Quant à elle, les questions d’âge ou d’expérience ne la dérangeaient pas : cette jeune fille semblait compétente, cela lui suffisait. Vingt minutes à peine s’étaient écoulées à partir de l’instant où Valentine avait franchi le seuil du salon mais elles avaient été particulièrement fructueuses. L’intuition féminine y était sans doute pour quelque chose, c’était une question de ressenti et d’alchimie.
Le privilège de contrôler la volonté des Saintclair ou de les attendrir n’appartenait à personne en dehors du cercle des intimes. Personne d’autre n’était en droit de contester l’autorité du clan. C’était un mode de vie, une habitude dont ils ne se défaisaient pas. Ce samedi-là en particulier, le naturel revenait au galop car une série d’entretiens allait commencer d’une minute à l’autre.
Elia était une proie facile à manipuler. À cet âge, les adolescents se laissaient facilement entraîner dans de mauvaises combines. Elle préférait que sa nièce reste en-dehors des problèmes. Elle avait mieux à faire que d’aller la récupérer chez les flics après un rappel à la loi pour trouble à l’ordre public. Ou pire…
À six ans on ne sait pas que le monde est mauvais, que la vermine grouille dehors. À vingt-cinq ans, on préfère se mentir et penser que l’on vit dans une petite ville sans problème.
On est toutes pareilles. On a le même diplôme, la même formation, on exécute les mêmes mouvements. La seule chose qui nous différencie, c’est notre personnalité.