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Critiques de Juliette Morillot (65)
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La Corée : Chamanes, montagnes et gratte-ciel

L'historienne et romancière Juliette Morillot a vécu en Corée. Elle nous fait partager sa passion pour un peuple attachant dont le caractère s'est forgé au cours d'une histoire tourmentée. Elle est aussi l'auteure de "La Corée : Terre des esprits". Dans cet ouvrage "La Corée : Chamanes, montagnes et gratte-ciel" elle évoque de nombreux aspects de la société coréenne, de sa culture et de son histoire. Une société souvent méconnue et pleine de contrastes où la morale confucéenne, avec son respect de la hiérarchie et du clan, sert de ciment social. Si le pays s'est ouvert à la société de consommation, les coréens recourent cependant encore à des chamanes, le plus souvent des femmes, dont les rites ont le pouvoir d'apaiser la colère des esprits. Un livre tout à fait passionnant et j'espère pouvoir lire aussi les romans de Juliette Morillot.
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Les larmes bleues

L’histoire d’une jeune femme, prétexte de saisissants tableaux de la Corée du vingtième siècle.



C’est sur une île de lépreux qu’est né la petite fille et, pour ceux qui ont lu, « L’île des oubliés » de Victoria Hislop était un paradis comparé aux conditions de vie dans cette île de Sorokto. L’enfant n’est pas lépreuse, elle y vit dans un orphelinat, ne pouvant voir sa mère malade qu’une fois par mois et seulement à distance, mères et filles séparées étant par la route.



Seungja réussira à s’évader et se joindra à un boucher de chien, un paria à cause de son métier sanguinaire, mais un homme dont on achète volontiers les produits. La viande de ces animaux est d’ailleurs encore consommée aujourd’hui en Corée et l’auteure nous met en garde : « La critique unilatérale de la culture d’autrui est contreproductive » et elle nous invite à visiter les abattoirs de nos propres territoires avant de juger les autres.



La jeune femme quittera la campagne, vivra avec des étudiants, discutera de philosophie et pourrait même être adoptée par une famille pour remplacer un enfant illégitime qui ressemblerait trop à son père américain.



En plus des destinées humaines, c’est aussi l’histoire du pays qui est esquissée, l’occupation japonaise, la Guerre de Corée, les frères qui se battent entre eux, les exodes, l’armée américaine et l’espoir de réunification du pays.



Un roman surprenant, qui permet de découvrir des facettes d’un pays énigmatique.

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Les orchidées rouges de Shanghai

Un destin de fille-femme sous fond de guerre sino-japonaise et de folie meurtrière.



Sangmi est une jeune fille de 14 ans qui aime étudier quand elle est enlevée par des soldats japonais à la sortie de l’école et enrôlée de force en tant que « femme de réconfort » pour l’armée japonaise. Elle connaîtra les pires cruautés, quittant la Corée pour la Mandchourie, puis la Chine, Singapour, Java, la Malaisie, pour finir à Hiroshima. Qu’adviendra-t-il d’elle lors de la reddition japonaise ?



Ce roman est éprouvant tellement il recèle d’horreurs inimaginables, de barbaries indicibles et de sauvageries sans nom ! L’auteur nous les expose sans préavis, nous les décrit sans pudeur afin de témoigner de cette page d’Histoire si souvent tue, méconnue.

Elle nous dépeint un portrait de fille-femme hors du commun que sauvent plus d’une fois ses études en langues étrangères et sa force de caractère. Chez Sangmi vibre une puissante envie de vivre, de s’en sortir, de résister, alimentée par une haine tenace contre l’ennemi qui lui a tout pris, à commencer par son enfance.

Ce personnage me semble tout de même bien robuste et endurant face à tout ce à quoi elle doit faire face :

les viols innombrables et répétés des années durant, les conditions d’hygiène, les maladies (peste, radiations médicales, bombe atomique, paludisme), un avortement, les traversées à marche forcée de la jungle malaise, le froid insoutenable dans la neige, la famine, les blessures de torture…

Il est difficile de croire qu’une seule et même personne ait pu revenir de tout cela.

La plume de Juliette Morillot nous plonge pourtant pleinement dans ce monde asiatique aux heures les plus sombres, et sait en dégager aussi les beautés. Elle nous dévoile avec précision les parfums et saveurs, les bruits, les couleurs, les atmosphères. Les paysages en deviendraient presque enchanteurs. Certaines pages sont une ode à l’amour de la Corée. Sa connaissance de l’Asie nous apprend à discerner les menues différences, à peine perceptibles à un œil occidental, entre les Coréens, les Chinois, les Japonais.



Un roman violent au cœur d’une page d’Histoire.

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La Corée du Sud en 100 questions

Saviez-vous que les premières planches à imprimer en bois le furent au VIII siècle en Corée ?

Les coréens mangent-ils vraiment du chien ?

Saviez-vous que les golfeuses coréennes sont les meilleures au monde, que les coréens boivent 2 fois plus d’alcool que les russes, qu'une importante communauté coréenne vit à Cuba ?

Avez-vous déjà entendu parler des "femmes de réconfort" ?

Connaissez-vous le chamanisme coréen ?



Cet ouvrage répond à toutes sortes de questions concernant la Corée du Sud, qu'elles soient d'ordre historiques, politiques, sociologiques, géographiques, religieuses ou même anecdotiques.

J'ai appris beaucoup de choses en lisant cet ouvrage qui se découpe en 100 questions, chacune d'elle étant développée en 2 à 3 pages maximum.

Un ouvrage qui permet de brosser un large panorama de ce pays, sans être trop compliqué pour autant.
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Les orchidées rouges de Shanghai

CHALLENGE PAVES 2015/2016 (15/15)



Cette lecture a été une véritable découverte (en même temps qu'une claque terrible) d'un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas. L'auteure, Juliette Morillot, journaliste, connait bien la Corée. Elle s'est inspirée ici d'un témoignage réel. C'est à travers le personnage de Sangmi, qu'elle va retranscrire, en les romançant, les confidences qu'elle a recueillies.



