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Critiques de Karl May (16)
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LE TRESOR DU LAC D'ARGENT.

"Le trésor du lac d'argent" est certainement l'un de mes souvenirs cinématographiques les plus anciens.

Lorsque, étant enfant, je jouais encore avec mes petits soldats, je me souviens de la superbe figurine d'un grand chef très emplumé, nappé tout droit dans un manteau d'apparat, que j'avais nommé Winnetou.

Il n'y a pas si longtemps, au hasard d'une étagère, j'avais retrouvé chez un bouquiniste cherbourgeois, un vieil exemplaire, paru en 1945 chez Flammarion, de "l'homme de la prairie".

Cette lecture m'avait enchanté et ramené, bien des années plus tôt, au souvenir de ce grand chef indien et de ses aventures passionnantes...

Si bien qu'un récent dimanche, dans un vide-greniers, tombant sur un vieil exemplaire de ce fameux "trésor du lac d'argent", je lui ai sacrifié avec plaisir les quelques pièces jaunes qu'en voulait un brocanteur plus occupé à ne pas se brûler avec son café qu'à discuter le prix de son livre.

Paru en 1963, également chez Flammarion, ce livre diffère de son adaptation cinématographique.

Il s'ouvre sur une chaude journée de juin, à bord du Dog-Fish", l'un des plus puissants transports de passagers et de marchandises de l'Arkansas.

Parti de de Little-Rock, ce navire fouette les flots du fleuve pour rallier Lewisburg, sa prochaine escale.

Une bande de tramps, sortes de vagabonds sans foi, ni loi, a embarqué et inquiète le capitaine qui les soupçonne de préparer un mauvais coup.

Old Firehand, le célèbre chasseur et Tom le noir le fameux bûcheron sont aussi du voyage, ainsi que Grand Ours, le chef des Tonkawa, et son fils Petit-Ours...

L'aventure, faite de poursuites et de vengeances, peut commencer...

Old Shatterhand et Winnetou seront finalement de la partie et se lanceront, dans la région de Rolling prairie, le long de la rivière de l'Ours Noir", à la suite de leurs amis et à la poursuite du Cornel Brinkley, vers un trésor caché dans les chutes d'eau du lac d'Argent....

Malheureusement la lecture n'est pas à la hauteur du souvenir.

Le récit n'est pas passionnant.

Les personnages sont trop nombreux et se perdent dans des péripéties auxquelles on n'accroche pas toujours.

J'ai finalement lu ce livre du bout des yeux et avec un certain ennui.

Je vais peut-être aller plutôt revoir le film dont j'ai retrouvé avec plaisir, glissée entre les pages du volume, une ancienne fiche de Télé 7 Jours, pliée en deux, qui en annonçait, il y a de nombreuses années, le passage sur le petit écran...

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Winnetou, l'homme de la prairie

Un très beau souvenir d'enfant. Superbe histoire.!

Je ne peux pas oublier Pierre Brice qui a magnifiquement incarné Winnetou à l'écran.
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La caravane de la mort

Un soir du début de l'autre siècle, le narrateur, l'explorateur allemand Kara ben Nemsi et son ami britannique Sir David Lindsay, accompagnés de deux serviteurs Halef et Haddedin et d'une petite troupe veulent se reposer dans un village perdu du Kurdistan irakien. Mais leurs hôtes kurdes, aussi frustes que malhonnêtes, n'ont qu'une idée, les dépouiller de leur argent, de leurs armes et de leurs montures. Mais les deux occidentaux ne se laissent pas faire. Le fils du chef du village ayant été tué lors de l'affrontement, les Kurdes exigent le prix du sang, se référant à une tradition ancestrale qui veut qu'un mort d'un camp soit compensé par un mort de l'autre ou par son équivalence en argent, armes ou chameau. Mais Kara n'accepte pas ce genre de marché, il tente de s'échapper avec toute sa troupe. Il faudra l'intervention in extremis du fils du Bey pour que la petite troupe puisse se tirer de ce mauvais pas...

