Karim Miske vous présente son ouvrage "
La situation". Parution le 23 août 2023 aux éditions Les Avrils. Rentrée littéraire automne 2023.
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la-situation
Note de musique : © mollat
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Ca avait l'air d'être le vrai marqueur de la liberté dans la région : posséder des esclaves. Tant que t'avais pas d'esclaves, dans ce coin du monde, t'étais pas vraiment libre, en fait. (p. 43)
Car il y a de la douleur à voir l'autre ne pas entrer dans le cadre commun, celui qui permet de dire : il est de mon sang, de ma foi, de mon côté, on partage quelque chose de précieux et de particulier. Il y a de la douleur à renoncer à ce qui nous unit. (p. 68)
" 5:09
C'est son moment préféré de la journée depuis qu'elle est toute gamine, les petites heures, entre rewind et fast forward."
...Je tournais sans cesse autour du même truc, l'appartenance. (...) L'ambivalence douloureuse et féconde de la bâtardise. (..) J'habite une étrangeté. Inquiétante, parfois. Ne jamais être exactement celui-là : the Arab in the Mirror. (...) N'être inclus dans rien, n'habiter aucune catégorie solidement établie. (p.18-19)
Tu as sept ans, six ans, neuf ans, pas cinquante comme aujourd'hui. Les mots te font défaut, et aussi les idées. La colère n'est pas encore née, qui te permettra de sortir et regarder. La honte le sait. Cette salope se nourrit du silence et du tabou.(p.7)
En sortant de la forêt, nous traversons Poissy. Des pavillons en meulière, aucune trace de combats, ici tout se poursuit comme si de rien n’était. Un bar, une boucherie, un fromager, une pâtisserie. Je ne sais pas combien coûtent une entrecôte et un éclair au chocolat, mais si j’en juge par le nombre de gens qui attendent, ça ne rebute pas le client. La paix, ça ressemble à des bourgeois qui font la queue pour des gâteaux.
Finie la sensation d'oppression qui les a saisis en pénétrant dans le studio. L'appartement d'Ahmed constitue une sorte de "reality-free zone" où les deux policiers se sentent libres d' arpenter leur propre univers intérieur. Et de s'y rejoindre. Sans avoir besoin d'en parler, ils savent que ce n'est pas lui qu'ils recherchent. Confusément, ils sentent qu'ils sont trois et non deux dans cette enquête. Une Juive ashkénaze, un Breton lunaire, et un Arabe "border line". La "dream time" du dix-neuf! Il faudra cependant jouer aux flics et au suspect.
En fait, j'ai toujours été convaincu que je ne pourrais aimer véritablement qu'une amatrice d'Ellroy, tout en pensant que cela n'existait pas. En tout cas, pas parmi les séduisantes.
-Sliders-, je vous le dis. Un monde totalement bizarre dont tu ne connais pas les règles, et où tu voudrais t'excuser d'un truc dont t'es pas responsable alors que tout le monde s'en fout de ce que tu penses. Mais moi je voulais pas être ça, un oppresseur, un salaud, un ennemi de l'humanité. Moi esclavagiste ? Raciste arabe ? comment ça ? J'ai rien fait, j'étais pas là, je vous jure, j'ai un alibi. (p. 42)
Le mec assez dingue pour penser que sa colère seule suffirait à tout foutre en l'air: les identités, la haine, l'amour frelaté pour celui dont tu crois qu'il te ressemble. J'avais beau savoir qu'on ne change pas le monde avec un film, j'adorais l'idée d'avoir à ma disposition deux millions d'euros et quatre heures d'antenne pour tout déconstruire. Après mon passage, je rêvais de laisser les spectateurs en pièces détachées, obligés de s'inventer un nouveau schéma d'assemblage. Je rêvais, oui, et rien de tel ne se produirait. Mais un film qu'Est-ce d'autre que le rêve de partager un rêve ? (p. 17)