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Critiques de K. W. Jeter (31)
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Horizon vertical

Horizon vertical ? :

Oui ! : Ce roman ne manque pas d'horizon et de hauteur , l'univers possède un horizon géographique et un cachet impressionnant qui défie la gravité et le lecteur est très souvent obligé de l'imaginer et de le mettre en perspective. La direction qui conditionne la visualisation et la disposition principale de toutes choses dans cet univers est effectivement la verticalité .Donc de haut en bas et à l'exclusion de l'intérieur de l'édifice inconnu et à l'exclusion du sommet qui est une variante lointaine mais connue par les habitants des parois latérales .

Le texte évolue le long de la paroi d'une immense construction .On imagine une tour aux dimensions stratosphériques qui est divisée en territoires « tribaux ». Un certain alpinisme est la clef des déplacements , de brèves cordées et plus systématiquement des véhicules adaptés à ce territoire principalement vertical. Des sortes de motos-scooters très polyvalentes .Le roman est tout simplement effarent car l'univers est aussi rationnel que inimaginable au premier abord , comme milieu de vie , alors que au final cela fonctionne parfaitement .La couverture du roman est d'ailleurs absolument évocatrice de l'ambiance et de la vie des personnages qui habitent ces pages.

Par ailleurs c'est un monde où la précarité domine et ou la vie est aussi précaire que la main d'oeuvre est indépendante ,ultra qualifiée et hyper technicienne avec la possession individuelle d'un matériel de pointe et d'un agenda de contacts qui alimentent en clients et contrats . On est à l'aube d'un univers cyberpunk mais on n'est pas dans la tonalité classique de ce genre ,cependant certains attributs sont présents et cela confère une originalité conséquente à ce texte , un peu comme pour un autre roman dont le titre est : Rock Machine , qui est lui aussi un roman très singulier , également hybride et très original ,lui aussi en marge du cyberpunk naissant .

Le monde vertical est une sorte de jungle où évoluent des organisations maffieuses , médiatiques , économiques et politiques .Les gens partagent un réseau , une sorte de net , qui est au ventre de la vie de la plupart des gens , c'est un peu la télévision , internet et une sorte d'agora aussi.

C'est un texte d'une originalité massive qui ne laisse pas indiffèrent le lecteur, le rythme et les modes de vie impliquent et sollicitent …

Le personnage principal sera obligé de bouleverser ses habitudes et il devra se lancer dans l'intérieur de la construction qui est tabou et dangereux , mais qui est surtout un véritable mystère.

Le texte est globalement assez court , la perspective qui guide le lecteur est intense et séduisante puisque l'oeuvre est rédigée à la première personne fortement limitée . Mais avec l'intensité et l'originalité de l'univers cela peut déplaire à certains lecteurs qui butteraient sur un seuil.

Personnellement je ne reprocherais à ce roman , que de ne pas avoir cultivé une narration systématiquement plus exigeante car il arrive que le récit soit étonnamment faible par moment sur le fond et dans ses énoncés.

Mais c'est un grand classique de SF à mon humble avis.

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Machines infernales

J'ai passé des années à chercher Machines infernales, que je me devais absolument de lire : il est au centre de la mythologie steampunk, puisque considéré comme l'un des trois romans fondateurs du genre dans les années quatre-vingt, avec Homunculus de James Blaylock (même s'il y confusion en ce qui concerne ce dernier roman, qui a été précédé par des nouvelles) et Les Voies d'Anubis de Tim Powers. Impossible de fiche la main dessus, j'ai tout essayé, écumé les toutes petites librairies comme les sites web d'occasion ; il y avait toujours quelque chose qui ne collait pas. Et enfin, enfin, je l'ai trouvé dans l'édition originale française (non, ce n'est pas un bel objet de valeur, rien qu'un vieux livre de poche qui a déjà bien vécu, donc inutile d'essayer de venir me cambrioler ; d'ailleurs je passe mon temps à faire le guet chez moi avec un lance-patate, tenez-vous le pour dit).





Je dois bien avouer que j'avais perdu un brin d'intérêt pour Machines infernales après avoir lu le Guide steampunk d'Étinenne Barillier et Arthur Morgan (que je recommande), tellement K.W. Jeter était insupportable de suffisance et de mépris dans son interview. Mais bon, quand l'occasion s'est offerte à moi d'acheter le roman pour pas grand-chose, cet argument fut balayé, parce qu'il-me-le-fallait. Il ne serait pas dit que j'avais fait les choses à moitié et laissé de côté 1/3 de la trilogie (qui n'en est pas du tout une) originelle steampunk. Il faudra tout de même m'expliquer pourquoi Bragelonne n'a pas réédité Machines infernales, alors que Homunculus et Les Voies d'Anubis l'ont été. Peut-être Jeter déteste-t-il son premier roman au point qu'il ne veuille plus en entendre parler, peut-être est-ce Bragelonne qui n'a pas une politique éditoriale très cohérente.





Venons-en au fait. Machines infernales, ou du moins la première partie du roman, est un hommage très réussi et truffé d'humour (qui eût cru que Jeter avait de l'humour ??? Pas moi !) à Lovecraft, notamment au Cauchemar d'Innsmouth - notez-bien qu'à l'époque, ça n'était pas à la mode comme maintenant, où on nous sort des yog-sototheries à toutes les sauces. Rien que l'incipit rappelle ceux de Lovecraft, avec son "Lecteur, si le nom de George Dower, résident de la commune londonienne de Clerkenwell, ne t'est pas familier, je t'adjure de ne pas lire plus avant." Et Jeter d'emmener avec lui son lecteur, qui forcément veut plonger derechef dans les méandres d'histoires sordides et scandaleuses, dans un monde étrange peuplé d'êtres mystérieux.





