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3.59/5 (sur 32 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Laon , le 10/07/1821
Mort(e) le : 6/12/1889
Biographie :

Jules François Félix Husson, dit Fleury, dit Champfleury, est un écrivain français né à Laon, dans l'Aisne, le 10 septembre 1821 et mort à Sèvres le 6 décembre 1889.

Issu d'un milieu modeste,son père était secrétaire de mairie, Champfleury doit interrompre ses études très jeune, pour des raisons financières.
Une fois arrivé à Paris, il gagne sa vie comme employé chez un libraire et se lance dès 1844 dans la vie littéraire.
Journaliste, critique d'art, dramaturge, nouvelliste et romancier, il se lie d'amitié avec Victor Hugo et Gustave Flaubert, tout en s'attirant l'hostilité des frères Goncourt, dont il stigmatise le « maniérisme ». Soucieux de se venger de ses attaques, les frères Goncourt lui reprochent alors une orthographe approximative et un « manque de style ». Ils iront jusqu'à le caricaturer dans leur roman Charles Demailly, consacré aux milieux intellectuels de leur temps.
Les romans et nouvelles de Champfleury s'attachent à la description réaliste de la petite bourgeoisie et de la bohème.
Cofondateur de la revue Le Réalisme, il publie un manifeste en faveur de l'art vrai dans les domaines aussi bien littéraire et qu'artistique. Admirateur des frères Le Nain, ancêtres du réalisme, ainsi que de Gustave Courbet, il consacre de nombreuses études à ces peintres.
De même, ses articles de presse portent la marque de son admiration pour Balzac.
Tout en poursuivant sa carrière d'homme de lettres, Champfleury se spécialise dans l'art de la faïence et apparaît bientôt comme une autorité en la matière.
En 1872, il est nommé conservateur du musée de Sèvres, avant de devenir administrateur de la Manufacture nationale de Sèvres, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort, dix-sept ans plus tard. Lui-même grand collectionneur, il ironise sur sa propre manie dans un roman autobiographique, Le Violon de faïence.
Toutefois, son plus grand succès littéraire reste Les Chats : histoire, mœurs, observations, anecdotes, publié par l'éditeur J. Rothschild en 1869 et illustré entre autres par des dessins de Delacroix, Viollet-le-Duc, Mérimée - dont l'anecdote dit qu'il aimait "crayonner" les chats familiers de son ami l'architecte niortais Pierre-Théophile Segretain (1798-1864) - Manet et Hokusai. Cet ouvrage a connu un triomphe immédiat et est devenu un grand classique.



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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Mon maître le lecteur, que ceci soit pour vous un avertissement ! Ne dites jamais que vous savez ce que vaut l’aune de telle histoire. Souvent cette histoire si gaie, si folle, si amusante, aura germé toute gonflée de larmes, de faim, de misères, dans l’esprit de celui qui l’écrira plus tard.
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Les peintres se laissent aller volontiers à reproduire fréquemment les scènes qui les ont le plus frappés.
Les uns, poursuivis par le souvenir d'une femme aimée, introduisent son type même jusque dans des scènes religieuses.
Un autre vit au cabaret et le même ivrogne que son œil un jour a remarqué, reparaîtra sans cesse dans la même position.
Celui-ci a été élevé dans un cloître ; ses pinceaux en conservent une austérité perpétuelle.
Celui-là a dissipé sa vie au milieu des courtisanes, et les chansons joyeuses, les soudards, les mandolines, les verres de Bohême, se reflètent dans son œuvre.
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C'est en lisant la lettre de mademoiselle Julienne que je voyais maintenant combien elle diffère de ses soeurs. Voilà une véritable femme, bonne, sans apprêt, qui écrit comme elle parle, avec une discrétion enjouée.
L'aimable personne se révèle dans chaque phrase, et rien ne trahit en elle l'effervescence de ses soeurs. Mademoiselle Julienne semble ne tenir par aucune affinité de caractère à une famille représentée par M. Tourangeau, Michel, mesdemoiselles Christine et Émelina, tous quatre tourmentés par d'ardentes imaginations. Mademoiselle Julienne est l'antithèse absolue de ces natures enfiévrées, sans avoir quoi que ce soit de froid, de bourgeois ou de puritain.
