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Citation de julien-gabriels


À première vue, la gare paraissait classique. Pourtant, l’œil y était attiré par toutes sortes d’infrastructures peu habituelles. Des trains étaient au départ. D’autres arrivaient. Une foule se pressait, tant pour les prendre, tant pour les quitter.
Les hautparleurs distillaient leur flux d’informations. Sur les convois. Sur leur destination. Sur les services inhérents ou attachés…
Une annonce retint tout particulièrement l’attention de deux personnes assises sur un banc moulé mais néanmoins confortable : Raïssa et sa fille, Nadja.
« Les voyageurs en partance, devant voyager à bord des deux trains spéciaux à bouclier et enveloppe thermoactifs, sont priés de se présenter au contrôle : porte A, pour le sud et porte B, pour l’ouest. »
L’annonce était aussitôt reprise en anglais :
« Passengers departing on board the two specially shielded and thermo-actively sheathed trains are requested to present themselves for security checks at gate A for southbound destinations and gate B for westbound destinations. »
« Attention, les trains 10001 et 10002, en provenance de Marseille et de Bayonne, entrent en gare, zones 10 et 11. Les passagers se présenteront respectivement aux portes 18 et 19 pour les contrôles. »
Doublure de l’annonce en anglais, à nouveau :
« Attention, trains 10001 and 10002 from Marseille and Bayonne are entering the station. Passengers are requested to present themselves at gates 18 and 19 for a security check. »
*
— Où sont partis papa et Hubert ? demandait Nadja à sa mère.
— Tu le sais bien ! Ils sont partis faire embarquer la voiture !…
— Mais c’est long ! Ça fait déjà une demi-heure qu’ils sont partis !
— Nous ne sommes pas les seuls, ma chérie… Il faut ranger chaque automobile dans les transbordeurs. On te donne un ticket et, quand apparait ton numéro, tu files sur la passerelle… Tu places ensuite ta voiture où l’on t’indique de le faire, tu la fermes à clé puis tu redescends.
» Une fois arrivés, c’est le processus inverse. Car les autos sont rangées, tu sais, les unes derrière les autres. Si tu n’es pas là à temps, les autres véhicules de la même rangée ne peuvent alors quitter le wagon… Mais c’est relativement bien organisé ; il ne faut pas se plaindre !…
— Tiens, les voilà ! dit Nadja, apercevant au loin son frère et son père, Philippe.
— Alors ?… C’est fait ?…, s’enquit Raïssa auprès de son fils, Hubert, âgé aujourd’hui de dix-sept ans.
— Oui. On a le numéro 255. J’ai pris le bracelet.
— Fais voir !…, lui demanda sa sœur.
Il lui montrait à présent une chainette avec une médaille dont il avait entouré son poignet.
— Je crois qu’on peut y aller maintenant ! déclara Philippe.
— Oui, l’annonce a déjà été faite par hautparleurs de se diriger vers les portes d’embarquement, ajouta sa femme.
— À quelle heure on part ? interrogea Nadja.
— Oh ! pas avant trois quarts d’heure, car sur ces trains spéciaux le départ est toujours long ! lui répondit son père. Mais on n’a pas le choix, si ce n’est de prendre son mal en patience !… Allons-y !…
Ils se mouvaient maintenant tous les quatre vers les portes annoncées et les écrans de départ. Nadja demanda à sa mère si c’était bien la première fois qu’elle prenait ce train. Laquelle lui répondit que c’était déjà la deuxième mais que, la première fois, elle était trop petite pour se le remémorer…, encore un bébé, à l’époque !… « Tu avais d’ailleurs dormi tout au long du parcours ! »
— Pour vous, c’est la deuxième aussi ? reprit Nadja.
— Non, la troisième ! La dernière fois, il y a quatre ans, tu étais restée chez mamie, tu t’en souviens ?… Ton père avait un congrès…
Elle se tourna alors vers son mari et lui demanda :
— Un congrès de quoi déjà, chéri ?…
— De chirurgie plastique, répondit-il. Cela avait duré cinq jours, et on en avait profité pour prendre quelques jours de repos sur la côte. C’était encore plus difficile d’y accéder que maintenant ! Ton frère était en pension, cette fois-là… Mais la première fois, il avait été très impressionné !…
— Qu’est-ce que t’as vu ? Dis-moi ? ! questionnait aussitôt, Nadja, en s’adressant à son frère.
— Tu verras par toi-même…, si le temps est clair ! lui répondit-il, d’un air amusé et quelque peu taquin, ne voulant guère en dévoiler plus.
*
Toute la famille avait maintenant pris place dans un compartiment familial de quatre places relativement spacieuses.
Par les fenêtres hermétiquement closes défilait la campagne ensoleillée. Tous étaient plongés dans des lectures fort disparates, reflétant la personnalité des uns et des autres : Hubert, dans un polar, Philippe, dans un roman historique, Raïssa, dans une revue féminine. Enfin, presque tous, car Nadja jouait avec un jeu électronique, un dernier-né qui faisait fureur ! Le début du voyage se déroula dans la bonne humeur générale et la dégustation de quelques encas, dans l’attente, pour la jeune fille, du grand moment…
Ce dernier eut lieu une heure plus tard quand se déclencha une sonnerie et que se fit entendre une voix dans les enceintes acoustiques :
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous arriverons dans quelques minutes dans la zone interdite que nous traverserons à la vitesse de quatre-cents kilomètres à l’heure. En cas d’arrêt accidentel du convoi dans cette zone, nous vous prions formellement de ne point quitter votre compartiment.
