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Critiques de Julien L`Apostat (7)
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Défense du paganisme

Le monde romain a changé officiellement d'univers religieux au IVe siècle. On est passé du paganisme au christianisme. Le paganisme a survécu dans les campagnes de manière dégradée jusqu'à très récemment. Il a donc fallu des siècles pour qu'il meure. Il en fallut également plusieurs autres pour que la nouvelle religion s'impose comme culte principal. Ce fût des siècles de lente conquête que cette progression lente très longtemps cantonnée aux milieux populaires. le moment de bascule fut le règne de Constantin, empereur romain d'orient qui en fit la religion officielle tout en commençant d'en façonner l'orthodoxie structurelle. Ainsi les temples sont fermés et l'école philosophique d'Athènes également . Julien lors d'un règne court et prometteur se lançait dans une restauration. Ce fut un règne bref et un échec mais le paganisme reste vibrant pour des siècles encore. Païen vient de paganus donc de paysan et la mythologie païenne sert encore à vendre du fromage de nos jours . Sans parler des kilomètres de peinture classique et de tragédies haut-lieux de la littérature française. Ce texte est un exemple païen d'arguments qui s'efforcent d'invalider la religion chrétienne. L'auteur connaissait très bien son sujet et il s'appuie sur la philosophie païenne et sur la religion hébraïque qui au yeux de ce romain est antique. C'est un texte assez facile à aborder dont la lecture porte un autre son de cloche que celui des pères de l'église ou que celui celui des conciles médiévaux de l'église qui luttent encore pieds à pieds avec le paganisme rural en plein moyen-âge, par exemple Latran IV,1214.

C'est aussi un texte émouvant à lire car il enseigne que l'on ne refait pas l'histoire quand elle est déjà faite n'en déplaise aux romantiques.

Plus que sur les arguments de Julien, je me suis étendu ici, sur la dynamique historique qui environne sa tentative de renverser le sens l'histoire. Je conclue en soulignant que la philosophie antique et païenne a subjugué le christianisme, l'islam et le judaïsme et qu'elle a aussi solidifié et façonné des concepts théologiques qui sont à la base des théologies des religions du livre encore actuellement et donc non , Aristote n'est pas encore mort même si la messe est dite.

Et enfin n'oublions pas que les Trolls stoppent encore avec succès la délivrance de certains permis de construire en Islande (sourires). N'oublions pas également que l'antique Panthéon à Rome, à peine christianisé est toujours splendidement debout alors que les caissons de ses plafonds nous offrent encore un ciel antique.
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Défense du paganisme

Julien l'Apostat est le neveu de Constantin 1er, premier empereur à se convertir au christianisme. Bien qu'élevé lui aussi dans cette religion et baptisé, il reviendra au paganisme et aux philosophes.



Dans ce pamphlet, il s'attaque donc aux « Galiléens » : il critique notamment le manque de respect des règles juives dont ils se disent les descendants, et les récits de la création du monde, qu'il considère comme des fables absurdes. Il leur oppose souvent la philosophie de Platon.



Julien s'étonne aussi qu'un Dieu tout-puissant se soit particulièrement occupé d'un peuple qui n'a eu aucun rayonnement comparé à l'Empire roman, preuve que les dieux romains sont bien plus efficaces quand il s'agit de protéger leurs fidèles.



Le document que j'ai lu (et disponible en ligne à la Bibliothèque Nationale de France) contient également des commentaires du Marquis d'Argens, « pour servir d'éclaircissement au texte et en réfuter les erreurs ». On y apprend également que la conservation du texte a été réalisée par des Pères de l'Eglise, ce qui ruine un peu l'idée de la quatrième de couverture de l'édition moderne, « La postérité chrétienne cherche à effacer ce texte » (mais enfin, un livre qu'on a cherché à détruire doit se vendre mieux qu'un livre qui n'a juste plus été édité depuis longtemps).