Le protagoniste se trouve être un parfait anti-héros, vivotant grâce à la boutique de son père (horloger et inventeur récemment décédé), et pas doué pour grand-chose - la fin révélera qu'il possède tout de même quelques talents cachés assez intéressants, dont il n'était pas conscient... Une rencontre avec un homme pas très ordinaire, une attaque et un cambriolage de la vieille boutique, une pièce de monnaie fort étrange, un dîner où il est question d'une poupée tout aussi étrange, et c'est parti pour une cascade de péripéties rocambolesques. Bas-fonds de Londres, village marécageux, Écosse peu accueillante, peuples de l'ombre, prostitution et autres types d'exploitation de pauvres gens, religion et hérésie, savants fous, auxquels vous ajouterez la présence d'un adorable chien (et encore, je ne vous dis pas tout) : tous les ingrédients d'un bon roman d'aventures sont réunis.





C'est drôle, c'est intriguant, c'est rythmé, et le plaisir qu'on a à suivre George Dower ne se dément guère, sauf, j'ai le regret de le dire, dans la dernière partie où les explications sur tel ou tel événement mettent un terme à la course-poursuite à laquelle est livré malgré lui le personnage principal. Jeter a manqué d'un peu de fantaisie quand Powers, lui, lâchait parfois un peu trop la bride de ce côté.





Au-delà de l'ambiance et des éléments propres au steampunk, c'est ce qui relève de l'hommage à Lovecraft qui est le plus réussi, avec toute l'instillation d'une ambiance glauque et extrêmement mystérieuse, mâtinée d'un humour propre à Jeter (car Lovecraft est rarement drôle, lui, c'est un fait).





Si vous avez la chance de tomber sur Machines infernales, n'hésitez donc pas : on passe un très bon moment à la suite de George Dower, à courir dans tous les sens pour échapper à moult dangers plus extravagants les uns que les autres (et là, je me rends compte que ça fait bien trop longtemps que je n'avais plus utilisé l'adjectif "extravagant", ce qui est en soi parfaitement extravagant).


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Dr Adder

Je n’apprendrais pas grand-chose aux aficionados de la science-fiction en disant que ce « Dr Adder » de K.W. Jeter n’est pas une nouveauté puisqu’écrit en 1972, mais publié seulement en 1984 après l’insistance acharnée d’un certain Philip K. Dick épris de passion pour cette violence sexuelle extrême. Rétrospectivement, ce roman fait partie des novateurs du courant survolté « cyberpunk ».



Qui est donc ce Dr Adder ? Un imminent chirurgien plasticien qui modifie les organes génitaux sexuels des prostituées de L.A. à sa convenance pour son plus grand plaisir ou celui de certains détraqués profonds aux désirs totalement inavouables. Imagine une vulve mécanique. Ou la version customisée « Dents de la Mer » qui se rétracte au moment du coït, plus rapide qu’une castration chimique ! Bienvenue à L.A., un voyage qui ne sera pas de tout repos et où sévit une guerre entre bien-penseurs religieux et détraqués sexuels. Au final, c’est toujours de toute façon, les putes qui trinquent, et les marginaux qui gravitent autour.



E. Allen Limmit quitte son Phoenix natal, un peu campagnard par rapport à la civilisation qui l’attend sur ce grand boulevard de L.A., se voit confier une drôle de mission : rencontrer le célèbre Dr Adder. Première étape, arpenter le bitume en sympathisant avec quelques prostituées à l’allure modifiée. Estropiées, amputées, doubles amputées, les travaux du chirurgien se voient aisément dans la rue. Au milieu de cette rue, une guerre éclate au milieu de ces marginaux, entre les bien-pensants de l’église du télévangéliste Mox et les combattants du Front de Libération dont les membres semblent se terrer sous terre.



Mais derrière ces écrans télévisés, les messages de l’auteur sont clairs : montrer la perversion des hommes, dénoncer le pouvoir des télévangélistes. Sur fond de scènes violentes, obscures, voire pour certaines âmes dégueulasses, avec cervelles écrasées, jambes amputées et délires sous LSD. Mes incartades dans l’univers de la SF se font si rares, qu’il me manque certains codes d’accès pour pénétrer ce monde underground, mais je sais qu’avec ce Dr Adder, j’ai en face de moi un roman d’un nouveau genre et grand classique maintenant de la contre-culture cyber et punk. C’est aussi la difficulté de la SF : pénétrer ce milieu sans au préalable avoir été initié à ce monde. Mais comme je suis du genre à apprendre par expérience plutôt que par un guide spirituel, lors de mon prochain voyage à L.A. je partirai à la recherche des survivantes du Dr Adder. Toutes les dérives sexuelles, même refoulées, sont dans la libido de l’homme, et je dois bien faire partie de cette catégorie… Parce qu’il est difficile d’en parler à sa psy.



