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Critiques de Karin Boye (48)
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Kallocaïne

Ce roman est écrit sous la forme des mémoires de Léo Kall, citoyen de l’Etat mondial, aujourd’hui emprisonné. Il nous explique comment il en est arrivé là, à partir de sa découverte révolutionnaire: la Kallocaïne. Cette drogue est un sérum vérité imparable, qui permettra de punir les crimes de pensées des citoyens-soldats, pas assez dévoués à la réussite collective. Il espère grâce à cela montée les marches dans la hiérarchie de sa ville Chimie n°4.



Le monde dans lequel évolue Léo Kall est totalement contrôlé. Les gens vivent et travaillent sous terre, il leur faut un permis pour sortir à l’air libre. Leur vie est surveillée et espionnée en permanence. Ils sont tellement prudents qu’une conversation ne doit jamais être faite à 2, pour toujours avoir un témoin des dires de l’autre personnes, en cas d’accusation de conversation subversives d’une des deux parties. La propagande collectiviste est partout, de plus en plus forte avec le temps qui passe.



Le paradoxe du héros est qu’il ne prend pas conscience que sa propre création pourrait lui faire du tort, persuadé qu’il est d’être le parfait citoyen soldat, insoupçonnable. Cette société dystopique broie la liberté dans tous ses aspects, même les plus intimes. Oui, il y a une caméra dans la chambre conjugale! Le style, et la traduction, sont très fluide, malgré des discours de propagande et d’argumentation du héros parfois emphatiques. Ils ne gênent pas et se lisent facilement. Le récit exerce une fascination particulière: le héros ne remet pas en cause l’idéal collectiviste et le défend même avec véhémence. Je me suis demandée s’il y allait avoir une prise de conscience de l’absurdité des règles de son monde ou non, mais également si sa création allait avoir un effet boomerang et le faire condamner.



Cette lecture résonne tout particulièrement avec une autre de mes lectures en cours, L’Archipel du goulag de Soljenitsyne. On retrouve le système totalitaire collectiviste, l’effacement de l’individu, l’encouragement à dénoncer même ses proches, la criminalisation excessive de tout élément hors norme,… Ce n’est bien sur pas un hasard vu que l’auteure s’est apparemment inspirée de l’Allemagne nazie et de ses visites en URSS pour écrire ce dernier ouvrage (paru en 1940). Cette œuvre aurait influencé Orwell dans l’écriture de 1984 et il est vrai qu’on retrouve de nombreux points communs dans les régimes totalitaires inventés par les deux auteurs.



Ce roman n’a, à mes yeux pas vieilli, il est très peu connu, mais mérite amplement une place au sein des classiques du genre. Comme toutes les dystopies, ce récit est effrayant. Ce régime où les individus n’ont leur place qu’en tant que partie d’un tout qui les domine, l’État mondial, fait vraiment penser aux totalitarismes du XXème siècle, mais peut également être utilisé pour critique une société où la liberté doit laisser la place à la sécurité. Il y a cependant une touche d’espoir dans ce livre: les individus, mêmes les plus obtus et embrigadés, peuvent ressentir spontanément ce besoin de liberté, d’aimer, de réfléchir ou tout simplement de petits plaisirs « égoïstes », qui les amènera à se rebeller, au moins en pensée. Le totalitarisme ne pourrait jamais totalement gagner face à l’esprit Humain.



Comme je vous l’ai dit, j’aime énormément les dystopies et celle-ci est une référence. Si ce genre vous plaît, je vous recommande vraiment de découvrir cette histoire, qui vous fera réfléchir sur l’Homme, la liberté, l’individu et le collectif. J’ai eu un coup de cœur pour ce roman, intéressant et édifiant.
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Kallocaïne

Kallocaïne est une dystopie qui nous laisse entrevoir ce que pourrait être une société communautaire extremiste. L'auteur nous fait suivre les péripéties d'un personnage qui, ceci étant annoncé d'emblée, est emprisonné. Et pourtant, il est difficile d'entrevoir ce qui chez ce "camarade-soldat" a pu conduire à une telle issue !

Le personnage est atypique, d'abord presque détestable, il devient plus touchant.
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Kallocaïne

Kallocaïne est roman de SF suédois de 1940. On y découvre une dystopie où un régime totalitaire contrôle et organise toute la vie en société. Des villes entières sont construites autour de métiers. Il y a donc la ville des chimistes, la ville des linguistes, etc.



Les gens sont encouragés à dénoncer leurs amis, familles, parents, collègues, si ces derniers parlent contre le régime.



Voilà qu'un scientifique, notre protagoniste, invente un sérum de vérité extrêmement efficace. Non seulement on ne peut pas mentir si l'on en prend que l'on nous interroge, mais on ne peut même plus se mentir à soi-même. La kallocaïne est donc aussi une porte vers l'inconscience.



