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Critiques de Juliana Léveillé-Trudel (121)
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Nirliit

“Eux, les épaves imbibées d’alcool qui ne sont plus l’ombre des fiers chasseurs qu’ils ont été, eux dont les formidables talents ne trouvent plus leur utilité dans notre assourdissante modernité, eux massacrés jusqu’à la moelle par l’une ou l’autre des merdes qui, paraît-il, viennent inévitablement avec la civilisation.”

Eux, sont les Inuits, un autre de ces peuples abusés, délaissés par “les Blancs” , qui vivent dans des conditions sanitaires dignes de 1850, que ce petit livre reintégre dans la conscience humaine.



Un cri désespéré, comme un cri d’oie sauvage, nirliit !, dans le silence du froid polaire,



Où les bêtes sont plus tendres que les hommes,



Où les enfants souffrent le plus, maman suicidée, papa alcoolique, des enfants qui ne comptent pas, conçus sous l’emprise de l’alcool, enfants violés, maltraités,

“Dix ans tout au plus, en t-shirt, il dormait en boule sur une planche devant un cabanon. Les policiers l’ont amené à l’hôpital, on va soigner son hypothermie, mais qui va soigner le reste ?”

““I used to smoke weed a long time ago.”* A long time ago, quand on a dix ans, ça veut dire quoi.”

“Il y a la petite fille aux yeux rouges, elle aime beaucoup la marijuana, elle a treize ans et pas les moyens de s’en acheter, une pipe un joint, c’est la loi de l’offre et de la demande.”



Où tout n’est pas pourtant gris,

“Elisapie, enfant adoptée, comme tant d’autres au village. C’est si simple, pour vous, l’adoption, vous avez le don de tout compliquer, mais pas l’adoption, et je vous aime tellement d’aimer les enfants des autres comme les vôtres, si simplement.”



Où tout les Blancs ne sont pas des méchants,

“Suzanne levée aux aurores chaque jour pour préparer ses célèbres sandwichs aux œufs, vendus à l’école toute l’année pour payer des séjours au Sud à ses élèves les plus persévérants.”



Où il y a aussi des histoires d’amour, mais qui sont trop tristes......



C’est la voix douce d’une Blanche, qui témoigne sans jugement, sans apitoiement mais avec beaucoup d’amour, “j’aime les enfants, les gens, la langue, les chiens, le paysage, le soleil de minuit, les aurores boréales,...”. Une Blanche qui s’y rend chaque été pour s’occuper des enfants inuites. Une prose magnifique chargée d’émotion, d’amour, de poésie et de sensibilité pour raconter une situation inhumaine. Quel talent !

Que puis-je dire ? Crisse, ça m’a touchée, émue, profondément ! Merci Viou.



“des régiments d’outardes filent .......donnent le signal aux voyageurs qu’il est temps de rentrer, et les autres oiseaux du Sud leur emboîtent tranquillement le pas, un par un, ils s’en vont. Nirliit. « Des oies ».....





*Je fumais des joints il y a longtemps.”
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Nirliit

De la littérature québécoise, autant dire que je ne connais rien. Juste une incursion, délirante, en compagnie d'Aliss de Patrick Sénécal.

Avec Nirliit , direction le Grand Nord, le Nunavik, le village de Salluit, 1483 habitants.



Ce qui m'a le plus surprise, c'est le travail formel sur la langue. Une écriture organique, paradoxale : apaisée, emplie de poésie pour décrire la toundra, les fjords, puis soudain les mots s'entrechoquent, rythmés par une ponctuation très vivante, se répètent jusqu'à s'exténuer.



En fait, on sent battre le coeur de l'auteure à chaque phrase, un coeur qui vibre d'amour pour le peuple inuit, mais vibre aussi de rage à le voir sombrer dans l'assistanat, l'infantilisation, la violence et l'alcoolisme.

Juliana Léveillé-Trudel s'est crée un double de fiction pour incarner ce cri d'amour et de rage : la narratrice, blanche, pleure son ami autochtone, Eva, jetée dans un fjord par un ancien amant.

Eva a disparu mais son âme, son visage semble flotter partout dans la toundra grâce au regard et aux mots de son amie.



A travers une riche galeries de portraits, on découvre un monde inuit authentique, loin de tout cliché, sans aucun mythe folklorique qui pourrait éloigner l'auteur de son propos. On découvre le drame vécu par les jeunes, surtout les femmes, «  prises comme des sculptures en pierre en savon, un joli souvenir », séduites, rejetées, violées, battues, enceintes très jeunes, abandonnant leurs études très tôt, alcooliques … leurs beautés majestueuses fanées à vingt ans, leurs existences abimées.