Et un grand merci à Charlotte des éditions ActuSF pour ce partage et cette intronisation dans le monde de la SF via les masses critiques de Babelio.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Dr Adder

Même si on aime à suivre les sorties récentes et les lire en quasi flux tendu, il est tout aussi jouissif de pouvoir fouiller dans les classiques de l’imaginaire, mais les traductions ne sont finalement plus si nombreuses (en proportion) en grand format, moyens limités oblige. Toutefois, Le Bélial’ fait un gros travail notamment sur Poul Anderson (L’Épée brisée par exemple), mais les éditions ActuSF aussi ont leur catalogue étranger avec leur collection Perles d’Épice et en 2014 y est apparu ce Dr Adder publié par K. W. Jeter en 1984 mais écrit une vingtaine d’année plus tôt !



Dès le départ, le lecteur comprend très vite pourquoi ce roman a été adoubé par le grand Philip K. Dick. Nous sommes dans une réalité glauque, sordide et surtout que nous avons au départ du mal à différencier de la nôtre. Mais petit à petit, les éléments discernables apparaissent et font tâche, mais dans le bon sens du terme. En effet, à la suite d’E. Allen Limmit, nous découvrons une L.A. bien étrange : arrivé dans un quartier chaud, L’Interface, il découvre bien vite que celui-ci est bien sous la coupe d’un personnage haut en couleurs, le Dr Adder, qui fait justement « l’interface » entre la Zone-Rat, zone de non-droit où rôdent révolutionnaires et marginaux, et le comté d’Orange, vaste banlieue droguée où règne le dieu télévisuel (toute ressemblance avec les villes occidentales du XXe siècle est délibérée).

Qui est donc ce Dr Adder ? Personnellement, il me fait penser à ce scientifique joué par Kiefer Sutherland dans « Dark City » : impressionnant, un brin fou, très inventif, l’accent germaniste en moins forcément et la jambe en meilleur état (au moins au début). Entouré de prostituées desquelles il tire la majeure partie de ses revenus, ce Dr Adder utilise une technologie qui permet de connaître l’ultime fantasme des clients qui viennent le voir afin que celui-ci le leur réalise physiquement, car bien souvent cela consiste à enlever ou placer ailleurs un membre de leur corps. Forcément, à force d’amputations demandées et d’opérations consenties, l’ambiance de l’Interface nous apparaît très vite comme glauque au possible, d’autant plus l’auteur glisse des détails bien crus et vicieux aux bons moments, sans jamais virer au voyeurisme facile. De cet aspect transhumaniste avant l’heure, le Dr mérite bien son nom d’éternel « Adder ».

Une fois comprise cette bonne introduction, le récit s’emballe véritablement quand se déclenchent les hostilités entre les partisans de ce Dr Adder et ceux, plus fanatiques, d’un certain John Mox, télévangéliste (on est bien dans l’Amérique des années 1970, hein ?) : le choix paraît simple entre les deux extrêmes, du plus pervers au plus puritain. Le pauvre Limmit va en apprendre plus qu’il ne le pensait sur lui-même et surtout sur les bas-fonds de cette L.A. pas si éloignée que ça de l’image de celle contemporaine de l’auteur.



Dr Adder est un roman ô combien poignant de par son univers cru et, même s’il n’est pas le personnage principal, le chirurgien aux multiples talents est clairement marquant. Pour le reste, notamment vis-à-vis de la vision de l'auteur sur son oeuvre et sur l'emplacement de ce roman dans sa bibliographie, fiez-vous au très bon contenu qui conclut cet ouvrage (postface de René-Marc Dolhen, bibliographie sélective autour du cyberpunk, interview et bibliographie de K. W. Jeter, rien que ça !).

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Dr Adder

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui, au travers d’un aspect choc et sulfureux, offre de nombreuses réflexions que ce soit sur la jeunesse désabusée, la presse, l’influence de l’image ou encore sur l’extrémisme religieux et son pendant l’extrémisme libertaire. Un récit puissant et percutant qui ne laissera pas indifférent et qui fait réfléchir, dont on tourne les pages facilement, bien porté par un rythme efficace et entrainant qui monte en tension pour aboutir à une conclusion explosive et haletante. L’univers sombre, sans concession, sans véritable loi autre que celle du pouvoir et sans espoir développé par l’auteur se révèle finalement intéressant et colle parfaitement au récit et à ce que souhaite mettre en exergue l’auteur. Les personnages se révèlent intéressants à suivre, principalement les deux héros que sont Allen et Adder à la fois par leurs antagonismes et leurs ressemblances. Les personnages secondaires offrent aussi une palette de protagonistes intéressant, même si parfois ils manquent un peu d’émotion. Après je reprocherai parfois une certaine fluidité ainsi qu’une dualité un peu binaire dans la confrontation alors qu’une troisième voie était possible, mais rien de bloquant tant l’ensemble possède une force telle que je me suis laissé emporter. La plume de l’auteur est percutante, entraînante et vive et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Machines infernales

La quatrième de couverture de 1999 est mensongère. Le héros/narrateur, Dower, ne fabrique pas vraiment d’automates. Il répare ceux que son a fabriqués... quand il les comprend. Car s’il est bon horloger, il n’exprime aucune passion pour les automates. C’est du ce qu’il ressort de ma lecture des 150 premières pages. Ce roman se veut la retranscription des mémoires du héros. Vous savez donc d’entrée de jeu qu’il s’en sort vivant. C’est un contemplatif. Il vit sa petite vie, pépère, jusqu’au jour où ! son train-train quotidien déraille.