Sa lettre est douce, charmante et affectueuse. Pas une ombre de raillerie ne se glisse sous cette plume, assez fine pour peindre d'un trait moqueur des fantaisies auxquelles elle échappe par sa rectitude d'esprit, mais sa tendresse se montre dans chaque ligne, à la façon dont elle s'intéresse au voyage de ses soeurs, à leur installation et au récit qu'elle attend de leur séjour à Vichy.
A travers chaque phrase se dessine le portrait de mademoiselle Julienne, et quand je compare son activité à l'inaction des deux soeurs, l'une inscrivant des folies sur son album, l'autre s'enfonçant chaque jour de plus en plus dans des pratiques religieuses qui développeront de nouvelles perturbations, je plains mademoiselle Julienne destinée à souffrir des souffrances de ses soeurs.
Une créature réellement heureuse est un être si rare sur la terre qu'on devrait, comme les fleurs délicates, la protéger contre les intempéries du chagrin.
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Dans la séance de l'assemblée des notables du 22 février 1787, le contrôleur général des finances fait savoir aux intéressés que les vues qu'il leur expose sont a devenues entièrement personnelles au roi; » toutefois, si un nouveau projet était soumis, les états n'en pourraient critiquer le fond. Point de droits à exercer, point de conditions à dicter; l'approbation seule est permise. Ce qui faisait dire à l'évèque de Narbonne qu'on prenait les notables pour a des moutons et des bêtes rassemblés afin d'avoir leur sanction à une besogne toute digérée.»
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C'est au bord de la rivière que j'ai surpris un matin mademoiselle Émelina, devant la vieille maison de la marquise, écrivant sur un album qu'elle n'a pas eu le temps de dissimuler à mon arrivée. Je regardais fixement cet album. Mademoiselle Émelina, un peu troublée, se disait qu'à propos de l'album, nous allions livrer un petit combat, et elle n'y était sans doute pas suffisamment préparée, car ele s'est levée subitement, s'est emparée de mon bras, et m'a fait remonter lentement les bords de l'Allier, comme pour nous éloigner des baigneurs qui descendent les sentiers rapides de l'ancien Vichy et ne dépassent guère le tir au pistolet.
A partir de là, les promeneurs deviennent rares, quoique la campagne soit belle et fertile. De grandes prairies vertes, animées par des troupeaux de vaches, conduisent à un endroit solitaire planté de vieux saules tordus, dont les troncs fantasques sont recouverts de chevelures d'un vert pâle. Pour rompre le silence :
- Me permettrez-vous, mademoiselle, de lire dans votre coeur ?
Mademoiselle Émelina m'a regardé d'un singulier regard, à la fois aimable et défiant.
- Mon coeur ! s'est-elle écriée.
- J'entends votre album. L'album d'une femme ne contient-il pas l'expression la plus secrète de son coeur ?
J'essayai de me montrer plus empressé que de coutume.
- Vous êtes si impitoyable pour les femmes ! a répondu mademoiselle Émelina.
- Moi, mademoiselle ! ai-je dit avec le ton de l'étonnement.
- Si j'étais certaine de votre discrétion !
- Pouvez-vous en douter, mademoiselle ?
- Vous me promettez de n'en pas parler à Christine ?
- Faut-il un serment, mademoiselle ?
- Tenez, monsieur, a-t-elle dit en me présentant l'album et en détournant la tête.
C'est avec une sorte de pudeur que mademoiselle Émelina m'a remis la clef de ses pensées. Elle s'était éloignée à quelques pas de moi, paraissant attendre non sans anxiété le jugement que j'allais porter sur ses confidences intimes.
Plein de curiosité, j'ai ouvert l'album à un endroit où trois lignes seules s'étalaient au milieu d'une page blanche :
"L'Amour et l'Amitié qui s'accouplent sont comme deux chevaux attelés en sens inverse; il en naît un sentiment écartelé."
