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Citations de Han Kang (129)


Si je l'avais épousée, bien qu'elle fût dépourvue de tout charme remarquable, c'était parce qu'elle n'avait pas non plus de défaut notable. La banalité qui caractérisait cette créature sans éclat, ni esprit ni sophistication aucune, m'avait mis à l'aise. Je n'avais pas eu à faire semblant d'être cultivé pour l'impressionner, à me précipiter pour ne pas être en retard à nos rendez-vous, à nourrir des complexes en me comparant aux mannequins des catalogues de mode. Devant elle, je n'avais pas honte de mon ventre, qui avait commencé à se bomber dès l'âge de vingt-cinq ans à peu près, ni de mes bras et de mes jambes, que je n'arrivais pas à muscler malgré mes efforts, ni même de mon sexe, dont les modestes proportions m'avaient toujours inspiré un sentiment d'infériorité que je prenais soin de dissimuler.
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Lorsqu’elle avait l’usage de la parole, il lui arrivait de fixer son interlocuteur au lieu de lui parler. Comme si elle croyait que son regard était capable de traduire parfaitement ce qu’elle voulait dire. Elle saluait, remerciait et s’excusait avec les yeux et non par la parole. Elle pensait qu’aucun contact n’était aussi immédiat ni aussi intuitif que le regard. Il s’agissait pour elle de la seule façon de communiquer sans établir un contact direct.
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Elle se penche en avant.
Serre le crayon qu'elle tient dans la main.
Baisse la tête.
Les mots s'enfuient de sa main.
Les mots qui ont perdu ses lèvres,
les mots qui ont perdu les racines de ses dents et sa langue,
les mots qui ont perdu sa gorge et son souffle ne se laissent pas saisir.
Comme un fantôme sans corps, la forme ne se laisse pas toucher.
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Quand je coupe la tête à quelqu’un dans mon rêve, quand je suis obligée de finir le travail en le tenant par les cheveux tandis qu’elle ne tient que par un lambeau de chair, quand je pose ses yeux glissants sur la paume de ma main, quand je me réveille, quand l’envie me prend de tuer le pigeon que je vois se dandiner sur l’appui de fenêtre, d’étrangler le chat du voisinage que je connais depuis longtemps, que je sens mes jambes fléchir et que je transpire, quand j’ai l’impression que je suis devenue quelqu’un d’autre qui jaillit du fond de moi pour me dévorer, à ces moments-là…
J’ai la bouche pleine de salive. Je suis obligée de contracter ma bouche en passant devant la boucherie. A cause de la bave qui monte depuis la racine de ma langue, qui me mouille les lèvres et… qui coule même entre elles.
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Il arbore une expression particulière lorsqu'il s'adresse à quelqu'un. Son regard dit qu'il sollicite humblement l'accord de son interlocuteur, mais il est parfois imprégné d'autre chose que de la simple humilité, d'une sorte de tristesse délicate. p 90
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Quelque fois, elle a l’impression d’être non pas un humain mais un objet mobile, solide ou liquide. Quand elle mange du riz chaud, elle a l’impression d’être du riz. Quand elle se lave le visage à l’eau froide, elle a l’impression d’être de l’eau. En même temps, qu’elle n’est ni du riz ni de l’eau, mais une matière solide et irréductible qui refuse de se mélanger à quoi que ce soit.
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Il l’a vue juste avant de sortir de son petit somme.
Sa peau était vert clair. Son corps était vautré devant lui, comme une feuille qui venait de se détacher de la branche et de commencer à se flétrir. […]
Il l’a retournée. Une forte lumière qui semblait provenir de son visage l’a ébloui, l’empêchant de voir la partie supérieure de sa poitrine. Il a écarté de ses deux mains ses cuisses dont l’élasticité lui disait qu’elle n’était pas endormie. Quand il l’a pénétrée, un liquide vert comme provenant d’une feuille écrasée a commencé à couler du sexe de la jeune femme. Une odeur d’herbe, à la fois agréable et âpre, rendait sa respiration difficile. Se retirant juste avant l’orgasme, il a découvert que son pénis était teinté de vert. Un jus frais, dont il était difficile de dire s’il venait d’elle ou de lui, avait colorié ses parties intimes jusqu’aux cuisses.
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La nuit n’est pas silencieuse.
Le bruit assourdissant de l’autoroute non loin de là dessine sur les tympans de la femme des milliers de lignes comme tracées par autant de lames de patins à glace.
Le magnolia pourpre dont les pétales flétris ont commencé à tomber brille sous la lumière du lampadaire. Elle marche, se frayant un chemin à travers la sensualité des fleurs si abondantes qu’elles font fléchir les branches, à travers l’atmosphère de cette nuit de printemps dont on dirait qu’il va se dégager un parfum sucré si on l’écrase. De temps à autre, elle passe ses deux mains sur son visage alors qu’elle sait que rien ne coule sur ses joues.
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Elle pensait qu'aucun contact n'était aussi immédiat ni aussi intuitif que le regard.
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Des tiges brunes et persistantes vont-elles pousser sur elle ? Des racines blanchâtres vont-elles s’élancer de ses mains pour s’ancrer dans la terre noire ? Ses jambes vont-elles se tendre vers le ciel et ses mains vers le noyau de la Terre ? Sa taille, étirée jusqu’au point de rupture, va-t-elle supporter ces forces antagonistes ? Lorsque la lumière descendant du ciel va traverser Yônghye, l’eau jaillissant de la terre fera-t-elle naître des fleurs dans son entrecuisse ? Son âme avait-elle eu la vision de tout ceci lorsqu’elle était ainsi dressée, les mains au sol ?
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Un temps de calme est nécessaire après une longue journée. Un temps où on peut tendre les mains engourdies et les ouvrir vers la chaleur tiède du silence, comme on le ferait machinalement devant une cheminée.
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Mes chaussures laissaient des traces noires sur la neige qui à l'aube s'était déposée en une couche consistante sur le trottoir.
Tels quelques mots écrits sur une feuille blanche.
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Ne trouvez-vous pas cela bizarre parfois ?

