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Critiques de Julian Jackson (26)
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Après Jean Lacouture - qui situait De Gaulle parmi les hommes qui savaient ouvrir leur regard de la droite à la gauche -, après Éric Roussel - qui lui plaçait un peu trop vite De Gaulle dans le camp des maurassiens -, on voit venir un biographe britannique qui nous apprend à juger des choses et à considérer Charles de Gaulle autrement.

Il passe un long moment à observer la production de plume de cet officier entre 1919 et 1939, qui ne raisonnait pas seulement en stratège et qui s'exprimait avant tout en homme qui se situait au carrefour de la réflexion politique et de l'analyse de l'histoire militaire et des leçons à tirer pour le présent et l'avenir, avec pour unique préoccupation la grandeur de la France. Ainsi, De Gaulle pouvait-il avoir un grand sens de l'adaptation, ne pas penser en ayant comme marqueur des critères idéologiques et ne pas juger les hommes en fonction de leur positionnement sur l'échiquier politique mais plutôt en fonction de leur aptitude à servir l'État et leur pays en faisant passer en premier ce souci des intérêts supérieurs de la France. Il était donc capable de suivre tel ou tel, de se servir de tel ou tel et de lâcher tel ou tel, en grand pragmatique, pour parvenir à ses fins, mais sans la froideur ou la raideur qu'on a parfois voulu lui prêter. Ainsi, quand il a vu qu'une certaine partie de la droite réactionnaire était prête à s'entendre avec Hitler en trahissant la France, De Gaulle, déçu de ne pas voir Paul Reynaud choisir d'endosser les habits de la résistance, résolut de les revêtir lui-même et de sauver l'honneur de son pays.

Ce fut sa seule boussole, sa seule constante, sa seule passion.



François Sarindar
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Le Procès Pétain : Vichy face à ses juges

Le jugement de l’histoire peut-il prétendre venir de cet auteur d’outre-Manche ?

Connu pour sa proximité avec Paxton dont les thèses sont de plus en plus remises en cause, et son admiration pour De Gaulle, son ouvrage « Le procès de Pétain », par ses oublis, ses insinuations permanentes contre Pétain et sa façon de minimiser tout ce qui pourrait être mis au crédit de Pétain et de maximiser tout ce qui pourrait en venir à son débit, en fait le prolongateur du procureur Mornet, lui-même ayant été téléguidé de l’Elysée par l’intermédiaire de Gaston Palewski



Un hôte de l’Elysée, d’ailleurs, qui avait d’autant plus intérêt à étouffer la parole et le crédit de son ancien mentor, qu’il se savait co-responsable de la défaite française, pour avoir le 24 mars 1940 au cours d’un entretien décisif, resté bien ignoré car tabou, conseillé ardemment à Paul Reynaud, à peine nommé Président du Conseil, d’envoyer le gros des forces armées françaises en Belgique et Hollande, contre l’avis de son conseiller militaire le lieutenant-colonel Paul de Villelume.

Le 28 mars quatre jours après ce funeste entretien qui avait cassé l’influence de Paul de Villelume sur Paul Reynaud, se tenait la réunion interalliée à Londres en présence de Paul Reynaud et Churchill qui actait la Belgique et la Hollande comme théâtre des opérations en cas d’attaque allemande. (source : Rapport fait au nom de la Commission parlementaire chargée d’enquêter sur les évènements survenus en France de 1933 à 1945 Tome 9 Particulièrement les pages 2761 et 2762)



A noter que Paul de Villelume, témoin de cet épisode, avait prévenu Paul Reynaud en ces termes : premièrement, nous perdons le bénéfice de nos fortification (comparaison avec un homme, qui, ayant acheté une cuirasse très chère, s’en dépouille au moment du danger pour combattre le torse nu) ; deuxièmement , nous affrontons en terrain libre des forces deux fois supérieures aux nôtres ; troisièmement, nous exposons nos colonnes à être hachées par l’aviation ; quatrièmement , une entrée préventive allumerait la guerre active, ce que nous n’avons aucun intérêt à faire, étant donné en particulier l’état déficient de nos fabrications



C’est bien ce qui s’est passé et d’autant que quelques semaines avant, le 17 février, au cours d’un entretien célèbre celui-ci, Éric von Manstein avait convaincu Hitler de faire passer le gros des forces allemandes par les Ardennes. Toutes les réserves françaises étant parties dans le plat pays, il n’y avait plus personne pour les « cueillir à la sortie du bois»!