Sangmi est coréenne et vit dans une famille d'intellectuels plutôt aisés. Elle fuit la froideur de son père, professeur de médecine, dont les idées politiques se rapprochent du pouvoir en place (la Corée a été annexée par le Japon en 1910). Elle oublie aussi l'indifférence de sa mère, dont elle ignore la raison, dans l'affection de ses grands-parents maternels, qui eux haïssent la domination étrangère. Après un incident où elle a tenté de noyer la maitresse de son père, elle est placée comme aide dans une famille de pêcheurs. Une visite de son grand-père lui révèle qu'en fait elle est le fruit d'un amour de jeunesse de sa mère avec un diplomate français, à l'époque en poste à Séoul, dont il a refusé le mariage. Toute sa vie, cet aveu justifiant le manque d'amour de ses parents comme son physique atypique de métis, va la poursuivre. Mais le destin n'a pas fini d'être cruel. Alors qu'elle a 14 ans, en 1937, elle est enlevée à la sortie de l'école, pour être enrôlée sous le matricule 2444 dans l'armée japonaise, en tant que "femme de réconfort". Comme des milliers de consoeurs, elle va être utilisée comme esclave sexuelle auprès des soldats japonais en pleine conquête de l'Asie et c'est son périple à travers la Mandchourie, la Chine, la Malaisie que le lecteur va suivre, périple qui va se finir sous les décombres d'Hiroshima, anéanti par les bombes américaines.



J'ai découvert à travers ce récit les atrocités commises par les Japonais pendant la première partie du XXième siècle, notamment le fait, qu'à l'image des nazis, eux aussi avaient leurs camps d'expérimentations humaines. Je suis restée ébahie par la force de caractère de cette jeune adolescente, qui avec le désir de retrouver son père, lui a permis de faire face à l'horreur. Des bordels à soldats de Mukden à la prostitution de luxe à Shangaï, ses pas la conduiront malgré tout à de belles amitiés, des amours éphémères, des protections inattendues mais aussi à la haine d'un officier humilié. Ce récit d'un réalisme sordide, et c'est le tour de force de l'auteure, ne se départit pas de poésie à travers des descriptions d'odeurs, de couleurs, de saveurs foisonnantes. J'ai en mémoire notamment les images de la cueillette du thé dans les jardins de Boh où les parfums sont aussi enivrants pour l'odorat que la vision des saris colorés pour les yeux.



Ce roman-témoignage absolument bouleversant est un hommage à toutes ces femmes totalement oubliées par L Histoire que le gouvernement japonais a refusé de reconnaitre. 18/20 pour ce devoir de mémoire.
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La Corée du Sud en 100 questions

Cet essai consacré à l'histoire et à la société de la Corée du Sud fait son job, du moins quand comme moi on est à la recherche d'une vue rapide et globale sur ce pays.



Le format "en cent questions" n'est pas dérangeant car l'auteure suit avant tout la chronologie, ce qui donne une continuité logique.



Devenu, comme beaucoup d'entre nous, amateur de séries coréennes et perdu devant des coutumes et des valeurs que je pense éloignées de celles de l'occident, j'ai trouvé beaucoup de renseignements utiles dans cet essai.



Ce que je reprocherais, ce sont les redites d'une question à l'autre. Notamment dans les notes, qui reprennent systématiquement les références des questions connexes, ce qui alourdit un peu le propos.
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Evadés de Corée du Nord. Témoignages

Juliette Morillot et Dorian Malovic sont deux journalistes spécialistes de l’Extrême Orient.

Ils parlent parfaitement le chinois et le coréen. Ils ont réussi à s’introduire dans ce pays combien fermé qu’est la Corée du Nord et ils ont parcouru aussi les provinces chinoises limitrophes.

Ils offrent ici une enquête inédite à travers multiples témoignages recueillis sans intermédiaire.

C’est le quotidien des Coréens du Nord qui défile ici, dans ce pays qui représente la dictature communiste la plus fermée du monde, qui suscite crainte et curiosité.

300 000 Nord- Coréens ont déjà fui ce système. Tous ont vécu la peur des arrestations sommaires, les séjours dans les camps de « rééducation ».

Les difficultés de la vie au jour le jour sont évoquées aussi à de nombreuses reprises : manque de nourriture, coupures d’électricité, absence de chauffage…

Un témoignage poignant qui nous éclaire sur ce pays tellement mal connu.

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Les orchidées rouges de Shanghai

Les orchidées rouges de Shanghai raconte le destin tragique de Sangmi, jeune coréenne de 14 ans dont le seul tort a été de se faire remarquer en étant bonne élève, ce qui a conduit à son enlèvement par des soldats japonais. Emmenée en Mandchourie, elle deviendra une "femme de réconfort", emprisonnée dans une maison close destinée aux soldats japonais. Son destin semble alors irrémédiablement lié à celui de l'armée nippone, qu'elle suivra au fil de sa conquête de l'Asie.



J'ai tout d'abord beaucoup apprécié cette lecture de par la finesse et le soin que met l'auteur à décrire la vie quotidienne en Corée dans les années 30 et à brosser le portrait de son héroïne, rejetée par ses parents et mise en pension dans un petit village de pêcheurs du Sud de la Corée. La description de l'occupation japonaise, puis de l'enlèvement de SangMi par les japonais et du voyage des jeunes et très jeunes filles kidnappées jusqu'à la Mandchourie, sans que celles-ci se doutent une seconde du sort qui les attend (les japonais leur ayant fait miroiter le fait de s'exiler en échange d'un travail bien rémunéré) est glaçante et nous replonge avec horreur dans ces événements pas si lointains et gardés secrets si longtemps. On sent que l'auteur connaît bien son sujet, l'histoire de la Corée et du Japon et les petits détails de la vie quotidienne qui rendent son récit très réaliste et attachant.



