- Courir après les démons en espérant ne pas être rattrapé par les siens est une illusion, mon petit.
Personne n'est plus mort qu'un homme qui ne peut pas mourir. Je n'ai d'existence aux yeux de personne, je ne peux pas rester au même endroit très longtemps. Je n'ai pas d'attaches, pas de famille, pas d'amis... tout simplement pas de vie !
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-J’ignore ce qu'il y a de plus terrible : ne pas pouvoir mourir ou la solitude qu'impose l'immortalité
-Le plus douloureux, c'est de se l'entendre dire. Je devrais vous le faire regretter
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Le domaine de Porte-Vent, fief de la famille Le Kerdaniel depuis des générations, était bien nommé : en s’engouffrant entre le manoir et ses dépendances, le vent marin émettait un chant lugubre.
"Mon père disait que savoir les choses à moitié, c'est comme traire une vache et laisser tourner le lait !"
Une boule d’angoisse l’empêcha de poursuivre. Les bras de l’immortel lui étaient littéralement tombés le long du corps. Son visage, lui, était impénétrable. Rose s’attendait à tout moment à une réaction excessive dont il avait le secret. Il ne prononça qu’un « d’accord » du bout des lèvres.
- Grégoire, vous voulez bien nous laisser une minute ?
Quand la porte se referma sur le prêtre, un silence embarrassé s’installa. Aucun d’eux n’avait envie de commenter ces croyances amérindiennes.
- New York ? dit-il après un temps.
Rose sourcilla.
- Il paraît que c’est une ville qui mérite d’être visitée. J’avais d’abord pensé à La Nouvelle-Orléans, mais tes dons, au milieu des traditions vaudoues, ce n’est pas une bonne idée. Je suis très tenté par la Chine aussi. Les Chinois m’intriguent. Ou le Népal. La foi du curé pourrait trouver un second souffle avec le bouddhisme. C’est une option à creuser… Peut-être que l’on tombera sur d’autres comme nous là-bas… C’est très mystique comme pays. Même si je ne suis pas vraiment sûr que mon ego et mon orgueil supporteront une quelconque comparaison…
Rose sourit et se mordit la lèvre pour réprimer son émotion. Pendant son discours farfelu, il s’était figé bêtement sur le paillasson de l’entrée, comme si cette ridicule distance pouvait mettre ses sentiments hors de sa portée.
- C’est la déclaration la plus pitoyable que j’ai jamais entendue, répondit la jeune femme.
- Je n’ai jamais été doué pour ça. Mais cela dit, ce n’est pas comme si on t’en avait fait des centaines, persifla-t-il pour dissimuler son embarras.
- Fiche le camp, Voltz… Mais dépêche-toi de revenir.
- Essayer quoi ? d'aller frapper à toutes les portes du village en espérant qu'une bête d'une toise et demie avec une gueule de loup vienne t'ouvrir ? Tâche de rester en vie et de ne pas t'attirer de problèmes pendant ne serait-ce que vingt-quatre heures... Je t'ai retrouvée à moitié morte dans les bois il y a quelques jours. Hier, je t'ai ramassée inconsciente parce que tu invoques des esprits sans rien connaître à ce sujet. Ce n'est pas un jeu!
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_ Je me suis toujours méfié des gens dont je ne saisis pas l'humour, déclara Voltz. Et Dieu fait incontestablement partie de cette catégorie.
Combien de sage-femmes ou de guérisseuses accusées de sorcellerie, dont le seul crime était d'avoir mieux connu la médecine que les hommes de leur village, avaient péri dans les flammes ?
"L'île", de Robert Merle, raconte une histoire se déroulant au ...