" Et moi, Eva, je refuse qu'on te salisse, je refuse qu'on crache sur ta beauté, je refuse qu'on te condamne pour avoir aimé le mari d'une autre. Je refuse qu'on écrase brutalement ceux qui sont trop lumineux pour le reste du monde, je refuse qu'on empêche les étoiles de briller, je refuse qu'on force les comètes à ralentir pour ne pas faire de jaloux. Je refuse que certains trouvent que c'est bien fait pour toi, je veux te porter comme un drapeau dans les rues de Salluit, à bout de bras, je veux te jeter au visage des bien-pensants et leur hurler qu'ils ont tort, je veux que tu reviennes, Eva. "



Cela fait quinze jours que j'ai refermé Nirliit, et sa beauté rude crépite encore en moi.



Merci à Léa du Picabo River Book Club pour cette magnifique découverte.
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Nirliit

Comme les oies sauvages (Nirliit en langue inuite), la narratrice fait chaque année le voyage vers Salluit, dans le Grand Nord québécois. le temps d'un été sans nuit, elle quitte Montréal pour s'occuper des enfants du village, livrés à eux-mêmes pendant les vacances scolaires. Au fil du temps, cette jeune femme du Sud s'est liée d'amitié avec Eva, jeune femme de ce coin de Nord perdu dans la toundra. Mais cette année est différente. Eva n'est plus. Elle a disparu dans le fjord, accident, assassinat, personne ne sait, tout le monde s'en fiche. La narratrice s'adresse à elle, lui raconte comment la vie continue à Salluit. Ou la survie, plutôt. Salluit au taux de suicide trop élevé, aux habitants laissés-pour-compte subsistant grâce à l'assistance publique, abrutis de malbouffe, d'alcool et de drogue, qui se donnent parfois la peine de travailler mais laissent le plus souvent le boulot aux émigrés du Sud. Ceux-ci, installés à demeure ou saisonniers, viennent dans le Grand Nord chercher un salaire plus lucratif. Ils résistent rarement à la tentation de la chair fraîche. Qui est d'ailleurs peu farouche, les (parfois très) jeunes filles s'y laissent prendre, s'accrochant au maigre espoir d'un vrai amour et d'une vie meilleure. Las ! La fin de l'été sonne l'heure du déchirement. Et si beaucoup d'enfants naissent quelques mois plus tard, et que beaucoup de ces jeunes filles ne se donnent pas la peine de les élever, qu'à cela ne tienne, le village y pourvoira...

Entre rage et désespoir, la narratrice se confie à Eva, elle s'emporte contre la violence et la rudesse qui tourmentent Salluit, dont les adolescentes sont les premières victimes et les enfants les dégâts collatéraux, eux qui "appartiennent au village", c'est-à-dire à tout le monde, c'est-à-dire à personne, en tout cas personne qui les protège. Rage et désespoir donc, et lucidité, mais aussi énormément d'amour et de tendresse pour ce peuple qui se laisse mourir à petit feu, à coup d'inertie et d'existences gâchées faute d'avenir, au milieu d'une Nature grandiose.

Nirliit est autant un roman qu'un documentaire sur l'extinction silencieuse d'un peuple malmené par la "civilisation" blanche et qui semble incapable de lutter pour sa survie et celle de ses traditions. le texte met particulièrement en lumière la condition effarante des femmes et celle des enfants, encore plus révoltante. L'auteure a la formule percutante, son écriture est implacable et sans concessions mais elle est sincère, belle et âpre, puissante. Ce roman offre un témoignage nécessaire et urgent. Rage, désespoir, amour, amitié, il est un cri du coeur, un crève-coeur et au final, un coup de coeur.

En partenariat avec les Editions La Peuplade et le Picabo River Book Club, que je remercie vivement tous deux !

#picaboriverbookclub

#MarsQuébécois
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Nirliit

« Je me sens coupable de mon pays riche, de ma famille unie, de mon éducation, j'ai besoin d'éteindre des feux et de sauver des enfants, j'ai besoin de faire quelque chose dans ce monde pourri, j'ai besoin de courir d'une bande de laissés-pour-compte à une autre, j'ai besoin sinon je pourrais m'asseoir et pleurer ou lancer des bombes. »





Nirliit est un cri du coeur : celui de la narratrice qui, se sentant coupable de ce qu'a fait son peuple blanc à celui des Inuits, travaille avec cette communauté. « Il faut venir par les airs ; comme les oies, nirliit, je refais inlassablement le chemin du sud au nord puis du nord au sud, chaque fois que l'été revient, chaque fois que l'été se termine. » Son cri devant la beauté du paysage et des personnes qu'elle y rencontre se mue en cri de tristesse, devant la vie d'une population dont les terres ont été spoliées par les Blancs, puis que l'on a payée à ne rien faire en dédommagement. Or, « La meilleure façon de tuer un homme est de le payer à ne rien faire ». La vie des Inuits étant désormais régie par les activités des occidentaux, ils se retrouvent dépossédés de leur utilité, de leur identité et donc de sens à leur vie. On les entasse gratuitement dans des logement trop familiaux, où la promiscuité implique de trop nombreuses errances et des dérapages incontrôlés.