Les commentaires du Marquis m'ont finalement plus intéressé que le texte de l'empereur. Il défend le christianisme de manière peu convaincante : d'abord, en tombant sur des arguments qu'il a du mal à réfuter, il se félicite que l'Église ait interdit aux fidèles de lire la Bible, de peur qu'ils n'y trouvent « des questions qui seraient plus capables de les scandaliser que de les instruire » et « du danger de mettre entre les mains du peuple, un livre dont on peut faire un usage très dangereux, si l'on est pas conduit par l'autorité d'un juge qui nous apprenne comment nous devons croire et expliquer ce que nous y trouvons d'obscur, voire même d'inintelligible ». Puis, il accepte que les conclusions de Julien soient entièrement justes s'il se base uniquement sur la raison (mais se baser sur la raison est une grossière erreur), tout en regrettant qu'il n'ait pas la foi suffisante pour accepter comme des vérités des histoires sans queue ni tête.



Un texte intéressant pour le côté « histoire des religions » : on y apprend que les premiers chrétiens croyaient que les anges se baladaient sur Terre, avaient des relations charnelles avec des mortelles, ce qui a engendré une race de Géants. Au 18è siècle, à l'époque du Marquis, on évite les sciences, on évite de lire les textes, de peur d'avoir les idées embrouillées, et on se base uniquement sur sa foi et la doctrine du magistère, même si c'est parfois compliqué : « On voit la doctrine des Pères être souvent différente d'un siècle à l'autre : ils expliquaient diversement certains passages obscurs, selon les opinions qu'ils avaient à combattre. Cela rend encore plus difficile le véritable sens de ces passages. »
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Défense du paganisme

Contre les Galiléens, ultime tentative d'un monde soucieux de lui-même et de sa relation à la Nature pour lutter contre cette croyance orientale qui mettra à mort ses prêtres, anéantira ses temples, réduira à rien ses traditions, et parodiera son système social.

Julien l'Apostat est né chrétien, est devenu ce que l'on appelle vulgairement, de façon presque insultante et de toutes façon réductrice, un païen.



Le païen, c'est le paysan crasseux, que l'on oppose au chrétien urbain. Le païen, pourtant, c'est celui qui respectait la nature qui l'entourait, et qui en tirait les fruits sans nuire à l'équilibre précaire de celle qui le nourrissait et lui donnait de quoi s'abriter des éléments. Julien avait bien compris le danger que représentait le christianisme pour ce mode de vie, et s'est attaqué de front à cette religion orientale forcément suspecte, car provenant d'une région déjà instable et chaotique.



Autant plaidoyer que réquisitoire, Contre les Galiléens pointe du doigt les incohérences, les contradictions, les concepts invraisemblables de cette religion chrétienne naissante, encore hésitante et divisée par les luttes de pouvoir plus que par les conflits intellectuels.

S'attaquant aux hommes plutôt qu'au prophète-dieu, Julien démontre avec élégance et habileté la corruption des disciples et des apôtres, leur incapacité à s'entendre, et à s'accorder sur ce qu'ils ont vu, entendu, ressenti, comme cette généalogie soucieuse de relier le Christ au légendaire David par le biais de Joseph, simple père adoptif d'un enfant créé par la volonté divine dont le sang prétendu royal ne pouvait donc couler dans les veines de Jésus fils-de-Dieu. Pire, cette généalogie diffère selon l'auteur, comme si elle avait été inventée de toutes pièces...

Des dizaines d'exemples et d'analyses démontrent l'incohérence de cette religion que Julien percevait comme une menace à l'ordre social de l'Empire romain, à juste titre: à sa mort, le christianisme prendra définitivement le pas sur les anciennes religions, les anéantissant systématiquement, les remplaçant par son culte de l'après-vie et de l'attente d'une vie meilleure.

Les Cultes de la Vie contre le Culte de la Mort et de la Procrastination...
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Oeuvres complètes, tome I-2 : Lettres

Présenté dans une version bilingue, grec et français, ce corpus de lettres écrites par l'empereur Julien, qui régna effectivement de 361 à 363 (il meurt en Perse en luttant contre le Sassanide Shapur II) a le double avantage de mettre en lumière une période historique relativement peu connue (ce qui ne signifie pas "peu étudiée") et de donner à lire, dans une version authentique et spontanée, les pensées d'un homme d'Etat traversé par les troubles religieux de son temps.