» Au cas où, pour des raisons indépendantes de notre volonté, il serait toutefois nécessaire de quitter le train, vous devriez alors revêtir la combinaison contre la radioactivité, que vous trouverez au-dessus de votre tête, dans son logement spécifique indiqué par une lumière verte qui doit maintenant se mettre à clignoter. En cas de déficience de cette dernière, vous êtes priés d’aviser sur-le-champ, par le microphone de votre compartiment, le chef de train qui procèdera aussitôt aux vérifications utiles.
» Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, la Direction des transports rapides protégés vous remercie de votre attention et vous souhaite à tous un bon voyage. »
L’annonce fut de nouveau retransmise en anglais :
« Ladies and Gentlemen, in a few minutes we will be entering the restricted zone, through which we will travel at a speed of four hundred km an hour. In the event of an accidental stop of the train in this zone, we ask for you not leave your compartment.
» In the event or an emergency which necessitates evacuation of the train, you must put on the anti-radioactive jumpsuit which is located in a compartment above your heads, indicated by a green light which should now begin to flash. In the event of a defect, please notify the guard using the microphone in your compartment, so he may take the necessary action. »
» Ladies and Gentlemen, we at the rapid railway protected transport thank you for your attention and wish you a pleasant journey. »
*
— C’est comment, une combinaison contre la radioactivité ? interrogea Nadja.
— Je n’en sais rien. Celles-ci, je ne les ai jamais vues ! lui répondit son père. C’est une sorte de tunique, avec un masque bien entendu, et un compteur Geiger.
— C’est comme quand tu jouais, petite, au fantôme avec un drap !…, la renseigna Hubert.
— Ah bon ! dit-elle, perplexe.
*
À l’instant même, venait de s’allumer un panonceau : « Traversée de la zone interdite ». Maintenant, la lumière verte s’était arrêtée de clignoter.
Par la fenêtre, Nadja scrutait l’horizon. Hubert s’était levé et dirigé vers le couloir. Il souhaitait en effet observer les alentours depuis ce dernier…
— Tu viens ? demanda-t-il à sa sœur.
— Non. Je vois aussi bien d’ici !… Je préfère rester assise !
— Et toi, papa ?… Maman ?…
— Oh, ce n’est pas la première fois que nous faisons le voyage !… Nous avons déjà vu ! lui répondirent-ils en chœur.
L’étroit passage desservant les compartiments était empli de gens curieux, avides de sensationnel, disséquant à présent ruines et paysage désertique à travers d’épaisses vitres protégeant des radiations nocives.
— C’est impressionnant ! s’exclama une femme, tout près d’Hubert. C’est la première fois que je le vois ! On m’en avait parlé, mais je ne pouvais le croire !…
— C’était un village, ça ? interrogeait une autre femme, portant des lunettes en écaille.
— Sans doute…, répondait une personne, parmi les curieux. Qu’est-ce que vous voulez que ce soit ? !… Je ne pense pas que ce soient des ruines gallo-romaines !…
Des rires quelque peu retenus traversèrent l’assistance. C’est à ce moment-là qu’émirent de nouveau les enceintes acoustiques ; c’était une nouvelle annonce. Cette fois, elle émanait du conducteur du train :
« Mesdames, Messieurs, nos radars viennent de repérer l’un des deux engins de dépollution et de réhabilitation de cette zone, mis récemment en service. Pour la circonstance, nous ralentirons le convoi au maximum afin de permettre aux personnes qui le désirent de l’observer et de prendre des photos. Une fois que nous l’aurons dépassé, nous reprendrons très rapidement notre vitesse de croisière. »
Cette fois-ci, l’annonce ne fut pas réitérée en anglais.
Le train ralentissait déjà quand reprit la même voix :
« Vous le découvrirez à droite, dans le sens de la marche du train, dans deux minutes environ… »
Les visages se collaient aux fenêtres. Cette fois, Nadja et ses parents s’étaient eux aussi pressés hors du compartiment.
Le convoi arrivait maintenant en vue d’un énorme engin sur chenilles baptisé : « Le Paisible », véritable forteresse roulante dont émergeaient quelques surprenantes antennes ainsi que deux radars. Sur le dessus, les bouches béantes de colossaux canons et plusieurs mitrailleuses. À l’avant, une lame démesurée de bulldozer. Dans son axe, une sorte de lance-flammes. À l’arrière, sur l’un des ponts, une singulière pelleteuse, sur chenilles également. Il y avait encore des rampes de débarquement en acier et tout le matériel adéquat pour sortir, des soutes, de plus légers engins.
À environ quinze kilomètres à l’heure, progressait lentement le mastodonte, précédé d’une étonnante lueur, telle une aurore boréale, le deva
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