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4.37/5 (sur 15 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) : 1965
Biographie :

Kai Strittmatter est un journaliste et auteur allemand.

Journaliste au quotidien "Süddeutsche Zeitung", il a été correspondant à Pékin de 1997 jusqu’en 2018. Entre temps, il a travaillé en Turquie, de 2005 à 2012.

Il est considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de la Chine en Allemagne, où son livre, "Dictature 2.0 : quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde)" ("Die Neuerfindung der Diktatur: Wie China den digitalen Überwachungsstaat aufbaut und uns damit herausfordert", 2018), a connu un très grand succès.

Kai Strittmatter vit à Copenhague, au Danemark, depuis 2018.



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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Kai Strittmatter
La révolution culturelle a été une des heures les plus sombres de l'humanité. Mais pour certains enfants - on l'entend souvent dire -, une grande époque de plaisir. Du matin au soir, les adultes participaient à des réunions militantes, ils se dénonçaient et s'humiliaient les uns les autres. Des gardes rouges paradaient avec les cadavres torturés à mort de élue ennemis "contre-révolutionnaires". Mais les petits enfants, eux, passaient leur temps à courir dans les escaliers, ils se retrouvaient dans un conte de fées, un monde anarchique dont les adultes étaient exclus.

P. 138
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Kai Strittmatter
Dans différentes provinces, les directions du PCC ont demandé à leurs membres de ne pas participer aux célébrations et aux usages occidentaux. Cette prescription vaut aussi pour Halloween, la Saint-Valentin et même pour les poissons d’avril […].
Noël est tout particulièrement ciblé. En 2017, la ville de Hengyang a interdit à tous les fonctionnaires et tous les membres du Parti de participer aux fêtes : car enfin, tout communiste doit aussi être un athée. Se référant aux ingérences occidentales en Chine, il y a plus d’un siècle, l’Anhui, a qualifié Noël de « fête de l’humiliation » et l’Université pharmacologique de Shenyang a mis ses étudiants en garde contre « l’influence corruptrice de la culture religieuse occidentale », et leur a conseillé de travailler plutôt la « confiance dans leur propre culture ». « Noël est une fête des chrétiens, et donc une blessure infligée au peuple chinois. Elle n’est pas faite pour les Chinois, lisait-on dans un article publié su WeChat et qui circulait à la même époque. Nous ne devrions jamais oublier l’histoire infamante de notre pays ».
Ne pas oublier l’histoire, voilà qui n’est pas un mauvais conseil. Qui s’y teindrait constaterait que l’histoire du christianisme en Chine est aussi ancienne que celle du christianisme en Amérique. Même en oubliant les nestoriens qui prêchaient dès le VIIe siècle à Xi’an, la capitale Tang. Le missionnaire jésuite Matteo Ricci atteignit Macao en 1582 et Pékin en 1601, et si la Chine compte aujourd’hui, estime-t-on, 70 millions de chrétiens pratiquants, c’est aussi dû germes laissés par la mission de Ricci et de ses frères d’ordre.

