Je pensais qu'elles ne rencontreraient plus de langues, de pays, de monde pour les dire.
Plus de places, ni de livres, de phrases, de mots, de lèvres, de textes, de lignes pour les dire.
Je pensais à leurs vies , disséminées, raptées, à l'état de reflux, d'inquiétudes, d'effacements.
Je pensais à leurs lettres, répandues, éparpillées aux temps des langues: leurs fiers accents d'Arabes, de Françaises, d'Italiennes, d'Espagnoles, de Berbères, d'Hébraïques.
Je pensais à leurs routes, présentes sous les sables; aux jardins qui les unissaient, aux parfums qui les éblouissaient; je pensais que leurs terres - comme leurs mères - étaient franchissables, au-delà.
Reviens sur tes pas, vie vécue. Fais-moi voir à nouveau cette vie perdue que jamais je n’ai su vivre.
Les mots de Nabile Farès donnent sens aux maux de tous les traumatisés d'Algérie et d'ailleurs.
Il alluma la radio pour faire entrer dans sa tête d’autres bruits que ses pensées. Mais l’éteignit aussitôt sur les horreurs des nouvelles.