On a donc les questions classiques : doit-il faire connaître son invention? Doit-elle être utilisée pour chasser la dissidence et... existe-t-il réellement des gens qui ne soient pas dissidents au fond d'eux?



Mais plus original encore, on y explore les questions interpersonnelles. Un couple où la femme refuse de dénoncer son mari réalisera l'amour qu'il se porte. Mais, publiquement, devra agir comme s'il était en froid parce que la bonne chose à faire aurait été de dénoncer.



Pour finir : le marketing du livre se base beaucoup sur le fait qu'il a inspiré 1984. C'est une comparaison que les éditeurs font souvent trop rapidement mais, ici, c'est justifié. Une bonne partie de la trame narrative est quasi identique, et on y retrouve même ces espèces de télé/microphones que les gens ont dans leur salon par quoi l'État les écoute.
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Kallocaïne

Kallocaïne est un classique de la dystopie qui a été injustement oublié. L'auteure, déjà connue, s'est suicidée peu après la parution de l'ouvrage. Publié en 1940, où règne un contexte mondial tendu, le livre se fait donc l'écho des craintes de l'époque et dont la portée se poursuit aujourd'hui.



Leo Kall, scientifique, vit dans un Etat totalitaire où la paranoïa et la dénonciation dont des règles. Il crée un sérum capable de pousser les gens à révéler leurs secrets les plus profonds. Il offre donc à son gouvernement la possibilité de violer jusqu'à la dernière intimité des habitants, de briser définitivement toute forme de résistance.



La première question qui vient à l'esprit est comment n'importe qui serait capable de faire un acte aussi extrême et aussi évidemment néfaste ? le livre est écrit à la première personne et il s'agit du récit de Leo Kall lui-même. Au début, on se rend compte qu'il est totalement dédié à la cause de l'Etat mondial. Il manque de recul et d'esprit critique et représente tout ce dont il faut se méfier : il ne doute jamais vraiment et ne remet pas en question l'univers dans lequel il vit. Il est l'évidente victime d'un lavage de cerveau pernicieux et progressif.



On voit donc la situation du point de vue d'une personne qui est totalement dévouée à la cause, qui verra le manque de loyauté partout sauf en lui-même. Sa femme Linda. Son supérieur Rissen qui ne partage pas ses profondes convictions. Ses cobayes. Tous sont touchés par sa profonde méfiance. le personnage évolue cependant face aux rencontres qu'il fait et qui lui permettent de découvrir une autre façon de pensée. Ce changement est perceptible au fil de l'écriture. Au début, l'écriture est clinique et sans fioriture, traduisant aussi le côté scientifique de Kall que son aspect martial et respectueux des conventions. Mais petit à petit, il laisse de plus en plus à la rêverie et ses sentiments se font plus présents, plus envahissants. L'auteure parvient avec talent à montrer une évolution nette de son narrateur.



Le récit est aussi traversé de moments d'une grande poésie et d'une grande portée philosophique qui nous mettent face à notre place dans la société. Linda face à son rôle de mère, ces personnes qui sortent du carcan qui leur est imposé en fondant un ordre sans hiérarchie et sans insigne, Leo Kall qui évolue pour espérer l'existence d'une Cité où l'individu n'est pas annihilé face à l'intérêt du groupe, intérêt qui ne contente que quelques individus dans la population...



Kallocaïne est un récit dense qui fait écho à des temps complexes. Mais le livre est également universel car il touche à l'essence de l'humanité à bien des égards, une humanité tiraillée entre besoin de sécurité et de conformisme, et une autre qui a besoin de liberté et d'espoir pour s'épanouir. Bien que court, le récit met en scène des personnages complexes à travers l'oeil de son protagoniste, à la fois révoltant mais étrangement attachant. Car le parfait petit soldat que fut Leo Kall est un peu chacun d'entre nous.




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Kallocaïne

Mais pourquoi ce roman n'est-il pas plus connu ? Coincé entre Le meilleur des mondes et 1984, cette utopie ( vous verrez pourquoi je dis ça) vaut vraiment le détour.



Certes, l'auteure utilise brillamment les ressorts habituels de la dystopie : entraînement militaire et menace permanente de guerre, conditionnement précoce à se penser comme propriété de l'Etat et non comme individu, surveillance permanente, emploi du temps sans liberté, manipulation mentale par la peur, délation quotidienne... Mais elle y ajoute une touche profondément pessimiste : l'homme a totalement admis sa condition. Il n'y a aucune once de rébellion, aucun embryon de révolte. La vie, la mort, la liberté, la réclusion, l'amour, la méfiance, tout se ressemble ici, tout est uniforme, sans bonheur ni malheur, juste la vie.

Alors quoi? Où est la leçon de vie ?



