Les sujets sont très différents de nous. Ils partagent autant de gênes de plantes et d’animaux que de gènes humains. Ce sont des monstres. C’est pour cela que nous essayons de créer des sujets plus proches de nous, mais tout aussi performants
Créer des êtres génétiquement sélectionnés. Le Docteur Daniil souhaitait créer une armée de la paix. Numéro un n’était qu’une ébauche, mais quel excellent début !
La nouvelle me surprend. Son attitude, surtout. Comme si ôter la vie à une personne pour gagner de l’argent n’était qu’un détail.
Comme un phénix, qui doit passer par le feu destructeur pour renaître, je me devais de m’embraser pour me délivrer. J’avais besoin que ces pans de moi-même tombent en cendres comme dans l’un de ces rites humains. Pour enfin l’atteindre : la liberté. Et te retrouver…
Numéro Un laissa échapper un gémissement rauque. Mathilda se leva brusquement, prit une boite blanche dans laquelle se trouvait la morphine et lui tendit deux comprimés. Un les refusa.
- Il reste encore cinq heures, se justifia-t-elle.
- Vous les prendrez à mi chemin ?
- A la sixième poche.
- Pensez à Deux. Il ressent tout.
- Il ne ressent rien.
- Il ne ressent peut-être pas votre douleur, mais votre détresse, si.
Numéro Un serra les dents.
- Ca ira. Nous irons bien.
C'est le deuxième hiver que je passe ici. Dans cet appartement, à la décoration minimaliste, aux meubles blancs, sans tableau au mur, ni mon regard ni mon esprit ne peuvent s'attarder sur quelques choses. A part cette horloge dont les aiguilles tournent lentement en silence. En général, il revient au milieu de la nuit et me serre dans ses bras. Cela me réveille à chaque fois. Je n'aime pas quand il est si proche, même si j'aime le savoir près de moi, sa présence me rassure.
Je n'arrive pas à dormir. J'ai peur. Comme à chaque fois, il me serre contre lui pour dormir. Et s'il se rend compte que je dors pas ? Aide-moi, petite voix. Guide-moi. J'ai besoin d'aide. Je ne veux pas qu'il me punisse. Je veux qu'il soit content d'être là et qu'il ne parte plus. Mais je veux savoir. Je ne peux plus continuer à errer dans cet appartement. À suivre cette routine. Aide-moi, je t'en supplie. Dis-moi tout.
Mais elle reste muette.”
-Vous... Vous êtes le sujet numéro Deux ?
- Oh, je vois que vous me connaissez. Pourtant, je ne me souviens pas avoir été présenté.
- Je connais votre père.
Je n'ai pas de parent.
- Pardonnez-moi... je voulais dire... celui qui vous a crée, le professeur Daniil.
Quand les effets de la drogue se dissipaient, Numéro Un avait l'impression d'atterrir dans un monde qui n'était plus le sien. Dure était la chute. Elle n'était plus attachée, mais contrainte par une camisole de force, enfermée dans la pièce capitonnée.
ces chimères, à la fois humaine, animale et végétale, n’apprécient pas les étrangers