Malheureusement la deuxième moitié du livre m'a complètement perdue. Après la Mandchourie, SangMi est d'abord envoyée à Shanghaï où elle va vivre mille aventures, passant de la maison close pour soldat à une histoire d'amour / haine avec son protecteur japonais qui lui fera côtoyer la bonne société shanghaienne de l'époque. Même si cela commence à faire beaucoup, cette partie sonne encore très juste de par sa plongée dans le contexte historique et dresse un portrait vibrant de la ville de Shanghaï et du contraste entre la pauvreté, les horreurs de la guerre et la vie privilégiée des riches et des colons qui ont choisi de fermer les yeux sur ce qui se passe autour d'eux. C'est après que ça se gâte : d'aventure en rebondissement, de coups du sort en retournements de situation fort opportuns, le personnage de SangMi semble n'exister que pour permettre à l'auteur de dresser un compte rendu exhaustif de toutes les horreurs de la guerre et des exactions de l'armée japonaise. Au fil des pages, on passe par un camp de prisonniers, on découvre les expérimentations menées par les médecins japonais sur leurs captifs, on fait un petit détour par la Chine qui lutte contre l'occupant nippon, puis c'est reparti pour la conquête de Singapour par l'armée japonaise, puis toujours plus loin à Java et dans les îles du Pacifique... Et au milieu de toutes ces horreurs, notre héroïne trouve le temps de tomber amoureuse plusieurs fois (d'hommes ou de femmes, c'est selon) et sauve miraculeusement sa vie même dans les pires dangers ou quand elle est proche de la mort, y compris par des rebondissements assez invraisemblables et cousus de fil blanc.



Comme en plus cette partie n'échappe pas à de nombreux clichés (ah la description de la population malaise avec les "Malais au regard jaloux", les "Chinois gras et rusés" et les "Sikhs racés, enturbannés de blanc et prêts à brandir le sabre qui défend leur honneur"), j'ai eu vraiment du mal à m'accrocher et à finir ce roman qui m'a paru de plus en plus agaçant et a fini par franchement m'énerver avec son final encore plus rocambolesque que le reste. Dommage de rester sur cette mauvaise impression, d'autant que l'auteur semble s'être inspirée au départ d'un témoignage réel : je retiendrai donc plutôt de ce roman sa première partie et la description d'une partie de l'histoire coréenne-japonaise qui a longtemps été tenue cachée malgré le fait qu'elle ait irrémédiablement brisé la vie de milliers de jeunes femmes.
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Les orchidées rouges de Shanghai

Âmes sensibles, s'abstenir!



Les orchidées rouges de Shanghai cache sous son titre digne de la série Harlequin un puissant témoignage de la Corée sous la domination des Japonais, plus particulièrement l'enfer des "femmes de réconfort" coréennes, enlevées pour travailler dans des bordels réservés aux soldats japonais durant la seconde guerre mondiale.



La narratrice nous entraîne de sa Corée natale, aux centres d'expérimentation de Mandchourie (unités de sinistre mémoire qui n'avaient absolument rien à envier aux tortionnaires d'Auschwitz) et à Hiroshima.

L'auteur, spécialiste de la Corée, met en scène des moments très durs, révélant une facette très noire du Japon impérialiste de la première moitié du XXème siècle.



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Les orchidées rouges de Shanghai

Je connaissais les ouvrages de Juliette Morillot sur la société coréenne mais n'avais encore jamais lu ses romans. Grave erreur parce que "Les orchidées rouges de Shanghai" est incroyable ! Ce roman est impressionnant, tant au niveau de la richesse historique que de l'histoire de Kim Sangmi, cette femme au courage et à la ténacité qui forcent le respect.

J'ai été subjuguée par les talents narratifs de l'auteure à la plume très agréable et aux descriptions minutieuses. Elle a refait vivre l'Asie des années 30 et 40 avec beaucoup d'authenticité que ce soit au niveau des plats, du mobilier, des odeurs, de la description des villes et des gens, de leurs vêtements etc. C'est vraiment très impressionnant.

Et que dire donc de la partie historique ? Une véritable mine d'or d'informations. Nous y découvrons la vie en Corée sous domination japonaise puis la soif d'expansion inextinguible du pays du Soleil levant avec l'invasion de la Mandchourie et ensuite de la Chine toute entière avant de continuer en Asie du Sud-est. Juliette Morillot ne nous épargne pas et nous donne beaucoup de détails sur la cruauté des Japonais, les tortures, leurs essais dans l'unité 731 et bien sûr sur leur façon de traiter les femmes de réconfort et les prisonniers. Femmes de réconfort ? Oui, des femmes et jeunes filles qui ont le plus souvent été kidnappées et emmenées loin de chez elles pour devenir des prostituées pour les soldats japonais. Chose que le gouvernement japonais ne reconnaît d'ailleurs toujours pas.

Outre ce décor mis en place avec perfection, les personnages sont eux aussi très réussis. Ils sont tous très authentiques avec leurs failles et leurs faiblesses, leur folie, leur haine et leur désir de vivre, désir violent et qui les fera avancer coûte que coûte. Je me suis énormément attachée à l'héroïne, Kim Sangmi et ai compati à son destin et à son malheur. J'ai suivi son parcours avec beaucoup d'émotions, j'ai tremblé pour elle et crains pour sa vie maintes et maintes fois. Les descriptions des sentiments ressentis par notre jeune héroïne sont très poussés et analysés avec minutie.

Je dis donc un très grand bravo à l'auteure pour ce magnifique livre qui nous en dit beaucoup sur la nature humaine et sur les drames qui ont pu se produire en Asie dans la première partie du XXème siècle.
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Les sacrifiés

Voici un roman surprenant, dérangeant,attachant,déroutant,qui nous transporte à travers le temps de 1907à 1954 et même 1969.