Que notre corps ait des paupières et des lèvres.

Qu'elles puissent être fermées depuis l'extérieur
ou verrouillées depuis l'intérieur.
p 158
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Le pénis de Chunsu dardait à présent, tandis que son visage trahissait son embarras. Elle s’est étendue doucement sur lui, sa poitrine contre la sienne. Ses fesses se sont soulevées. Il les a filmés de côté. L’espace laissé libre entre le corps de la femme, courbé comme celui d’un chat, le ventre et le sexe turgescent de l’homme avait quelque chose de grotesque, évoquant l’accouplement de deux plantes géantes.
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J'ai réalisé à quel point la vie elle-même était fragile. Ces chairs, ces os, ces vies qui pouvaient être brisées, tranchées, et avec une telle facilité.
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Elle portait un chemisier noir assez près du corps, qui laissait apparaître très nettement les contours des deux mamelons. Sans aucun doute possible, elle ne portait pas de soutien-gorge ! Me retournant pour juger de l'éventuel effet sur l'assistance, j'ai noté le regard de la femme du directeur adjoint, j'ai décrypté dans ses yeux du mépris mêlé de curiosité, de stupéfaction et d'un brin de perplexité.
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Alors que, par un après-midi de fin d'été, elle vagabondait dans un quartier résidentiel isolé, elle a vu une femme occupée à récupérer son linge sur son balcon du deuxième étage en faire tomber une partie. Un mouchoir a atterri en dernier, lentement. Tel un oiseau repliant à moitié ses ailes. Telle une âme cherchant un endroit où se réfugier.
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Certains objets paraissent blancs dans l'obscurité.
Quand une vague lueur les caresse, même les choses qui ne sont pas à proprement parler blanche diffusent une pâle clarté.
La nuit, dans le séjour où je n'allumais pas la lumière, je dépliais le canapé-lit sur lequel je m'allongeais et dans la pénombre, au lieu d'essayer de dormir, je me mettais à l'écoute du temps qui s'écoulait. J'observais les ombres qui dessinaient les arbres sur le mur blanc.
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- On a peur que tu meures.
- Et alors ? C'est interdit de mourir ?
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Les gens pensent qu’au fur et à mesure que la vue faiblit l’ouïe s’aiguise, mais ce n’est pas vrai. On devient avant tout plus sensible aux heures qui passent. Je me sens progressivement écrasé par la sensation du temps qui traverse en permanence mon corps et qui ressemble au cours lent et inexorable d’une coulée de boue.
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