Pas un mot de l’auteur sur cet épisode capital, plus encore, il dédouane Paul Reynaud page 160 de sa responsabilité dans le désastre sans en donner de justification, alors que le pouvoir militaire était bien subordonné au pouvoir politique pour la conduite de la guerre comme l’explique très bien Paul de Villelume qui avait exhorté Paul Reynaud dès sa nomination, de renvoyer Gamelin justement parce qu’il était devenu partisan de ce plan d’inspiration britannique, de défendre les côtes anglaises à partir de la Belgique et de la Hollande. Paul Baudoin a confirmé que face aux arguments de Villelume, Paul Reynaud a beaucoup hésité, mais c’est l’assurance et l’aplomb de De Gaulle qui ont emporté le morceau...vers le désastre



Difficile d’imaginer qu’un historien de la période fasse l’impasse de la lecture complète du rapport parlementaire de la commission Gérard Jaquet. Mais sortir cet épisode de l’ombre, c’est révéler le véritable « père de la défaite » qui a mis la France dans le pétrin et pourquoi on a eu un Pétain qui au final a dû s’efforcer de minimiser les conséquences désastreuses de la décision Reynaud-De Gaulle. Après cela toutes les réflexions et jugements de l’auteur sont-ils fortement démonétisés

Quel crédit accorder à cette façon de traiter systématiquement de dérobade, d’aveuglement, de mensonges, les réponses de Pétain ? Ne pouvant ici les commenter compte tenu du manque de place, je laisse les véritables experts exempts de toute visée politique ou idéologique s’exprimer



Reflétant la position des forces armées américaines sur la question Pétain, c’est l’historien de la marine américaine, le capitaine de vaisseaux Charles W. Koburger qui dans son ouvrage référence, « La France et sa marine 1940-1942 » (publié en 1990 chez NEP), montre le rôle clé de Pétain pendant cette période de 28 mois entre l’Armistice (22 juin 1940 ) et le sabordage de la flotte française (27 novembre 1942), période pendant laquelle les alliés étaient en position de faiblesse extrême et où la saisie par les Allemands de la flotte et de l’Afrique du Nord pouvaient faire pencher la victoire du côté de l’Axe :

Pétain refusant à Montoire de déclarer la guerre à l’Angleterre en échange d’un mot collaboration, dont Paul Schmidt (interprète d’Hitler) dira qu’en fait à Montoire « nous n’avons rien obtenu » ;

Pétain empêchant Darlan de lancer la flotte contre la Royal Navy après ses agressions de Mers- el-Kébir, Dakar, la Syrie etc. ;

Pétain refusant l’offre insistante de Mussolini de rejoindre l’Axe « avec tous les avantages pour la France de ce choix » juste après de débarquement américain ;

Pétain envoyant à l’insu de Laval et des Allemands par le seul code secret non livré aux Allemands , son accord à Darlan pour traiter directement avec les américains dans les termes suivants « vous avez mon entière confiance ; faites pour le mieux, je cous confie les intérêts de l’Empire ». Pétain donnant l’ordre de sabordage de la flotte



Koburger montre que dans l'opposition, le gouvernement français ne pouvait pas aller plus loin que ce qu’il a fait, refusant aux allemands les bases françaises de l’Empire comme Bizerte, Dakar, faisant de l’obstruction de mille façons, contredisant notamment un Paxton centré sur des documents officiels, comme les PV de la Commission d’Armistice dont l’auteur se doute bien qu’ils étaient signés sous la contrainte



