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Critiques de Julie Wasselin (8)
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Seuls les chevaux sont innoncents

J’ai découvert ce polar équestre dans un magasin dédié aux chevaux et aux disciplines équestres : Seuls les chevaux sont innocents de Julie Wasselin… Naturellement, je n’ai pu résister au plaisir de partager deux de mes passions, la lecture et l’attelage que nous pratiquons en loisirs mon mari et moi.



Quelle excellente surprise !

Une belle écriture, fluide et raffinée, qui porte le récit et emporte le lecteur. Les personnages sont travaillés, complexes. Le prisme du milieu de l’attelage de compétition permet de les sortir des stéréotypes du genre : flic en fin de carrière et ses adjoints dévoués, jeune orpheline déterminée, ancien légionnaire, play-boy sur le retour, aubergiste au grand cœur, femme de confiance et amie de toujours, fille indigne…

Les personnages féminins sont à l’honneur, tout en force et en finesse ; j’ai naturellement été conquise par le portrait de la victime dont les valeurs m’ont rappelé certains enseignements de mon formateur en attelage. La lecture de son cahier m’a émue, surtout quand elle parle de « la femme vieille et de la vieille jument », par exemple, dans un texte plein de poésie.



Ceux qui me connaissent savent combien je suis sensible à l’intertextualité : que dire quand Nietzsche, Voltaire ou Conan Doyle sont à l’honneur ! Le titre de ce roman est d’ailleurs emprunté à Jérôme Garcin qui a beaucoup écrit sur les chevaux.

De même, le récit est émaillé de références historiques ; c’est didactique sans jamais être pédant.



En ce qui concerne l’attelage proprement dit, que les néophytes soient rassurés : des notes de bas de pages expliquent tous les termes et situations techniques… Personnellement, j’ai retrouvé avec bonheur un champs sémantique connu ainsi que des circonstances vécues ; eh oui, « l’attelage, c’est dangereux », mais c’est aussi magnifique, féérique, précis, un réel plaisir dans la relation de confiance privilégiée nouée avec le cheval.



Sur le plan de l’intrigue policière proprement dite, tout est là pour nous captiver et nous embarquer… Une star de l’attelage est assassinée dans des circonstances assez extraordinaires. L’enquête nous plonge dans un milieu fermé qui a ses codes, sa déontologie et ses dérives. L’auteure sait ménager son suspense et nous emmener jusqu’à une fin imprévisible. Bravo !



Voilà un livre qui ravira les amateurs de polars originaux et les amoureux de cette belle discipline équestre qu’est l’attelage. Je recommande.

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À cheval entre chiens et loups

J’ai découvert l’univers littéraire de Julie Wasselin dans le courant de l’été 2018, un peu par hasard, attirée par le titre de l’un de ses romans… Au fil du temps, nous avons beaucoup échangé et j’ai lu presque tous ses livres.

J’ai une profonde admiration pour le parcours de cette femme ; en effet, Julie Wasselin a passé l’essentiel de sa vie avec des chevaux, pratiquant le concours complet, le dressage et l’attelage en compétition, avant d’officier en qualité de juge élite de la Fédération Française d’Équitation… Elle partage dans la plupart de ses livres son amour des chevaux et ses observations lucides des milieux équestres.



Quel beau titre ! À cheval entre chiens et loups… Cette expression, plutôt employée au singulier, décrit le moment crépusculaire quand on ne peut plus, ou pas encore, discerner exactement les contours des choses. Au sens propre, les bergers désignaient ainsi l’intervalle qui sépare le moment où le chien est placé à la garde du bercail et celui où le loup profite de l’obscurité tombante pour aller rôder à l’entour. Je vois dans le pluriel employé ici par l’autrice, une présentation allégorique des protagonistes du livre, humains et chevaux, les chiens illustrant la solidarité et la confiance, les loups annonçant les angoisses, menaces et faux-semblants.

Fatum, un excellent cheval à « l’inusable bonté », prometteur, généreux…

Lise, sa propriétaire, une femme pleine de bonne volonté, apte à apprendre de sa monture, à se mettre en posture d’écoute et de respect, capable d’analyser ses erreurs et d’en tirer les bons enseignements…

Et les autres, les jaloux, « les mal embouchés, mal éduqués, parfois mal intentionnés » qui gravitent dans le milieu du CSO, des concours complets, de la compétition sous toutes ses formes…



Le personnage de Lise puise sans doute énormément dans l’expérience de Julie Wasselin. Son écriture précise, factuelle, presque lapidaire sent le vécu. En lisant, je suis passée par plusieurs émotions et réactions, frappée par la justesse des situations décrites. Ce roman est efficace, pudique. Sa brièveté, environ 140 pages, impose une sensation d’urgence tout en invitant à lire entre les lignes.