C'est la découverte de la kallocaïne par le camarade-soldat Léo Kall qui va tout bouleverser. En voulant offrir à l'État-Mondial l'arme ultime contre le dernier bastion de l'individualité, la pensée intime, Léo va découvrir l'humanité.

Les tests vont révéler à Kall la beauté et la richesse du monde intérieur et faire naître en lui l'espoir et le désespoir au terme d'un long et douloureux chemin.

Cette drogue du violeur, car c'est bien de viol psychique qu'il s'agit, sera à la fois le mal et la révélation.

C'est sombre, oui, mais l'espoir ressenti à la fin du roman pousse à s'interroger sur le sens de la vie et sur notre être au monde. Le récit à la première personne permet l'identification et la réflexion.

Utopie ou dystopie ? On n'atteindra peut-être jamais le bout du tunnel mais la lumière est bien là. Elle prend son sens dans cette citation : "je sais que ce que je suis subsistera quelque part".

Dystopie ou utopie ? A vous de décider quand vous l'aurez lu !

Alors, Messieurs Huxley et Orwell, poussez-vous un peu, s'il vous plaît, et laissez à kallocaïne et à Madame Boye la place qu'elles méritent.

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Kallocaïne

Au sein de l’Etat Mondial, chacun oeuvre pour le bien de tous. Pour le bien de l’Etat. La guerre contre l’Etat voisin est latente, on le sent, et tous les « camarades-soldats » occupent leur temps entre leur emploi et leurs obligations militaires quotidiennes.

Au sein de la Ville de Chimie n°4, l’un d’entre eux, un chimiste du nom de Léo Kall, a mis au point une substance qui sera l’arme absolue contre toute tentative de sédition. Il lui donne le nom de Kallocaïne.



Kallocaïne fût écrit en 1940, entre « Le Meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley (1932) et « 1984 » de George Orwell (1949). Il s’agit d’une dystopie parmi les plus sombres : la communauté est absolue, le ministère de la propagande forge et force les esprits, le ministère de la Police impose une société de surveillance extrême (l’intimité des couples est limitée à quelques heures par semaine…) et toute tentative de dissidence est réprimée et neutralisée par la force.
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Kallocaïne

Je suis tombé sur ce livre par hasard en bibliothèques, j'ai ensuite appris qu'il s'agissait d'une oeuvre pionnière du genre de la dystopie.





Leo Kall, un scientifique chimiste travaillant pour l'état mondial est sur le point de créer un outils sans précédent : un sérum de vérité appelé Callocaïne. Cette découverte, dans une société totalitaire communiste où l'individu n'est rien d'autre qu'un soldat donnant sa vie pour le pays, pourrait sans nul doute aider à empêcher de nuire tout ceux qui remettent en cause la légitimité du pouvoir en place. Alors que ses recherches s'achèvent, Leo voit ses relations au sein de sa famille et avec ses collègues se dégrader, ce qui, dans un monde ou personne ne se fait confiance, pourrait avoir des conséquences désastreuses. En outre, il sera amené à questionner le bien fondé de sa création, mais peut-il vraiment inverser le cours des choses à présent?





On retrouve toutes les bases du genre, des notions qui étaient très novatrices à l'époque (ce roman a été écrit en 1940). La critique du communisme poussé à l'extrême est pertinente, le style d'écriture est plaisant et c'est certainement un ouvrage important.





Pourquoi seulement 3,5/5 dans ce cas? Et bien malheureusement, si ce livre était novateur à son époque, il l'est beaucoup moins à présent. d'autres auteurs sont passé par là entre temps et on approfondis et perfectionné le sujet.





En outre, la Kallocaïne, qui aurait pu être un ajout extrêmement intéressant, est sous exploitée. Quel gâchis! Car le lecteur, arrivé au milieu de sa lecture, fera sans nulle doute bon nombre de théories quant à la suite des évènements, pour qu'au final, presque tout tombe à plat. Malheureusement, la fin est un peu abrupte et laisse un goût amer d'inachevé.





Les personnages eux même sont peu attachants, mais c'est logique vu l'environnement dans lequel ils évoluent et le thème du récit. Les relations entre les personnages restent malgré tout intéressantes à suivre.





En résumé, je conseille ce livre pour ceux qui sont curieux de lire une oeuvre fondatrice du genre de la dystopie et ceux qui n'ont pas l'habitude de ce genre d'ouvrage. Typiquement, si vous avez lu 1984 de Orwell, vous n'allez pas être très impressionné ici, même si vous passerez dans l'ensemble un bon moment. On malgré tout n'est pas passé loin du chef d'oeuvre, mais pour cela, il aurait fallu 100 pages de plus pour aboutir à une fin digne de ce nom.
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Kallocaïne

Kallocaïne est une dystopie c’est à dire: un récit de fiction qui prend pour univers une société imaginaire organisée de telle manière que ses habitants ne peuvent accéder au bonheur. Elle est due à la mise en application d’une idéologie censée amener à un monde parfait et apporter le bonheur aux gens du moins du point de vue officiel. On y retrouve des choses aussi peu sympathiques que l’uniformisation de la pensée et bien sûr une perte évidente de liberté. Ce genre est le plus souvent une dénonciation des risques néfastes d’une idéologie. On retrouve bien tout cela dans Kallocaïne, écrit pendant la seconde guerre mondiale dans un pays confronté à la fois au nazisme et communisme.