Koburger dément fermement d’une part que la France pouvait continuer le combat en Afrique du Nord pendant cette période (pas d’usines d’armement, pas de bassin de radoub pour réparer les navires, pas de pièces de rechange etc.) , d’autre part que le Gouvernement français pouvait résister plus que ce qu’il n’a fait face à un ennemi cruel et cynique et enfin il montre les fautes anglo-saxonnes vis-à-vis du gouvernement français et notamment de ne pas avoir prévenu Pétain/Darlan du débarquement américain du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord qui aurait évité la riposte, la perte de la Tunisie et le sabordage. Il conclut « si De Gaulle a été nécessaire pour sauvegarder l’âme de la France, Pétain (et Darlan) l’ont été pour sauver le reste »



A noter que pour tuer dans l’œuf la thèse du double jeu de Pétain, Jullian Jackson nie, comme les anglais, eux-mêmes maitres du double jeu, savent le faire, le sérieux des accords franco anglais à travers les missions Rougier, ou Chevalier/ Halifax. Dans « Londres-Vichy », Pierre Abramovici montre qu’à Londres jusqu’en 1944, il y a un consulat de Vichy avec à sa tête Georges Peissel , haut fonctionnaire, responsable des transactions financières entre Londres et Vichy. Donc des accords franco-britanniques ont bien existé à la barbe des gaullistes !



Mais ce qui compte pour Pétain, ce ne sont pas les Anglais, mais les Américains qu’il attend dès le début de la guerre, particulièrement lorsque début janvier 1941, Washington par l’intermédiaire du canal Halifax/Chevalier, conseillera à Pétain de ne surtout pas reprendre les hostilités contre l’Allemagne à partir de l’Afrique du Nord comme le lui conseillait Churchill dans sa fameuse missive du 31 décembre 1940.



Roosevelt considérait en effet les conditions d’Armistice obtenues par Pétain comme providentielles dans la mesure où l’Amérique n’était pas encore prête à intervenir en Europe. Pétain a suivi la recommandation de Roosevelt qui lui dépêchera immédiatement après l’Amiral Leahy, s’accrochant à conserver coûte que coûte l’Afrique du Nord et la flotte hors de la portée allemande.

On voit bien là que Pétain a de suite pris l’option américaine, alors que Laval, imposé par les Allemands le 18 avril 1942 et qui lui capte ses principaux pouvoirs, ne croyait pas en la victoire des Alliés, d’où entre les deux une relation conflictuelle.



De cet épisode, Jackson n’en a qu’une vue tronquée. Il ne sait pas que le jour même où Pétain reçoit la missive de Churchill le 31 déc, il demande à Peyrouton de faire partir immédiatement pour Alger via Marseille les internés de l’établissement administratif de Pellevoisin, soit Paul Reynaud, Georges Mandel, Vincent Auriol, Jules Moch, Max Dormoy, Charles Pomaret. Et en effet à minuit de ce jour, part le convoi sous le commandement du commissaire Charles Courrier dont on a la relation, en direction Marseille. Mais aussitôt, Pétain demande à Jacques Chevalier de prendre contact avec son ami Halifax en poste à Washington pour connaitre son avis sur la proposition de WC et surtout connaitre la position de Roosevelt sur un retour de la France dans la guerre dans l’état où elle se trouve.

C’est à la réponse d’Halifax et donc de Washington que Pétain suivra son conseil et le convoi sera définitivement stoppé à Aubenas. C’est l’une des plus grandes décisions jamais prise par un chef d’état français. Et c’était la bonne décision comme le reconnaitront après-guerre les journaux britanniques !



Donc un Pétain en attente des américains (d’où la relation Pétain- Roosevelt par l’intermédiaire de l’amiral Leahy, le plus proche collaborateur du président américain) qui fait que le statut des juifs en plus de véritable contre-feu aux lois de Nuremberg (Otto Abetz se plaint auprès de la Wilhelmstrasse que les français font un statut des juifs pour diminuer la rigueur de leurs lois) est forcément de nature provisoire jusqu’à l’arrivée des Alliés. Quant aux 50000 immigrés cible de l’article 19 de la convention d’Armistice, c’est-à-dire revendiqués constamment par les Allemands, on sait que Pétain avait voulu les ré-immigrer aux Etats-Unis aux frais de l’Etat français. L’Amérique, pingre, a refusé !