Nous voyageons à travers le Monde, de chapitre en chapitre, Malaisie,Asie,Londres,Amérique du Sud,White Chapel: Connecticut,Cruz Chica: Argentine,prison de Pudu à Kuala Lumpur......

Ou le destin contrarié d'une famille hors norme, mystérieuse, vénéneuse, une quête de vérité voulue par Juliette Morillot qui a vécu quelques années à Kuala Lumpur et s'est inspirée d'une histoire vraie, résoudre l'énigme du meurtre commis par une femme pour son amant....en 1911, grâciée à l'époque par le sultan car elle était de nationalité anglaise....



Un vieil homme, Jasper Proudlock,se fait renverser par une voiture en août 1954:ses deux filles Vivian et Dorothy refusent la thése de l'accident et se penchent brutalement sur le passé trouble,d'Ethel, leur mère, accusée en son temps et grâciée, : un fait divers repris par Somerset Maugham qui écrivit la nouvelle : La Lettre...

C'est le portrait d'une femme fatale, comédienne, amoureuse de sa beauté sensuelle, menteuse, meurtrière.......



sans remords ,en toute inconscience,ne pensant qu'à son plaisir, dotée d'une réelle perversité, d'un égocentrisme exacerbé....une manipulatrice ....

La tenue du roman est d'une virtuosité implacable qui va de non dits, de dissimulations, de faux semblants(les mots crépitent comme des flashes éclairant les inconscients complexes de la meurtrière, son mari, son amant,ses filles survivantes puisqu'elle n'hésitera pas à sacrifier son petit garçon Bobby...)

en révélations effroyables: chocs à l'extrême fin qui nous laisseront,nous, lecteurs,heurtés, dérangés,presque trompés par rapport à toute l'histoire....

Une histoire peu commune faite de secrets , de secrets, jusqu'au suicide et à la folie...Les sacrifiés...Quoi!...difficile d'en dire plus..j'en dirais trop....

À la fin le lecteur se sent séduit mais trompé, je le redis mais c'était sans doute la volonté de madame Juliette Morillot,dont je n'ai lu que cette œuvre!

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Les orchidées rouges de Shanghai

Après avoir acheté ce livre, j'ai cru que je m'étais fait avoir, qu'il ne s'agissait que d'une banale histoire romancée, une de plus, sur l'Asie. Et puis, dans un période de "vaches maigres" livresques, je me suis vraiment penchée sur lui, j'ai commencé à le lire ... et je n'ai plus lâché.


Le style en est simple, sans apprêts. On ne peut dire de lui qu'il soit exclusivement littéraire ou journalistique. Il ressemble à un mélange réussi des deux.


L'intrigue se base sur le destin de Mun halmoni, une vieille Coréenne que Juliette Morillot rencontra à Séoul en 1995 et qui lui raconta sa triste histoire de "femme de réconfort" pour les troupes japonaises pendant la Seconde guerre mondiale. Bien entendu, pour les besoins de la cause, Morillot a un peu arrangé les rebondissements, par-ci, par-là mais le fond demeure authentique et l'on ne peut qu'être épouvanté par ce qu'on découvre là.


En 1937, la jeune Sangmi (nom japonais : Kawamoto Naomi), quatorze ans, est sujette d'Hiro-Hito puisque son pays, la Corée, a été conquis il y a déjà quelque temps par l'Empire du Soleil Levant. C'est une brillante élève dont l'intelligence comble de joie et de fierté son instituteur japonais, l'honorable M. Nagata. Et quand l'administration militaire japonaise commence ses opérations de recrutement pour l'effort de guerre, elle a beaucoup de peine à décliner une invitation à rejoindre le service du Japon.


Mais alors qu'elle revient chez elle après sa journée de classe, elle est enlevée par les militaires, dirigée par un homme qui, tout au long du roman, sera son mauvais génie, à la fois éperdument amoureux d'elle et la haïssant en même temps pour la puissance du sentiment qu'elle lui inspire et la fierté qu'elle refuse d'abandonner : Fujiwara.


Après une soirée donnée en l'honneur d'officiers japonais et pendant lesquelles les jeunes filles enlevées en même temps que Sangmi servent à l'"amusement" de leurs hôtes, après avoir été elle-même violée par un Fujiwara qui ne veut plus la lâcher, Sangmi commence sa triste vie de chosen pi (traduction littérale : "vagin coréen"), nom donné à toutes les femmes coréennes qui furent contraintes de se prostituer pour "détendre" les troupes d'occupation japonaise pendant la Seconde guerre mondiale.


Mais le pire n'est peut-être pas là - aussi brutales, aussi horribles que puissent être ces "passes" qui tiennent de l'abattage. Poursuivie par la haine de Fujiwara, Sangmi sera même déportée dans un camp de concentration japonais et soumise à des expériences médicales qui auraient réjoui le sinistre Dr Mangele.


Et pourtant, Sangmi survivra. Elle parviendra même, après la fin du conflit, à recouvrer un semblant de vie "normale" même si, vous vous en doutez, il lui sera désormais impossible de faire l'amour avec un homme, celui-ci fût-il - comme son mari, juif allemand - le plus tendre possible.


Sous ses dehors romancés, "Les Orchidées rouges de Shanghaï" soulève deux grands débats :


1) la tolérance inouïe, le "pardon" accordé par les vainqueurs aux autorités japonaises alors que celles-ci avaient agi envers leurs prisonniers de guerre avec autant de cruauté que les Nazis l'avaient fait envers les leurs. Ce qui explique en partie pourquoi, aujourd'hui, au Japon, le silence est toujours maintenu sur cette page atroce de l'Histoire du pays. De vagues excuses, c'est ce qui a été accordé aux survivantes - et encore, prononcées du bout des lèvres.