Que les néophytes se rassurent ; tous les termes techniques sont expliqués en notes de bas de page. Voilà qui ajoute une portée didactique à l’ensemble.



Encore une fois, un excellent moment de lecture.


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Les chevaux n'oublient jamais rien

Ce que j’aime dans les romans de Julie Wasselin, c’est qu’elle y parle souvent du monde équestre et que je me retrouve régulièrement dans les états d’esprit où les postures qu’elle décrit.



Les Chevaux n’oublient jamais rien… Une bien jolie phrase-titre !

Que savons-nous de la mémoire des chevaux ? Sachez qu’un cheval retient tout mais de manière linéaire ; en effet, il vit dans le présent, ne fait pas la différence entre hier et aujourd'hui. C’est pour cela qu’il vaut mieux utiliser le renforcement positif plutôt que la violence pour travailler avec lui.

Julie Wasselin illustre ici comment, grâce à son excellente mémoire et à son instinct naturel, le cheval retient très bien les situations qu’il a vécues.



Un hameau perdu au fin fond de la Brenne, un endroit où l’on trouve des étangs immobiles, des landes et des bois obscurs… La quatrième de couverture parle d’un huis clos en « open space ».

En effet, il est des rancœurs tenaces, des jalousies exacerbées, des rumeurs pernicieuses, des réputations malmenées dans ce monde rural impitoyable sur fond de mystère datant de la dernière guerre, de souvenirs de résistance ou de marché noir…



Deux magnifiques portraits de femmes finement ciselés…

La Gise, une paysanne veuve et isolée, une taiseuse, se lie d’amitié avec Mag, une nouvelle venue dans la région, une femme seule et déterminée qui élève des chevaux…



Une mort inexpliquée… Un suicide apparent, entériné par la gendarmerie.



Des situations criantes de vérité…

J’ai reconnu les postures et les jugements… Ne pas être du coin, avoir des chevaux, se promener en selle ou en attelage, avoir des poules pondeuses qui meurent de vieillesse, des chats maîtres du logis et des chiens dont on ne se sépare jamais, ne pas se sentir acceptés malgré tous nos efforts et notre bonne volonté par une communauté prompte à se faire une opinion et à s’en tenir là… Je connais et j’en souffre parfois.

Je sais aussi que l’on jalouse souvent celles et ceux qui possèdent des chevaux, les montent ou les attellent, que l’on considère qu’ils sont aisés et snobs alors que, dans la réalité, cela représente un coût, un budget à assumer, qu’il faut « manier le fumier, les bottes de foin, la paille, les sacs de grain, l’étrille, la fourche, la pelle, le balai, les seaux d’eau et la brouette par n’importe quel temps », trouver des solutions quand on s’absente, etc…

Bref, tout cela sent le vécu !



Encore une fois, j’ai apprécié l’écriture sensible, travaillée et superbement documentée de Julie Wasselin.

Il est ici question de vieillesse, de solitude, de difficulté à aller de l’avant. La Gise et Mag sont deux femmes âgées, qui ont beaucoup vécu, deux personnes qui n'auraient pas dû se rencontrer et qui sont en butte à des haines incoercibles datant de la seconde guerre mondiale. Leurs destins sont liés ; ensemble, elles nous entraînent à leur suite sur des chemins de traverse qui vont leur redonner goût à la vie.

Le personnage de Mag ressemble beaucoup à l’autrice, semble inspiré de son passé équestre. Il faut savoir que Julie Wasselin est une ancienne juge élite de la Fédération Française d’Équitation et qu’elle a beaucoup écrit sur les chevaux ; Mag a été juge, mais dans les milieux musicaux, et connaît bien également le monde équestre ; comme Julie, elle pratique la photo, s’intéresse à l’art, à la culture… Elle a aussi son franc-parler, une forte personnalité… De même, Mag écrit et revendique son indépendance littéraire et sa patte personnelle.

Le récit est ancré dans une région que Julie Wasselin connaît bien et qu’elle nous fait visiter au gré des promenades et excursions de Gise et Mag ; des notes de bas de page donnent, ici ou là, les précisions qui permettent d’en savoir plus et de contextualiser le propos (faits historiques, termes techniques, coutumes locales…).