Julien est resté connu, pour les chrétiens, sous le qualificatif d'apostat, c'est-à-dire de celui qui a renié sa religion : en l'occurence, le christianisme. Après le massacre de sa famille par ses cousins (fils de Constantin), Julien est élevé par Eusèbe de Nicomédie dans le respect des Evangiles. Mais redécouvrant le paganisme lorsqu'il devient un jeune homme (aux alentours des années 351-354), Julien se fait alors le protecteur de la tradition polythéiste romaine et tâche de contenir, sans pour autant céder aux sirènes des persécutions, les mouvements contestataires chrétiens.



Lire les lettres de Julien, c'est entrer dans l'intimité morale et philosophique d'un homme qui vécut voilà plus de mille six cents ans. Si ses charges contre les chrétiens sont parfois virulentes (ainsi il s'oppose à l'inhumation des morts en pleine journée ou bien il s'interroge sur l'existence des bienfaits procurés par Jésus. Tandis qu'en révérant Hélios, c'est-à-dire le soleil, on peut déjà constater son existence et son action bénéfique), il n'en demeure pas moins que Julien semble être toujours marqué par son éducation. Dans plusieurs de ses lettres transparaissent certains des principes chrétiens, dont la charité due aux pauvres, dont il veut draper les prêtres païens. Sa connaissance du christianisme - on se rappelle qu'il écrivit aussi un traité, Contre les Galiléens - lui permet, en outre, de manier l'ironie : ordonnant la saisie des richesses de chrétiens d'Edesse, il argue que, ainsi dépouillés, ils n'en atteindront que plus facilement le Paradis.



Homme d'Etat, il tâche aussi d'éradiquer les violences inter-religieuses tout en se heurtant à l'intransigeance des chrétiens. Les lettres montrent l'évolution de l'attitude de Julien. D'abord tolérant, il montre ensuite de sérieux signes d'agacement, constatant son isolement de plus en plus fort (notamment à Antioche). Ainsi se pose-t-il en arbitre des violences pour la cité de Bostra, tout en conseillant à la population de se débarrasser de son évêque. Vis-à-vis d'Alexandrie, il se montre tantôt paternaliste (il ne condamne pas l'assassinat de l'évêque Georges), tantôt autoritaire (il exige l'exil d'Alexandrie et de toute l'Egypte de l'ancien évêque, Athanase). C'est qu'il veut ménager la cite hellénistique, oeuvre d'Alexandre le Grand, lui qui parle mieux le grec que le latin et destine nombre de ses lettres à des philosophes grecs. Dans ces lettres, Julien ne s'y montre pas que rhéteur : il est aussi un ami fidèle qui récompense et qui invite, qui donne même de lui-même (dès la première lettre, il offre une propriété en Bithynie).



Tout à la fois témoignages historique et philosophique, les Lettres de Julien sont aussi les marqueurs d'un monde qui change. Le paganisme affiché de Julien est trop tardif : le christianisme a déjà conquis non seulement les territoires, mais aussi les mentalités.
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Défense du paganisme

La montée en puissance du christianisme suscita parmi les intellectuels gréco-romains des réactions, et parfois des ouvrages de réfutation hostiles à la nouvelle foi aux II° et III°s. Aucun de ces ouvrages ne nous est parvenu entier, mais l'on doit au patriarche d'Alexandrie Cyrille les ruines et fragments du texte que Julien, l'empereur Julien, écrivit contre la nouvelle religion. Julien, qui vécut et régna peu, fascina les deux mille ans qui suivirent son court passage sur terre : il suffit de consulter la bibliographie à lui consacrée pour s'en convaincre. Sauvé du naufrage de la culture antique par les chrétiens byzantins qui admiraient son style et recopièrent presque toutes ses oeuvres, étudié et réédité de la Renaissance au XVIII°s par tous ceux qui tentaient de promouvoir une critique du christianisme, il est encore aujourd'hui le sujet d'innombrables biographies, romans historiques et autres essais.



