AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Woland


[...] ... Une voiture roulait sur la route de Neuilly. Deux jeunes hommes, en habit de voyage, en occupaient le fond, et semblaient s'abandonner au nonchaloir, d'une de ces conversations molles et mille fois brisées, imprégnées du charme de l'habitude et de l'intimité.

- "Tu regrettes l'Italie, j'en suis sûr, - dit à celui qui eût paru le moins beau à la foule, mais dont la face était largement empreinte de génie et de passion, le plus jeune et le plus frais de ces deux jeunes gens.

- J'aime l'Italie, il est vrai, - répondit l'autre. - C'est là que j'ai vécu de cette vie d'artiste imaginée avec tant de bonheur avant de la connaître. Mais, auprès de toi, mon ami, il n'y a pas de place pour un regret."

Et, en-dessus de la barre d'acajou, les mains des deux amis se pressèrent.

- "J'ai craint longtemps, - reprit le premier interlocuteur - que la générosité de ton sacrifice ne te devînt amère. Quitter Florence, tes études, tes plaisirs, pour revenir avec moi à Neuilly, te faire le témoin des souffrances de ma pauvre soeur, et partager mes inquiétudes et celles de ma mère, n'est-ce pas là le plus triste échange ?

- En supposant qu'il y ait du mérite à éprouver un sentiment tout à fait involontaire, mon cher Amédée, tu t'exagérerais encore ce que ton amitié fait pour toi. Quant ta soeur ira mieux, ne pourrons-nous pas reprendre le chemin de cette Italie que nous venons de quitter ? Oh ! espérons que les craintes exprimées dans la lettre de ta mère n'ont aucun fondement.

- Je le saurai bientôt, - dit Amédée, et il frappa du fouet qu'il tenait le cheval qui redoubla de vitesse ; - mais je n'augure rien que de sinistre du style de ma mère : croirais-tu qu'elle me parle d'un commencement d'anévrisme." ... [...]
Commenter  J’apprécie          00









{* *}