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4/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1989
Biographie :

Julien Syrac, qui vit entre la France et Berlin depuis 2013, est l’auteur d’un premier roman remarqué, "La Halle" (la Différence, 2017).

"Berlin on/off" (Quidam éditeur, 2018) est le second. Il a été finaliste du prix Hors concours 2018 qui récompense chaque année un auteur de littérature de création, francophone et contemporaine publié par un éditeur indépendant.

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"Berlin on / off" de Julien Syrac


Citations et extraits (9) Ajouter une citation
oublie, mangeur,
relève la tête de l’écuelle,
remets-toi à l’échelle

des figures humaines;
rappelle-toi leurs rêves,
leurs voix, leurs lois, leurs haines,

et que tu leur ressembles;
vivre : donner sa tête
au tronc d’un vague ensemble,

tenir à que tout fasse
corps, destin; faire masse,
se savoir emmêlé
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L'habitué est un client délicat, Julien.
[...] L'habitué est redoutable parce qu'il croit te connaître et il veut que tu le reconnaisses.
[...] L'habitué est un susceptible, si tu ne le bichonnes pas, de meilleur ami il devient vite ton pire ennemi.
[...] Pour l'habitué, tu n'es pas un simple vendeur, mais un repère dans son monde, une étape du parcours quotidien, peut-être le moment le plus attendu de la journée.
[...] Pour l'habitué, tu es un être précieux, une figure rassurante qui flatte son besoin de trouver les choses à leur place.
[...] Si tu ne reconnais pas l'habitué, si tu le traites comme un client ordinaire, sans un petit mot gentil, sans une allusion à sa nouvelle coiffure ou à ses vacances dans le Sud, tu ébranles une série de certitudes, tu brises un cœur.
[...] L'habitué croit qu'il est ton seul client. Sa naïveté est immense, c'est là qu'il est émouvant. C'est l'homme qui va au bordel pour s'entendre dire je t'aime.
[...] Le drame, Julien, c'est que tu t'habitues aux habitués. C'est toi qui finis par les attendre.
[...] Tu les attends parce que tu as besoin, dans le vertige solitaire de ton numéro de clown, de t'accrocher à quelques têtes familières dans le public.
[...] Tu t'attaches à ces habitués qui viennent t'applaudir chaque jour, et tu finis par croire que ces applaudissements sont de l'amour.
[...] Ta naïveté est immense, c'est là où tu es émouvant. Tu es la prostituée qui attend qu'on lui dise je t'aime.
[...] Le drame, Julien, c'est qu'il n'y a aucun amour là-dedans.
[...]C'est juste un boulot de con mal payé.
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La librairie Rouge est comme un aquarium. Encastrée à l’entrée sud-ouest de la Halle, un petit écrin rectangulaire derrière une grande baie vitrée, entièrement visible depuis la rue. Entre le présentoir en vitrine, une table centrale et la grande étagère d'un seul tenant qui couvre tout le mur, Alma Constanza évolue en apesanteur, au vu de tous, comme un poisson rouge dans son bocal. Elle disparaît accroupie sous la table, puis se redresse, découverte jusqu'à mi-cuisse, ses lunettes d'écaille posées à l'avant du nez, les cheveux ramenés en chignon au dessus de la nuque, puis s'élève, montée sur l'escabeau de bois, vers les rayonnages supérieurs, les mains gantées de blanc - les livres sont des nids à poussière -, se penche en avant, les bras nus dépliés vers l'étagère, discrète flexion des lombaires qui n'entame pas la rectitude du dos, alors la jupe fendue d'Alma se relève, et pour qui regarde depuis la rue, dans un infime interstice entre le haut des cuissardes en latex vermillon et la frange noire de la jupe, s'esquissent, le temps d'une seconde, les plus belles jambes de la Halle, de Marrec et du monde. Puis Alma Constanza descend de l'escabeau avec un livre et retourne s'asseoir derrière son bureau en bois, sur un tabouret de pianiste, plus basse que les clients qui font semblant de déchiffrer la tranche des livres sur les étagères en attendant que se lèvent vers eux les yeux d'Alma Constanza. L'accroche tant espérée qui les autorisera, un livre quelconque à la main, à s'approcher de la libraire pour lui poser une question que depuis des semaines ils tournent et retournent dans leur tête jusqu'à lui avoir donné la tournure idéale qui, le moment venu où ils oseront enfin la poser, leur permettra, pensent-ils, de briller aux yeux de la libraire qui ne relève pas les siens. De quelle couleur sont ceux des renards ? Tout le monde a des yeux mais Alma Constanza est la seule qui s'en sert pour voir.
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Avec le gaz du mousseux, les hormones se libèrent. l'heure de la curée sonne dans la savane. Michel est le premier à sentir l'appel : comme dans les meilleurs documentaires animaliers, le petit chauve, tapi dans les casseroles, suit l'avancée d'un prédateur formidable à neuf heures. Tous les mâles de la Halle se sont alignés sur sa mire, Mirko, Djihad Potiron, Petar, les avinés du Napoli, yeux béants, bouche bée dans une seule direction. Je suis les flèches en connaissant déjà la cible : Alma Constanza vient d'entrer dans la Halle.
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L'aliénation, dirait Avi. Toi et moi, Julien, faisons un travail fondé sur la répétition. La répétition est aliénante parce que faire mille fois par jour la même chose, ce n'est pas avoir fait mille choses, mais une seule neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fois de trop. Nos journées sont pleines de vide à ras bord, Julien. Nous sommes de grands tonneaux des Danaïdes dans lesquels tout le monde pisse sans fond. Ça nous glisse dessus, Panta rhei, mais on ressort sali.
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Les aéroports en général sont des lieux exaspérants et infiniment apaisants. Mélange de la stupidité la plus en pointe, du consumérisme le plus débile, des peurs sécuritaires les plus oppressives et des émotions les plus universelles, larmes d’adieu et rires de retrouvailles, angoisse de l’attente des départs et des retours, dans un décor de carton-pâte, particulièrement neutre et sordide à l’aéroport de Berlin Schönefeld.
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Oui, modèle de nu n’est jamais que l’une des interminables ramifications du grand tunnel de la misère, juste avant l’embranchement vers le bordel et le trottoir, live ou online. Jamais qu’une des cent mille têtes grimaçantes de l’Hydre des petits salaires, qu’une façon comme une autre de faire l’acrobate sur le gibet des fins de mois, avec néanmoins l’honnêteté d’être effectivement à poil.
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Il dit que la ville est une machine à te prendre, te recracher, t’oublier, qu’on n’y bâtira jamais rien, que vouloir y laisser une trace est absurde, qu’au mieux ça donne une de ces pathétiques photos en noir et blanc comme il y a à l’entrée de la Halle à côté du panonceau Histoire de la Halle de Marrec. Alors autant être une petite fleur, faner et mourir, mais avoir eu des couleurs.
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Quand Alma Constanza porte le verre de vin à ses lèvres, elle est toute entière une bouche qui s'ouvre.
[...] Quand Alma Constanza du bout de ses gants blancs prend un livre, elle est toute la main, le mouvement des doigts qui se ferment sur la couverture, le grain des feuillets de la tranche, la rotation souple du poignet, le soyeux du gant.
[...] Quand Alma Constanza se lave les mains, on rêve d'être un savon. Quand Alma Constanza fume, on rêve d'être une Gauloise. Quand le rouge des lèvres d'Alma Constanza rencontre le rouge du vin, tous les rêves deviennent rouges.
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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