Le monde décrit dans le roman est une société totalitaire où les citoyens vivent uniquement pour le servir et ce dès l’enfance. Les enfants vivent en camp de jeunesse très tôt et sont élevés dans le but d’être utiles à la société. Les gens n’ont aucun loisir, ils travaillent et une fois leur travail terminé, ils vont faire des taches au service de l’état. Tout est régi, décidé, formaté par le gouvernement en place.



C’est dans ce monde que vit Leo Kall, chimiste, et narrateur du roman. Il invente un sérum de vérité qu’il appellera kallocaïne en référence à son nom. Leo Kall est marié à Linda et ils ont 3 enfants. Il travaille au département des chimistes et son supérieur s’appelle Rissen. Il vit pour servir « l’état mondial » et c’est dans ce but qu’il met au point la kallocaïne. Ce sérum fait révéler à celui à qui on l’injecte ses pensées les plus intimes, il ne peut pas mentir, ni cacher quoi que ce soit. Leo a inventé ce sérum dans le but d’aider la société à traquer les criminels et à éviter le pire. Il a une vision totalement ancrée dans « l’état mondial » et ne pense même pas aux dérives possibles d’une telle drogue.



Il va petit à petit se rendre compte que la drogue peut lui être utile et l’utiliser sur sa propre femme. Ce passage est assez poignant et permet à l’autrice de parler de la condition féminine dans une société totalitaire, des douleurs et des difficultés des femmes. L’autrice parle aussi par ce biais du problème de la confiance entre époux, entre collègues et plus généralement dans la société. Comme toujours dans les dystopies, le personnage prend peu à peu conscience de la société dans laquelle il vit.



La fin du roman est un peu abrupte, le récit est sombre, avec peu d’espoir. Encore une fois ceci s’explique par le contexte dans lequel le roman a été écrit. Le propos n’en est que plus percutant et son propos est toujours d’actualité. Le monde décrit est oppressant et la kallocaïne fait froid dans le dos. Le roman est court mais nous fait réfléchir sur l’histoire et sur notre société. Un roman d’autant plus impressionnant qu’il n’a pas vieilli.
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Kallocaïne

Quand on découvre ce tout petit livre de 239 pages à peine, c’est la vie de l’auteure elle-même qui interpelle notre attention. Voyez-vous, elle était une femme libre. Mariée à un homme juste avant la seconde guerre mondiale, elle a divorcé de lui pour se mettre en couple avec une femme, juive, de surcroît. Connaissant l’époque dans laquelle elle vivait, rien que cela suffit à susciter mon admiration et à me faire imaginer que Kallocain va être puissant.



Puissant, c’est le mot. Kallocain nous plonge dans la tête d’un scientifique qui invente le sérum de vérité. Il vit dans une société autoritaire qui est en train, sans qu’il ne s’en aperçoive, de glisser dans le totalitarisme et il est malheureux dans son mariage, ressentant un manque qu’il ne sait pas où n’ose pas exprimer. Pour cause, dans cette société qui n’est pas sans rappeler le communisme, l’individu doit s’effacer complètement au profit de la société et cela inclut tout lien, familial ou social. Si je devais vous décrire cette société plus en détails, je remplirais des pages et des pages tant il y a des détails qui m’ont fait réagir. Sachez donc que nous sommes au coeur d’une dystopie.



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Kallocaïne

« S'habituer très tôt à se sacrifier pour de nobles causes, n'est-ce pas ce qui forge le mieux le caractère du camarade-soldat ? »



Effrayant, glaçant, éclairant, un roman qui me touche énormément. Il décrit un monde où l'individu n'est qu'une cellule d'un État-Monde. Chacune des cellules est faite pour assurer le bien suprême, le bien collectif. L'état de la cellule ? Peu importe. Elle 'doit faire', elle doit se sacrifier, elle ne doit pas penser autrement que dans l'intérêt général. Rien de personnel dans tout ceci.



Sauf que si, c'est très personnel tout ça. L'individu, l'être n'existe plus par lui-même. Mais à lire ce roman j'ai pris conscience que cet État-Monde était dans ma tête. A l'intérieur de mon crâne se tient cet État-Monde, cet État-Univers et je l'ai laissé grandir. Pour faire plaisir, pour espérer apporter un petit plus au bien commun, ma petite goutte d'eau, mais aussi pour obtenir une once de reconnaissance, le tout à mon corps défendant, à mon corps souffrant. Mais j'y allais, la fleur au fusil, parce que c'était bien.