La chose est d'autant plus révoltante que ces femmes, désormais "souillées", ont été rejetées, dans la majeure partie des cas, par leurs propres familles.


2) et bien entendu le statut de la Femme lorsque la Guerre survient.


Ce livre a en outre le mérite d'inciter à en savoir un peu plus sur l'occupation japonaise dans les pays asiatiques. Car je ne sais si vous l'avez remarqué, , si les librairies regorgent d'ouvrages sur les exactions des Nazis en Europe, les livres traitant des méfaits des militaires nippons sont beaucoup, beaucoup plus rares.


Une lacune à combler d'urgence. J'espère que "Les Orchidées rouges de Shanghaï" pourra commencer à vous y aider. ;o)
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Les orchidées rouges de Shanghai

En 2021, j'ai lu Pachinko de Min Jin Lee et Filles de la mer de Mary Lynn Bracht et j'ai découvert un pan entier de l'histoire du XXième siècle de l'Asie contemporaine dont celle du Japon impérialiste d'Hirohito et de son rapport de domination à la Corée. Mais surtout, grâce à ces deux magnifiques romans, sont sorties de l'oubli ces coréennes bafouées, torturées, utilisées comme femmes de réconfort par et pour l'armée nipponne, ces "Chosen bbi" ou « vagins coréens», ces femmes honteuses et silencieuses qu'il était urgent de réhabiliter aux yeux du monde.



Les orchidées rouges de Shangai de Juliette Morillot, c'est un roman historique, touffu, dense, cruel, aux multiples rebondissements, sur ce même thème. On y suit le destin d'une jeune coréenne de la classe supérieure, éduquée, trilingue, kidnappée comme des centaines de milliers d'autres filles par des passeurs, afin d'être prostituée au profit de la soldatesque dans des maisons de réconfort, établies partout où le front japonais se situe. Jusqu'à la grosse première moitié du livre, j'ai lu avec grand intérêt la prose vive et bien tournée de Juliette Morillot qui maîtrise bien son sujet. Passé ce cap, j'ai pensé arrêter ma lecture : car enfin, trop, c'est trop ! Les événements prennent l'allure d'un canular ! Comment est-il possible qu'une seule et même personne vive un tel cauchemar, traversant les pires épisodes de cette guerre méconnue, en réchappant de justesse à chaque fois, frôlant la mort la plus sordide à de nombreuses reprises, jusqu'à saturation du lecteur.

Mais j'ai tenu et lu jusqu'au bout cette histoire à peine crédible malgré la profusion de détails et de références au contexte historique. J'ai tenu jusqu'au grand final, la bombe atomique qui pulvérise Hiroshima où se trouve Sangmi, l'héroïne à qui rien n'est épargné, même pas d'y être brûlée. Une histoire insensée, vraiment !



Et pourtant, quand dans l'épilogue j'ai lu :

« Ce roman est basé sur des faits historiques et de nombreux témoignages. Néanmoins, pour les besoins de l'histoire, l'auteur a parfois simplifié le cours des événements, notamment afin de respecter les souvenirs parfois confus de Mun halmeoni.», j'ai douté.

Tout ce que je venais de lire était peut-être le récit de la réalité la plus hideuse qu'on puisse imaginer. On connaissait l'horreur des camps nazis, l'insoutenable souffrance infligée par des hommes à d'autres hommes durant le délire hitlérien mais savait-on qu'on avait eu son double asiatique en la personne de l'empereur Hirohito, le jumeau d'Hitler, en matière d'horreur et de cruauté, de folie meurtrière et de massacres aveugles, d'expériences scientistes épouvantables, et d'atrocités qui expliquent sans doute les mots terribles de Sangmi dans les dernières pages:

« J'ignore le pardon. La religion enseigne le pardon. Mais je ne peux pardonner. La colère m'étouffe encore, vive, tapie au fond de mon ventre comme un insecte géant qui dévorerait mes entrailles. Je hais les Japonais. Je les hais avec une violence qui puise ses racines dans mon corps blessé, humilié, dans mes rêves piétinés. Aujourd'hui encore, plus de cinquante ans après la fin de la guerre, je ne peux croiser un Japonais dans la rue sans que le sang ne me bourdonne aux tempes et que mes pieds ne se dérobent sous moi. le temps n'efface rien, ni la douleur, ni la rancoeur. »



Décidément, on n'a jamais fini de découvrir l'étendue de l'inhumanité des hommes ! J'ai été éprouvée par cette lecture qui ne cache rien des horreurs de cette guerre de conquête ni de ce qu'ont fait subir les militaires japonais, les gradés étant d'ailleurs les pires, à ces femmes, majoritairement coréennes, esclaves sexuelles jamais évoquées, ni réhabilitées, mais je suis reconnaissante à Juliette Morillot d'avoir fait sortir du néant ces destins douloureux pour qu'un juste hommage leur soit enfin rendu.

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La Corée du Sud en 100 questions

Quand j'étais étudiante, j'adorais lire des essais sur les pays qui me plaisaient comme le Japon, la Corée ou la Chine, mais c'était il y a une quinzaine d'années et je n'ai pas replongé dedans depuis. Quand Babelio a proposé celui-ci, c'était donc l'occasion rêvée.



L'autrice est une connaisseuse de la Corée du Sud, il y a été professeur à l'université nationale de Séoul et elle a déjà publié un autre essai sur la Corée du Nord avec Dorian Malovic.



L'essai présent se présente comme une somme, le principe des 100 questions, qui survole un peu les différents aspects de la Corée que l'autrice a choisi de mettre en lumière. Elle évoque ainsi aussi bien l'histoire de sa fondation, son traumatisme lié au Japon, l'ancienne dictature qu'elle fut avant de devenir une démocratie rongée par les scandales, ses relations avec le monde, sa spiritualité et la société coréenne actuelle. Mais pour faire cela, forcément, elle survole un peu le tout et c'est dommage.