En définitive, un résultat étonnant, avec 90% des juifs Français de l’Hexagone sauvés, 60% des juifs étrangers dans l’Hexagone sauvés, 100% des 440000 juifs Français d’Afrique du Nord sauvés. Pour comprendre la résistance de Vichy aux exigences nazies, lire deux livres complémentaires, ceux des historiens Jacques Boncompain « Pétain : bourreau ou bouclier des juifs » et Jean-Marc Berlière « Histoire d’une falsification »



Il ne faut pas se faire d’illusion, si Pétain était parti en novembre 1942 à Alger, la vengeance des Allemands eu été terrible. Les mémoires d’Otto Abetz sur ce sujet sont explicites







En somme, on comprend que l’auteur ne supportant pas que le dernier sondage réalisé sur Pétain auprès des français soit contraire à ses attentes, il se soit donné pour mission de torpiller définitivement l’image de Pétain en se prenant pour le « jugement de l’histoire ». Mais avec ce que l’on sait maintenant, le risque c’est plutôt d’ouvrir le procès de De Gaulle dont on pourrait en conclure qu’il fut le pompier incendiaire de ce drame.



Juste après la Libération, Churchill après avoir dit que l’Armistice leur avait rendu un grand service et que« la préservation de l’Afrique du Nord de toute présence ennemie a hâté d’au moins 2ans la fin du conflit », à la question de savoir ce qu’il aurait fait à la place de De Gaulle, répondit : « je crois que j’aurais fait chercher le Maréchal pour lui dire de descendre avec moi les Champs-Elysées ». Et en effet peut-on peut imaginer combien d’hommes sauvés et de convois de déportés ainsi évités ?



Et le secrétaire général du Parti Conservateur proche de Churchill, Kenneth de Courcy écrira à la Haute Cour (extraits) « Pétain sans de Gaulle, de Gaulle sans Pétain, n’auraient pas obtenu un résultat comparable à celui qu’ils ont obtenu ensemble (pour la France) » Et « Je ne crois pas que dans toute l’Histoire, il y ait eu un pays qui ait été aussi complètement joué que les Allemands l’ont été par les Français »

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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Attention, chef d'oeuvre du genre. La traduction aussi est excellente - cela mérite d'être signalé.

Un livre dense, sans devenir indigeste. J'ai appris plein de choses. le Général, je ne l'imaginais pas habité à tel point par sa mission. Par son patriotisme. Une figure messianique. Mais je dois préciser que l'auteur n'insiste pas sur cette facette.

Un des aspects que j'ai découvert : ses conflits répétés avec les Britanniques et les Américains pendant son exil – source de sa constante méfiance deux décennies plus tard.

Pendant la lecture, j'ai dû parfois m'accrocher, car j'ai un problème avec les pavés. Et maintenant, à la fin, j'ai du mal à m'en détacher, à passer à autre chose.

Je reprends ici un très bref extrait de la chronique sur le Monde :

« le de Gaulle de Jackson bondit de la page avec une présence physique presque inquiétante. »

Moi je ne dirais pas « présence physique inquiétante ». Je dirais une présence impressionnante. Bref, voilà un livre qui m'a marquée.

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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Je ne sais plus qui a dit "si vous aimez lire des histoires, lisez l'Histoire", mais c'est en lisant des ouvrages tels que celui de Julian Jackson, sur des personnages tels que De Gaulle que l'on mesure à quel point c'est juste. Pourtant, Jackson ne nous livre pas une énième hagiographie sur notre héros national : c'est là un de ses plus grands mérites : il a su faire de De Gaulle un sujet de l'histoire, un personnage dans l'histoire. Et c'est lui rendre justice bien plus sûrement que d'en faire une légende, lui qui avait l'histoire en si haute estime.

