Citations de Julia Sykes (98)
Son appréhension était enivrante. J’aimais qu’elle ait peur de moi. Cela me faisait sentir puissant, d’une façon que je n’avais jamais connue jusque-là. J’avais l’habitude d’être sans importance, d’être à peine remarqué.
Je m’étais dit que je serais capable de masquer ma colère et de feindre le joli sourire qu’on attendait de voir sur mon visage.
Mais je ne m’étais pas préparée à la haine dans son regard brûlant. Dix années s’étaient écoulées depuis que j’avais vu ses yeux verts hypnotiques pour la dernière fois. Autrefois, ils brillaient de dévouement envers moi quand il me regardait.
Désormais, il semblait me haïr autant que je le méprisais.
Le plaisir m’engloutit tout entière avec la force d’un raz-de-marée. Un cri rauque se répercuta contre les murs de la chambre alors que tous mes muscles se contractaient, tremblants. La béatitude envahit mon corps, mon esprit. Le monde s’évanouit alors que l’extase coulait dans mes veines, emportant ma peur avec elle.
Je refusais de perdre l’un ou l’autre. Je voulais garder et protéger ma famille, quoi qu’il m’en coûte… À moi. Ils étaient tous les deux à moi. Ce bâtard menaçait ma famille.
J’avais apprécié sa peur, même à l’époque. Je l’avais observée, désirée. Je l’avais suivie partout sur le domaine, car nous avions été forcés de cohabiter sous le même toit. Au fil du temps, nous avions développé une relation intime. Certains appelleraient cela un amour d’enfance, mais les jeux pervers auxquels je jouais avec elle dans la forêt n’avaient rien d’innocent.
Mais cette femme recroquevillée sur la banquette arrière n’était pas ma Valentina. Cette femme m’avait trahi. Elle avait choisi d’aimer Hugo, l’homme qui me battait lorsque mon père n’avait pas envie de perdre son temps à me punir. Elle avait choisi de partager son lit et de le laisser utiliser son corps à sa guise.
Je déglutis pour atténuer la rage qui grandissait en moi et reportai mon attention sur Mateo. Sa trahison n’avait plus aucune importance désormais ; la seule chose qui m’importait, c’était de les punir tous les deux. Si elle aimait son mari, je m’assurerais qu’elle ne le revoie plus jamais. Valentina m’appartenait désormais, elle était mon trophée.
Je suis un homme violent, certes, mais je ne te ferai pas de mal. Je ne laisserai jamais personne te faire du mal. Tu es à moi, ce qui signifie que je te protégerai.
Son comportement me rappelait son innocence. Jusque-là, sa vie avait été exempte de toute inquiétude ou peur et elle avait eu le luxe de dormir tranquillement toute la journée.
Elle aurait dû se réveiller depuis. Même si elle avait le sommeil lourd, le fait qu’un homme se trouve à côté d’elle et l’appelle par son nom aurait dû envoyer des signaux d’alerte dans son cerveau. Et pourtant, elle semblait plus agacée que terrifiée.
C’est mon otage, pas ma petite amie.
Malheureusement, mon sexe ne faisait aucune différence. Pire : l’idée qu’elle se trouve sous mon contrôle, obligée d’obéir à mes ordres, intensifia mon désir.
Mon ami était sadique et impitoyable, et son amour obsessionnel pour Valentina n’avait fait qu’empirer ces traits de caractère plutôt que de les atténuer. Si l’amour de sa vie était en danger, Adrián serait lunatique. Son penchant pour la violence dépassait même le mien.
Les dollars seraient plus pratiques pour nos transactions illégales, mais les pesos passaient plus inaperçus lors d’achats normaux – par exemple, des vêtements, pour commencer. Je ne pouvais pas laisser Valentina se balader dans cette robe. Elle attirerait trop de regards indésirables.
Adrián Rodriguez. J’avais du mal à croire que le garçon que j’avais aimé pendant toutes ces années s’était transformé en cet homme dur et effrayant qui avait pris place sur le banc de l’église derrière moi. Je ne le voyais pas, mais je pouvais sentir son regard cruel dans mon dos. Il me donnait la chair de poule, telle une proie qui ressent instinctivement le danger.