« Il y a de l'amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques, il y a de la jalousie féroce, il y a confusion entre aimer et posséder, vous qui possédez beaucoup mais si peu de choses. Votre maison ne vous appartient pas. Votre terrain non-plus. Tout ça vous est gracieusement prêté par le gouvernement. N'est-ce pas qu'on est fins ? On vous pique votre territoire, mais on vous le prête après. Est-ce pour cela que vous avez tellement besoin de posséder ? Des motoneiges, des bateaux, des quads, des camions pour faire le tour d'un village de quatre rues. Pour échapper à vos maisons surpeuplées où vous vivez les uns sur les autres. Vous manquez d'espace dans votre immensité nordique. Comment se fait-il que toute cette richesse ressemble tellement au tiers-monde ? »





A force de venir chaque année, la narratrice québecquoise a ses repères qu'elle nous égraine : temporels, géographiques, humains. Elle rencontre des têtes connues, se désole de l'évolution des enfants dont elle s'occupe d'une année sur l'autre, dans ce pays où l'alcool et la drogue réchauffent ces corps, enfermés dans l'hiver éprouvant de leurs coeurs gelés, meurtris par les moeurs des envahisseurs qui ne les voient que comme une distraction : des âmes interchangeables, des corps jetables, des femmes poupée au coeur gonflé, au corps gigogne, dont les enfants ne seront jamais reconnus.





« Parce qu'on vous abandonne tout le temps, on a fait de vous des parenthèses à l'infini, des aventures que l'on vient vivre pour un temps avant de retrouver nos vies rangées du Sud ou repartir vers de nouvelles expériences qui nous semblent maintenant plus alléchantes que votre exotisme du Nord. »





Si le ton est dépité et nostalgique, c'est qu'Eva, l'amie Inuit que la narratrice retrouvait tous les ans, est décédée de cette vie dissolue, laissant derrière elle son fils Elijah.





« Ton corps dans l'eau et ton esprit partout, sur la mer, dans la toundra, au ciel jamais noir de l'été arctique, danse, Eva, danse, je dis avec le même français cassé que le tien : « je manque de toi. » »





La première partie du récit du retour de la narratrice s'adresse à Eva. C'est un pêle-mêle d'émotions, de sensations et d'images du Nord d'aujourd'hui, qui m'ont donné les grandes lignes du paysage mais n'a pas suffit à m'immerger vraiment dans sa vie et son ambiance : En se contentant d'un panorama rapide des situations rencontrées sensées planter le décor, les gens sont à peine effleurés et l'on n'a pas l'occasion de s'attacher à eux. Or l'humain, dans un roman, c'est pour moi l'essentiel. Mais par bonheur arrive la seconde partie où la narratrice s'adresse à Elijah. Celle-ci s'attache aux personnages et est plus vivante, même si elle ne peut se dépêtrer d'une certaine tristesse, comme une fatalité face à laquelle on se sent impuissant.





« Vous êtes là avec vos vies de tragédies grecques, vous feriez baver Shakespeare avec vos douleurs lancinantes et votre désespoir, et je ne sais pas comment vous faites pour endurer ça, moi qui en arrache déjà avec ma petite misère ordinaire ».





Les deux parties se complètent opportunément, s'imbriquant comme que le yin et le yang pour former un tout convainquant. Au total, ce roman est une dénonciation sensible des conséquences de la colonisation, des ravages dont se sont, une fois de plus, rendus coupables les occidentaux en s'appropriant des terres, puis en voulant compenser leurs actes par de l'argent aux populations, ce qui ne leur a appris qu'à délaisser le travail pour noyer dans l'alcool et les drogues la misère due à leur dépossession originelle.





« Ça leur fait du bien, tsé, aux Inuits, plus ils ont du sang Blanc, plus ils s'améliorent. Ça paraît déjà je trouve. » (!)





Un texte d'une belle sensibilité, tissé de douceur, de chaleur humaine et de mélancolie.
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Nirliit

Ce que j’ai ressenti:



***Jour et Nuit en peuple Inuit…

Eva est au centre du récit. Vivante et absente à la fois. Au cœur d’un peuple en souffrance et fantôme d’amitié. Incarnation d’un visage Inuit et disparition d’une culture ancestrale. Eva, jeune fille aimante…



Elijah est au centre des commérages. Père ou amant, qui saura vraiment? Au coeur de la vie et des tourments d’amour. Témoin de la vie et Effacement devant la peine. Elijah, future descendance…



Deux façons d’appréhender la vie du côté Nord, entre anthropologie et intimité des coeurs, nous voyageons jusqu’à Salluit. Là où la nuit ne vient pas, là où le froid rythme le quotidien, là où la toundra donne ses présents…



Julianna Léveillé-Trudel met beaucoup de coeur et de mystère dans son écriture, une sincérité désarmante, pour que l’on puisse ressentir toutes les qualités et les contradictions de cette population, entre la richesse des mots empruntés à la langue Inuit, l’Anglais et le Québécois, nous avons un joli panel qui nous emmène, tout simplement, en Evasion. Qu’il est doux de partir à l’autre bout du monde, de lire d’autres paysages éblouissants, de connaître d’autres mœurs…



