AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de celinomane


Le jour est tombé. Un noctilien N63 passe près de nous. « Mada », son corail rouge, elle n'a pu le ramener avec elle dans la circulation froide de Février, la ville qui semble comme irréelle, comme enfuie, avec ses petites silhouettes indéfinissables à la Marquet, sous les arches du métro, les tours sans fin. Elle ne l'a pas laissé derrière elle. Il a suivi une lente trajectoire qui est celle du poème, dans un glissement vers les lagunes du silence, quand on ne confond plus les choses avec leur nom. Les paroles ne sont plus tendues comme des filets sur le monde pour mieux en agripper les choses, une par une, et ainsi le dédoubler. Pour mieux le faire vivre face à l'éternité aussi. Il faudrait sans doute laisser le souvenir de ce qui a été vécu pour que les mots se lèvent vers l'île à reflets bulles et sur les célestes vertèbres de l'indicible se mettent à espérer l'oubli de l'oubli. Ne plus affirmer sa pesanteur heureuse, ne plus penser à l'eau nue, presque rouge comme le soleil perché sur les branches, et la terre, et le vent irrésolu, les remplacer par un langage qui soit l'analogie de tout ce qui a été – et doucement commence à s'éteindre, déjà une lente dispersion débute qui dans le devenir visible du ciel a amené le jour, l'attente du premier mot, l'origine cosmogonique du monde, sa forme océane et son ombre de tuiles blanches.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}