Ainsi, ce grand destin, traité grandement, est un grand moment de lecture.

Je ne dis pas que, çà et là, je n'aurais pas quelques critiques à formuler (pas en mon nom évidement : des historiens à opposer à Jackson, notamment quand il s'agit de certains épisodes qui impliquent l'URSS, par exemple sur la question du pacte de non-agression germano-soviétique, du rôle des Soviétiques pour que la France siège au Conseil de sécurité de l'ONU, ou encore concernant les communistes aux premières heures de la résistance) mais c'est tout à fait secondaire pour ne pas dire tertiaire tellement il y en a peu et que ça n'est pas son objet (des remarques en passant). Pour le reste le récit de Jackson est d'abord remarquable pour la place qu'il accorde aux documents qui permettent de saisir l'homme Charles de Gaulle dans ses relations avec son entourage (ce qui ne plaide pas en sa faveur) et pour comprendre comment il aborda les grands épisodes (ce qui est, cette fois, bien plus fascinant). Comme toutes les bonnes biographies, celle de Jackson a, en plus, l'art et la manière de savoir redonner rapidement mais précisément les enjeux du contexte, de dessiner les lignes de force ; de dresser des esquisses rapides au milieu de cette immense portrait pour nous présenter les nouveaux entrants dans l'histoire. Il sait encore livrer de belles et profondes réflexions (par exemple le paragraphe sur la personnalité de Charles de Gaulle) et certains chapitres sont de vrais moments de plaisir ou alternent avec un art de l'équilibre consommé l'intime et le politique (par exemple mai 68). Bref, c'est prenant comme un roman (ça m'a fait penser à la bio d'Hitler de Kershaw).

Un vrai, bon et beau travail d'historien.

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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Se lit comme un roman, des détails inconnus , et une biographie détaillée sans complaisance et sans parti pris.

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De Gaulle : Une certaine idée de la France

1000 pages, certes, mais quelles pages ! La biographie d'un français par un anglais nous donne à connaître de Gaulle sous bon nombre de facettes qu'on n'aborde pas si souvent.

C'est une mine d'informations, fouillées me semble-t-il, voire assez complète si je peux en juger, n'étant pas historien. J'ai appris des quantités de choses sur un des personnages les plus illustres de l'histoire de France, un des plus adulés, mais également un des plus détestés, même si ce n'est pas le plus grand nombre. De Gaulle le résistant, ambigu à souhaits, se confondant lui-même la plupart du temps avec la France, de Gaulle donnant des directives souvent incompréhensibles à ses collaborateurs qui, venus avec des questions, ressortent souvent avec d'autres questions, de Gaulle l'ambigu, avec ses rapports contrastés avec l'Angleterre ou les Etats-Unis, avec sa relation très suivie avec Jacques Foccart, l'africain, de Gaulle parfois de gauche, mais souvent très à droite, de Gaulle le social, mais tenté par la dictature, de Gaulle qui ne remercie jamais, et ne félicite pas plus, et tant d'autres encore.

Que de personnages en un seul, mais surtout Julian Jackson ne tombe pas dans la facilité de nombre de ses collègues biographes qui en font un héros. Les zones d'ombre sont tout autant analysées que les passages héroïques.

Un personnage à nul autre pareil, un livre formidable qui se lit comme un roman.
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Une des meilleures biographies qu'il soit possible de lire. L'auteur est d'une incroyable érudition sur la politique française et l'ensemble quoique volumineux se lit franchement avec passion. A vrai dire la vie de de Gaulle est si riche que l'on en aurait même aimé parfois davantage. Ce qui n'est pas une critique voilée car l'auteur a une sens formidable de la synthèse et une fois le livre refermé on a forcément appris une énorme quantité de choses. L'homme privé est restitué de manière subtile et on est devenu incollable ou presque sur l'homme public ! Le portrait quoiqu'il en soit est très nuancé et l'on oubliera pas les pages consacrées au de Gaulle de Londres entre 1940 et 1944 et à sa façon d'accueillir les résistants ayant rejoint la capitale britannique au péril de leur vie....
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Le Procès Pétain : Vichy face à ses juges

Julian Jackson est un historien britannique à qui l'on doit quelques ouvrages intéressants consacrés à De Gaulle et j'attendais avec une certaine impatience sa vision du procès Pétain.