« Vas-y, frappe, c’est rien à côté de ce que j’ai enduré. »



***Un coeur qui s’arrête et des oies qui s’envolent…



Je suis trop sensible, et ça me joue des tours…Des tours de sang, des loopings au coeur, des vertiges au corps…Il est difficile de lire que toute une jeunesse est désenchantée, que leur avenir se fracasse sur la violence, la drogue et l’alcool…Les seuls dérivatifs qu’on leur a proposé à leur culture, après leur avoir volé leurs terres…Du vent et de la superficialité contre la richesse de leur enseignement face à un climat rude…De la frivolité contre le froid.



J’ai trouvé Juliana Léveillé-Trudel avait une écriture incisive mais aussi une immense douceur…Un curieux mélange entre dénonciation et fascination. C’est un cri de détresse, un ultime cri d’amour et de déchirement pour que l’on prenne conscience au delà des frontières, d’une réalité brute. Et pourtant, au delà de la rudesse, il y a aussi de la tendresse, pour décrire l’enchantement qu’elle ressent à faire ses allers-retours en terre froide…Nirliit, où le vol au dessus des fjords…



« Tout le monde veut toujours entendre le sordide, le scandaleux, le juteux, le violent, le troublant. »



***Ulluriaq is born…

J’ai mis du temps à écrire cette chronique, parce que l’impact de cette lecture a été plus intense que l’on aurait pu le croire…175 pages, et un coeur en miettes, c’est le résultat de ce bouleversement…Je suis à la fois révoltée et remplie d’une douceur protectrice envers ces enfants, ceux du village, ceux qui appartiennent à tout le monde, mais que personne ne protège…Tellement de peine à voir le sort de ses jeunes filles, tellement de mal à réaliser que, encore de nos jours, de telles pratiques soient commises…J’avais une appréhension à les quitter à leur triste sort…Mais, si vous découvrez cette histoire, il se peut aussi, que la glace réchauffe vos sangs…En tout cas, Julianna Léveillé-Trudel a captivée mon attention avec ce premier roman…



J’ai ressenti une myriade d’émotions, j’espère vous en avoir fait passer quelques unes, pour que vous preniez un envol prochain pour Salluit…



« Je manque toi » Eva, et je t’admire Nirliit, petit étoile mauve de cette rentrée littéraire…







« (…), mais peut-on empêcher un cœur d’aimer? »





Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Nirliit

Salluit, « un nid de misère parfait pour nourrir une criminalité florissante et rafler année après année le titre de communauté la plus violente du Nunavik. »

La narratrice vit à Montréal.

Chaque été, elle rejoint le grand Nord pour s'occuper d'enfants à Salluit, un village canadien inuit, pourri depuis plusieurs décennies par la colonisation économique occidentale, à l'instar des communautés indiennes aux Etats-Unis.



Les populations locales ont été dépossédées de leur mode de vie ; le supermarché de la malbouffe a remplacé la chasse et la pêche traditionnelles ; le chômage, l'alcool, les armes et la promiscuité dans des logements exigus font des ravages.

Bagarres, accidents mortels, viols, suicides...



L'auteur rend bien compte de la misère, de la violence, du n'importe-quoi : les enfants qui traînent dehors, qui sont à tout le monde donc mal pris en charge, qui décrochent de l'école dès dix-onze ans ; les filles dont le destin bascule à l'aube de l'adolescence, au gré d'une grossesse (avec un local ou un 'blanc' venu travailler pour la saison), qui sombrent dans l'alcool, la drogue...



Mais l'ouvrage, bien que court, devient vite redondant, et l'on se perd parmi tous les personnages.

S'il s'agit de montrer que tout le monde est voué au même sort sinistre, c'est réussi.

C'est quand même dommage pour le lecteur. Je n'ai pas compris qui était Eva, ce qui lui était arrivé, et je me suis souvent égarée dans les tourments d'Elijah, de la femme qu'il aime, de l'homme du sud que celle-ci aime mais qui en aime finalement une autre, partie avec un autre homme...



Moins immersif, le témoignage de Julien Blanc-Gras sur son séjour en Arctique ('Briser la glace') me semble tout aussi instructif, montrant bien également la misère et la violence induits par "l'homme blanc" pour son profit, quand il détruit tout mais prétend réparer avec du fric ou des gadgets.



« [Elle] prie pour opposer la force de Dieu à celle puissante et autodestructrice des hommes de son pays, au suicide collectif à petites doses, à l'autogénocide programmé. »



« La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire. »
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On a tout l'automne

Un automne à Salluit au Nunavik dans le nord du Québec, un roman de nature, de langue et de poésie.



Une femme revient à Salluit où elle a déjà enseigné pour recueillir les poésies des enfants pour en faire un livre.



