Depardieu, Jacquot, Doillon... le cinéma français est secoué par les affaires de violences sexuelles. Cette nouvelle onde de choc interroge l'imaginaire d'une industrie tout entière et toute la société. Notre émission en accès libre, avec notamment Judith Godrèche, Anna Mouglalis, Charlotte Arnould et Anouk Grinberg.
Pour cette émission, Mediapart a sollicité, par l'intermédiaire de leurs avocat·es, Gérard Depardieu, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Philippe Garrel. « Pas de réaction ni commentaire », nous a répondu l'avocate de Benoît Jacquot, Me Julia Minkowski. Concernant MM. Depardieu, Jacquot, Doillon, des procédures judiciaires sont en cours et ils bénéficient donc de la présomption d'innocence.
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Elle aimait se dire que Félix n'était pas son amant, mais son aimant. Un phénomène scientifique qui les dépassait les ramenait inlassablement l'un à l'autre.
" mais qu'est-ce que l'attente, sinon une sorte de folie, et qu'est-ce que la folie sinon un excès d'espoir ?" Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne.
Cette histoire de bonnes sanguinaires excitait irrésistiblement son instinct d'avocate, comme une tumeur délicate attirerait la main d'un chirurgien.
Malgré la guerre, elles avaient mené grand train surtout avant 1917, quand la crise économique avait atteint la capitale et la présence de permissionnaires, errant hagards dans les rues, freiné leur insouciance.
D'où les aliénistes tiraient-ils une légitimité supérieure à celle des juges ? Considéraient-ils, de leur côté, que bénéficier d'un tel poids était normal ? Germaine était troublée. Leur sujet d'étude était des êtres bien vivants, qui risquaient leur peau. La procédure aurait dû prévoir de les faire assister, eux aussi aux exécutions.
Les médecins avaient pouvoir de droit divin, de vie ou de mort, et personne n'était en droit de le contester. Pourtant la médecine mentale rassemblait à tout sauf à une science exacte.
p 172
La machine bourgeoise était en marche pour venger un de ses membres, et ces derniers n’hésiteraient devant aucun moyen, quitte à bafouer leur serment, pour parvenir à leurs fins. Les notables étaient mobilisés, solidaires dans l’adversité. Ils réclamaient la tête de ces pauvresses, qui avaient massacré deux des leurs. Et elle, Me Brière, que faisait-elle pour lutter contre ce rouleau compresseur? Des forces, là, dehors, n’attendaient que son signal pour prendre la défense des deux bonnes. Mais ces forces n'avaient aucun poids sur la justice. À quoi bon les actionner? Il fallait éviter ce bras de fer. Politique et justice ne faisaient pas bon ménage. p. 110-111
Des femmes juges sauveraient l’institution, déposeraient en offrande leur humanité aux pieds des jugements. Ces prophétesses arriveront-elles vraiment un jour pour m’épauler? songea Germaine. La loi, sœur aînée de la justice, accordera-t-elle à sa cadette le droit d’être incarnée par des femmes magistrates, des femmes jurés, comme dans les représentations mythologiques qui ornent les plafonds du palais?
Germaine observait cette pathétique société se disperser dans la salle.
Elle aimait ces moments où elle basculait vers la confiance. Elle était comme ça, oscillant sans cesse entre dénigrement et sublimation d'elle-même.
p 112
-Ces gens ne saisissent pas la notion de crime immotivé, poursuivis Louis. Le meurtre de l'absurde. L'amok. Ils n'y croient pas. Je l'ai vécu plein de fois dans ma carrière. On veut toujours trouver un mobile. Ils n'ont que ce mot à la bouche. Chaque fois qu'une affaire attire des journalistes qui ne sont pas chroniqueurs judiciaires, c'est la même histoire. "Mobile, mobile, mobile." Et là, des militants cherchent à instrumentaliser cette affaire alors qu'ils se fichent de Christine et Léa Papin. Ce qui les intéresse, c'est leur condition de domestiques. Et ils les réduisent à ça. Comme si une bonne ou une autre, c'est du pareil au même. Ils ne s'attardent pas sur leur histoire individuelle. Ils ne réalisent pas qu'elles sont folles, toquées. Entre les bourgeois qui réclament leur tête coûte que coûte, et les communistes qui veulent faire de leur crime un acte de rébellion, personne n'a intérêt à ce qu'elles soient démentes. Vous n'êtes pas aidé, pour sûr.