J’ai beaucoup apprécié ce court roman, son mystère en filigrane, son côté tragique.

Le dénouement est inattendu tout en restant ouvert.

Julie Wasselin n’a pas fini de me surprendre…


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Les folles aventures d'un cheval pas comme ..

C’est toujours un grand bonheur de trouver dans ma boite aux lettres un livre de Julie Wasselin… Sa confiance me touche particulièrement. Elle a publié Les folles Aventures d’un cheval pas comme les autres en 2019.



Un titre un peu long, au style désuet, à la façon des contes pour enfants promettant des « aventures » hors du commun, extravagantes, déjantées, irrationnelles avec, à l’esprit, comme une apologie de la différence… Julie Wasselin connaît si bien le monde du cheval qu’elle sait combien chaque spécimen est unique…

Je ne savais trop à quoi m’attendre ; la quatrième de couverture, reprise de la préface de Michel Dégrange, démentait l’apparente facilité du titre, annonçant une ouverture « à un espace intimiste, sensible […], un partage, une transitivité entre la monade humaine et animale, ailleurs réputée infranchissable ».

Le bleu de la couverture, une photo prise par Zsófia Gyükér, détournée par un bleuissement intense, achevait de m’intriguer et, peut-être, de me perturber. Mon horizon d’attente était à la fois imprécis et distancié par un pacte de lecture dont l’évidence ne me sautait pas aux yeux…

Trop d’informations peut-être que je ne m’appropriais pas vraiment.



Un cheval fabuleux à la robe bleue et aux crins d’or, immortel, futur roi, est soumis par son père à une longue série d’épreuves dans l’espace et dans le temps ; à la fin de ce parcours initiatique, il sera enfin digne de régner.

Ce roman est un subtil mélange de fantasy et de présentation du large éventail de l’univers équin et des disciplines équestres. Julie Wasselin a pratiqué le concours complet, le dressage et l’attelage de compétition et elle a terminé sa carrière en qualité de juge « élite » de la Fédération Française d’Équitation. Ses écrits mettent en scène des milieux et des ambiances qu’elle connaît assez pour en percer tous les aspects, des plus nobles au moins avouables.

Son personnage, Aerion, va aller de rencontres en expériences, chacune représentative de la vie des chevaux, de la naissance au sevrage, du débourrage au dressage, de l’équitation montée ou attelée, des figures imposées à la vie en liberté, des pratiques humaines, les pires et les meilleures… Forcé à travailler, mal nourri, abandonné au pré ou confiné dans un box dégoutant, sauvé par de belles âmes, respecté et craint, manipulé avec humilité…, Aerion apprend et analyse les postures humaines, leur manque de rigueur et de persévérance, leur fatuité, leur bonne volonté inconsciente...

Ce livre est un voyage entre les grandes régions d’élevages du monde, des Camarguais aux Merens en passant par des races pour moi inconnues, chevaux hongrois Nonius par exemple… ; c’est aussi une plongée dans plusieurs mythologies, dans un savoir encyclopédique, dans une somme d’expériences et de vécus.

On se demande souvent qui est le plus humain, du cheval ou des hommes et femmes croisés sur son chemin ?



J’ai mis plus de temps que d’habitude à lire ce livre… La brièveté des chapitres permet des pauses fréquentes et bienvenues… Cette lecture m’a laissée non seulement admirative devant une écriture débridée, mais aussi perplexe et dubitative quant au but recherché par l’auteure.

L’anthropomorphisme d’Aerion a pu me gêner parfois : il prend, par exemple, ses congénères ou ses amis dans ses bras, se tient assis… Certaines origines détournées m’ont paru un peu trop faciles, comme par exemple celles des myosotis…

J’ai trouvé que certains hommages auraient pu être plus explicites, mériter des notes de bas de pages par exemple…

Sachant Aerion immortel, je n’étais sans doute pas vraiment captivée, la fin étant annoncée. Si j’appréciais l’éventail des connaissances équines et équestres illustrées dans son cheminement et le côté profondément didactique de ce livre, certains passages me donnaient cependant l’impression de casser le rythme et la montée en puissance attendue, d’où un sentiment d’inégale qualité narrative.