Mademoiselle Émelina me regardait. J'ai pousé un "Ah !" peu compromettant et je suis arrivé à la seconde pensée :
"FEMME doit être le dernier mot d'un mourant et d'un livre."
"Femme"était écrit en gros caractères. La bizarre littérature que celle des Pensées ! Au premier coup d'oeil, ces Pensées paraissent avoir été pensées : en les relisant, on s'aperçoit qu'un certain assemblage de mots est la règle unique qui a présidé à une phrase creuse. Pourquoi "femme" doit être le dernier mot d'un livre ? Il y a plus d'un livre plein d'intérêt où la femme n'apparait pas. Pourquoi encore "femme" doit être le dernier mot d'un mourant ? Les êtres vraiment malades pensent peu aux femmes : j'ai vu mourir quelques hommes dans les hôpitaux, aucun n'avait à la bouche le mot de "femme".
La troisième pensée m'échappe absolument :
"Le Saule est l'Oeil et l'Eau la Larme"
L'oeil de qui ? La larme de quoi ? Il y à là-dessous quelque symbole auquel mademoiselle Émelina doit attacher un sens particulier, à voir les majuscules dont elle s'est plue à décorer ce "Saule", cet "Oeil", cette "Eau", cette "Larme".
J'ai donc passé à une autre pensée :
"Il y a autant de lettres dans Pomme que dans Amour"
- C'est juste, me suis-je écrié en comptant machinalement les lettres sur mes doigts; mais où mène cette belle découverte, qui produirait peut-être quelque effet à la fin d'une comédie du Gymnase ? En disséquant cette pensée et celles qui suivent, toutes sonnent creux, surtout une, touffue et si compliquée, que de la main, j'ai un instant voilé mes yeux pour la méditer attentivement :
"Pas de plus grand vent que l'Amour; pas de feuille plus sèche que le Coeur. L'un souffle sans cesse sur l'autre qui vole toujours."
En feuilletant cet album, où les mots "Amour", "Coeur", "Soupir", "Larme", "Souffrir", Aimer" reviennent dix fois par page, je me suis tenu à quatre pour ne pas écrire une grosse facétie à la suite de ces fadeurs; mais mademoiselle Émelina m'étudiait, cherchant à surprendre les traces de mes impressions. Avec la froideur d'un greffier entrant dans le cachot d'un condamné pour lui lire son arrêt, je suis revenu vers elle. La pauvre fille semblait décontenancée, et j'ai eu pitié d'elle, malgré ses travers de "penseure". Je lui ai même adressé quelques vagues compliments, afin d'obtenir la permission d'emporter l'album.
Si mademoiselle Émelina croit sérieusement à de pareilles billevesées, je tremble pour son avenir. Une femme qui se gargarise l'esprit avec le mot "amour" et le verbe "aimer" est sur une pente dangereuse. A Longpont, mademoiselle Émelina ne se soucie guère de la vie domestique; elle pense tout le jour, hélas ! à ce terrible "amour" qu'elle a analysé tellement sous toutes ses faces qu'elle en est arrivée, Ô la belle découverte, à reconnaître que cinq lettres président à sa formation.
Peut-on guérir mademoiselle Émelina de ces folies, et ne serait-ce pas inutilement tracasser Michel que de lui en parler ? Voilà ce que plus tard je me demandais en feuilletant l'album, qui m'irritait de telle sorte, qu'il me prenait envie de le jeter dans la rivière.
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L'ensemble de la vie des animaux, dit Aristote présente plusieurs actions qui sont des imitations de la vie humaine. [...]
Nous voilà loin des automates de Descartes.
Avec Montaigne on n'a que l'embarras du choix.
Les Essais sont le plus riche arsenal en faveur de l'intelligence des bêtes. Preque à chaque page Montaigne se plaît à rabattre le caquet de l'homme. "C'est par vanité, dit il, que l'homme se trie soy mesme et sépar de la presse des aultres créatures, tailles les parts aux animaux ses confrères et compaignons, et leur distribue telle portion de facutz et de force que bon luy semble."
