénover ma maison ? lance ma grand-mère de la cuisine.

Nous déposons tous les matériaux sur le palier extérieur devant la porte d’entrée. Puis nous nous dirigeons vers la source de cette odeur enivrante.

Je prends place, à côté de mon frère, sur un des tabourets dans la cuisine de mamou. Installés comme deux gamins au comptoir, nous dégustons ses brioches sous son regard scrutateur.

J’attends. Je sais qu’elle meurt d’envie de nous informer de quelque chose. Si je garde le silence, elle se lancera. Exactement comme les suspects que j’interroge et qui flanchent sous la pression du silence.

— Roger vient souper ici ce soir.

La brioche, que je portais à ma bouche pour la troisième fois, vient d’être stoppée net dans son élan à moins de cinq centimètres de son objectif. Du coin de l’œil, j’aperçois Jeff qui soulève les sourcils en signe de surprise. Je me tourne vers lui.

— On a passé deux heures ou deux jours en haut ?

Il sourit.

— Je vous ai dit tantôt que je n’avais pas de temps à perdre. Ça fait déjà plusieurs mois que je cherche un homme sur ce site. J’ai vite appris à reconnaître les imbéciles ! Roger s’est inscrit récemment. En plus d’être bel homme, il a du jugement et de la culture. Aussi bien savoir tout de suite s’il a du potentiel.

Je dépose la brioche lentement dans mon assiette.

— De votre côté, avez-vous des plans pour la journée ? Une jolie demoiselle, peut-être ? suggère-t-elle.

— J’ai un excellent plan. Celui de rester assis chez moi, dans l’entrée, avec des jumelles. Toi, Jeff ?

— Même chose, mais dans la cour arrière. Les oiseaux y sont magnifiques.

— Oui, surtout les moineaux de soixante-quatre ans qui volent très bas. Tellement bas qu’on pourrait leur couper une aile, poursuivis-je en regardant seulement mon cadet.

— Ou la queue, propose-t-il.

— Aussi !

— Ça suffit, les gars ! s’interpose mamou. Je vous rappelle que je ne suis pas une jeune écervelée de douze ans qui rencontre un présumé pédophile sur Internet. Acheterque Sam m’a envoyée par texto. La petite maison entièrement recouverte de vinyle blanc est située sur la route 338, en face du lac Saint-Louis. J’aperçois Samuel qui sort de la modeste résidence. Je m’extrais de mon auto et me dirige vers lui.

— Qu’est-ce qu’on a ? questionné-je.

— Homme blanc, âgé de trente-trois ans, qui a vraisemblablement été assassiné.

— D’une mort que je n’aimerais pas avoir, ajoute Mathieu, l’autre inspecteur dans notre équipe.

— Parce qu’il y en a une qui te tente, Mat ? lancé-je.

— Dans mon sommeil, bien bandé, en rêvant d’une femme qui me chevauche, définit-il.

— Parce que tu peux juste y rêver ?

— Après quatorze ans de mariage, l’acte sexuel est pas mal plus fréquent en rêve qu’en réalité !

— Et comment est-il mort ? m’intéressé-je.

— Le médecin légiste nous confirmera la cause exacte. Mais viens voir, m’invite Sam.

J’examine les alentours en m’avançant lentement vers la maison. Des agents de police montent la garde à l’extérieur alors que des curieux ralentissent leur véhicule pour observer ce qui se passe. Une banderole jaune interdisant l’accès aux lieux a été déroulée. L’ambulance est stationnée, en attente de recevoir notre
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