En plus de ses retrouvailles avec ses amis Inuit, on observe la nature du Grand Nord, on a un aperçu de la culture du Nunavik et des particularités de la langue qui fonctionne par description ou métaphores.



On a aussi la vie personnelle de l’héroïne et les difficultés de ses amours à distance avec l’homme qui l’attend à Montréal.



Un joli roman de dépaysement et d’empathie humaine.
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Nirliit

Amoureuse des Inuits, l'auteure laisse parler son coeur écorché, son impuissance, sa rage devant la déchéance de ce peuple assisté, paresseux, devant les ravages de l'alcoolisme, les accidents mortels, les suicides, les maladies, les viols....



Elle raconte l'histoire du breton saisonnier Félix qui n'en finit pas de quitter la silencieuse Maata pendant que son chum Elijah va se consoler avec Aleisha amoureuse du beau Tayara qui rentre bourré chez Annie tous les soirs après avoir été faire la manche au centre commercial...

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Nirliit

Ce roman nous conte la réalité des réserves autochtones dans le nord du Québec. Nous sommes à Salluit, sur les rives de la baie d’Ungava, la narratrice, Nirliit, nous dépeint la vie dans la réserve, entre alcool, drogues, viols, prostitution, bagarres, suicides... ça ne fait pas vraiment rêver, pourtant ce témoignage est précieux, bouleversant, loin des clichés, dans une écriture, une langue vraie, très rythmée, brutale mais aussi beaucoup de sensibilité et d’amour, car d’amour il en est question dans ce livre, l’amour vrai, l’amour des enfants, l’amour de la vie. Il est aussi beaucoup question de la femme et de ses conditions.

Une lecture bouleversante, percutante dans une écriture saisissante, un roman puissant qui crépite encore en vous plusieurs jours après avoir refermé le livre.

Je le souligne c’est un premier roman, une auteure à suivre.
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Nirliit

Recommandé par ma libraire québécoise, Nirliit est le premier roman de Juliana Léveille-Trudel. Travaillant dans le domaine de l'éducation au Nunavik depuis 2011, elle nous parle de situations qu'elle côtoie au quotidien et cela confère au récit un accent de sincérité indéniable.



L'action se déroule à Salluit, sur les rives de la baie d'Ungava dont elle nous fait de magnifiques descriptions. Les paysages sont grandioses dans ce Nord mais la vie est rude et impitoyable, comme le climat, ce qui nous offre des pages tout en contrastes.



La narratrice revient à Salluit, s'occuper des enfants comme tous les étés. (Nirliit « oie » en inuktitut, ces grands oiseaux migrateurs.) Mais cette fois, son amie Eva n'est pas là pour l'accueillir. Disparue ? Assassinée ? Qui s'en soucie ? Elle lui manque terriblement et lui confie ses pensées, comme un compte rendu de la vie au village. Des conditions de vie inacceptables. Sans espoir, sans avenir.

Désoeuvrés, les Inuits s'abrutissent d'alcool qui réchauffe le corps et panse un temps les plaies de l'âme. L'ivresse est cause de bagarres, d'accidents, d'abus de toutes sortes... L'ennui pousse les jeunes dans les bras les uns des autres prématurément et de toutes jeunes filles mettent au monde des enfants qu'elles n'élèveront pas pour la plupart, les confiant à d'autres. "Ils appartiennent à tout le village, les enfants." Les femmes, elles, sont attirées par la peau claire des Blancs qui viennent travailler quelque temps à Salluit. Ils sont une possibilité d'ailleurs, d'une autre vie. Un peu de bonheur peut-être.



"Ils appartiennent au village, les enfants." Mais tout le monde ne les protège pas. La narratrice prend Eva à témoin et crie sa révolte et sa colère de voir le sort réservé aux filles, parfois des fillettes encore. Tout le monde sait. Tout finit toujours par se savoir. Mais on garde le silence, on fuit la vérité devant ces existences gâchées, sacrifiées.



Juliana Léveillé-Trudel raconte la vie brute des Premières Nations, ne déguise pas la réalité. Son regard est à la fois implacable et tendre, lucide et gonflé d'amour. Et cela en fait un témoignage dur, précieux et nécessaire. Sa proximité lui donne toute crédibilité et fait de son récit une lecture saisissante et indispensable. Un cri d'amour pour un peuple qui se meurt et qu'elle voudrait vivant.



Superbe.

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Voyage de nuit à la bibli

Grâce aux éditions Chouette, via net galley, j'ai lu l'album jeunesse : Voyage de nuit à la bibli.

Par une douce soirée d’été, Julia campe dans la forêt avec ses amis animaux.

Tous se retrouvent au coin du feu pour l’événement le plus attendu de la soirée : la lecture d’une histoire à la lueur des flammes.

Mais en fouillant les moindres recoins de son sac, Julia découvre… qu’elle a oublié d’apporter son livre.