Je ne suis pas déçu . L'auteur débute par replacer Pétain dans le contexte de l'époque, principalement juin 40 pour ensuite décrire de façon simple et compréhensible le procès et termine l'ouvrage par ses dernières années de vie ainsi que ce la figure de Pétain devint dans les années qui suivirent .

Ce qui est intéressant, à mon avis , c'est que Jackson ne se contente pas de raconter uniquement le procès mais bien de restituer l'ambiance de l'époque, il documente avec beaucoup de précision les événements et les décisions qui entourent ce procès.

Il cite des articles de presse mais également des anonymes par exemple.

Un livre parfait qui se lit très facilement et qui permet de se faire une vision du procès avant peut-être de se lancer dans des livres plus techniques le concernant.
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Le Procès Pétain : Vichy face à ses juges

Biographe de De Gaulle, Julian Jackson s'attaque, cette fois, au procès du maréchal. Passionnant.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Gros pavé de près de mille pages. Mais couvrir quatre-vingts années d'histoire de France et du Général, contraint à des choix et à des raccourcis. Jackson dissèque et donc déconstruit le mythe. Mais cette biographie à charge gomme en même temps les aspects triviaux de la saga gaullienne. Pasqua évaporé, les barbouzes à peine mentionnées, et De Gaulle exonéré de la disparition de Darlan au prétexte que le BCRA manquait de moyens en Algérie. Si je déconseillerai ce livre pour une première approche de cette période, il n'en reste pas moins une compilation bien documentée. La facette du Général, en homme de culture et de lettres est si bien évoquée, que beaucoup de ses successeurs apparaissent comme de rudes béotiens. Enfin la part du mystère De Gaulle qui lui permit de penser contre son milieu et son habitus reste intact.
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Le Procès Pétain : Vichy face à ses juges

Le risque, avec les livres d'Histoire, est de tomber sur un auteur qui laisserait (trop) transparaitre son avis sur les évènements qu'il s'attache à nous décrire.

Et la tentation est grande de voir en Philippe Pétain celui qui, un jour, sauva la France de la débâcle, et ainsi amoindrir les faits pour lesquels il fut jugé. Des faits avérés certes mais sujets à interprétations.

Ce procès de Pétain nous replonge au cœur des heures les plus sombres de la France, une époque que nous ne devons ni occulter, ni minimiser.

J'ai parcouru ce livre avec beaucoup de curiosité, d'intérêt mais aussi avec un regard quasi neuf sur les évènements relatés car peu souvent évoqués en détails, à moins de s'y intéresser de près.

Je ressors de cette lecture avec le sentiment que Pétain, s'il ne s'était pas laissé grisé par son égo, aurait eu une toute autre attitude face au danger qui se présentait à lui. Pétain, parce qu'il avait le pouvoir et l'expérience, a été condamné à raison pour ce qu'il a fait. Mais d'autres, que l'on disaient "intellectuels", n'ont pas attendu longtemps pour se réfugier auprès de l'envahisseur et ainsi profité de sa protection. En cela l'exemple de L.F Céline est pour moi le plus marquant. Alors que Pétain est systématiquement présenté comme le traitre à la Nation, qui un jour sauva la France, Céline lui, a longtemps bénéficié de cet aura de grand artiste, d'écrivain confirmé et admiré qui était accessoirement antisémite. Tellement antisémite que même les hautes huiles nazies de l'époque se méfiaient de lui. Deux poids, deux mesures pour deux crimes non comparables certes, mais deux crimes aussi abjectes l'un que l'autre.