Mais qu'est-ce que le bien quand il vous fait mal ? Alors j'ai compris que ce livre m'expliquait mon État-Univers. Il était en moi. Ma dictature. Cet auteur a su me parler, beaucoup plus que d'autres.



« L'organisation ? Répéta-t-elle. Nous ne cherchons pas à nous organiser. Ce qui est organique n'a nul besoin d'organisation. Vous bâtissez de l'extérieur, nous le faisons de l'intérieur. Vous vous utilisez comme des pierres de construction et vous vous effondrez, dehors comme dedans. Nous croissons de l'intérieur, comme les arbres, et entre nous s'établissent des ponts qui ne doivent rien aux matières mortes ni aux forces mortifères. De nous jaillit la vie. En vous n'entre que ce qui est mort. »



Je suis étonnée que ce roman ne soit pas plus lu car c'est une œuvre qui touche à la psychologie sous un angle atypique, une manière d'aborder l'individu dans un univers qui le nie. Mais ce livre entre dans votre tête. Il est entré en moi à la vitesse éclair, aspiré comme on peut l'être lorsqu'un bateau coule et engouffre les survivants dans le tumulte des flots. J'ai été tous les personnages, la maternité vous change, le travail vous pousse à ne plus être vous parfois et il arrive qu'un faisceau de lumière vous rapproche de Rissen. De son intérieur, qui est vôtre ...quand on y pense. Je lui laisse les mots de la fin de ce petit billet.



« Ce doit être la kallocaïne, je suppose, qui me remplit d'un espoir insensé – tout me semble clair, paisible, aisé... Je suis toujours en vie – en dépit de tout ce qui m'a été dérobé -, et maintenant je sais que ce que je suis subsistera quelque part. J'ai vu les puissances de mort se répandre sur le monde en cercles toujours plus larges – mais les puissances de vie n'ont-elles pas aussi leurs cercles, même si je n'ai pu les discerner ? Oui... bien sûr... c'est sous l'effet de la kallocaïne que je m'exprime. Mais pourquoi mes paroles en seraient-elles moins vraies ? »
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Kallocaïne

Kallocaïne est un chef-d’œuvre Suédois de la SF d'anticipation, injustement méconnu en France. Il est considéré comme un classique dans le monde anglo-saxon, à l'égal de 1984 d'Orwell ou du Meilleur des mondes d'Huxley. Certains pensent même que ce livre aurait pu inspirer Orwell, puisqu'il a été écrit neuf ans auparavant. Je dois avouer que j'étais un peu dubitatif, avant ma lecture, sur le fait qu'un livre aussi important puisse être totalement inconnu ici. Peut-être que les affres d'une mauvaise traduction précédente ou les aléas de l'édition sont à l'origine de cette injustice. Toujours est-il que ce livre mérite entièrement sa réputation !



Il met en scène un scientifique dans un État totalitaire qui ressemble grandement à l'ex URSS. Ce scientifique met au point une nouvelle drogue qui ressemble à un sérum de vérité : la kallocaïne. Celui qui en prend est obligé de dévoiler ses pensées les plus secrètes. Alors même que les citoyens étaient déjà très surveillés, de beaucoup de manières différentes, même jusqu'au sein du couple ; cette nouvelle drogue va devenir l'arme absolu du pouvoir. Mais cette drogue risque de déstabiliser tout le système. Elle est d'abord utilisée par les membres les plus hauts placés de l'appareil d'état, pour servir leurs propres intérêts. Sauf que cette nouvelle substance est tellement efficace qu'elle va vite échapper à leur contrôle. De plus, même avec une transparence totale, les angoisses paranoïaques du régime et du héros ne sont pas apaisées... car le mal est plus profond, il est au cœur de l'âme humaine.



Ce livre à l'écriture sobre est glaçant, et il mérite bien son rang de classique !
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Kallocaïne

Dans un futur dystopique, Leo Kall est biologiste dans la ville Chimie-4 et entretient des relations distantes avec son épouse Linda et ses enfants. Il sert l’État, comme tout le monde autour de lui, et il se méfie de son chef Rissen qu’il soupçonne d’avoir une aventure avec Linda. Leo vit — et trouve normal de vivre — dans une société où le contrôle social est omniprésent, chacun surveillant son voisin ou son conjoint. Même les chambres sont espionnées, pour le bien d’un État en lutte contre un autre État. Dans une ville qu’on ne quitte jamais et sans aucun contact avec l’extérieur, on doit des jours de service à la police, on envoie ses enfants dans des camps où ils sont conditionnés et détachés de leurs familles, et les jeunes gens peuvent être arrachés à leurs proches pour être envoyés vivre ailleurs selon les besoins en main-d’œuvre. Cette société se voit comme l’étape ultime de la civilisation, chaque individu ne se justifiant qu’à travers le service de l’État.



