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4.38/5 (sur 8 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jules Émile Legras, né à Passy le 25 mai 1866 et mort à Dijon le 12 mai 1939 est un ethnologue français.

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Bibliographie de Jules Legras   (3)Voir plus

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Quand deux Russes se rencontrent, en dehors des affaires, s'ils sont du peuple, ils boivent ensemble ; s'ils sont de la société, ils jouent aux cartes. Les cartes, c'est la passion avouée de la société russe. Comment, sans elles, tromper l'ennui des interminables hivers ? Travailler ? lire ? on en est bientôt las. Rêver ? l'horizon est si triste ! Le Slave, avide d'émotions, préfère jouer. Il aime les nuits passées à la lueur des bougies autour de la table verte, les cendriers qui peu à peu s'emplissent de cartons de papirosses, la table qui se blanchit sous les longues additions inscrites à la craie, à même le tapis, et imparfaitement effacées, de temps à autre, avec une brosse dure. Un souper, modeste ou luxueux, coupe la nuit. C'est le seul moment où l'on cause, car, en jouant, on ne cause pas, sinon du jeu. N'est-ce pas là encore un des précieux avantages des cartes ? vous permettre d'être en compagnie, tout en vous épargnant la fatigue vaine de causer.
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Cette voie modeste est un terrible et brutal instrument de progrès et d'invasion. Grâce à elle, arrivent dans les solitudes vierges des hommes qui, n'ayant subi, avant de les atteindre, aucune peine, aucune fatigue, aucune terreur, n'ont pas pour elles le respect qu'avaient même les premiers envahisseurs. Fiers de leur expérience occidentale, ces hommes apportent dans la taïga des idées nouvelles, des appétits nouveaux : c'est ce qu'ils appellent civilisation. Nulle part je n'ai senti d'une façon plus poignante ce qu'il y a de cruel dans ce beau mot. Nulle part non plus, je n'ai mieux percé l'hypocrisie dont nous nous masquons, quand nous parlons de progrès et de conquête pacifique. La prétendue "conquête pacifique d'un pays par la vapeur", c'est l'application rigoureuse d'une loi économique, c'est-à-dire d'une loi méchante, sans égards ; c'est la spoliation réfléchie, impitoyable, monstrueuse, du moins armé par le plus armé, du plus sobre par le plus affamé. Voilà tout ce que symbolise à mes yeux ce joujou
d'acier qui serpente à perte de vue par les bois.
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Jules Legras
On se représente au loin le grand Mystique comme le plus bizarre et le plus intolérant des hommes. Il faudrait que ceux qui le pensent ainsi vinssent quelques jours à la campagne, à l'automne finissant, quand le vent plus froid détache les dernières feuilles de bouleaux de l'allée, et effarouche les derniers hôtes. Ils verraient l'intimité paisible qui règne dans sa famille ; ils sentiraient le charme unique de ces réunions sous la lampe, autour du grand homme, de qui partent des liens qui aboutissent entier ; et ils se laisseraient pénétrer par cette invincible douceur de la famille dans ce milieu patriarcal où la discussion des plus hauts problèmes de l'intelligence est interrompue, çà et là, par des rires et des jeux d'enfants. -Pour moi, ces soirées calmes m'ont ému fortement, et le souvenir s'en est gravé au plus pur de ma reconnaissance.
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Le choléra se rapproche. Il est à Nijni depuis plusieurs jours, et voilà que des fuyards l'apportent dans les villages. Les médecins et les infirmières sont devenus indispensables dans la capitale de la province, où la grande Foire annuelle est ouverte : ils nous quittent presque tous. Nous nous soignerons comme nous pourrons. Des nouvelles graves nous proviennent de la basse Volga : des émeutes y ont éclaté dans les villes, surtout à Astrakhan, où des médecins ont été tués, et où les Cosaques ont dû charger la foule. La populace, ignorante, accuse les médecins d'empoisonner les malades : les injections sous-cutanées contiennent, d'après elle, un poison subtil. Le bruit s'est répandu là-bas que le Tsar a vendu à l'Angleterre le droit de dépeupler par ce moyen quatre provinces ! De toutes parts les bruits les plus absurdes se redisent à l'oreille.
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Chapitre : Au village

Jules Legras avait rendu visite à Léon Tolstoï plusieurs fois à Moscou. Là, il venait de passer quelques jours à Iasnaïa Poliana.

"Je l'ai abordé avec le recueillement d'admiration qu'impose son oeuvre littéraire, mais aussi avec une secrète impatience contre la doctrine qui à présent l'immobilise. Peu à peu, cependant, je l'ai mieux compris : je l'ai écouté longuement, j'ai causé de lui avec ceux de son entourage, et surtout avec la comtesse sa femme, dont l'intelligence supérieure et la rare pénétration m'ont captivé.."

Oui, Jules Legras a raison, Sophie Tolstoî est une grande dame, et j'ai du mal à la dissocier de son génie de mari
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Avant-propos : J'ai fait en Russie, depuis 1892, trois séjours prolongés ; j'ai parcouru cette immense terre dans tous les sens, et j'ai appris sa langue. Le hasard m'y a mis en contact avce les plus terribles fléaux qui la ravagent périodiquement, et avec quelques hommes dont la pensée était noble et l'attitude généreuse. L'impression que j'en ai reçue a été profonde et douce : je ne crois pas pouvoir l'oublier jamais. J'ai essayé d'en fixer quelque chose dans ces pages, sans me piquer, toutefois, de mettre dans mes souvenirs une belle ordonnance artificielle. On me pardonnera, je l'espère, d'avoir livré mes sensations à peu près comme elles s'étaient juxtaposées dans mon souvenir : intervenant le moins possible dans la composition de ces notes, j'ai pensé que l'image totale, pour être un peu floue, un peu grossie ça et là, et surtout incomplète, comme mon expérience même , n'en aurait que plus sûrement le caractère auquel je tiens le plus : la sincérité. Aux enthousiastes qui ne rêvent que des splendeurs moscovites, ce livre, je le crains, causera quelque dépit. Pourtant, il en est assez, à cette heure, qui célèbrent la Russie dans ce qu'elle a de plus extérieur et de plus vain, pour qu'on permette à un voyageur modeste d'avouer qu'il aime d'amour tendre ce pays russe sans forme et sans couleur, uniquement parce qu'il y a vu des hommes qui souffrent, qui travaillent, qui espèrent, et dont le cœur est simple et bon. Ce livre ne contient pas une ligne d'appréciation politique. Les trois ou quatre Français qui connaissent à fond la Russie comprendront aisément les motifs de mon abstention ; pour les autres je juge honnête de les en avertir dès la première page, sans croire, toutefois, le moment opportun de m'en expliquer avec eux tout au long."
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Pierre Pascal écrit : " Sous la plume de Jules Legras, on chercherait vainement l'abstraction, la science sèche ou l'érudition. Tout chez lui venait de la vie et retournait à la vie"
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« Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes »
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