Chouette ! Se dit le lecture impatient que je suis. Ça va enfin bouger ! Hé bien non ! Malgré des événements surprenants et violents, l’auteur réussi le tour de force de les rendre ennuyeux. Déjà que la trame ne m’a pas convaincu, voilà qu’en plus le rythme n’y est pas. Je pense que je trouverai plus d’intérêt pour Le rouge et le noir filmé par Bergman et diffusé dans une salle de cinéma saturée de brouillard. Et ce roman est considéré comme une œuvre fondatrice du steampunk ? Non ? C’est pas possible.



Bon. Pour être plus positif, disons tout de même que c’est superbement bien écrit. Ça ! La plume de l’auteur n’est pas en cause. Et je replongerai certainement dans ces œuvres. Il doit y avoir quelques romans dans l’univers de Star Wars qui m’attendent dans un coin de la bibliothèque familiale. Et il y a aussi La Mante ou Drive-in. À moins que ces autres lectures ne finissent de me dégoûter de l’œuvre de celui que Philip K. Dick a désigné comme son successeur légitime.



En bref : Aujourd’hui, une grosse déception avec ce roman. En effet, j’en ai abandonné la lecture pour cause d’ennui. Arrivé à près de la moitié, ne trouvant pas assez d’intérêt à l’histoire racontée et ayant l’impression de suivre un film lent au travers d’un épais brouillard, je refermé le livre. Clap de fin. Si je n’avais pas déjà lu du K.W. Jeter, je dirais que je n’en relirai pas d’autres.
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Madlands

Ma première incursion dans le monde de Kevin Wayne Jeter m’avait laissé sur une note médiocre. « Madlands » s’est alors proposé à moi. J’étais intrigué par ce titre, que je trouvais d’une douce sonorité à mes oreilles et cette belle illustration signée Michael Whelan.



Qu’est-ce que « Madlands » ? Même après m’être farci une bonne soixantaine de pages, je n’arriverai pas définir ce lieu. Tout ce que je sais c’est qu’il s’agit de la périphérie de Los Angeles. Pour tout le reste c’est confus. Je ne sais pas s’il s’agit de futur, d’un monde post-apocaylptique. Je n’ai rien compris. Et ce n’est pas tout. L’histoire est aussi indigeste. Le personnage principal est un présentateur télé qui vante les mérite d’un produit miracle. Il sort d’un congé sabbatique. J’ai dû rater quelque chose, mais à un moment, il se met en quête d’une organisation qui cherche à le tuer.



Si j’ai été perdu dès les premières pages, c’est aussi parce que l’écriture est bizarre. C’est une sorte de langage familier, le tout porté à la narration à la première personne.



Ce Jeter est à jeter le plus loin possible. Il rejoint le panthéon des auteurs médiocre : Ramsey Campbell, Thomas Tessier. En tout cas, jamais plus je ne lierai un de ses écrits.
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Les âmes dévorées

Parut en 1983 sous le titre originale de Soul Eater, c'est le quatrième roman de l'écrivain. Une jeune fille de 10 ans vit dans une famille déchiré. D'un côté, un père dessinateur qui ne se préoccupe pas vraiment d'elle bien qu'il l'aime. De l'autre, une mère devenue légume où sa sœur et son mari s'occupe d'elle. Ses parents sont divorcés et le père se rend compte que sa petite fille est malade. Il l'a surprise une nuit avec un couteau. Mais est-elle cette enfant si fragile ? Il souhaite récupérer la garde. Le chemin est encore long pour que le père puisse s'occuper entièrement de son enfant d'autant plus que, l'oncle semble étrange. Bienvenue dans cette famille de cinglés où la réalité est bien différentes des apparences.



On aime ou on n'aime pas. Personnellement, je ne suis pas fan des ces romans d'ambiances qui priment sur l'action. Non, ce n'est pas un mauvais livre loin sans faux puisque l'écrivain use de sa plume pour des passages palpitants. Mais pour ma part la mayonnaise ne prend pas avec moi et l'ennui prend le dessus sur l'envie. Et puis, il semblerai que Jeter soit un grand bavard. Il use de paragraphes mélangeant passés et pensées. Il faut dire que le sujet était ambitieux et que c'était très difficile d'en faire un roman.
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Dr Adder



Philip K Dick lui-même a adoubé ce roman, (ce qui veut dire que j'ai serré la main d'un type qui a serré celle d'un Dieu, équivalent littéraire de l'homme qui a vu l'ours qui a vu l'ours…) allant jusqu'à parler de chef-d'œuvre, et l'histoire raconte que sans lui, il n'aurait même jamais paru. Ce qui est formidable, c'est que ce livre est évidemment devenu culte et le reste à ce jour. KW Jeter a beau le nier, son œuvre est la pierre angulaire du mouvement cyberpunk, qui trouvera son apogée avec « Neuromancien ». La lutte de l'homme contre la machine, incarnée dans un réseau tentaculaire, au travers de corporations géantes. le style est génial, certains le jugeront immature, trouveront que le récit se disperse et manque de cohérence. Je l'ai trouvé au contraire superbement inventif, libre, affichant sans honte la marque d'un écrivain qui a osé partir dans tous les sens. le côté foutraque de l'ensemble est conforme au fond du propos. C'est un joyeux bordel, à l'image de la schizophrénie et des névroses qui massacrent les psychés des protagonistes. Ni vraiment sympathiques, ni héroiques, ce sont tous des pauvres types plus ou moins frustrés et égocentriques. (et il y a beaucoup de putes, aussi) le Dr Adder, personnage lugubre, projection futuriste d'un Dr Mengele obsédé par le sexe bizarre vraiment (mais alors vraiment) extrême, ferait passer les chirurgiens jumeaux de « Faux-semblants » (superbe film de David Cronenberg) pour des esthètes raffinés. Tout là-dedans regorge, bouillonne, fusionne, se répand, porté par une écriture fluide, largement plus lisible et accessible que les bouquins de Gibson, tout en restant imagée, visuelle et mystérieuse. Et l'humour, surtout, qui englobe le tout, la distance que l'auteur donne à son œuvre est ce qui fait de ce bouquin un indispensable pour tout fan de SF. (ou de lectures transfictionnelles, façon « Crash » de JG Ballard, d'ailleurs paru lorsque Jeter a achevé Dr Adder et avec lequel les connexions sont évidentes) le passage de l'écrivain de SF transformé en momie pseudo-virtuelle est à ce titre totalement jouissif et hilarant.



