Elle collectionna les mots insolites. Les vocables trop longs ou passés de mode, elle les humait sur leur page engourdie comme s’il s’agissait de fleurs rares, comme si les mots avaient une odeur. Puis elle les prononçait avec délice, rien que pour les arracher à leur sommeil. Ils claquaient à son oreille et se mouvaient dans l’air avec une grâce désuète.
Elle recueillait les signes de ponctuation dans le creux de sa main, les virgules et les points, grains de beauté de la phrase, miettes répandues fugacement dans l’atmosphère.