Sa critique de la religion chrétienne, il faut le dire, tombe à plat. Il y voit une superstition locale de Galiléens incultes, à l'époque où les plus grands esprits et auteurs de langue grecque illustrent de leurs oeuvres la nouvelle foi. Cette religion a conquis l'universalité de l'empire, la paideia grecque, la civilisation, et rappeler ses origines modestes n'est plus un argument efficace. Julien cherche à dévaloriser la nouvelle foi en la présentant comme une hérésie juive, en faisant l'apologie du judaïsme au détriment du Christ et des apôtres. Mais il connaît si mal le judaïsme que sa comparaison tombe elle aussi à plat. Tout ce qu'il trouve à dire de bon sur les Juifs est qu'ils sont fidèles aux traditions de leurs pères, même s'il les trouve lui-même absurdes ou barbares. C'est peu... Et le lecteur moderne ne partagera pas son horreur des créations spirituelles innovantes (d'ailleurs Julien ne se priva pas de réformer le paganisme). Beaucoup de reproches qu'il fait à la nouvelle religion retombent sur l'ancienne, celle des Juifs qu'il prétend louer aux dépens de celle des chrétiens. Enfin, une autre série d'arguments anti-chrétiens ne font que révéler l'étroitesse ethnocentriste, le complexe de supériorité du Gréco-romain sur les "barbares". Si l'ethnocentrisme est difficile à éviter à l'époque de Julien, il ne saurait servir d'argument pour prétendre à l'universalité, aux yeux du lecteur d'aujourd'hui.



Telles sont les faiblesses de ce traité de Julien. Significativement, ceux de Celse, de Porphyre, autrement plus percutants et efficaces, ne nous sont pas parvenus. Cette chance est échue au plus maladroit d'entre eux, qui fut pris au sérieux car c'était l'oeuvre d'un empereur. Mais Julien est un bon tremplin pour le rêve : sa personnalité est attachante, et il nous conduit naturellement vers les fantasmes de l'uchronie. Ceux qui cherchent des critiques pertinentes du christianisme liront Nietzsche.
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Défense du paganisme

La lecture de ce texte fragmentaire est instructive et utile, car il ne nous reste plus rien des ouvrages de polémique anti-chrétienne des auteurs antiques. Au-delà de cet intérêt documentaire, on ne trouvera pas grand chose d'intéressant pour un moderne dans ce petit livre, car les valeurs helléniques classiques au nom desquelles Julien attaque le christianisme sont elles-mêmes mortes pour nous et sans beaucoup de pertinence. Les autres oeuvres de Julien, surtout les lettres, sont bien plus belles et frappantes. En revanche, ses discours (tout est traduit dans la collection Budé) sont pesants et n'ont été conservés par les Anciens que pour la beauté de la langue.
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Oeuvres complètes, tome I-2 : Lettres

Les abondants écrits de l'empereur Julien auraient dû disparaître avec lui, quand sa réaction païenne et son éloignement de l'église prirent fin avec sa mort prématurée en Mésopotamie. Mais on sous-estime toujours, dans les milieux anti-religieux, la tolérance des chrétiens : ceux-ci, tout au long des siècles médiévaux de l'empire byzantin, ne cessèrent de recopier ses lettres, pour les transmettre aux humanistes italiens quand les Turcs interrompirent la culture grecque. Pourquoi ce respect ? Il est dû aux qualités d'écrivain, de prosateur et d'épistolier que l'on reconnaissait à l'empereur apostat, qualités littéraires qui le sauvèrent de l'oubli où il aurait pu tomber dans d'autres cultures moins férues de beauté et plus fanatiques. Le tome I de cet ensemble est consacré aux lettres écrites par Julien quand il est associé au pouvoir sous le titre de César, le second quand il règne seul sous le titre d'Auguste. Tous les aspects de sa vie sont évoqués ici, et c'est l'occasion unique de faire la connaissance d'un homme hors du commun et d'un grand vaincu.
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