Roman cyberpunk, trash, dégoulinant de sexe et d'ordures, traversé de fulgurances gore, « Dr Adder » plaira au lecteur ouvert, qui n'a pas peur de sortir des sentiers battus, et qui n'a pas peur non plus de se frotter à une vision du futur résolument cauchemardesque.
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Horizon vertical

Moins « gore » que certains de ces premiers titres de SF comme Dr Adder ou de ses titres fantastiques comme La Source furieuse ou Le Ténébreux, Horizon Vertical est un thriller où un journaliste ayant filmé la mauvaise séquence et sauvé la vie du mauvais sujet, se retrouve traqué par deux gangs de motards. Il va devoir quitter la sécurité, toute relative, de la façade de l’immeuble où il travaillait pour regagner l’intérieur horizontal où l’ennui qu’il avait fuit a laissé la place à d’autres dangers, au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans des zones qui ne sont plus habitées. Écrit en 1989, ce livre est très daté notamment dans son traitement de la femme, mais il se lit néanmoins très facilement et offre une réflexion intéressante sur le journalisme et la quête d’image à tout prix.
Lien : https://www.outrelivres.fr/d..
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Dr Adder

Entre génie et coup de gueule schizophrénique de K.W Jeter, cette œuvre d'anticipation est frémissante d'un tout indescriptible traduisant sans équivoque les souffrances de notre temps et celles à venir. Un véritable feu d'artifice dans un univers cyberpunk corporatiste déjanté, qui se situe entre horreurs technologiques et curiosités sexuelles à la limite du pathologique. On perd des fois le fil, on le haït parfois de nous faire revenir encore et encore, on le retrouve de temps à autre, puis on saisit le sens et on le magnifie à notre sauce. Un must dans le genre.





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Horizon vertical

Quelque part, dans un lointain futur.

Au guidon de sa norton, Ny Axxter arpente le mur, vaste étendue verticale du cylindre, une sorte de gigantesque tour de Babel régie par des clans guerriers. Au sommet de cette monumentale architecture, sur le secteur horizontal, règne le plus puissant d'entre eux, le Cruel Amalgame, dont l'ennemi juré, le Pleuple de Dévastation, menace l'hégémonie...

Tandis qu'il est à la recherche d'un scoop destiné à Info-Express, Axxter voit sa chance tourner en sauvant la vie de Lahft, un ange de méthane femelle ; rien que ça !

Dès lors, cette rencontre va l'entraîner dans une succession de mésaventures les plus folles et furieuses. Et le chasseur d'images qui se voyait déjà riche à millions va devenir la proie du clan guerrier le plus redouté : le Peuple de Dévastation.

Pour sauver sa peau, Axxter devra compter sur l'aide précieuse d'alliés pour le moins singuliers et composer avec les différentes organisations peu scrupuleuses du réseau du cylindre.

Mais si la traque menée par le Peuple fera de lui une célébrité, elle le poussera dans ses derniers retranchements. Ny Axxter n'aura en effet d'autre choix que de se rendre à l'intérieur du cylindre, là où règnent les Noyaux Morts...

Et pour couronner le tout, il devra subir les assauts du mégassassin chargé de le tuer ; tout cela, sous le regard halluciné du monde vertical alors en pleine ébullition...



Si résumée ainsi, l'histoire a l'air plutôt alléchante, la lecture du livre révèle hélas quelques failles que je m'en vais approfondir, hum. Avant tout, je dois avouer que j'ai parcouru ce roman avec beaucoup de plaisir même si, dans un premier temps, je n'ai pas reconnu le style précis et percutant de son auteur, K. W. Jeter. Cela m'a un peu rebuté au début, puis les pages tournant, je m'y suis accommodé malgré quelques déconvenues en cours de lecture.



En dépit d'un postulat de départ des plus farfelus, Horizon vertical possède des qualités indéniables, à commencer par des idées de génie éparpillées aux quatre coins du récit, des idées folles et intriguantes qui n'ont de cesse de relancer l'intérêt du lecteur en donnant un petit coup de boost aux pérégrinations de Ny Axxter ; car très souvent le moteur de l'intrigue cahote, ce qui fait la force de l'histoire faisant aussi sa faiblesse.