Julia et ses copains devront-ils aller dormir sans lire d’histoire ? Ou se joindront-ils courageusement à Bertrand, l’ours qui aime lire, dans son périple à voiles vers la bibliothèque ?

Voyage de nuit à la bibli est une très jolie suite de l'album jeunesse Comment attraper un ours qui aime lire. J'ai lu ce dernier il y a quelques temps mais même les enfants ne l'ayant pas lu comprendront sans soucis le tome deux car ils peuvent se lire indépendamment.

L'histoire est toute mignonne et fort bien ficelée. Un bel hommage aux livres :)

Julia et ses amis les animaux vont camper dans la forêt. Pour la fillette, l'histoire du soir est importante. Malheureusement, elle a oublié de prendre son livre ! Comment dormir sans son histoire du soir ??

Heureusement, voici l'ours Bertrand, qui aime tant lire. Avec Julia et ses amis, ils vont voguer direction la bibliothèque, certes fermer la nuit mais... Bertrand a bien évidemment une solution ;)

Cet ouvrage est parfait pour les petits avec des textes faciles à comprendre. Quand aux illustrations, elles sont magnifiques.

Voyage de nuit à la bibli est un charmant album jeunesse que je recommande avec plaisir, et note cinq étoiles.
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Nirliit

Voilà un petit livre hybride qui avait tout pour me plaire, mais qui m’aura au final laissé sur ma faim. Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel m’a fait l’effet d’un de ces livres où je me retrouve en position de spectateur d’une histoire dans laquelle je n’ai jamais réussi à rentrer. RDV un peu raté. Dommage.



Livre hybride car sous un même thème et dans une même histoire, ses deux parties sont bien différentes. Dans la première, la narratrice canadienne profite d’un de ses voyages annuels en terre du Grand Nord pour nous compter la vie de ce petit village de Salluit et du peuple inuit qui l’habite. Regard émerveillé face à la beauté des paysages ; regard désolé sur un peuple de plus en plus déraciné ; regard amoureux sur ces enfants attachants qu’elle vient aider chaque été.



C’est surtout l’occasion d’évoquer Eva, l’amie disparue dont la deuxième partie, plus noire et romancée, s’attachera à suivre la vie de son fils Elijah. Une histoire d’amour qui finit mal (mais les Ritas nous avaient bien prévenu), complexe, passionnée, torturée. Avec en toile de fond, la reprise sous un angle différent de la thématique d’un peuple inuit livré à lui-même, pour le pire plus que pour le meilleur.



Si j’ai vraiment apprécié le style de l’auteure, notamment dans la première partie plus naturelle, je n’ai jamais réussi à trouver d’empathie pour chacun de ces personnages, rarement présentés sous leur meilleur jour, souvent faibles, dérangés et inactifs, et en particulier ces femmes, soit soumises soit torturées. Difficile alors d’entrer dans cette histoire dont les caractères forment le cœur.



Mais pas grave, car ce livre a déjà et heureusement trouvé son public !
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Nirliit

Portrait sur le vif d'un Grand-Nord sauvage, une immersion vertigineuse dans le froid glacial du territoire de Nunavik, « la grande terre » du Nord-du Québec, territoire des "mangeux de caribous", du chaos ambiant, du blizzard qui achève des vies, des longs mois d'hiver sans lumière assassins, des étés sans nuit.



Le cri du coeur touchant face au drame, au désespoir, un cri aigu, rageur et déchirant qui retentit tout au long de ce voyage en terre hostile où la vie est belle et impitoyable à la fois. Une plongée en terres troublées et troublantes. Véritable plaidoyer pour la cause des Inuits.



L'envahisseur occidental a flairé l'argent sur ce territoire hostile, l'enjeu économique est de taille, les ressources minières abondent... alors tout comme on a parqué les Indiens, tout comme on les a privés de leur terre, obligés à se plier aux règles occidentales, on agit de même avec les Inuits. On leur apprend ce qui est bon pour eux, on leur enseigne l'anglais, le français, on les paie à ne rien faire, on les assiste, on menace leur mode de vie traditionnel.



« [...] la terre entière est remplie de connards qui ne pensent qu'à se remplir les poches, comment on fait pour rattraper toutes leurs conneries ? »



Et s'ils veulent continuer à manipuler le harpon et vivre dans des igloos, ils sont alors obligés de s'enfoncer encore plus loin sur le territoire, dans des contrées encore plus glaciales. Sous l'influence et la domination des occidentaux, la vie des Inuits sur le territoire du Nunavik s'est transformée et un décor âpre et féroce a pris place : drogue, suicides, viols, violences conjugales, argent flambé en alcool, les enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes, la purge des chiens errants, purge que j'avais découverte lors de ma lecture de "Banquises" de Valentine Goby.



