Roman graphique d'une auteure lituanienne, l'histoire évoque à hauteur d'enfant la déportation de villages entiers en Sibérie en 1941. La Russie reprochait à leurs habitants d'avoir collaboré avec les Allemands.
L'auteure s'est inspirée des souvenirs de son grand-père Algis, qui a été déporté enfant et montre surtout comment les familles se sont ingéniées à conserver des rituels de Lituanie pour survivre. La faim, le froid, les mauvais traitements, les proches dont on n'a pas de nouvelles, rendent le quotidien difficile et pénible, mais les enfants trouvent tout de même le moyen d'en faire un terrain de jeu.
La réussite de l'album est de nous faire saisir l'horreur de la situation, tout en donnant une impression de fraîcheur et de douceur dans les dessins. L'institutrice du village monte une chorale pour distraire les enfants. Algis continue à dialoguer avec son jars préféré qui a été tué par les Russes ; sa soeur tricote des merveilles avec tout ce qui lui tombe sous la main.
La mort surgit parfois brutalement, mais les femmes font tout de même l'impossible pour fêter Noël avec les moyens du bord et être réunis. Sortiront-ils un jour de cet enfer ?
Contrairement à ce que le titre laisse supposer, les haïkus n'ont pas une place centrale dans l'album, mais ils ont leur importance, à travers un camp de prisonniers japonais non loin des villageois et la tante d'Algis, passionnée par le Japon.
J'ai aimé les dessins pleins de poésie et de finesse et j'ai découvert cette déportation dont je n'avais guère entendu parler.
C'est le premier album de Jurga Vilé et une belle découverte.
Merci à Masse Critique de Babelio et aux Editions Sarbacane
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