J'ai été embêtée de voir la partie sur l'histoire la plus ancienne de la Corée aussi succinte, c'était celle qui m'intéressait le plus. A l'inverse, j'ai trouvé fort longue proportionnellement la partie sur la colonisation japonaise, de même que celle sur les dictatures coréennes. L'autrice a également tendance à se répéter d'un chapitre à l'autre. Ceux-ci sont au passage très courts, n'excédant souvent pas 4-5 pages. Cela donne l'impression d'une suite de courts articles accolés qui se citent les uns les autres.



Cependant, Juliette Morillot offre volontiers une vision nuancée et contrastée de la Corée. Si elle la présente un peu trop par moment en "victime" jouant le jeu d'une certaine frange politicienne et idéologiste coréenne, elle sait aussi reconnaître ses travers et ce qui cloche dans cette société, de son racisme endémique, en passant par ses nombreux préjugés, son manque d'ouverture, son opportunisme et j'en passe. C'est très riche et la concision permet de mieux cerner les choses qu'un long discours.



L'autrice aborde tous les pans de cette société. Elle décrit à merveille les mécanismes ayant conduit à notre méconnaissance actuelle de ce pays, orientés et biaisés que nous sommes par le soft power coréen, sa k-pop et ses k-drama qui nous montrent ce qu'ils veulent bien. Du coup, lire son livre est éclairant pour voir ce qui se cache derrière cette belle façade.



Même si j'ai été frustrée par ce format qui vulgarise un peu trop à mon goût, j'ai beaucoup aimé cette mise en bouche actuelle, pour moi, de la réalité de la société coréenne, ses fondements et ses évolutions jusqu'à nos jours. C'était éclairant et plein de nuances.
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Les orchidées rouges de Shanghai

*** Chosen Pi : une vie en enfer !***



Pour cette lecture : âme sensible s'abstenir !

De cette lecture, impossible de s'en sortir indemne, d'autant plus que c'est une histoire vraie, racontée par Sangmi à l'auteur ...



1937 :



Sangmi est Coréenne, vit au milieu d'une mère qui la rejette et d'un père mauvais. Sa seule consolation, ses grands-parents. Elle a 14 ans et adore étudier jusqu'au jour où son destin et sa vie bascule en pleine guerre sino-Japonaise. Elle est kidnappée par l'armée Japonaise afin d'être "femme de réconfort" pour les soldats, afin de leur faire oublier les affres de la guerre. Enfermée d'abord dans une maison close, Sangmi va subir tous les sévices possibles et inimaginables, des passes de quinze minute et jusqu'à vingt cinq par jour.Elle prendra soin de ses co-locataire et notamment de Kikiko, une petite Coréenne de huit ans, destinée aux mêmes traitements. Elle connaîtra les pires cruautés, quittant la Corée pour la Mandchourie, puis la Chine, Singapour, Java, la Malaisie, pour finir à Hiroshima.Passera par un camp de concentration Japonais "spécialisé" dans les expériences médicales tournant autour du napalm.



Une lecture éprouvante et si cruelle, qu'on se demande comment cette pauvre fille et femme ensuite a pu survivre à tant d'horreur et de barbarie et tant d'acharnement sexuel.

L'auteur dresse le portrait d'une fille-femme hors du commun, où plus d'une fois ces études en langue étrangère la sauvera encore et encore de la prostitution massive lors de cette période.

Mais Sangmi veut vivre, veut s'en sortir, veut aider les autres alimentée par une haine sauvage vis à vis de ceux qui lui ont pris son enfance.

Ce personnage me semble tout de même bien robuste et endurant face à tout ce à quoi elle doit faire face :

les viols innombrables et répétés des années durant, les conditions d'hygiène, les maladies (peste, radiations médicales, bombe atomique, paludisme), un avortement, les traversées à marche forcée de la jungle malaise, le froid insoutenable dans la neige, la famine, les blessures de torture…



Une période historique assez méconnue des occidentaux, les Japonais n'avaient rien à envier aux nazis, équivalent dans la folie, pire peut-être même.





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Mijin, confessions d'une catholique nord-co..

C'est en effet un récit de vie et un témoignage hors du commun que cette autobiographie de Mijin qui a fuit la Corée du Nord avec sa fille pour se réfugier en Corée du Sud, où elle deviendra catholique.



J'ai particulièrement apprécié ce livre parce que, contrairement à d'autres témoignages, celui-ci donne énormément d'éléments historiques sur la Corée en général, et même sur l'histoire de l'Eglise en Corée depuis les premiers missionnaires. Le récit de conversion au catholicisme n'intervient qu'à la fin du livre et n'est pas le but premier du témoignage, malgré ce que laisse supposer la couverture du livre.



Mijin a grandi heureuse en Corée du Nord, elle a grandi dans une famille privilégiée dont le père rendait service au Parti. Habitant à la campagne, ils ont réussi à s'en sortir au moment de la Grande Famine (1993 – après la chute de l'URSS). Pour survivre, les premiers commerces "privés" apparaissent, et sont dès lors tolérés par l'Etat qui ferme les yeux. Mijin s'en sort très bien, grâce à son caractère bien trempé, à ses années exemplaires comme travailleuse au service du Régime, à ses réseaux, à sa débrouillardise et à sa capacité à donner des pots de vin quand il le faut.



Mais sa réussite éveille une telle jalousie que la malveillance finit par faire tomber Mijin et la voilà devant affronter l'incarcération. Elle décide alors de fuir, via la Chine et la Thaïlande, pour la Corée du Sud.