« Depuis les années 1950, le gouvernement fédéral a procédé à l'abattage massif des chiens de traîneau pour forcer les Inuits à se sédentariser. Cinquante ans plus tard, il leur a remis des millions pour s'excuser, c'est la façon de faire, on fout le bordel et on rachète tout avec l'argent, mais merci mon Dieu, ils ont appris la leçon, ces foutus nomades, ils les abattent massivement eux-mêmes leurs chiens maintenant. »



Le Sud versus le Nord, la civilisation versus la nature, les Blancs versus les Inuits, les conversations versus le silence.

Un monologue éloquent. La narratrice s'adresse d'abord à Eva, feue son amie, dont le corps repose au fond du fjord, un corps meurtri sous les coups d'un homme, et que la narratrice cherche encore.



« ...je l'aimais moi aussi, s'il-vous-plaît, expliquez-moi pourquoi je ne la verrai plus. »



Ensuite, c'est à Elijah, le fils d' Eva que la narratrice parle. Deux histoires, deux vies qui en croisent d'autres, et nous donnent une image de ce qu'est la crisse de vie dans l'arctique canadien, la vie et la folie des autres, dans cette contrée septentrionale douloureusement belle.



« .. ils marchent depuis tellement longtemps sur la ligne à ne jamais franchir, ils narguent la mort avec tellement d'irrévérences qu'ils sont intouchables. »



Il y a de la rage dans ces pages, mais il y a aussi beaucoup d'amour et de tendresse. Il y a du bonheur et de la joie dans ces mots empreints d'une si grande humanité.

Merci Juliana pour cette lecture devant laquelle je ne peux que m'incliner, genou à terre ou la démarche vacillante, quand les mots donnent le vertige, glacent et émerveillent à la fois, à vous briser le coeur, des mots qui saisissent et auxquels on se laisse prendre.



Sti que cette voix du Nord m'a marquée, émue ; et pourvu que celle-ci porte loin la cause des Nunavimmiut .
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Comment attraper un ours qui aime lire

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Un petit album jeunesse tout en couleur ! Une histoire d'amitié, d'entraide et l'amour des livre qui permettent une rencontre...

Un très bel album à faire découvrir !!
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Nirliit

Je l'ai vu passer beaucoup, ce bouquin, dans les différents magazines culturels, et j'avais très envie de le lire depuis un moment. Et c'est maintenant chose faite ! Et je ne suis pas du tout déçue du voyage !! Dépaysant à souhait !! Et ça fait du bien un peu de froid, en cette période de chaleur accablante !!! (oui, oui, il n'y a pas qu'en France où il y a eu la canicule).



Le roman se déroule dans le Grand Nord canadien, plus précisément à Salluit, un village d'à peine 1500 âmes... La narratrice y fait des allers-retours fréquents, à la rencontre de ce peuple qu'elle aime, des grands espaces qu'elle apprécie... C'est le prétexte pour Léveillée-Trudel pour parler aux lecteurs de ce peuple déchiré, laissé à lui-même, malmenés par les ''Blancs''... Un peuple où la misère humaine est bien trop présente : alcoolisme, accidents, viols, toxicomanie, maladie mortel, suicides... et j'en passe... Elle fait le constat d'un peuple à la dérive, où même les travailleurs sociaux envoyés là-bas n'arrivent pas à les aider... Avec une langue crue, dure, incisive et sans détour, c'est dur à lire, mais en même temps, nécessaire, je pense.. Un récit qui marque, qui martèle, qui fait mal... mais qui influe aux lectures l'envie d'aller à la rencontre de ce peuple... Une très bonne lecture.
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Comment attraper un ours qui aime lire

Un titre insolite... Qui donc aurait l'idée d'attraper un ours qui aime lire? Julia, petite fille gentille et autonome cherche à attraper un gros ours pour obtenir de lui des gros câlins. Julia, qui aime lire, puisse dans ses lectures de bonnes idées pour attirer l'animal par l'odorat et l'estomac. Cette interaction entre le livre que l'enfant tient en mains et celui que Julia lit renforce, bien évidemment, la magie de l'histoire et l'intérêt de la lecture. Julia découvrira que d'autres appâts peuvent être déposer pour attirer l'ours à câlins.

Une jolie histoire, tendre, avec des dessins colorés sans être criards. Une belle invitation à poursuivre ses idées jusqu'à les réaliser et pouvoir lire, vivre ses lectures et les partager avec de nouveaux amis. Je connais des petits loups et des papys qui auraient 'bien bon' à partager de tels moments.



Merci donc à #CommentAttraperUnOursQuiAimeLire #NetGalleyFrance


Lien : https://frconstant.com/2019/..
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Comment attraper un ours qui aime lire

Comment attraper un ours qui aime lire de Juliana Léveillé-Trudel at Andrew Katz, illustré par Joseph Sherman, éditions Chouette #CommentAttraperUnOursQuiAimeLire #NetGalleyFrance.

Julia habite à côté de la forêt, elle aime ses amis animaux Léon, Georgette et Charlotte. Mais voilà Julia aimerait avoir un ami ours et pouvoir lui faire des câlins. Oui simple à dire mais comment si prendre pour séduire un ours? ...

