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Citations de Judith P. Butler (51)


Judith P. Butler
Si l’on considère que tout le monde « rebondit », ou que la « résilience » est une vertu héroïque face à l’adversité, alors on exclut la possibilité que l’on puisse parfois être détruit de façon irrémédiable. Cette hypothèse implique que les individus qui ont de la « résilience » survivront, même à la violence et à l’assujettissement les plus extrêmes, simplement en vertu de leur adaptabilité.

C’est un postulat qui me paraît aussi cynique que dangereux, car il accepte tacitement l’oppression au prétexte que les vrais « résilients » ne seront pas brisés. Il nie les dommages réels et se refuse à tenter de les décrire, à y mettre fin et à créer une autre forme de société, dans laquelle les gens ne seraient plus détruits de cette manière.

Source : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/21/judith-butler-certains-pensent-etre-plus-dignes-d-etre-pleures-que-d-autres_6080966_3232.html
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Nous ne pouvons pas faire comme si la colonisation n'avait pas eu lieu et comme s'il n'existait pas des représentations raciales. De même, à propos du genre, nous ne pouvons pas ignorer la sédimentation des normes sexuelles. Nous avons besoin de normes pour que le monde fonctionne, mais nous pouvons chercher des normes qui nous conviennent mieux.
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Le sujet n'est pas un effet nécessaire produit par la norme et n'est jamais non plus complètement libre d'ignorer la norme qui inaugure sa réflexivité ; on se bat invariablement contre les conditions de sa propre vie que l'on n'a pas été en mesure de choisir.
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La non-violence n'est pas un état pacifique, mais un combat social et politique destiné à rendre la rage articulable et efficace - c'est un "fuck you" soigneusement élaboré.
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Les domaines de la "représentation" politique et linguistique prédéfinissent le critère à partir duquel les sujets sont eux-même formés, ce qui implique que la représentation ne figure que ce qui peut être admis comme sujet. Autrement dit, les conditions nécessaires pour être un sujet doivent d'abord être remplies pour que la représentation devienne possible.
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La philosophie et le féminisme ont bien étudié les associations culturelles entre l'esprit et le masculin, entre le corps et le féminin. Aussi, chaque fois que la distinction entre l'esprit et le corps est reproduite sans esprit critique, n'oublions jamais la hiérarchie de genre que cette distinction a traditionnellement servi à produire, à maintenir et à rationaliser.
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C'est bien parce que certaines "identités de genre" n'arrivent pas à se conformer à ces normes d'intelligibilité culturelle qu'elles ne peuvent, dans ce cadre normatif, qu'apparaître comme des anomalies du développement ou des impossibilités logiques. La persistance et la prolifération de telles identités sont une occasion critique d'exposer les limites et les visées régulatrices, dans les termes mêmes de cette matrice d'intelligibilité, des matrices concurrentes et subversives qui viennent troubler l'ordre du genre.
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Tenter d’identifier l’ennemi comme s’il se présentait sous une forme unique n’aboutit qu’à inverser l’argument et à imiter, sans aucun esprit critique, la stratégie de l’oppresseur au lieu de proposer autre chose. Si la tactique fonctionne dans des communautés aussi bien féministes qu’antiféministes, c’est que le geste colonisateur n’est ni essentiellement ni irrémédiablement masculiniste. Pareille tactique peut fonctionner pour installer d’autres rapports de subordination selon la race, la classe et l’hétérosexisme, pour n’en citer que quelques-uns.
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On juge un monde que l'on refuse de connaître et le jugement devient un moyen de refuser de le connaître.
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Lorsqu'on théorise le genre comme une construction qui n'a rien à voir avec le sexe, le genre devient lui-même un artefact affranchi du biologique, ce qui implique que homme et masculin pourraient tout aussi bien désigner un corps féminin qu'un corps masculin et femme et féminin un corps masculin ou féminin.
Ce clivage radical au cœur du sujet genré soulève encore toute une série de questions. Pouvons-nous faire référence à un sexe "donné" ou à un genre "donné" sans d'abord nous demander comment, par quels moyens le sexe et/ou le genre est donné?