Leo vient d’inventer une drogue extraordinaire, qu’il baptise la Kallocaine, en référence à son propre nom. Sous ses effets, les prisonniers confessent leurs pensées les plus secrètes, et les tests montrent que même les idées qu’ils n’osaient s’avouer à eux-mêmes font surface.



Leo est fier, très fier. Il a découvert le moyen infaillible de débusquer les ennemis de l’État. Bientôt, il va militer pour le vote d’une loi contre les crimes de la pensée, maintenant que son invention permet de les dévoiler. Pourtant, au contact de son chef Rissen qu’il méprise, et de sa femme Linda qui lui échappe à son grand regret, quelque chose s’éveille en lui. Une chose qui l’effraie, lui, le brave petit soldat de l’État : les sentiments pour autrui. Ce serait une catastrophe dans un univers réprimant les sentiments et les émotions comme asociaux.



Ce roman court mais dense — et assez littéraire dans sa plume — a été publié en 1940 par une auteure suédoise qui se suicidera l’année suivante : avant même d’ouvrir le livre, on sait que le ton sera grave et la fin sera sombre. Son testament est marqué par son époque : les pays totalitaires, le contrôle étatique sur les citoyens et la certitude d’agir pour le bien collectif au détriment de l’individuel.



Kallocaïne fait immanquablement penser à 1984, plus tardif, et qu’il a sans doute inspiré sans en posséder la richesse thématique ni la profondeur de la description de la société. Il n’en reste pas moins une vision glaçante d’un régime totalitaire diablement efficace car tous les citoyens sont endoctrinés dès le plus jeune âge, toute déviance est a priori impossible grâce au contrôle de chacun sur chacun. Les sentiments sont perçus comme asociaux, et rares sont ceux qui comprennent être prisonniers d’un système qui les prive de relations humaines véritables.


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Kallocaïne

Karin Boye écrit à la première personne et raconte l'histoire via le regard d'un scientifique qui rédige ces mémoires au fond d'une prison. Il s'adresse à son lecteur avec qui il va se montrer le plus honnête possible. Dans la ville des chimistes n°4 de l'Etat Mondial, il développe un sérum de vérité auquel il donne son nom. Léo Kall créé la Kallocaïne qui rappelle d'autres drogues avec un nom semblable. Bien entendu, ce n'est pas monsieur Coc qui a créé la cocaïne. Quelle idée fabuleuse quand on est endoctriné dans un état totalitaire. Grâce à son produit sans effet secondaire, on pourra tout savoir des gens car ils devront être totalement honnête après l'injection. Mais protéger l'Etat des asociaux, des faux-patriotes, des menteurs est-ce si bien? La délation n'est-elle pas le système le plus productif? Progressivement, grâce à son chef et ceux qui testent le produit, le doute s'insinue dans son esprit. Où est la part de libre-arbitre, de liberté, de confiance, de co-construction? Rien qu'en osant penser cela, il a franchi une frontière. Pas le temps de se faire juger car la guerre éclate silencieusement et il se fait arrêter. Par qui? Pourquoi? Où est-il? Qu'importe. Ailleurs, le système est le même seul lui a changé.



On nous dépeint une société archétypale qui fait froid dans le dos et qui rappelle le nazisme, le stalinisme et d'autres régimes totalitaires toujours en place. On trouve les éléments phares avec la surveillance policière dans l'espace privée, la dénonciation, obligation de participations des citoyens aux célébrations et avec sourire et conviction, embrigadement des enfants dès 8 ans, l'endoctrinement comme mode de vie... Il n'y a plus de temps pour réfléchir, prendre des initiatives, avoir des passions, faire confiance... La kallocaïne permet d'identifier les crimes de la pensée. Ce qui glace le sang repose sur ces individus du "service des sacrifices volontaires" qui subissent toutes sortes d'expériences. Ce choix pour la grandeur de la nation les mets au banc de la société. Des personnes qui font partie de ces invisibles qui font tourner le monde et qui parfois s'interroge à l'image de cette secte silencieuse qui teste la confiance dans autrui. un récit qui fascine autant qu'il effraie car le champs du réaliste n'est vraiment pas très loin de nos connaissances et de notre monde.
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Kallocaïne

