Citations de Julien Rampin (371)
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Le cœur , c'est un cimetière qui occupe de plus en plus de place au fur et à mesure qu'on vieillit .
Il se remplit de gens que l'on a aimés et qui chacun leur tour partent .
Les hommes que l'on aime , qui nous aiment .
Que nous laissons .
Qui nous laissent .
Dont on se lasse .
Ils viennent alors s'étendre dans les allées de notre cimetière intime .
Les gens qui changent , qu'on a adorés , à un moment de nos vies , puis qu'on ne voit plus .
Ces amitiés qui disparaissent . Qui , elles aussi viennent s'étendre au milieu de ce qui fut .
Les êtres que nous avons croisés et que nous n'avons pas eu le courage de rencontrer. Comme des étincelles , qu'on n'a pas su laisser s'enflammer.
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Et , évidemment , ces gens qui partent , définitivement .
P.180-181
On peut passer des années à côtoyer des gens qui effleurent à peine ce que nous sommes. Et un matin, on croise quelqu’un qui percute nos ambitions intimes. Fracasse nos millions de carapaces, en un éclat de rire.
Se taire. Après tout, cela ne la dérange pas. Ce silence, c'est aussi leur réconfort. La preuve qu'une amitié est bel et bien née entre eux. Il n'y a qu'avec les êtres chers que l'on peut se taire vraiment, et partager, pourtant, quelque chose de fort.
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Journée ensoleillée .
Journée qui sent l'herbe fraîchement coupée .
Une certaine odeur du bonheur .
Lorsque rien n'est compliqué .
Lorsque le mois de juin offre ses premiers vrais rayons de soleil et que sa langueur pénètre jusqu'à l'âme .
p. 103
Il farfouille dans son portefeuille et dépose, comme à l'accoutumée, un généreux pourboire sur la table. Ce geste, mille fois répété, lui fait apercevoir cette main parcheminée qu'est la sienne et encore une fois, il s'en étonne.
Comment peut-on autant changer à l'extérieur et rester le même pourtant en dedans ?
Les livres sont des messagers.Ils sont porteurs de ce qu'on n'ose pas dire.Ils te parlent de ce que tu ignores de toi- même,et mettent en lumière ces sentiments que tu n'oses avouer à personne.C'est comme ça qu'ils te soulagent.C'est pour ça que parfois,un livre nous transperce et que jamais,jamais, on ne peut l'oublier.Quoi qu'on lise après.
Il y a tellement de façons d'aimer les autres. Ses billets doux, ce sont des saucisses grillées. Ses déclarations, du boudin blanc. Ses câlins, des cookies au chocolat. Il sent bon, son amour. Il fleure bon la cannelle et le sucre caramélisé. Il a le goût des pommes au four. Il a la rondeur d'un gratin dauphinois. Il atterrit dans l'estomac et fait du bien.
Il ne fait pas de bruit, mais il prend au corps. Tout entier.
Il connaissait déjà l'abandon à venir. Maman le lui avait confié en héritage. Papa le lui avait carrément balancé au visage. Il était bien placé pour savoir qu'on ne pouvait pas faire grand-chose avec l'absence. À part apprendre à vivre avec.
Elle aurait dû rentrer plus tôt. Prendre le dernier métro. Le pire. Celui qui n'aura fait qu'effleurer la nuit.
Pourquoi ne sait-on pas vivre au jour le jour sans vouloir posséder l'autre ? Pourquoi ce besoin du genre humain de s'approprier les gens que l'on croit aimer ? Quelle vaste blague !
Aimer. N'est-ce pas justement s'en aller, pour mieux laisser vivre l'autre ? pour ne pas décevoir ?
Paul-Henry jette un coup d'oeil à son compte et ne peut s'empêcher de ressentir une petite fierté mal placée : il a deux nouveaux abonnés depuis hier. Soit un total de deux cent trois personnes qui suivent sa page Paul-en-lit.
Il sait que ça ne devrait pas avoir d'importance, et pourtant, il ne peut s'empêcher d'éprouver une bouffée de plaisir. Un inconnu s'est baladé sur les réseaux, est tombé sur sa page et a eu envie d'y revenir suffisamment pour s'abonner.
Ce n'est rien et c'est immense.
Ce matin, la journée est belle, le soleil brille et Paul-Henry a deux cent trois abonnés.
L'autre con de Paul-Henry, tiens, d'ailleurs, lorsqu'il ne traîne pas son caddie de bouquins poussiéreux, il tient un blog "littéraire". A son âge. Quelle honte ! C'est bien la preuve que quelque chose ne tourne pas rond chez lui.
C’est drôle comme dans les moments importants de nos vies, nous avons tendance à redevenir l’enfant qui sommeille en nous. Cette époque où nos sentiments se lisaient sur notre visage. Lorsqu’on ne dissimulait rien.
On ne devient pas une petite mémé du jour au lendemain. C’est discret, c’est pernicieux, la vieillesse. Ça te grignote le visage et le corps, comme un rat affamé, sans possibilité de te défendre. La vieillesse est un drôle de rongeur avide et implacable...
Ça fait du bien , la vérité, une fois qu'elle ne peut plus blesser personne. Tour le monde s'empresse de raconter mon histoire dans les journaux, mais personne ne la connaît vraiment.
Certains lieux abritent le présent et sont gorgés de souvenirs qui ne demandent qu'à se déverser.
L'existence est drôlement faite quand même. On peut passer des années à côtoyer des gens qui effleurent à peine ce que nous sommes. Et un matin, on croise quelqu'un qui percute nos ambitions intimes. Fracasse nos carapaces en un éclat de rires.
- Tu sais mon coeur, lorsque nous avons décidé de t'avoir, nous nous aimions très fort, ton papa et moi ! C'est pour ça que tu es là. Et si, parfois , les choses changent et que les papas et les mamans se séparent, ils continuent d'aimer pour toujours leur enfant.
Et si des poufiasses de vingt ans en talons aiguilles évitaient de graviter autour de ces fameux papas, le monde ne s'en porterait pas plus mal non plus.
Lucas enlève ses lunettes de soleil et regarde Jeanne dans les yeux.
- Non, sérieusement. Tu as bien fait de quitter Bernard. Tu ne peux pas continuer avec un mec pareil. Il...comment dire...Ah! Oui ! C'est un dandin !
- Un quoi ?
À sa droite, Raymonde pose son livre et éclate de rire.
- Encore une expression de Lucas ! Tu vas t'habituer, ma belle ! Il a créé tout un dialecte bien à lui !
On dit qu'il n'y a pas d'amour, qu'il n'y a que des preuves. Et ses parents ont passé leur vie à être là.