Je n’ai peut-être pas retrouvé l’élégance et l’humilité d’À l’heure de remiser le fiacre, le fini impeccable…

Ma passion pour les chevaux a sans doute trouvé son compte dans Les folles Aventures d’un cheval pas comme les autres ; mon intérêt pour la littérature fantastique m’a rendue plus critique. L’allégorie finale n’a pas su me toucher.



Un roman surprenant à bien des égards, intéressant par l’approche et le contenu. Pourtant, je suis un peu restée en marge et en suis désolée…





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À l'heure de remiser le fiacre

J’ai découvert Julie Wasselin avec son roman policier Seuls les chevaux sont innocents dont l’intrigue se développe dans le milieu de l’attelage de compétition. Depuis, nous avons eu l’occasion d’échanger sur Facebook et je suis très touchée de compter cette auteure dans mon petit réseau littéraire et équestre…

À l’heure de remiser le fiacre est un recueil de textes courts, de « nouvellines », à la fois florilège, bilan et règlement de comptes autour de l’univers du cheval, après plus de cinquante ans de dressage, concours complets, menage et jury d’attelage élite de la Fédération Française d’Équitation. C’est aussi et surtout un formidable et émouvant hommage à tous les chevaux qui ont partagé la vie de l’auteure.



Les quatre-vingt-dix petits textes de ce livre explorent le monde équestre sans concession, mais avec brio, humour, dérision et émotion. Il y a des caricatures, des grandes gueules, du ridicule… qui font sourire, éclater de rire, rire jaune ou grincer des dents. Je retiendrai aussi de beaux moments d’élégance pure, de complicité, de correspondances entre les chevaux et les hommes et femmes qui travaillent avec eux. Certains passages sont très durs, d’autres très émouvants : du rire aux larmes en passant par la colère où le dégout, tout sonne juste et vrai.

L’auteure mêle subtilement une belle écriture et une forme d’oralité familière, des passages très techniques et d’autres poétiques. D’un côté affleure une belle culture et un admirable professionnalisme tandis que, de l’autre, un dialogue s’instaure. Quand Julie Wasselin nous interpelle, c’est aussi à elle-même qu’elle s’adresse à travers nous dans une démarche hugolienne ; en effet, en la lisant, je pensais à la préface des Contemplations de Victor Hugo : « quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! Insensé, qui crois que je ne suis pas toi ».

Elle se confie aussi sur son besoin d’écrire, les difficultés rencontrées, ce « cadeau » qu’elle nous fait en nous transmettant ses souvenirs. Il y a une grande générosité dans sa démarche, une réelle volonté de partage, de toucher « les amoureux des chevaux, des livres, des lettres, et de la sublime odeur du papier ».



Julie Wasselin dit, à un moment donné, que son livre s’adresse à des lectrices et des lecteurs qui connaissent l’ambiance des centres équestres et des concours, qui ont ou ont eu des chevaux, qui ont pratiqué l’attelage… C’est un peu mon cas : j’ai rencontré des maîtres de manèges ou des instructeurs imbus de leur personnes, j’ai croisé des fanfarons qui, sans s’être jamais formés, savent tout sur tout, je connais des personnes qui ne s’occupent pas très bien de leurs chevaux, qui rechignent à faire appel à un maréchal ferrant ou qui, ayant du mal à financer leur passion équestre, économisent sur le bien-être de leurs chevaux ; je frémis quand je constate que les règles élémentaires de sécurité ne sont pas respectées... Mais, j’ai eu aussi le bonheur de faire de très belles rencontres, d’échanger avec des passionnés et des gens désintéressés prêts à partager leurs savoirs ; j’ai eu des accidents, j’ai beaucoup appris de mes erreurs, je continue à me former pour dépasser mes peurs. J’ai vu mourir un de nos chevaux… Tout cela pour dire que les récits de ce recueil sont criants de vérité et de vécu et que « les gens de chevaux » s’y reconnaitront ; mais ce recueil pourrait aussi intéresser un autre lectorat, désireux de sortir des clichés de l’imaginaire collectif.

Au cours de ma lecture, je me suis surprise à rejoindre mon mari pour lui lire des passages à haute voix, extraits particulièrement didactiques sur les chevaux de traits ou des références historiques, sur le profil bas des néo-ruraux, sur les frimeurs en tout genre, sur les souvenirs de fractures, sur les écuries de propriétaires… Je sais déjà que je relirai certaines « nouvellines » qui m’ont particulièrement émue.