Le dernier tiers du livre, tout aussi intéressant, nous raconte la vie de Mijin en Corée du Sud et ses réflexions sur l'accueil des Réfugiés et leurs conditions de vie. En fait, très peu d'entre eux arrivent à s'intégrer ou à rebondir. Mijin décrit les Eglises qui essaient de recruter les Réfugiés, la culture très matérialiste de la Corée du Sud, le mépris plus ou moins caché vis-à-vis des Coréens "du Nord". C'est très lucide et très intéressant. Elle-même s'en sort bien, grâce à son caractère de battante, et grâce à sa découverte du catholicisme qui lui apporte l'amitié des petites Sœurs, la prière, la présence de Dieu et le pardon.



En tant que journaliste, elle essaie actuellement de faire mieux connaître le Nord au Coréens du Sud, pour faire évoluer le regard que porte la société sur les Réfugiés.

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Les orchidées rouges de Shanghai

Un roman parfois difficile à lire mais basé sur le témoignage d'une femme qui fut esclave sexuelle lors de la guerre entre la Corée et les Japonais. Une facette de l'histoire méconnue pour la plupart des personnes....
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Les orchidées rouges de Shanghai

J’ai découvert avec plaisir cette semaine Juliette Morillot et ce roman de 2001 grâce à une récente réédition aux presse de la cité. Pavé idéal d’été, lecture à la fois fluide et intense, le travail de recherche de l’auteur offre un témoignage réel romancé criant de vérité sur l’histoire de ces « femmes de réconfort » souvent oubliées dans nos cours d’histoire. Harponnée dès les premiers chapitres, je me suis engouffrée dans le destin cruel et implacable de Sangmi/Naomi, des couleurs et des senteurs de la Corée jusqu’à la noirceur moite des camps de concentration du japon. La soif de survie, l’honneur, l’amour, les horreurs de la guerre, la place des femmes, le devoir de mémoire, tant de thèmes menés de front et tambour battant sous une plume précise et pourtant romanesque.

Un livre dur, émouvant, passionnant, à lire.
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Les orchidées rouges de Shanghai

Des romans sont parus ces dernières années mettant enfin en lumière l’histoire des femmes de réconfort. Ce sujet sensible, honteux fait le tour du monde, suscitant beaucoup d’intérêt. Parmi les différents romans lus sur ce sujet, celui-ci révèle toute l’atrocité, sans minimiser les faits. Passionnée par la culture coréenne, j’ai dévoré cette histoire, ce combat extraordinaire, cette lutte incessante pour être libre. A la lecture de ce récit, vous vous direz comment quelqu’un a pu vivre tout ça, a pu endurer ces atrocités, a pu être le témoin de tous les événements importants de l’histoire de l’Asie… Certes vers la fin, on peut se dire, ce n’est pas possible, c’est exagéré pour que l’auteur explique ce qui se passe en Malaisie, en Mandchourie… Je ne rentre pas dans ce débat car pour moi l’âme de ce roman est ailleurs. Mon avis ne pourra jamais rendre hommage au travail de recherche magnifique de Juliette Morillot qui a su si bien amener l’histoire de la Corée dans celle de Min Sangmi. J’ai énormément appris à travers ce livre (notamment la présence de femmes de réconfort australiennes et hollandaises, l’unité 731…) et je ne peux que remercier la maison d’édition Les Presses de la Cité d’avoir réédité ce roman avec une couverture si représentative de son histoire. Ce roman m’a donné envie d’en savoir plus sur les sujets abordés pour comprendre, pour apprendre…



J’ai eu un coup de cœur pour ce livre qui se révèle le plus complet que j’ai lu à ce jour sur les femmes de réconfort et sur le contexte historique remarquablement décrit. Un indispensable dans ma bibliothèque.



Divisé en quatre parties, quatre époques relatant l’histoire de Mun, une histoire dure, d’une rare violence mais nécessaire pour tenter de comprendre l’inimaginable.



Gros plus, une carte, un glossaire et une chronologie viennent compléter ce récit bouleversant.



Séoul, 1995.



Juliette Morillot raconte sa rencontre avec Mun halmeoni, une vieille dame qui vend ses produits dans la rue depuis quarante ans. Une rencontre qui a permis de mettre l’histoire de cette dame en lumière. C’est ainsi qu’est née l’adaptation libre et romancée du destin de Mun halmeoni. Pour rendre justice à ces victimes oubliées par l’histoire, pour médiatiser ce « problème » qui dérange encore aujourd’hui même après 76 ans, l’auteur est parti à la recherche des anciennes femmes de réconfort et d’anciens soldats japonais en Corée, au Japon, en Chine, en Malaisie, en Indonésie, au Cambodge, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.



Tous ont parlé comme un exutoire aux lourds secrets dissimulés par honte, par peur, par culpabilité… Des enfances brisées par une guerre où les civils sont les dommages collatéraux des gouvernements de leurs pays. Le nombre des femmes de réconfort se comptent par centaines de milliers, des enfants, des jeunes femmes, des mères arrachées à leur enfance, à leurs foyers pour être au service de l’armée nippone.



Même les termes « femmes de réconfort » données à celles qui ont dû se prostituer est minimisé, cachant ce mur de la honte et du silence qui s’est brisé quand Kim Hak-sun intente un procès contre l’Etat japonais. Un esclavage sexuel qui reste un problème épineux des relations nippo-coréennes.



Des indemnités versées par le Japon mettent un terme à cette polémique dont le problème est pour eux réglé, faisant partie du passé. Un passé qui ne sera jamais oublié à l’heure où les victimes meurent, des associations voient le jour, des manifestations ont lieu tous les mercredis.



Mun s’est éteinte sans jamais rien avoir demandé, ni témoigné, l’une des nombreuses victimes de l’oubli.



Si vous tapez « femme de réconfort » ou « comfort women », unité 731, camp de Harbin sur Internet, vous trouvez de nombreux articles, sites, livres… qui pourront vous apporter des informations supplémentaires. Mon avis ne pourra jamais retranscrire l’émotion, le bouleversement que j’ai eu en découvrant ce récit.