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La Tour ne manqua pas de panégyristes de son vivant ; mais certains étaient intéressés à faire parade de leur enthousiasme dans ce champ clos où se débattait la réputation du peintre. Un témoignage posthume plus réservé a permis, un siècle après la mort de La Tour, de contrôler jusqu'à un certain point son caractère, sa façon d'agir à la cour et à la ville. En ce sens, ils offrent un réel intérêt les documents manuscrits laissés sur l'artiste par Mariette. Sans doute ces notes sont un peu longues, quelque peu séniles et de mauvaise humeur; mais à la suite d'une instruction, alors que le tribunal attend la vérité d'un débat contradictoire, un témoin disert et prolixe n'apporte pas moins sa part de faits intéressants s'il a été en relations suivies avec l'accusé dont on veut connaître le passé; aussi les écrits de Mariette, considéré comme témoin, restent-ils d'une utilité indéniable dans ce qu'on pourrait appeler la cause La Tour.
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Quelle prudence ai-je ainsi dépensée depuis mon arrivée pour ne pas me mettre en état d'hostilité permanente avec des femmes de caractères si différents ! A tout propos, les deux soeurs m'appellent comme arbitre dans leurs querelles; mais je me suis réglé sur la conduite de M. Tourangeau, peu soucieux des idées de ses filles. Quand il est présent, un silence absolu de la part des demoiselles règne à table, non pas que le père de Michel soit un tyran domestique, mais il aura fait savoir que les tendances religieuses de mademoiselle Christine le fatiguaient autant que les idées romanesques de mademoiselle Émelina.
M. Tourangeau parle avec un sourire railleur de la femme en général; cependant Michel me dit que son père a confiance dans l'esprit droit de madame Tourangeau, qu'il l'entretient de ses projets, la consulte au besoin et n'en fait pourtant qu'à sa tête.
Caractère singulier que celui du chef de cette famille : ferme, loyal, bon et ouvert; mais sa façon de vivre est bizarre. il se lève, sort, revient pour déjeuner seul, sort encore, ne reparait qu'au dîner, va faire un tour au café, et rentre se coucher de bonne heure. Ce qui se fait et se dit à l'intérieur ne semble guère l'intéresser, quoiqu'il aime sa femme et ses enfants; mais c'est un cerveau sans cesse en travail qui a besoin de grandes fatigues du corps pour rester équilibré, et jamais il ne prend part aux propos de "ses femmes". On cause avec lui, on croit qu'il écoute; tout à coup, il rompt brusquement la conversation par une exclamation inattendue qui a trait à ses propres affaires. Rarement il entre dans les idées d'autrui; seules le préoccupent des combinaisons intérieures dont on saisit les traces sur sa physionomie mobile.
La famille s'est pliée à ces caprices, et les femmes vivent indépendantes au-dedans, pendant que le père s'agite au dehors. Aussi, la plus grande liberté règne de part et d'autre, et les demoiselles ont été élevées par leur mère, qui n'a pu empêcher la nature de les entraîner dans des sentiers si divers.
Au contraire de ses soeurs, Michel a deux qualités parfaitement équilibrées, quoique opposées. Son père lui a transmis son imagination, sa mère sa rectitude d'esprit. Nature impressionnable et calme à la fois, Michel doit à sa mère la droiture et la volonté si nécessaires dans ses études de droit; mais la flamme de son père a passé en lui et nul doute que Michel ne devienne un jour un orateur éloquent. Il parlera pour les autres, le père parle pour lui-même.
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On a pêché, dans le bassin des Tuileries, les petits poissons rouges, afin de les préserver du froid.
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L'art, tel que l'étudient les archéologues, n'a rien à voir avec le contrôle des esthéticiens. Les manifestations du Beau sont étudiées, mais avec la même balance qui pèse le Laid. L'archéologue n'enseigne pas, il constate. La sérénité, la pureté des lignes dans les œuvres d'art lui semblent sans doute préférables à l'expression du grotesque ; il n'en recueille pas moins précieusement ces formes grimaçantes qui donnent peut-être une idée plus exacte et plus vive des mœurs, des coutumes et des usages du passé, qu'un pur et noble contour.
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