Karen Merran présente chez Babelio son nouveau roman
Cornichon therapy publié aux Éditions Eyrolles.
Au bout d'un moment, j'en ai marre. Je me penche sur un coin d'herbe et je regarde les fourmis. Je creuse un petit trou pour voir si elles tombent dedans. Mais elles sont malignes, elles le contournent. Je me demande laquelle est juive, catholique ou musulmane. Impossible de savoir. Ça ne se voit pas à l'oeil nu. Aucune ne porte une kippa, une croix ou un tchador. Peut-être même qu'elles ont une religion spéciale pour les fourmis.
Ce que nous mangeons a un impact direct sur la production d'hormones produites par notre cerveau.
Le lendemain de cet échange, il me proposa une ballade au parc, m'indiquant une nouvelle étude réalisée sur les rues de Londres : les habitants vivant dans les quartiers où il y a des arbres consommaient moins d'antidépresseurs. La vue de la nature remontait le moral.
Paris est une grande ville, je pourrais me perdre. Et a entendre les parents, il y a des voyous partout. Et dire qu'on est partis parce qu'ici pensaient que le Maroc était dangereux !
-Et toi, Jacob ? Que veux-tu faire quand tu seras grand ?
-Musulman, je réponds en mettant un morceau de poulet au citron à la peau croustillante dans ma bouche.
Je n'ai pas le temps d'esquiver la main de mon père qui claque sur ma joue avec l'intention de me faire recracher ce que je viens de dire.
-Wouliwouliwouli ! s'écrie ma mère. Man hdars ! Que Dieu préserve !
Mauvaise réponse ! Ma mère et mes soeurs me regardent comme si j'étais devenu fou. J'ai huit ans presque et demi et, même si ça a l'air clair pour tout le monde, personne n'a pris le temps de m'expliquer qu'on ne dit pas qu'on veut devenir musulman, ni à table ni jamais. Pire, on n'a même pas le droit d'y penser. Quand on naît dans une famille juive, on peut devenir grand, gros, fort, riche, pauvre, chauve, boulanger, coiffeur, épicier, garagiste, mais pas musulman. C'est comme ça. C'est impossible.
Ne réussissant toujours pas à dormir, elle avait allumé son ordinateur et tapé sur Google Nombre de SDF. Elle n’avait absolument aucune idée du nombre de personnes comme Roger en France. Le débat était entier sur la question et les estimations allaint de 150000 à 900000 personnes vivant dans la rue ou dans des conditions ultra précaires
Rentrer, dîner, dormir, se réveiller, repartir, travailler et recommencer. Dans quel but ?
Une étude scientifique a montré qu'aider les autres stimule la production de dopamine, l'hormone du plaisir et réduit celle du cortisol, l'hormone responsable du stress.
Vous connaissez la chouchouka ? C'est une salade avec des poivrons verts, des poivrons rouges, des tomates et plein de bonnes choses. Eh ben, Safi, c'est un peu comme la chouchouka. C'est un mélange de pleins de gens : des juifs, des musulmans, des catholiques. Quand on enlève un ingrédient, ça enlève le goût.
- Et toi, Jacob ? Que veux-tu faire quand tu seras plus grand ?
- Musulman, je réponds en mettant un morceau de poulet au citron à la peau croustillante dans ma bouche.
Je n'ai pas eu le temps d'esquiver la main de mon père qui claque sur ma joue avec l'intention de me faire recracher ce que je viens de dire.