Léo Kall, un chimiste en captivité, entreprend en cachette d’écrire le récit de la période la plus mouvementée de sa vie. Quand son récit commence, il approche de la quarantaine, est marié et père de trois enfants. Il vit dans un monde futur, qu’on pourrait qualifier de post-capitaliste. Les valeurs communistes semblent en effet avoir triomphé. Les hommes ne sont plus motivés par la course à la richesse. Ils se voient tous attribuer un appartement standard, d’une pièce pour les célibataires, de deux pièces pour les familles, et portent les mêmes uniformes, un pour le travail, un pour les loisirs. Très encadrés, sans cesse contrôlés, surveillés jusque dans leur chambre à coucher par l’Oeil et l’Oreille de la Police, ils vivent dans des districts spécialisés dans une activité professionnelle et entourés de barbelés. C’est dans ce contexte que Léo Kall poursuit avec passion ses recherches en chimie. Ses premiers résultats sont si encourageants, qu’il vient d’obtenir l’autorisation de poursuivre ses expériences sur des humains…



La kallocaïne, l’invention géniale de Léo Kall, est un sérum de vérité qui révèle les pensées secrètes de ceux auxquels on l’administre. Léo Kall a inventé ce produit sans anticiper les utilisations que l’on va pouvoir en faire. Mais il se prend vite au jeu de la collaboration avec la Police. Grâce à son invention, les ennemis de l’État peuvent dorénavant être condamnés à mort pour leurs seules pensées…



Impossible de lire ce roman dystopique sans le situer dans l’époque à laquelle il a été écrit. En 1940, quand paraît Kallocaïne, Karin Boye vit en Suède, dans un pays neutre, alors que le monde est pris en étau entre Staline et Hitler. Consciente du danger que représentent ces deux formes de totalitarisme, elle écrit le monde futur qu’elle redoute avant de mettre fin à ses jours. Deux célèbres dystopies avaient déjà été publiées avant Kallocaïne : Nous autres d’Eugène Zamiatine (en 1920) et Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (en 1932). On cite généralement Kallocaïne comme étant avec Nous autres une des principales sources d’inspiration de George Orwell pour l’écriture de son roman 1984 (paru en 1948).



Un autre aspect intéressant de Kallocaïne est le féminisme qui s’y révèle à l’occasion des confidences de Linda, la femme de Léo Kall. Linda souffre en effet de sa condition de femme tout juste bonne à enfanter de petits mâles. Quelques années après Le meilleur des mondes, Karin Boye se projette à son tour à travers Linda dans un monde futur où la science serait en mesure d’assurer la reproduction. Mais elle va plus loin que Huxley, imaginant un monde composé exclusivement d’hommes, car les femmes ne seraient plus alors d’aucune utilité.



On ne peut que regretter que Kallocaïne ne soit actuellement plus disponible en français et soit quasiment introuvable (sauf en bibliothèque), car c’est une lecture d’autant plus intéressante aujourd’hui que le genre dystopique est à la mode dans le roman contemporain pour ados.
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Kallocaïne

On retrouve dans cette oeuvre l'ambiance angoissante des grands romans d'anticipation. L'originalité, le titre, l'élément déclencheur, est la kallocaïne. Cette substance qui s'apparente à une drogue, révèle les pensées profondes de l'individu à qui on l'injecte. Ce dernier se livre sans pudeur ni faux semblant et répond sans résistance aux questions qu'on lui pose, ce qu'on appelle par abus de langage, un sérum de vérité. Un récit court mais intéressant qui suscite la réflexion et soulève de nombreuses questions.
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Kallocaïne

Dans un décor claustrophobique qui n'est pas sans rappeler les heures sombres du stalinisme (l'autrice venait de visiter Allemagne nazie et U.R.S.S.), avec un climat de paranoïa aiguë liée à la mise sous observation de tous, à tout moment (y compris dans la chambre à coucher !), Karin Boye dresse le portrait d'un homme tourmenté, tiraillé entre son désir d'excellence et sa nature bien moins parfaite. Au point de passer sur tous ses principes, de commettre les actes les plus abjects, de servir bassement un Etat qui exploitera ses connaissances pour un but terrifiant.



Si le style est parfois un peu plat, et les digressions un peu longues, il faut se remémorer la date de parution de ce roman qui n'a pas pris une ride (la traduction a été refaite en 2016), d'autant que l'autrice ne l'avait ni daté, ni localisé. Par précaution envers la censure, certes, mais cela lui donne une sorte d'intemporalité qui l'empêche de vieillir d'autant que les thématiques sont encore, hélas, d'actualité dans certains endroits du monde. Mais en plus de l'aspect totalitaire, il comporte aussi une certaine vision des relations entre mari et femme, de l'incompréhension, des fantasmes, craintes, non-dits qui peuvent exister entre deux êtres. Et suscite cependant quelque espoir, enfoui au fond de chacun, considérant que le désir de liberté finira toujours par resurgir.



Certes, le thème de la dystopie n'est plus novateur de nos jours, mais le méconnu Kallocaïne fait partie des références du genre et se révèle encore et toujours, malheureusement, d'une actualité inquiétante.



