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Citations de Jules Champfleury (48)


Mon maître le lecteur, que ceci soit pour vous un avertissement ! Ne dites jamais que vous savez ce que vaut l’aune de telle histoire. Souvent cette histoire si gaie, si folle, si amusante, aura germé toute gonflée de larmes, de faim, de misères, dans l’esprit de celui qui l’écrira plus tard.
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Il fallait un vaste cadre à ce crayon qui s’étale magistralement sur la pierre et la transforme en une fresque satirique.

La belle planche qui, sous le titre de Ventre législatif, représente le banc des ministres et les députés conservateurs, j’hésite à la décrire. La satire sous de tels crayons devient de l’histoire, et la plume est faible à côté du crayon. Dans un banc en arc de cercle se tiennent les ministres, M. Guizot et M. Thiers, M. de Broglie, M. d’Argout, M. de Rigny, etc. Au milieu de l’enceinte, accoudé familièrement sur le pupitre des ministres, le maire de Lyon, M. Prunelle, les cheveux emmêlés, les habits fatigués, montre sa familiarité avec les hommes politiques. Derrière les ministres s’étagent en amphithéâtre les gras, étalant leurs ventres dans l’intervalle des bancs.
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Les peintres se laissent aller volontiers à reproduire fréquemment les scènes qui les ont le plus frappés.
Les uns, poursuivis par le souvenir d'une femme aimée, introduisent son type même jusque dans des scènes religieuses.
Un autre vit au cabaret et le même ivrogne que son œil un jour a remarqué, reparaîtra sans cesse dans la même position.
Celui-ci a été élevé dans un cloître ; ses pinceaux en conservent une austérité perpétuelle.
Celui-là a dissipé sa vie au milieu des courtisanes, et les chansons joyeuses, les soudards, les mandolines, les verres de Bohême, se reflètent dans son œuvre.
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Dans la séance de l'assemblée des notables du 22 février 1787, le contrôleur général des finances fait savoir aux intéressés que les vues qu'il leur expose sont a devenues entièrement personnelles au roi; » toutefois, si un nouveau projet était soumis, les états n'en pourraient critiquer le fond. Point de droits à exercer, point de conditions à dicter; l'approbation seule est permise. Ce qui faisait dire à l'évèque de Narbonne qu'on prenait les notables pour a des moutons et des bêtes rassemblés afin d'avoir leur sanction à une besogne toute digérée.»
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On a pêché, dans le bassin des Tuileries, les petits poissons rouges, afin de les préserver du froid.
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Le pastelliste, après s'être longtemps fait prier, avait fini toutefois par accepter, à la condition expresse qu'il ne serait interrompu pendant la séance par personne. Mme de Pompadour ayant accepté l'arrangement, La Tour arrive au jour dit et se dispose à travailler. Suivant sa coutume, il ôte les boucles de ses escarpins, ses jarretières, son col, accroche sa perruque aux flambeaux et met sur la tête son bonnet de peintre. Libre dans ce costume d'atelier, il commençait à crayonner lorsque Louis XV entre. Mme de Pompadour sourit. Le roi s'étonne du costume sans-façon du peintre. La Tour fait la grimace. Il se lève, ôte son bonnet. «Vous m'aviez promis, madame, que votre porte serait fermée. » Le roi insiste doucement pour rester. « Il m'est impossible d'obéir à Votre Majesté, reprend La Tour; je reviendrai lorsque madame sera seule. » Il emporte sa perruque, son col, ses jarretières, son chapeau, s'habille dans une autre pièce et part. La Tour ne revint que plusieurs jours après, quand Mme de Pompadour l'eut assuré qu'il ne serait plus interrompu à l'avenir dans son travail.
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L'ensemble de la vie des animaux, dit Aristote présente plusieurs actions qui sont des imitations de la vie humaine. [...]
Nous voilà loin des automates de Descartes.
Avec Montaigne on n'a que l'embarras du choix.
Les Essais sont le plus riche arsenal en faveur de l'intelligence des bêtes. Preque à chaque page Montaigne se plaît à rabattre le caquet de l'homme. "C'est par vanité, dit il, que l'homme se trie soy mesme et sépar de la presse des aultres créatures, tailles les parts aux animaux ses confrères et compaignons, et leur distribue telle portion de facutz et de force que bon luy semble."
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C'est en lisant la lettre de mademoiselle Julienne que je voyais maintenant combien elle diffère de ses soeurs. Voilà une véritable femme, bonne, sans apprêt, qui écrit comme elle parle, avec une discrétion enjouée.
L'aimable personne se révèle dans chaque phrase, et rien ne trahit en elle l'effervescence de ses soeurs. Mademoiselle Julienne semble ne tenir par aucune affinité de caractère à une famille représentée par M. Tourangeau, Michel, mesdemoiselles Christine et Émelina, tous quatre tourmentés par d'ardentes imaginations. Mademoiselle Julienne est l'antithèse absolue de ces natures enfiévrées, sans avoir quoi que ce soit de froid, de bourgeois ou de puritain.