L’auteure dit aussi que les meneurs et cavaliers lisent peu, en général… que « son créneau n’est pas porteur »… Elle a, dans sa démarche littéraire, la même humilité que dans ses postures équestres.



C’est ce que je retiendrai : l’élégance et l’humilité.

Remiser le fiacre n’est pas seulement garer et entreposer la voiture hippomobile, … Cette expression signifie aussi prendre sa retraite, tirer sa révérence et peut-être même penser à la mort inéluctable. Julie Wasselin a cessé ses activités équestres et s’est attelée à la tâche de l’écriture des souvenirs du « meilleur de sa vie », « en compagnie d’enivrants chevaux ».

C’est un privilège de la lire.

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Embruns

De Julie Wasselin, je connais surtout les romans et les recueils de récits sur les chevaux et l’univers équestre en général… Voilà qu’elle me surprend avec Embruns, un nouveau recueil consacré aux « tribulations d’un marin d’eau douce »…



Je préfère commencer par faire un aveu et même plusieurs, pour que les choses soient bien claires : le monde de la voile m’est complètement étranger, je n’ai absolument pas le pied marin, j’ai même une certaine phobie des milieux aquatiques, je n’ai jamais appris à nager et si, par le plus grand des hasards et à mon corps défendant, je devais mettre les pieds sur un voilier, je pense que je passerais mon temps à « nourrir les poissons », image très parlante pour qualifier métaphoriquement le mal de mer. J’étais donc un peu embarrassée en commençant ma lecture…



Mais, pour mon plus grand bonheur, quel que soit le sujet, c’est toujours un plaisir de retrouver l’écriture efficace, incisive, drôle et tragique à la fois de Julie Wasselin. Encore une fois, ses historiettes sentent le vécu, d’autant plus qu’ici, la posture autobiographique est revendiquée et assumée… Ce court recueil de 125 pages se lit facilement mais, à mon avis, il ne faut pas le lire trop vite pour en saisir toute la portée.

Si j’ai eu un peu de mal à m’approprier le vocabulaire très technique, heureusement expliqué largement en notes de bas de page, et à m’intéresser à la pratique de la voile, je me suis attachée à suivre l’histoire complexe d’une famille, celle de l’auteure… Entre un père passionné, égoïste, indifférent à son entourage et une mère soumise et, à sa manière, détachée et peu concernée, la petite Julie, particulièrement observatrice et pertinente, a grandi et s’est forgé une certaine image de sa famille. Elle avoue aujourd’hui avoir découvert trop tard qu’au fil de ses échecs répétés, son père lui a transmis une certaine ténacité.



J’ai beaucoup apprécié certaines digressions, par exemple sur la roue. Ces passages m’ont fait penser aux développements de Raymond Devos. Les titres de chapitre, également, sont souvent savoureux : « Noroït, désarroi », « La cata marrante », « Broc de la mer »…

Personnellement, je n’aurais naturellement pas fait de rapprochement entre la pratique de la voile et celle de l’équitation attelée. Pourtant, je dois reconnaître, à la lecture de certains chapitres, que le parallèle semble possible. Faisons confiance à Julie Wasselin : si elle a pratiqué la voile en rivière et en mer pendant toute sa jeunesse, elle a aussi excellé en concours complet, en dressage et en attelage jusqu’à devenir juge élite à la Fédération Française d’Équitation…



Voilà un recueil où Julie Wasselin règle ses comptes avec la figure paternelle…

L’humour mis en avant a parfois des accents désespérés. La capacité à l’auto-dérision est toujours salutaire et démontre une certaine lucidité, une forme de pudeur aussi.

La quatrième de couverture laisse entendre, à demi-mots, que les expéditions incertaines reflètent nos désirs, que la pratique assidue d’une activité au sein de laquelle il faut toujours se dépasser devient chemin de vie. En effet, il faut lire entre les lignes, savoir écouter ce que véhiculent les embruns de la mémoire.

Je me suis interrogée sur ce que deviennent les souvenirs au fur et à mesure que le temps a passé, sur les actes manqués et les regrets. C’est parfois dérangeant dans la révélation d’une forme de présence paternelle indéniable mais également d’une absence de véritables échanges. La voile mise à part, en effet, qui que nous soyons, nous pouvons nous reconnaître, quelque part, dans les récits de ce livre.



Vous l’aurez compris : j’adore être surprise par Julie Wasselin…

Un recueil que je vous recommande, que vous soyez marin d’eau douce, meneur ou rien de tout ça…






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Les p'tits chefs: ou l'incompétence, l'impost..