Pendant ces dix dernières années, il s’était trouvé aux États-Unis, à consolider la puissance du cartel de son père en Californie. Je ne pensais jamais le revoir, mais le mariage de Vicente avec cette pauvre Camila avait ramené le fils prodigue en Colombie.
La silhouette menue de la jeune fille semblait plus petite que jamais alors qu’elle se ratatinait dans l’ombre de Vicente. Il avait attendu assez longtemps pour que son corps jeune et fin retrouve sa perfection après avoir accouché – elle avait sans aucun doute été soumise à un régime strict pour garantir sa beauté pour ce jour.
Tu es une femme. Mais tu es à moi – ce qui signifie que tu es ce que je veux que tu sois : mon jouet, mon animal de compagnie… Ton seul but est de me satisfaire, de me servir. Je suis ton Maître désormais, et il est temps que tu comprennes ce que cela signifie.
Tu es innocente, intacte, mais ton corps a soif de jouissance. Une fois que tu auras surmonté tes peurs, je pense que tu deviendras avide de plaisir. Tu brûleras d’envie que je te touche.
Ses paroles étaient scandaleuses et me secouèrent au plus profond de mon être… car mon corps avait vraiment réagi à son toucher. Ces sensations m’étaient peut-être étrangères, mais je devais bien reconnaître qu’elles avaient été… intenses – et pas désagréables du tout.
Je ne m’étais jamais considérée comme une personne sexuelle, mais je n’étais pas non plus complètement idiote. Je savais qu’une femme mouillait lorsqu’elle était excitée afin que son corps soit prêt à accepter un homme. Et ce n’était pas la première fois que je mouillais. Les vidéos porno BDSM de Dex m’avaient excitée, même si je n’avais jamais été assez courageuse pour passer à l’acte. Quand j’étais trop émoustillée, je me lançai dans une tâche particulièrement compliquée – en général, du piratage. Utiliser la partie analytique de mon cerveau m’aidait à calmer mes ardeurs primitives.
Le monde devint irréel alors que la drogue m’emporta immédiatement sur des nuages noirs et doux sur lesquels je flottais jusqu’à perdre connaissance.
Je n’aimais pas trop les gens. Je préférais largement être assise derrière mon écran d’ordinateur, où j’étais anonyme et me trouvais à une bonne distance de sécurité de tous les gens sur Internet.
…J’étais un connard cruel et méfiant, et je n’effacerais jamais complètement la noirceur qui entachait mon âme… Joseph pouvait veiller sur Ashlyn et la rendre heureuse pendant que je les protégeais tous les deux de la dure réalité de ce monde.
-…Nous voulons être avec toi. Tous les deux.
-Tu te trompes à son sujet, dit-il en fronçant les sourcils. Je sais qu’elle paraît délicate, mais ça ne veut pas dire qu’elle a besoin d’être ménagée. Elle pourrait me prendre. Elle pourrait nous prendre tous les deux.
-Je te préviens, Marco, arrête de me pousser là-dessus. Fous-lui la paix.
Il fronça les sourcils en se renfrognant, mais je vis un éclair de douleur traverser son regard.
-Tu ne veux vraiment la partager, hein? Tu crois vraiment que je ferais quoi que ce soit pour la blesser?
-Je sais que tu ne lui ferais aucun mal, répondis-je en poussant un soupir. Mais tu ne la comprends pas. Pas comme je la comprends.
-Je pense que c’est toi qui ne la comprends pas. Tu l’imagines d’une certaine façon, et ton obsession pour elle te rend aveugle. Tu veux qu’elle soit cet ange pur et parfait qui te sauvera de la vie que tu hais tant. Oui, elle est pure et parfaite, mais ça ne veut pas dire qu’elle ne voudra pas de toi. Du vrai toi. Alors, arrête de te retenir comme ça.
L’envie fit palpiter mon cœur et, pour la première fois, le doute s’infiltra dans mon esprit.