Sa lettre est douce, charmante et affectueuse. Pas une ombre de raillerie ne se glisse sous cette plume, assez fine pour peindre d'un trait moqueur des fantaisies auxquelles elle échappe par sa rectitude d'esprit, mais sa tendresse se montre dans chaque ligne, à la façon dont elle s'intéresse au voyage de ses soeurs, à leur installation et au récit qu'elle attend de leur séjour à Vichy.
A travers chaque phrase se dessine le portrait de mademoiselle Julienne, et quand je compare son activité à l'inaction des deux soeurs, l'une inscrivant des folies sur son album, l'autre s'enfonçant chaque jour de plus en plus dans des pratiques religieuses qui développeront de nouvelles perturbations, je plains mademoiselle Julienne destinée à souffrir des souffrances de ses soeurs.
Une créature réellement heureuse est un être si rare sur la terre qu'on devrait, comme les fleurs délicates, la protéger contre les intempéries du chagrin.
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La Tour ne parut pour la première fois en public qu'au Salon de 1757. Il était né en 1704; il avait donc trente-trois ans ; si on s'en rapporte à des biographes qui l'amènent à Paris à l'âge de vingt-trois ans, il fut donc dix ans à lutter avant d'exposer. L'art du peintre ne trouvait pas les facilités offertes aujourd'hui à tout jeune homme qui envoie sa toile à l'exposition, laissant au public et à la critique le droit de juger son oeuvre. La peinture d'alors était une maîtrise : l'exerçait qui pouvait, mais ne la montrait pas qui voulait.
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Cependant, je peux donner un excellent conseil aux jeunes gens séduits et attirés par l'apparence d'une doctrine...
C'est de ne pas dogmatiser et de se laisser entraîner à produire sans cesse et toujours, à créer (quoique le mot soit ambitieux), sans s'inquiéter si ce qui coule de leur plume appartient à telle ou telle classification.
J'ai beaucoup écrit de contes, de nouvelles, sans savoir ce que je faisais : il a fallu nombre de cris répétés mille et mille fois pour m'apprendre que j'étais classé.
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Malheur aux productions de Fart dont toute la beauté n'est que pour les artistes, est un mot de d'Alembert qu'on devrait graver sur la porte de l'École des beaux-arts.
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Tous ces mots à terminaison en isme, je les tiens en pitié comme des mots de transition; ils ne me semblent pas faire partie de la langue française, leur assonance me déplaît, ils riment tous ensemble et n'en ont pas plus de raison. On a été jusqu'à se servir du naturisme, des pédants philosophiques disent le possibilisme, les économistes emploient l'absentéisme, et il n'y a pas huit jours qu'un délicat a trouvé le mot inouïsme.
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Mais ce dont je suis surtout le plus reconnaissant aux divers hommes considérables que j'ai entretenus de mon projet, est de ne m'avoir pas montré tout d'abord les immenses recherches que demandait un tel livre. Il faut une forte dose d'ignorance pour tenter de pareils travaux : c'est se jeter h la mer sans savoir nager.
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Le comique est répandu à foison sur les traits de personnages dramatiques représentés en statuettes. Quoique cette partie de travail nouveau demandât de longues et nouvelles études, à de rares exceptions je ne m'en suis pas tenu au positivisme commode de certains annotateurs qui bravement impriment :"Cette statuette de terre cuite a tant de centimètres de hauteur."
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L'humanité ne pardonne pas à ceux qui dévoilent ses faiblesses, ses mensonges et ses laideurs. L'homme s'irrite de trouver sans cesse sa figure réfléchie par un miroir où n'apparaissent que ses difformités morales. Qu'on se raille de lui légèrement, mais il ne faut pas trop appuyer.
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La caricature est avec le journal le cri des citoyens. Ce que ceux-ci ne peuvent exprimer est traduit par des hommes dont la mission consiste à mettre en lumière les sentiments intimes du peuple.
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La caricature tient un rang très-bas dans l'histoire, peu d'écrivains s'étant préoccupés de ses manifestations ; mais aujourd'hui que l'érudit ne se contente plus des documents historiques officiels, et qu'il étudie par les monuments figurés tout ce qui peut éclairer les événements et les hommes, la caricature sort de sa bassesse et reprend le rôle puissant qu'elle fut chargée déjouer de tout temps.
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L'art, tel que l'étudient les archéologues, n'a rien à voir avec le contrôle des esthéticiens. Les manifestations du Beau sont étudiées, mais avec la même balance qui pèse le Laid. L'archéologue n'enseigne pas, il constate. La sérénité, la pureté des lignes dans les œuvres d'art lui semblent sans doute préférables à l'expression du grotesque ; il n'en recueille pas moins précieusement ces formes grimaçantes qui donnent peut-être une idée plus exacte et plus vive des mœurs, des coutumes et des usages du passé, qu'un pur et noble contour.
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Ce qui arrête et fixe trop nettement les formes, ajoute-t-il, n'est pas propre à l'expression du ridicule, car les arts plastiques vivent de beauté et l'expression des ridicules est un commencement de laideur. La véritable place du grotesque n'est donc pas dans les œuvres de la sculpture et de la peinture, mais dans les rapides dessins d'un spirituel et malin crayon.
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On pourrait dire qu'historiquement la caricature commence en France à
la fin du XVe siècle si une seule planche y tenait lieu d'une avant garde de l'armée des burins turbulents de la Réforme.
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