Un album haut en couleurs au graphisme épuré qui ne peut que séduire les tout-petits. L'ayant reçu en version numérique je ne peux qu'imaginer son format et son toucher. J'ai pris beaucoup de plaisir à le découvrir et je souhaite à Julia tous les câlins imaginables avec son ami ours qui aime les livres....
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Nirliit

Juliana Léveillé-Trudel... Rien que son nom est poétique.

Un roman presque documentaire où l'histoire importe moins que son contexte politique et économique et ce qu'il a provoqué. Des hommes et des femmes décalés, perdus, sombrant dans la drogue et l'alcool.

Comme les indiens d'Amérique, comme les aborigènes, comme... tout ce que l'homme blanc a approché sans le comprendre, juste pour prendre.

L'heure n'est pas à culpabiliser, mais les faits sont là : des civilisations détruites et dérangeantes.

C'est donc dans ce contexte que Juliana Léveillé-Trudel met en scène son personnage qui vient tous les étés dans le village de Salluit, s'occuper des enfants très nombreux, errants parmi des adultes paumés.

Dit comme ça, cela semble glauque et sombre, mais cette écrivain(e) a une écriture tellement poétique et parfois si drôle que la douceur et la bienveillance prennent le pas sur la violence et la sinistrose.

Un très très beau roman.
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Nirliit

Je ne sais plus qui m’a donné envie de lire ce (premier) roman, en tout cas je peux le rapprocher de Kuessipan de Naomi Fontaine, de Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle ou encore du dernier lu en date, Matisiwin de Marie-Christine Bernard. Nous sommes dans le grand Nord canadien, chez les Inuits, dont les terres ont jadis été volées, les enfants acculturés de force dans les pensionnats, les habitants privés de leurs ressources traditionnelles, de leur lien à la mère nature et parqués dans des villages où l’alcool, le désœuvrement, le suicide font des ravages. Vous me direz que j’ai compris le sujet mais non, chaque roman a sa manière d’aborder les choses et de vous cueillir par les émotions et je continuerai à en lire d’autres.



Ici, c’est par le regard d’une femme du Sud, qui monte, comme beaucoup d’autres « Blancs » – et comme les oies sauvages (c’est la signification de Nirliit en inuttitut) – , travailler pendant les mois d’été à Salluit et qui s’adresse d’abord à son amie Eva, victime de la violence d’un homme qui l’a jetée dans le fjord, ensuite au fils d’Eva, Elijah, amoureux de Maata, qui en aime aussi un autre… L’ennui, le sentiment de déchéance, et sans doute aussi la lumière permanente des mois d’été attisent les sentiments amoureux et les pulsions sexuelles. Bien difficile de démêler les deux, bien difficile aussi de rester fidèle ou au contraire de ne pas avoir le coeur déchiré quand l’été s’achève et que les avions ramènent les Blancs dans le Sud…



Il y a de la crudité, de l’urgence et de la colère dans l’écriture de Juliana Léveillé-Trudel. Il y a aussi une infinie tristesse et un certain fatalisme aussi. Sa langue est belle par son empathie. Tout cela rend son roman très touchant.



J’ai deux petits bémols : ça manque peut-être un peu de construction, on se demande où va la première partie et heureusement arrive la seconde, avec un fil narratif plus évident. Et il me faut avouer que j’ai trouvé la fin un peu plate, j’ai cru que cela allait très mal finir aussi pour Elijah et Maata (je sentais ma gorge se nouer au fil de la seconde partie) mais non, cela se termine sur une forme d’apaisement, qui se rattache certes au fatalisme dont je parlais plus haut, mais un poil décevant.



Cela n’enlève rien aux qualités documentaires et émotionnelles de ce premier roman et je relirai la plume de Juliana Léveillé-Trudel avec plaisir.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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On a tout l'automne

Après deux ans d'absence, une jeune femme revient à Salluit. Cette région est chère à son coeur. Elle retrouve les enfants devenus grands, les anciens amoureux et les vieilles femmes sages. Elle revient sur les images et les souvenirs de sa mère, dont l'absence est encore si douloureuse… Que va lui apporter cet automne au Nunavik ?



On a tout l'automne est un roman où poésie, grands espaces et quête de soi s'emmêlent. le voyage est dépaysant et apaisant.



L'automne est là, dans la neige qui commence à tomber, le vent froid qui s'engouffre sous les polaires, et ces nuits blotties au creux du feu. le rire des enfants, le ronronnement des motos à neige, tout change mais procure encore cette sensation de protection.



On suit les pas de cette jeune femme, éprise de cette vie, de ses habitants, de leur langue chantante et riche. Elle met toute son énergie dans le partage, l'échange, la découverte. Les traditions et les valeurs de ce peuple sont sa raison d'être…



Panser ses plaies, adoucir ses douleurs, accepter ses fragilités. le roman de Juliana Léveillé-Trudet offre des mots, des mélodies, des espoirs et des histoires de résilience…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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