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Kallocaïne

Une société nouvelle est créée à l’issu d’une guerre, un État Mondial où chaque citoyen est surveillé, ses faits et gestes sont scrutés par la police, même dans l’intimité de sa chambre à coucher.

Léo Kall, chimiste, va mettre au point une drogue, un sérum de vérité qui permettra à l’Etat de connaître et condamner les pensées et rêves de liberté de chacun, considérés comme dangereux pour la collectivité.

A travers ce roman d’anticipation, Karin Boye va mettre en lumière la psychologie des citoyens face à la privation de liberté. D’une part la peur des autres, des dénonciations mais aussi la peur de leurs idées. Graines qui peuvent germer dans l’esprit de chacun. Ces rêves de liberté qui peuvent s’immiscer dans l’esprit du citoyen qui va tout mettre en œuvre pour les faire taire, une sorte de déni. Le deuil de la croyance que l’Etat Mondial est la meilleure chose qu’il soit. Un certain réveil des consciences se met alors en marche, l’acceptation que l’idée d’un monde nouveau n’est pas absurde, voire même possible. L’idée de liberté est plus forte que le croyances acquises à coup de propagandes.

Au cours de la lecture on ne se rend pas forcément compte que le roman est sombre, mais il l’est bel et bien. Je penses qu’il est le reflet de la peur de l’auteure et de ses tourments, d’autant plus que cette dernière s’est donnée la mort après la publication de ce roman.
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Kallocaïne

La réputation de Kallocaïne est amplement méritée. Formellement assez classique, il aborde un sujet grave et le traite avec un sérieux subtilement teinté de cynisme. Presque 80 ans après sa parution, sa lecture est toujours d'actualité, d'autant plus qu'en sous-titrant son livre "roman du XXIème siècle", son auteur devait se douter, au regard des évènements de son époque, que rien ne s'arrangerait de son temps.

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Kallocaïne

Lu dans le cadre du challenge SFFF 2022, Kallocaïne est un livre qui décrit une société autoritaire sous la gouverne de l'Etat Mondial.

Les habitants sont sous surveillance et réduits à une existence qui doit être utile à la communauté.

Les dénonciations sont donc fréquentes vis-à-vis des citoyens soupçonnés d'activités contraires aux intérêts de l'Etat ou vis-à-vis de ceux susceptibles d'entretenir des idées dissidentes.

Dans ce cadre, l'invention par Léo Kall de la Kallocaïne, sorte de sérum de vérité, intéresse au plus haut point les autorités.

Se balader au fil des pages dans les pensées de Léo Kall, le protagoniste de cette histoire, est assez perturbant.

Ecrit en 1940, ce roman reflète une époque qui a vu la montée croissante de l'idéologie nazie et le début de la guerre 40 - 45. On peut sans doute parler de roman d'émancipation car, en 1940, je ne crois pas qu'on connaissait l'étendue des atrocités des SS.

Mais Kallocaïne est également étonnant de modernité.

Le lire à un moment où il y a une telle méfiance vis-à-vis des médias, de la politique, où la désinformation et la propagande sont au coeur des discussions, a provoqué un écho évident en moi, tant ces thèmes sont contemporains et amènent à la réflexion.

J'ai vraiment apprécié ce livre bien écrit et je le recommande donc vivement.



CHALLENGE SFFF 2022 : ÂGE D'OR DE LA SF

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Kallocaïne

Ce quatrième pilier de la maison des grandes dystopies est sans conteste un vrai et bon roman. Si, contrairement à 1984 surtout, le meilleur des monde aussi et même Nous (quoi que pour ce dernier dans une moindre mesure), il ne brille pas par son caractère exhaustif, total oserai-je dire, via une "description" complète de ce que pourrait être un nouvel ordre techno-fasciste (ici les ressorts et les décors de la société sont quand même assez floutés), la réflexion qu'offre Kallocaïne sur l'idée de transparence absolue a toutes les raisons de retenir notre attention. Car s'il y a de fortes chances pour que cet accès au monde intérieur de chacun ne se fasse pas via l'inoculation d'un sérum de vérité, le développement des nouvelles techno et de l'hyper connexion pourraient bien (c'est peut-être déjà le cas) finir par avoir les mêmes résultats : comme l'ont brillamment montré Marc Dugain et Christophe Labbé dans L'Homme nu. Avec cet appréciable apport de Kallocaïne réussit à montrer à quel point l'individualisation du rapport au monde est bien le terreau sur lequel peut pousser cette dictature du contrôle absolu des habitants : l'autre face d'une société des individus (dont on prétend vouloir assurer les droits les plus intimes et le bonheur le plus personnel) c'est bien la mise à mort de la communauté, du groupe, du lien social.
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