Je n'aime rien tant que lire et m'instruire, et ce livre a le mérite de joindre le nécessaire à l'agréable. Le style et le rythme d'écriture sont fluides et facilitent la lecture et la compréhension du récit. Le tout est richement documenté et illustré.

Bonne lecture.

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La France sous l'Occupation : 1940-1944

Un ouvrage colossal, très détaillé sur l'occupation de la France durant la Seconde Guerre mondiale. L'auteur et historien, Julian Jackson documente avec beaucoup de précision les événements, décisions et les parcours des hommes et femmes ayant joué un rôle important.



Il montre une période riche et complexe où rien n'apparaît de manière binaire. La collaboration et la résistance se sont traduites de multiples manières en quatre ans.



Une somme magistrale, a conseillé pour tous les amateurs d'histoire contemporaine.
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Longue biographie sur le fondateur de la 5eme et porteur de la flamme de la résistance en 40, écrite par un britannique.

Jackson prend le temps de souligner les matrices intellectuelles de De Gaulle (notamment Bergson),nuance ses premiers écrits innovateurs sur l'armée.

Le récit de la période 40-44 est prenant car il montre un De Gaulle adepte des coups de poker pour faire céder son vrai/faux allié britannique, au moral souvent fluctuant.

L'homme déconcerte les premiers résistants,les britanniques, la mort de Moulin sera une des rares occasions ou il confessera par écrit son émotion. Il a le soutien de certains politiques comme Blum mais le chemin vers la reconstruction de la République sera peut être encore plus complexe que la victoire sur le nazisme.

L'historien garde aussi son sens critique quand il aborde la 5eme. L'homme qui se voulait au dessus des partis se retrouva impliqué dans le sien, ne put jamais mettre en oeuvre certaines grandes mesures sociales qui devaient découler de certaines visions comme la participation.

Les passages sur la France/Afrique sont savoureux, riches de certains échanges avec l'homme de l'ombre Foccart ,architecte paternaliste des bonnes relations avec les dirigeants africains dont il ne cache pas les considérer comme des pions.

Les visions prophétiques ou non de De Gaulle sur le plan de la politique étrangère sont soulignés,comme sa croyance dans le fait que les pays sont au dessus des régimes politiques du moment

A travers les lignes de Jackson, évidemment se dessine le personnage avec toute sa grandeur, sa conscience en lui d'avoir une mission pour la France qui dépasse toute autre chose,son humour caustique qui émanait souvent de ses phrases.

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De Gaulle : Une certaine idée de la France

cette somme , écrite par un historien anglais ne nous épargne rien sur la grande méfiance de de Gaulle vis a vis des anglo-saxons. La vie du general n a pas été un long fleuve tranquille

suite a l appel du 18 juin 40, il est condamné a mort par Pétain. lors de la guerre d algerie , il échappe a plusieurs attentats . Ambigou lors de la guerre d algerie et des evenements de mai 68 , il s enfuie à Baden-baden et inspire le 30 mai une manifestation de soutien sur les champs élysees. L auteur met aussi l accent sur le caractéré impossible du général passant d un état d esprit mélancolique à l exaltation et la colére. Si l opposition de de Gaulle au regime de vichy et à l allemagne nazie n est plus discutée, son héritage institutionnel, ayant abouti à une excessive centralisation du pouvoir , est plus critiquable
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Le regard d’un historien anglais sur le général de Gaulle: élégant, mesuré mais sans passion.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Le Procès Pétain : Vichy face à ses juges

Un ouvrage qui, au premier abord, semblerait apporter du neuf. S’il remet dans de justes perspectives les quelques semaines de l’événement médiatique le plus attendu de 1945, s’il en définit précisément les enjeux, s’il trace avec vigueur les contours de témoignages évidemment divergents - Paul Reynaud, Albert Lebrun, Léon Blum, Daladier, Weygand, Pierre Laval et bien d’autres -, s’il décortique le déroulé des faits et l’importance des enjeux, l’historien britannique semble être resté au bord de l’interrogation capitale : quel aura été l’apport de ce psychodrame à la reconstruction de la France d’après-guerre ? Que Pétain ait eu un rôle essentiel dans un tournant idéologique désastreux, dans la gestion au jour le jour de la France vaincue et dans la soumission au vainqueur, peu le contestent. Sans doute aurait-il fallu cerner avec plus de rigueur l’originalité de tel ou tel témoignage, avec autant d’acuité qu’on a soupesé les arrière-pensées des avocats du Maréchal, Isorni au premier chef, qui fit de cette cause son fonds de commerce.
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Une biographie remarquable et complète!