Le principal problème, c'est le point de vue adopté par l'auteur. Vous ne vivrez l'histoire qu'à travers les seuls yeux de Ny Axxter. Et comme l'intégralité de son aventure se déroule loin de toutes civilisations, vous ne verrez jamais le monde d'Horizon vertical tel qu'il est, de façon concrète ; si ce n'est ce satané mur sans fin. Tout ce que vous apprendrez sur le cylindre, toute votre compréhension de son univers se fera par le biais d'allusions faîtes par une poignée de personnages croisant parfois la route d'Axxter - autrement dit, au cours de fastidieux dialogues -, ou bien encore au détour des pensées d'Axxter lui même.



Alors en soi, ce point de vue n'est pas déplaisant, simplement dépaysant. Il amplifie la solitude du personnage... et la notre. Il contribue à poser cette ambiance post-apocalyptique à la Mad Max et accroît notre sympathie à l'égard de Ny Axxter, personnage complètement à côté de ses pompes, totalement esseulé et désabusé. L'ennui, c'est que vous ne croiserez personne, à l'exception de quelques personnages aux portraits fort heureusement bien brossés. Qui plus est, vous n'apprendrez rien de plus sur le monde du cylindre que ce que vous avez pu apprendre par l'intermédiaire des rares intervenants. Qui, Quoi, Où, Quand, Comment et Pourquoi ? Vous pouvez vous enfoncer ces questions bien profond car vous n'aurez jamais les réponses, sachez-le. In fine, une fois le livre terminé, vous lancerez un cinglant : tout ça pour ça !



Second point contraignant et pas des moindres : le style. Mais qu'est-ce qui est passé par la tête de K. W. Jeter ? Certains passages, qu'il s'agisse de descriptifs ou de dialogues, laissent vraiment à désirer. Il m'ait souvent arrivé de ne pas comprendre ce que je lisais, perdu entre des phrases à rallonge aux tournures ampoulées et un verbiage qui donne presque mal au crâne. Et rien n'est plus agacant et frustrant que cette impression d'être abêti après de multiples retours en arrière pour relire deux ou trois fois une phrase voire un paragraphe entier qui ne rentre décidément pas dans notre champ de compréhension parce que la syntaxe est soit corrompue par la traduction, soit mal fichue dès son origine. P*t***, je déteste ça. C'est le problème de beaucoup d'auteurs de SF que de pondre des textes alambiqués, littéralement chiants - n'ayons pas peur des mots -, et de les greffer sur une idée géniale. Une spécialité des auteurs américains au passage (cf. le Cycle du Ā, L'Anneau-Monde, Nova, et tant d'autres encore). Bref. le livre se révèle par moment très plaisant, K. W. Jeter ayant une imagination fertile et un savoir-faire solide. A d'autres moments en revanche, c'est tout simplement irritant. Mais bon, comme dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé... Visez un peu ce bras de fer entre subjectivité et objectivité. Cela veut tout dire !



Pour finir, que retenir ?

Eh bien, déjà, le courage qu'il vous aura fallu pour lire cette looongue critique pleine de reproches. D'ailleurs, si le livre est si perfectible, pourquoi en ce cas mettre 4 étoiles ?

Tout simplement, parce qu'il y a un truc ; un truc que je n'arrive pas à m'expliquer et qui donne à ce roman une force, quelque chose de magnétique, qui m'électrise. Peut-être que c'est l'absence d'explication comme dans le film Cube de Vincenzo Natali. L'inutilité d'une chose, sa vacuité, peut nous pousser à une forme d'introspection, allez savoir. Peut-être que c'est cet univers vide, sans frontières, cet espace infini, ce terrain de liberté totale pour bikers révoltés qui, en cette période d'actualité écrasante, anxiogène, donne l'envie de s'évader, de fuir un monde devenu fou, de foutre le camp fissa en traçant sa route à pleine vitesse, la tête dans le vent, un rictus de fauve enfin libre greffé sur la face. La liberté, couper les amarres avec cette société qui part à la dérive. Vivre pour soi. Pas pour des dégénérés. Et c'est d'ailleurs cette réflexion qui pousse Ny Axxter sur les flancs de cette mystérieuse architecture qu'est le cylindre. Rien que le titre francais - au demeurant bien trouvé - Horizon vertical est un contresens absolu ; le titre anglais étant Farewell Horizontal, Adieu horizontale. Tout est dit. Pourquoi des hommes iraient-ils parcourir un mur, harnachés au-dessus du vide, sans cette volonté de rompre avec l'humanité, de renier tout ce qui les entoure pour se sentir à nouveau exister, quitte à se mettre en danger.

Que celui qui n'a jamais souhaité tout plaquer, ne serait-ce qu'un instant, me jette le premier mot.
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Dr Adder

Un joyau de fantaisie lubrique imprégné de LSD.



Le texte de Jeter, même s'il a connu des concurrents depuis, figure parmi ce que la SF a produit de plus sale, de plus corrosif, mais aussi de plus juste.



Adder décortique la société de la pointe de son scalpel et en extirpe les tumeurs non pas pour les soigner, mais dans le seul but de prouver leur existence.

On pourrait se contenter d'y voir un petit brûlot trash car la société du 21ème siècle cherche sans cesse à nous dépeindre un monde plus glauque que réel, mais Dr. Adder ne salit pas pour le plaisir d'observer la crasse, mais parce qu'elle est là, autour de nous, au point que nous ne la voyons plus.

Le seul moyen de la redécouvrir, c'est de la recevoir en plein visage.