Les p’tits Chefs de Julie Wasselin, L’Harmattan 2022



Je connais Julie Wasselin depuis quelques années, grâce à ses livres et à nos échanges de mails. J’apprécie l’autrice (oui, « autrice », quoiqu’en dise le préfacier de ce livre, Jean-Claude Grognet), la cavalière, la meneuse, la femme. Je me retrouve souvent dans ses écrits…



Ici, Julie évoque, dans une galerie de portraits, les « p’tits chefs » qu’elle a croisés dans son travail, dans les milieux équestres et dans sa vie privée, celles et ceux qui utilisent leur pouvoir sans discernement, des chefaillons sans grande envergure mais avec beaucoup d’ambition qui peuvent nous pourrir la vie si nous les laissons prendre trop de place…

Un recueil à lire par petites touches pour en savourer l’humour et le sens de l’observation, pour ne pas s’arrêter sur les passages qui font moins mouche que d’autres, pour discuter avec l’entourage sur quelques belles trouvailles. C’est ce que j’ai fait, ce livre ayant trôné plusieurs semaines sur le banc de ma cuisine ; il m’arrivait d’en lire des passages à haute voix.

J’en ai apprécié les mots rares, leurs explications en notes de bas de pages, le sens de la répartie, la justesse des « égratignages », la personnalité pragmatique, rigoureuse et, toujours, profondément humaine, de l’autrice qui transparaît au fil des pages.



Merci Julie, pour ces bons (et mauvais) moments partagés avec vous malgré la distance, pour nous, mon mari et moi-même, souvent le soir, dans la cuisine, un verre à la main. Vous nous avez fait sourire, vous nous avez émus ; nous nous sommes remémorés des anecdotes professionnelles, équestres et personnelles (nous dépendons aussi d’un bureau de poste où tout est compliqué…).

Je n’ai pas tout aimé dans ce livre, il en faut pour tous les goûts, mais j’en ai apprécié la tonalité grinçante sur « l’incompétence, l’imposture et la perversité du pouvoir ».


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Propos débridés

Propos débridés de Julie Wasselin m’a accompagné pendant de longues semaines ; ce fut une lecture plaisante, volontairement morcelée, étalée dans le temps, au gré des envies, de désirs de partage…



En équitation montée ou attelée, on débride les chevaux après le travail, la balade, la randonnée ou le concours, avant de leur passer le licol pour les remettre au pré, au paddock ou au box. Pour le cheval, c’est signe de détente, de repos.

En revanche, si un cheval se débride, notamment en attelage, parce que son filet est mal réglé et qu’il se frotte contre le timon ou s’accroche à la bride de son voisin, les ennuis commencent car il devient très difficile de diriger, d’arrêter un cheval seulement à la voix surtout en situation d’urgence…



Julie Wasselin connaît bien les chevaux et le monde équestre… Elle parle des premiers avec amour et nostalgie, du milieu avec lucidité, ironie parfois.

Dans ce recueil, ses propos relèvent de la liberté d’expression, hors de toute contrainte ou justification. Il y a aussi des coups de gueule, des sorties de gonds mais surtout, ainsi que le dit la quatrième de couverture, des mots pour dire qu’elle a suspendu la bride et n’a plus de chevaux… Alors l’auteure se souvient et partage.



Je suis devenue une fidèle de Julie Wasselin, nous échangeons parfois quelques messages. Je me retrouve dans ses observations et ses remarques, je puise dans son expérience de cavalière, de meneuse et de juge de la Fédération Française d’Équitation…

Dans ses écrits, je retrouve toujours des anecdotes qui me parlent, des choses que j’ai vécues ou remarquées moi-même, des points communs.

J’aime sa plume alerte, poétique, sensible, pleine d’humour, et pourtant rigoureuse.

Ici, les courts récits décrivent tout un éventail de situations et de ressentis ; c’est éclectique, entre portraits, témoignages, souvenirs, billets d’humeur… Je dirai qu’il y en a pour tous les goûts, que nous pouvons toutes et tous y trouver des passages qui nous touchent ou nous font sourire



Un recueil que je conseille à tous mes amis meneurs ou cavaliers, bien sûr, mais également à toutes celles et ceux qui rêvent en voyant des chevaux ou qui s’intéressent à la tragi-comédie de l’existence.


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