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Citation de Cannetille


C’est rageant de vouloir aider des gens qui préfèrent se laisser mourir plutôt que d’accepter la main qu’on leur tend. Je m’efforce à leur répéter : aidez-vous, et le ciel vous aidera ! Il est si difficile de faire comprendre au nègre l’importance du travail. Il est désespérément lent, un rien le distrait, une mouche qui passe, un âne qui braille, une feuille qui s’envole, le bruit d’un tam-tam lui donne immédiatement un goût de fête et une envie de rire, c’est vraiment pénible. Aucune discipline, aucune régularité, parfois ce n’est pas méchant, comme des grands enfants qui s’amusent au fond de la classe au lieu d’écouter le professeur. On ne peut jamais baisser notre vigilance. Tout est prétexte au repos. Il essaie même de nous faire croire qu’il supporte moins la chaleur que nous pour pouvoir justifier son besoin de sieste. Tout le monde sait que le travail, même pour nous Européens, n’est pas une fin en soi. Personne ne conteste le plaisir de l’oisiveté, mais on s’active par ambition. Toujours désireux d’une vie meilleure, pour nous et pour celle de notre société. On travaille pour satisfaire ses besoins et en proportion de ces derniers. Or l’indigène, qui n’est pas toujours de mauvaise foi, voit la vie en petit. Il est incapable de se projeter ailleurs et ses besoins sont limités. Alors pourquoi travailler ? L’ambition nous devons l’avoir pour lui et lui imposer le travail forcé pour l’aider à l’emmener vers une évolution. Un jour, il verra les résultats et ne pourra que nous être redevable. C’est comme avec les enfants, si notre père ne nous avait pas forcé à prendre telle ou telle direction nous serions très certainement des ratés. Pour l’indigène africain tout n’est peut-être pas perdu parce que nous avons tout de même remarqué qu’il est sensible au profit. La cueillette du caoutchouc qui est bien rémunérée trouve main-d’œuvre plus facilement. C’est étonnant de voir aussi le progrès rapide de certaines tribus arriérées que nous avons, tant bien que mal, sauvées de l’esclavage. Les plus malins ont su profiter du système et sont devenus marchands, boutiquiers, commerçants, on voit même poindre des salons de coiffure ! Certains occupent des hautes situations dans l’administration et revêtent avec fierté un costume tout à fait respectable. Il ne faut pas oublier que c’est cette même génération d’hommes, ceux qu’on voit porter le chapeau haut de forme, qui sont nés dans la sauvagerie ! Je dois avouer que rien n’est plus grisant que le progrès et qu’au nom de la civilisation tout doit être permis.
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