Jeter n'invente rien, il fonde une parabole de la société américaine - et par extension, française - et nous montre vers quoi nous nous dirigeons.

Tel est à mon sens le véritable message de la Science-Fiction.

On s'en fiche des vaisseaux spatiaux, des sabres laser et de la resucée de thèmes mille fois abordés.

Le véritable sens de la SF est de nous montrer la réalité par son miroir déformant et de nous aider à prendre conscience de nous-même.



Et dans ce domaine, Dr. Adder excelle.



Une bombe.
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Les âmes dévorées

Le texte de présentation ne donne pas une idée exacte de ce qui attend le lecteur de ce formidable roman. LES ÂMES DÉVORÉES n'est pas à proprement parler un livre à ranger dans la catégorie « Épouvante ».

Certes cette histoire de possession est particulièrement effrayante mais il s'agit ici plus de folie que d'horreur. Le fantastique est bien présent mais plus pour présenter un récit de perte d'identité, de domination et de schizophrénie sous un jour surnaturel plutôt que d'en faire une fin en soi. Alors, oui, cette histoire où l'on assiste à la tentative désespérée de David de soustraire sa petite fille, Deed,à sa belle famille et à la supposée influence de son ex femme dans le coma, est cauchemardesque, oui, l'ambiance étouffante et mortifère fait de ce livre un cauchemar éveillé mais les scènes ne sont pas gore (à part une exception éprouvante) et surtout ce bouquin est sans doute une des plus belles et intelligentes histoires de possession jamais écrites. K.W. Jeter arrive à transformer un univers banal en cauchemar démentiel. Car tout au long du livre, on se demande qui est vraiment fou dans cette aventure. Où donc se situe la limite entre la folie et le réel ? Quelle est la part de l'hallucination et du délire dans ce que vit David ?

Tout l'art de l'écrivain dans ce roman exigeant est bien de faire douter le lecteur pendant plus de trois cent pages jusqu'au dénouement... inattendu.
Lien : http://lefantasio.fr
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Machines infernales

Jeter a un style un peu plus sanglant que ses compères steampunk mais c'est très intéressant également. Un jeune homme ayant hérité de l'entreprise familiale d'horlogerie se retrouve bien vite menacé de toutes parts. Il rencontre un homme tout en noir qui ne meurt pas facilement, un peuple poisson, un double de lui-même, des crapules, des automates fous...On se perd un peu dans la narration mais c'est un monde vaste et un complot contre l'humanité toute entière que nous trouvons entre ces pages. Des personnages hauts en couleurs et une fin à mourir de rire.
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Horizon vertical

Dépaysant, réjouissant, bref rien à Jeter :-)



K. W. Jeter nous décrit un univers original, pas forcement très crédible mais ce n'est pas le plus important finalement.

Toute l'histoire est centrée sur le personnage d'Axxter, un indépendant; reporter et grafex qui cherche le scoop sur le monde vertical.

Tout le monde connu vit sur le cylindre, sorte d'immense tour construite en métal, et parcouru du câbles.

Certains vivent sur l'horizontal, soit au sommet du cylindre contrôlé par le clan du Cruel Amalgame, soit à des étages inférieurs mais seulement à la périphérie; l'intérieur du cylindre étant une zone taboue, hantée par les mystérieux et très dangereux « Noyaux morts ».

Les autres évoluent sur la face verticale du cylindre, ils possèdent des bottes qui lancent des crampons et leur permettent ainsi de marcher à la perpendiculaire.



Cet univers étrange se situe entre le cyberpunk et le steampunk. Les humains vivant étant connectés à un même réseau qui leur permet de communiquer, d'obtenir des informations, etc...

Axxter tente de gagner sa vie en filmant tout ce qui peut être vendable, en particulier les anges de méthane, créatures humanoïdes pourvu sur le dos d'une poche rempli d'un gaz qui leur permet de flotter dans l'air.

Et quand il ne fait pas le reporter, il vend ses services de grafex, un graphiste qui propose des animations se projetant sur les armures des guerriers qui composent les multiples clans en compétition pour prendre le pouvoir sur le sommet.

Mais quand Axxter finit par se mettre à dos l'autre clan dominant, « Le peuple de la dévastation », il se voit contraint dans une fuite qui lui permettra de connaître un peu l'envers du décor...



Récit sans temps morts, Horizon Vertical se lit d'une traite.

Comme la plupart des livres de K. W. Jeter, celui-là n'est pas encore ré édité à ce jour et c'est bien dommage.

C'est réjouissant de suivre ce personnage un peu à la loose, mais très sympathique.

Un livre qui pourrait servir d'excellente base pour un jeu de rôle.

Si je devais donner une filiation cinématographique à ce livre, je citerai Mad Max, il y a certes bien des différences mais aussi pas mal de gènes en commun.
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Noir

Le titre est incontestablement bien trouvé. Il rend hommage au roman noir, avec un détective appelé McNihil on peut difficilement faire plus éloquent, l’univers est noir, et le personnage, car nous sommes en science-fiction, plus précisément en cyberpunk, s’est fait greffer des yeux lui permettant de voir… tout en noir. Plutôt en noir et blanc, car le système informatique adapte la réalité à sa vision systématiquement en y substituant des images des films Noir, évidemment, des années 40. Ce qui permet d’ailleurs au personnage de dire qu’il voit la vraie réalité, puisque le système ne pouvant tout remplacer, cela lui permet notamment de remarquer des détails que d’autres, noyés dans la réalité, ne verraient pas.