p.182.
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Dans des systèmes comme celui de la Chine, les lois sont en outre souvent volontairement formulées d'une manière si vague et si contradictoire que presque chaque citoyen en viole au moins une chaque jour. Pour la grande majorité des gens et des cas, cela reste sans conséquence. [...] Mais quand l'État a pris quelqu'un en ligne de mire, quand il veut frapper, il dispose toujours d'un article de loi utilisable contre chacun de ses citoyens. Ces articles sont les crochets auxquels il finit par les pendre au vu et au su de tous.
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Le langage perverti immunise le peuple. Et le rend muet.
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Le marchandage auquel le PCC se livre avec le peuple peut se résumer ainsi : vous vous pliez à notre dictature et, en contrepartie, nous vous fournissons la bien-être, la protection et la sécurité. Tel est le contrat social non écrit de la Chine. En observant l'échec du système lors de la crise du coronavirus, un nombre non négligeable de citoyens a conclu que le Parti avait rompu le contrat. "Nous vivons dans un système qui transforme n'importe quelle catastrophe naturelle en une catastrophe encore supérieure, d'origine humaine, celle-là", a écrit le professeur de droit et essayiste Xu Zhangrun dans un essai très remarqué. "L’épidémie de coronavirus a dévoilé le cœur pourri du système chinois." C'était un spectacle remarquable, entre autres parce que la peur de la maladie et les vacances des fêtes du printemps ont retenu des centaines de millions de Chinois chez eux, où ils n'ont rien eu d’autre à faire que de suivre sur les écrans de leurs portables la pire crise sanitaire de ces dernières décennies "L'élite gouvernante de la Chine a tout à coup été jetée dans un Colisée virtuel dans lequel ses capacités politiques ont été soumises à un test impitoyable", lit-on dans un blog intitulé Chublic Opinion et tenu par un auteur de Shanghai "Et elles ont raté le test de manière spectaculaire" Non seulement on a vite compris que la ville de Wuhan et la province de Hubei avaient contribué à l'information, mais l'élite dirigeante locale s'est ridiculisée lors de plusieurs conférences de presse.
Mais c’est après la mort du docteur Li Wenliang que les citoyens ont laissé libre cours à leur colère. Cet ophtalmologue de 34 ans avait évoqué dans un groupe WeChat, en s'adressant à d'anciens condisciples, l'apparition d'une nouvelle maladie infectieuse qui rappelait le virus SRAS de 2003, et avait demandé à ses collègues de faire preuve de prudence dans leurs hôpitaux. Sur ce, la police l'avait convoqué et lui avait avait reproché de "troubler gravement l'ordre social" et de diffuser des "rumeurs" nocives : "Si vous vous obstinez, si vous ne regrettez pas vos actions illégales et si vous les prolongez, on vous demandera des comptes", a indiqué la police au jeune médecin. Jusqu'alors, Li Wenliang était un citoyen modèle du système, pas un dissident, et en réalité, même pas encore un lanceur d'alerte : il n'était pas allé voir la presse, n'avait rien posté sur u réseau public, il avait uniquement mis en garde, sur un forum semi-privé, des amis médecins contre un risque sanitaire. Même cela, dans la Chine actuelle, peut être interprété comme un acte criminel.
Sa mort a fait passer Li Wenliang du statut de héros à celui de martyr. Beaucoup d'internautes ont cité une phrase prononcée par Li dans une interview, peu avant sa mort : "Je pense qu'une société saine ne devrait pas avoir qu'une seule voix." Et aussitôt se sont propagées par millions sur les médias sociaux chinois des hashtags comme "#NousVoulonsLaLibertéd'Expression". C'était probablement la plus grande éruption de colère populaire depuis le mouvement pour la démocratie de la place Tiananmen en 1989. [...]
Pour le Parti, c'était l'horreur : la perte de contrôle l'a frappé par surprise. Mais il a vite réagi au moyen d'instrument éprouvés : censure, propagande, répression. Des videoblogueurs, comme l'avocat Chen Quishi et l'homme d'affaires Fang Bin, qui avaient fourni des images du chaos dans les hôpitaux dramatiquement surpeuplés et dépassées de Wuhan, ont disparu début février entre les mains de l'appareil de sécurité. Les discussions sur la liberté d'expression ont rapidement été bloquées et effacées. [...]
Dans le même temps, la propagande tentait de contre-attaquer. Elle lança le slogan d'une "guerre du peuple" cotre le virus, un combat pour lequel tous devaient se montrer solidaires. Elle diffusa des images des nouveaux hôpitaux sortis du sol comme des champignons, des histoires d'abnégation héroïque de la part des médecins et d'infirmières. D"une manière générale, titrait l’agence de presse Xinhua, "une attitude positive et confiante est la meilleurs immunité contre l'épidémie".

