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3.75/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1981
Biographie :

Julie Manarra est née en 1981. Titulaire d’un master de recherche à l’École Pratique des Hautes Études sur la peinture vénitienne, sa thèse porte sur l’« Esthétique de la violence et enjeux sociaux du réalisme : Caravage, Letizia Battaglia, Gomorra ». En 2015, une retraite à proximité d’un temple bouddhiste dans le massif des Causses lui inspire la rédaction de son premier roman Rouge cendre. Elle exerce aujourd’hui l’activité de guide-conférencière dans des musées parisiens.

Source : Viviane hamy
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Julie Manarra
Il n’y a presque pas de chat au Père-Lachaise. Une légende veut que ce soit parce qu’à la tombée de la nuit, quand le cimetière ferme, les gardiens y lâchent des chiens. Sans quoi toute une population interlope -adolescents gothiques, êtres poétiques et rôdeurs malsains- y prospèreraient. Il n’y a pas non plus de feux follets. Pas même sur la tombe d’un spirite comme Allan Kardec, qui demeure mystérieusement fleurie comme au premier jour. Il y a des noisettes qui tombent par poignées en automne. Il y a des oiseaux. Des corneilles surtout. Elles rompent le silence de leur cri et surveillent les alentours avec une vigilance de propriétaire. Elles occupent ces grands arbres noirs dont les racines puissantes fendent la dalle de certaines tombes. La force du temps. Innombrables sont les corps qui pourrissent sous la terre molle de ces champs élyséens. Caveaux, chapelles, statues. Chouettes, pleureuses, sabliers. Siècle après siècle, les allées se gonflent de sépultures nouvelles. L’oubli y est un roi sans trône, sans reine, sans palais avec pour seul royaume cette colline recouverte de tombes à perte de vue. Les touristes s’y promènent, le plus souvent en couple. Ceux qui vivent à côté disent que c’est comme un jardin. Rarement la mort, en tant que telle, ne leur traverse l’esprit.
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Les hommes n’avaient jamais eu peur que de cela : l’inconnu. Qualifier de folie une manifestation humaine était une échappatoire facile. Cela signifiait qu’on ne la connaissait pas. Une fois qu’on l’avait devant les yeux il n’était plus possible de s’en sortir à si bon compte. Alors il fallait traiter. Traiter l’info. À l’AFP ils étaient formés pour ça. Pas dans les services spéciaux. Ici il fallait agir.
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Communiquer. Trouver son chemin. Évoluer. Calculer. Choisir. Penser. Voyager. Admirer… Tout ça ce sont des trucs abstraits, enfin, disons… intérieurs. Des capacités propres à nous, belles, instinctives. Communiquer avec un outil, trouver son chemin avec un outil, admirer et choisir sur support… Je trouve que ça craint.
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Elle avait besoin de lui pour respirer, pour vivre, pour comprendre, pour ne pas mourir. Son souffle se fit court. Elle paniquait et s’étranglait, à court d’oxygène. Cette violence l’excita presque physiquement. Elle se débattait pour ne pas mourir et le rejoindre.
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La sensation était prodigieuse. Un immense ruban au corps monstrueux se matérialisa devant et derrière elle. Il vibrait. Elle crut tomber et s’aperçut qu’elle était assise à califourchon sur une espèce de serpent. Droite comme une amazone, regardant devant elle, à la recherche de l’homme qu’elle aimait, Manon n’avait plus peur. Elle leva les yeux pour admirer le ciel. Il était pur et clair.
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Avec une douceur hypocrite et obséquieuse, elle se mit à se confondre en excuses dans un anglais tremblotant. À la vitesse d’envoi d’un message sur Gmail, une hypothèse avait soudain surgi : et si cette Française travaillait pour le fameux Guide du routard ? Le problème fut réglé en moins de cinq minutes.
C’était cela le monde, la civilisation. Soit tu gueulais pour exister, soit on t’écrasait. Manon se reprocha son impatience en montant l’escalier, serrant la clef de la chambre 32 dans son poing, recouvrant son sang-froid. L’égalité, le respect, Esteban… Mais Esteban n’était pas là. Elle était seule, livrée à sa rage et à sa jeunesse, inutiles s’il ne lui faisait pas l’amour. Elle ouvrit la porte, balança toutes ses affaires et se déshabilla sans prêter attention à la chambre. Puis elle se rua dans la salle de bains et prit une douche glacée. Elle voulait sentir son corps. Désintégrer sa violence.
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La conscience n’est rien sans l’action. Esteban lui disait toujours : « L’ennemi, c’est toi-même. La plupart du temps, tu es la plus forte, Manon. Observe bien. » Un jour prochain, il n’y aurait plus de forêt sur la terre. Manon n’avait pas le droit de se battre au côté de l’homme qu’elle aimait, là où le mal était. Là où il ne s’agissait pas de débrancher des cerveaux se berçant d’illusions – ferment civilisateur plastique, chimère humaine fragile et attachante – mais de dégommer les zombies qui avaient fait de la transcendance, de l’idée de Dieu, une aliénation funeste.
Plus de forêt. La civilisation menacée mais se bandant les yeux. Esteban loin, sur le front, sans elle. Une vie, une chance. Pas deux. « La matière première de toute chose c’est le temps », lui disait Esteban. Je vais partir aussi, avait‑elle pensé. Cela avait été sa seule possibilité d’action.
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Quelque chose en moi résiste, je ne sais pas pourquoi. Je ne vais pas mourir, encore moins me tuer. Je ne souffre pas du tout, au contraire. Je suis comme un fruit mûr, pleine de moi-même, vivante, libre et ivre du vent de la forêt. Peut-être est-ce parce que « combattre » me manque moins que je ne l’aurais imaginé ?
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Les mots avaient brûlé ses tempes, traversé les parois de son crâne et s’étaient insinués dans sa mémoire.
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Il songeait que le narcissisme des hommes de son temps, ce n’était jamais que ça : se connaître eux-mêmes. Dans ce désert, d’autres hommes étaient manipulés par quelque chose de plus grand et monstrueux : l’idée d’un Dieu de haine qui sème la mort et la dévastation. Ces hommes s’étaient oubliés pour faire corps avec un organisme brûlant qui les rassurait, les galvanisait, à cet endroit précis où les premières villes avaient vu le jour, dans le berceau de la civilisation. Là où Babylone avait babillé ses premiers mots au ciel jaloux de son empire. La civilisation-enfant, qui deviendrait mère de toutes les Sodome et de toutes les Gomorrhe, l’ancêtre des cités de verre et de fer d’aujourd’hui, d’Atlanta, de Samarkand, de Séoul, de Johannesburg…
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