Même s’il s’agit d’un « brique » (953 pages), j’avais très envie de lire ce livre sur De Gaulle, car je savais que son auteur avait fait un travail de recherche colossal et que ce livre se démarquait des autres. Je n’ai pas été déçue!



L’auteur est un historien britannique membre de la British Academy et de la Royal Historical Society, professeur d'histoire à Queen Mary, Université de Londres. Les recherches qu’il a faites pour écrire ce livre sont très complètes pour ne pas dire stupéfiantes (comme en témoignent les plus de 70 pages de notes et références). J’ai appris beaucoup sur notre histoire, sur les coulisses du pouvoir, sur les jeux et stratégies des hommes politiques, sur l’échiquier politique mondial de l’époque, sur la vision de Gaulle, sa solitude et sa vie personnelle avec notamment sa fille trisomique qu’il aimait profondément.



Ce livre est très riche et formidablement bien écrit. La traduction est parfaite. Il est certes volumineux, mais il se lit comme un roman. À de nombreuses reprises, j’avais hâte de reprendre ma lecture pour connaître la suite des événements. Au fil des pages, on vit toute une époque qui n’est plus aujourd’hui.



J’ai juste un petit bémol par rapport à la façon dont le caractère de De Gaulle est dépeint. Il avait certes mauvais caractère, mais je pense qu’il était beaucoup plus humain que cet être froid qui ressort dans le livre.



Mais sinon, il s’agit véritablement d’une biographie remarquable. Si l’histoire vous intéresse, c’est un beau cadeau à se faire! En plus, il est disponible au format Kindle!
Lien : https://www.catherinejeanaut..
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

J’ai choisi un anglais pour une biographie du grand Charles. Extérieur, plus objectif je pense et moins nombriliste que beaucoup de mes compatriotes.

15 mois en compagnie de de Gaule et pourtant je n’ai pas vu le temps passer. J’ai apprécié cette vie, cet homme, cette écriture. Quelle énergie pour son idée de la France ! Je veux juste me rappeler trois événements de ma vie en sa compagnie durant les 15 ans que l’on a partagé sur cette Terre.

- Sa visite à Angoulême en 1963 où j’ai écouté son discours juché sur les épaules de mon père en compagnie de toute la famille. C’était place Bouillaud.

- La manifestation du 30 mai 1968 en faveur du général où je fus ; ma première manif et la seule que j’ai faite en mai 68. La maman du petit Sarko ne l’avait pas autorisé à aller à celle de Paris.

- Sa mort le 9 novembre 1970, le jour où ma mère a fait une profonde dépression car déjà cela l’avait très affecté mais en plus mon père avait tué notre tortue Dorothée avec la tondeuse. Là c’était trop !

Une lecture marquante.

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De Gaulle : Une certaine idée de la France

Dans une biographie sans complaisance, le Britannique Julian Jackson rétablit quelques vérités oubliées sur le Général, son caractère et son parcours politique jalonné de contradictions.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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De Gaulle : Une certaine idée de la France

L’historien britannique signe une remarquable biographie de Charles de Gaulle, toute en subtilité. Il livre ainsi le portrait d’une figure toujours fascinante.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Paradoxalement, le Pont-Neuf est le plus vieux pont de Paris ...

c'est vrai
c'est faux

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Thèmes : histoire de france , paris xixe siècle , moyen-âge , urbanisme , Églises , Vie intellectuelle , musée , histoire contemporaineCréer un quiz sur cet auteur

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