pp, 117-119.
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On comprend tout de même aujourd'hui que nos intérêts sont puissants, mais que nos instruments sont faibles, surtout tant que l'Europe n'est pas unie. On a laissé passer des annees décisives au cours desquelles notre influence sur ce pays aurait pu être encore supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui.
Au lieu de cela, c'est la Chine qui gagne en influence sur nous.
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On disait autrefois que le capitalisme apporterait la liberté en Chine. Il ne l'a pas fait. Puis on a soutenu qu'Internet allait saper le pouvoir du Parti chinois. Pour le moment, on a plutôt l'impression que la Chine sape à la fois le capitalisme et Internet.
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Kai Strittmatter
En France, un ancien Premier ministre œuvre à diffuser une image aussi positive de la république populaire de Chine et du Parti communiste. Jean-Pierre Raffarin siège au conseil du Forum de Boao, crée par la Chine, contre-manifestation organisée par Pékin face au Forum économique mondial de Davos, et il enseigne à la CEIBS Management School à Shanghai. Entre autres avec la Fondation Prospective et Innovation qu’il dirige, il organise quantité d’évènements sponsorisés par la Chine, par exemple sur la « nouvelle route de la soie ». Par le canal français de CGTN, la chaîne du PC pour la propagande vers l’étranger, Raffarin à sa propre émission, Grand angle sur la Chine. Dans le générique de début, on le voit feuilleter, songeur, le livre de Xi Jinping Gouverner la Chine. Dans la première partie, il introduit le public, admiratif, dans l’empire de Xi Jinping, « un leadership puissant dans un grand pays où il faut naturellement de l’autorité pour gouverner 1,4 milliard de personnes ». C’est un pays plein d’avenir et de promesses, guidé par un Parti doté d’une « grande vision » qui « définit les règles du futur ». Un part qui dit en substance Raffarin, se consacre à la protection de notre planète, à la coopération internationale et à la défense du multilatéralisme. L’épisode en question est intitulé « Leadership à la chinoise, plein de sagesse ». En 2019, Raffarin a reçu personnellement des mains de Xi Jinping la médaille de l’Amitié de la république populaire. Le monde a supputé que c’est sans doute « moins l’argent qui le motive que la reconnaissance » : comme d’autres « amis de la Chine », Raffarin est un « relais parfait » pour la stratégie de « Front uni » du parti, celle consistant à faire « du lobbying à tout-va, de l’influence ».

p. 363.
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Kai Strittmatter
Devant le Parlement, à Canberra, un représentant de l’agence de presse australienne ASIO parlé d’une « extrême menace ». On entend des avertissements analogues en provenance de la Nouvelle-Zélande voisine. Le débat public y a été lancé lorsque les services secrets ont révélé que le parlementaire Yang Jian, originaire de Chine, avait jadis donné des cours à de futurs espions chinois dans une école de l’armée de Luoyang. La sinologue néo-zélandaise Anne-Marie Brady a publié sous le titre Armes Magiques l’une des études les plus détaillés à ce jour sur les opérations de prise d’influence menées par la Chine. Sa conclusion : « les mesures fondées sur la dissimulation ou la corruption et visant à influencer la politique en Nouvelle-Zélande ont atteint un niveau critique. » Après la publication de ce texte, Brady a subi ce qu’elle décrit comme une campagne d’intimidation : sa maison et son bureau de Christchurch ont fait l’objet de plusieurs cambriolages ; visiblement, les intrus voulaient mettre la main sur son ordinateur, son portable et ses clés USB. Elle a reçu des appels et des lettres de menaces anonymes (« Tu es la prochaine ») ; après un cambriolage dans son garage, on a découvert que sa voiture avait été trafiquée.

p.343.
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Le taux de condamnation dans les procès pénaux en Chine dépasse 99,9% : être arrêté et mis en accusation, c'est pratiquement être déclaré coupable.
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