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On pourrait voir dans le fameux postulat qui affirme l'intégrité ontologique du sujet avant la loi la trace contemporaine de l'hypothèse de l'état de nature, ce mythe fondateur inhérent aux structures juridiques du libéralisme classique. À force d'invoquer performativement un "avant" anhistorique, on réussit à en faire la prémisse fondatrice garante d'une ontologie présociale, celle de personnes consentant librement à être gouvernées et qui, de cette façon, scellent la légitimité du contrat social.
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Nous n'avons jamais une relation simple, transparente, indéniable au sexe biologique
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Les pulsions (les pulsions de vie et de mort) ne sont pas considérées comme primaires: elles résultent d'une intériorisation des désirs énigmatiques des autres et elles charrient le résidu de ces désirs originairement extérieurs. En conséquence, toute pulsion est assaillie par une
étrangèreté et le "je" se découvre lui-même étranger à lui-même dans ses élans les plus élémentaires.
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Je crains que le terme de "résilience" serve à nier et à refouler la réalité du traumatisme, et à attribuer trop rapidement une puissance de résurrection là où elle n'est clairement plus possible.
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La construction de la catégorie "femme" comme un sujet cohérent et stable n'est-elle pas, à son insu, une régulation et une réification des rapports de genre? Or une telle réification n'est-elle pas précisément contraire aux dessins féministes? Dans quelle mesure la catégorie "femmes" ne parvient-elle à la stabilité et à la cohérence que dans le cadre de la matrice hétérosexuelle? Si une notion stable du genre n'est plus de fait la prémisse fondatrice de la politique féministe, il est peut-être souhaitable que cette politique renouvelle sa forme pour contester les réifications mêmes du genre et de l'identité, une forme qui ferait de la variabilité dans la construction de l'identité une exigence tant méthodologique que normative, pour ne pas dire un but politique.
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Mis à part les mythes fondateurs qui cimentent l'idée du sujet, il n'en reste pas moins que le féminisme bute sur le même problème politique chaque fois que le terme femme est supposé dénoter une seule et même identité. Plutôt qu'un signifiant stable qui exige l'assentiment de celles qu'il prétend décrire et représenter, femme, même au pluriel, est devenu un terme qui fait problème, un terrain de dispute, une source d'angoisse.
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Judith P. Butler
Quand une forme de pouvoir est imposée à un peuple qui ne l’a pas choisie, c’est par définition un processus non démocratique. Si la forme de pouvoir imposée est appelée « démocratie », on est alors face à un problème encore plus vaste : est-ce que « démocratie » peut être le nom d’une forme de pouvoir politique imposé de manière non démocratique ?
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Le "je" est le moment de l'échec de tout effort narratif pour s'expliquer soi-même. Il demeure l'inexpliqué et, en ce sens, constitue l'échec requis par le projet même visant à se raconter. Tout effort pour rendre compte de soi est voué à rencontrer cet échec et à se fonder dessus.
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Connaître les limites de la reconnaissance, ce n'est encore connaître ce fait que de façon limitée; en conséquence, c'est faire l'expérience des limites mêmes de la connaissance. Cela peut d'ailleurs constituer une disposition à l'humilité tout autant qu'à la générosité, puisqu'il faudra qu'on me pardonne de ce que je ne pouvais pas complètement savoir, tout comme je serai dans l'obligation d'accorder mon pardon aux autres, qui sont également constitués d'une partielle opacité à eux-mêmes.
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Il (Adorno) se réfère à la situation dans laquelle "l'universel" lui-même non seulement échoue à s'accorder avec l'individuel ou à l'inclure, mais où la prétention à l'universalité elle-même ignore les "droits" de l'individu. Nous pouvons par exemple imaginer qu'on impose certains gouvernements à des pays étrangers au nom des principes universels de la démocratie, alors que cette prescription, en réalité, nie les droits de la population concernée à élire ses propres représentants.
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