Subtil et désespéré, nous avons un Œdipe qui se promène dans cette Los Angeles du futur, et lui seul sait le vrai. L’image avec Œdipe vient assez facilement car il a un passif très lourd ce personnage, même si nous sommes évidemment bien loin de la tragédie grecque. L’ambiance désespérante, la course à la cupidité, la folie des hommes de pouvoir, l’avidité du miséreux, les manipulations tant psychologiques que génétiques… j’aime autant vous dire qu’il vous faut un estomac bien accroché. Mais si vous avez lu le Dr Adder du même auteur, vous apprécierez d’autant plus Noir qu’il le situe habilement dans le futur de ce roman, avec les Clomes (les clones médicaux Adder), trouvaille sympathique et sordide. Mais que se passe-t-il dans ce monde ?



La propriété intellectuelle est au cœur de toute richesse, vous fondez votre avenir et celui de votre famille autour de cette notion. Il y a donc l’Agence de Recouvrement qui traque sans pitié les pirates, et pour être sans pitié elle l’est : on arrache le système nerveux du pirate et on l’implante soit dans un grille-pain, soit dans une enceinte, puis l’objet est donné à l’ayant droit qui punira ainsi très longtemps le contrevenant. Suite à une sale affaire avec une cruelle Verrity, à la recherche du mystérieux endroit appelé l’Angle, domaine de tous les trafics, McNihil, un ancien asp-ion de l’agence, bosse en privé. Un cadre, Travelt, de la très grosse société DynaZauber, la DZ, a semble-t-il trop joué avec un « agent », une sorte de clone prêtant son corps pour vivre des expériences incroyables et le retransmettre à son maître. Harrisch, un ponte de DZ, demande à McNihil d’éclaircir se mystère. Celui-ci a bien compris que c’était un piège, mais lequel ?



Vous voilà prêt à errer avec McNihil, a aller au pays des morts voir sa femme, lui faire éviter November, la tueuse surendettée qui doit lui faire la peau, et qui d’une certaine façon sera ça rédemption, découvrir les odieuse manipulations de Harrisch, comprendre que l’Agence a si bien massacré les pirates qu’il lui faut bien trouver du gibier, bref, c’est noir, noir, noir, mais très bien amené et cohérent, avec des passages christiques (la scène du train accidenté est délirante). On ne vous en dira pas plus, hormis que de situer les nuages d’informations des hauts cadres dans les testicules et la langue parce que c’est bourré de terminaisons nerveuses, c’est génial.



Ah, et ces gens qui se font « digérer » pour vivre une sorte de partouze charnelle complètement connectée… D’ailleurs, « connecté »ou « connecteur » sont des termes péjoratifs dans cet univers. Et les enfants professionnels ? Envie de parler à un gosse ? Louez-le, il est un peu blasé mais essayera de vous aider à comprendre le monde. Et les tatouages mouvant, passant d’un corps à l’autre ? Et cette ceinture pacifique, Glossolalia, ceinturée de trains ? Pourquoi tant de trains : mais à cause des mouches Noh, dérive nanotechnologie qui les fait attaquer tout ce qui vole… Arrêtons-là. Notons que l’édition française comprend une postface de l’auteur, sans aucune ambigüité : la propriété intellectuelle est ce qui nourrit l’écrivain, à bas les pirates. C’est dit haut et fort.
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Machines infernales

K.W Jeter pose ici et là plusieurs élément fondateur du steampunk à l'instar de ses amis Powers et Blaylock.

Même si la sauce victorienne fait mouche, Machines infernales s’essouffle pourtant assez vite et laisse place à de la lassitude voire de la frustration. L'originalité du genre nous fait cependant tenir jusqu'au dernières lignes, mais les choix brouillons et téléphonés de l'auteur nous laisse sur notre faim. Dommage.

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Noir

Ambiance : C’est un monde sans espoir, un monde désenchanté. Un monde où on ne vit plus que pour rembourser ses dettes. Un monde où on vous greffe un cadran dans la paume de la main qui vous affiche en temps réel le montant de vos crédits. Même la mort ne vous permettra pas d’échapper à vos créanciers. Quand vous mourrez, on maintient votre corps dans une pseudo-vie et votre âme se retrouve emprisonnée dans un monde virtuel où vous continuez à travailler dans les conditions les plus sordides jusqu’à l’élimination de la dette. Si tenté est que vous puissiez y parvenir un jour…



Suite de cette critique sur le blog:
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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Dr Adder

Disons-le tout de suite, je n'ai pas trouvé dans Dr Adder l'oeuvre incontournable décrite par tant d'autres, auréolée de l'intervention de Philip K. Dick himself pour se voir enfin publiée plus de dix ans après son écriture. Et c'est d'ailleurs probablement là que le bât blesse, au moins pour moi : ce livre est furieusement daté, et ce qui semblait novateur et provocateur dans le meilleur sens du terme il y a cinquante ans n'a plus aujourd'hui qu'un sympathique parfum des années soixante-dix. L'outrance devient amusante, la dénonciation sympathique mais banale. Oh, ce n'est pas un mauvais livre, on sent encore -- heureusement -- la rage de K.W. Jeter, et le republier était certainement utile. Ce livre est finalement un grand témoin d'une époque révolue, et aura sans nul doute marqué l'histoire de la science-fiction.
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