« Nous avons été des milliers à subir cette infamie.



A être violées quotidiennement. »



Première époque : Le rapt.



Kim Sangmi a vécu dans une famille aisée mais sans l’amour de sa mère qui porte toute son attention à sa dernière-née Kyoko. Son père est une personnalité éminente et respectée, docteur et professeur de médecine, un fervent patriote du Japon contrairement à Kim Sangmi qui a les mêmes valeurs patriotiques que ses grands-parents pour son pays.



Depuis 1910, la Corée est devenue une province de l’Empire japonais. Les Coréens durent subir la domination du Japon et la dictature de l’empereur Hirohito qui n’a cessé de les humilier et de les torturer dans l’indifférence des pays occidentaux.



Depuis toute petite, Kim Sangmi est mise à l’écart, reléguée avec son halmeoni dans une dépendance comme un secret honteux qu’il faut cacher.



Sous domination nippone, Kim Sangmi a dû changer de nom, parler japonais, s’habiller comme les Japonais, adopter le shintoïsme… Renier ses origines, ses croyances, son identité pour adopter celle de l’occupant.



25 ans après avoir été vaincu par les Japonais, de nouvelles lois sont promulguées dans le seul but de soumettre les Coréens à la doctrine japonaise.



A l’école, le programme n’est que propagande sur le Japon et tous les Coréens vivent dans la peur d’être dénoncés.



Le destin de Kim Sangmi prend un tournant décisif quand elle découvre que son père entretient une maîtresse. Un acte désespéré pour attirer l’attention de sa mère et la voilà envoyée à Mokpo, une ville portuaire. Quand son grand-père lui explique les raisons du rejet de sa mère et de sa haine envers elle, tout s’éclaire.



Désormais seule, Kim Sangmi est kidnappée par l’armée nippone et se voit contrainte de se prostituer comme nombre de jeunes filles et d’enfants attirées par la promesse d’un avenir meilleur.



Deuxième époque : Le cauchemar.



Déplacée de bordels en bordels, Kim Sangmi devient une des nombreuses prostituées au service de l’ennemi. A Shanghai, elle assiste aux pires atrocités de l’armée japonaise.



Troisième époque : La trêve.



Sa rencontre avec Nagata, son ancien professeur d’anglais va être l’un de ses pires cauchemars. Après avoir connu les bordels de soldats, Kim Sangmi devient une prostituée de luxe pour l’ascension de Nagata dans les sphères du pouvoir. Jusqu’à ce non-retour, la pire atrocité pour une femme. Ce jour-là, Kim Sangmi n’eut que haine pour celui qui a brisé sa vie de femme. Et son cauchemar ne faisait que commencer.



Quatrième époque : Le feu.



Kim Sangmi est détenue au camp de Harbin où elle devient l’un des nombreux cobayes pour des expériences médicales. Des atrocités inhumaines lui seront faites jusqu’à ce qu’elle puisse s’évader de cet enfer. En Mandchourie, elle reprend sa vie en main mais tandis que la population chinoise est décimée, Kim Sangmi n’aura de cesse de croiser sur sa route, Fujiwara, son tortionnaire.



Les Orchidées rouges de Shanghai, une lecture qui laisse son empreinte indélébile au cœur de ses lecteurs !



De la Corée au Japon, de Shanghai à la Mandchourie, en passant par Singapour et Hiroshima, Kim Sangmi va être le témoin impuissant des atrocités commises par les hommes assujettis à Hirohito.



Le récit le plus complet des livres sur les femmes de réconfort et leur combat pour la justice de leurs vies brisées !



On ne ressort pas indemne d’une telle lecture, Kim Sangmi passe à travers tous les événements des heures les plus sombres de l’histoire de l’Asie et on se demande comment elle a réussi à survivre à tout ça. L’auteur amène les saveurs, les descriptions des paysages et de l’histoire avec une précision qui au travers des pages recèle une ode d’amour à la Corée. Ce qu’a subi Kim Sangmi rappelle ce que les nazis ont perpétré aux races jugées inférieures (les matricules, les expériences médicales, les tortures, les camps d’internements et d’exterminations…).



Le témoignage glaçant d’une des milliers de femmes de réconfort et de son parcours incroyable pour sa liberté et celle de son pays !



Un devoir de mémoire impossible à lâcher !
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Les sacrifiés

Dans la Malaisie du début du 20e me siècle, une jeune femme anglaise de la bonne société coloniale tue un homme qui selon elle, avait tenté de la violer. Condamnée à mort, elle est ensuite graciee par le Sultan et elle rentre an Angleterre. Ce fait divers historique à laisse des traces dans la mémoire collective puisqu'on en parle encore dans les années 1980 période à laquelle la journaliste Juliette Morillon vient vivre en Malaisie à Juan à Lump ur.

Fascinée par ce récit, elle décide de donner vie à son héroïne en imaginant une histoire pleine de rebondissements inattendus qui se révèle parfaitement crédible. Elle en profite pour brosser un portrait sans concession de cette société coloniale avec ses non dits et ses archaïsmes, son racisme érigé en système de gouvernance sociale ainsi que son profond mépris pour les femmes.

Dieu sait qu'il en faudra de la ténacité à Ethel l'héroïne de cette histoire pour mener la vie qu'elle a choisi avec l'homme qu'elle aime et pour cela elle ira vraiment très loin...

Les sacrifiés ce sont tous ceux qu'elle a laissés sur le bord de sa route personnelle, son premier mari toujours désespère dans son exil argentin, ses deux filles réunies autour du cercueil du second époux victime d'un chauffard (ou plutôt de son passé?), et peut être même ce fils disparu...

Une intrigue intelligente avec des révélations savamment distillées tout au long du récit qui se déroule sur deux périodes, celle du crime , du procès et de leur contexte et celle de la mort du père et des mystères qui l'entourent.

Hautement recommandable

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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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