Et ceci n'est que le tout début d'un long roman d'aventures foisonnant de péripéties et de rebondissements, et présenté comme un récit de voyage en deux parties, la première se passant chez les Kurdes et la seconde plus au sud, dans la région de Bagdad et de Kerbala. L'auteur, Karl May, sorte de Jules Verne allemand, n'ayant pas fait le quart des voyages qu'il raconte, s'est inspiré de guides touristiques et de récits de véritables explorateurs. Cela n'enlève rien à l'intérêt de ce texte qui se lit encore très facilement de nos jours et qui permet de se faire une idée de ce que pouvait être le Moyen-Orient à cette époque. Dangereux, avec des tribus en guerre permanente les unes contre les autres, des communautés chrétiennes comme les Nestoriens ou les Chaldéens persécutés par les Musulmans, des Kurdes en sécession contre les Turcs et des Perses, plus sympathiques (May les considère comme étant les Français d'Orient) mais tout aussi fanatiques. La description du pèlerinage chiite de Kerbala en est un bel exemple. On s'aperçoit quand même que ce récit est bien de son époque par une certaine forme de manichéisme et de simplisme dans les rapports humains. D'un côté, les Occidentaux avec leurs valeurs propres comme l'esprit chevaleresque; le respect de la parole donnée, la loyauté vis à vis de l'adversaire, l'honnêteté scrupuleuse et le respect de la vie. Et de l'autre, les Orientaux, brutaux, violents, voleurs, menteurs et tricheurs, toujours prêts à un mauvais coup, mais auxquels May reconnaît quand même un grand sens de l'hospitalité, une équité réelle et une capacité à pardonner les offenses. Les personnages sont assez stéréotypés et rarement sympathiques, excepté quelques belles figures de cheiks arabes et surtout celle du brave Halef, le serviteur d'une fidélité exemplaire qui ira jusqu'à partager l'épreuve de la peste avec son maître. Un bouquin comme on n'en écrit plus depuis longtemps. Rien que pour cela, il mériterait de ne pas tomber dans l'oubli.
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Une visite au pays du diable

Après avoir vécu mille aventures en Tunisie, Egypte, Syrie et Arabie Saoudite, le narrateur arrive aux confins de la Perse en passant par le Kurdistan, territoire mal défini, mais sous domination ottomane. Il séjourne chez les Yésidis, population que les Musulmans accusent d’adorer Sheïtan (Satan) tout comme les Turcs lui reprochent de rendre un culte à Mammon (l’argent). Autant dire un peuple bouc émissaire, hérétique et chargé de tous les péchés du monde. Comme dans le précédent épisode, Karl May est accompagné de son fidèle serviteur Hafef, de sir Lindsay, riche et fantasque britannique féru d’anthropologie et toujours à la recherche d’une relique de taureau ailé et de Mohamed Emin, sheik de la tribu des Haddedin, toujours aussi motivé par la délivrance de son fils Amad prisonnier des geôles turques… La narration reprend donc au moment précis où elle s’était achevée à la fin des « Pirates de la mer Rouge ».

« Une visite au pays du diable » est à la fois un récit de voyage comme le précise le sous-titre et un roman d’aventures aux nombreuses péripéties, plutôt destiné à la jeunesse. Le lecteur d’aujourd’hui sera surpris par la qualité et la précision des descriptions des mœurs et des environnements anthropologiques sans doute tirés de récits authentiques de voyageurs. May le sous-entend dans le dernier paragraphe de l’ouvrage. « Il me reste aussi à le prier de m’excuser si, dans mes ruses, j’ai fait quelques entorses à la vérité, si je me suis montré un peu Turc avec les Turcs. » Il faut dire que ces derniers ne sont pas décrits sous des dehors les plus flatteurs alors que les Yésidis auraient nettement plus les faveurs de l’auteur. Il les pare de nombreuses qualités, les présentant comme des sortes de proto-chrétiens. Même chose pour les derniers des derniers, les plus persécutés de la région, les assyro-chaldéens. Comme quoi si bien des choses ont évolué aux confins de l’Irak et de l’Iran, d’autres n’ont pas du tout bougé. Rien de tel qu’un bouquin écrit en 1892 pour relativiser les évolutions historiques…
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Les Pirates de la Mer Rouge, souvenirs de v..

Dans le désert tunisien, le narrateur, avatar de Karl May, voyage en compagnie d'Halef, serviteur musulman particulièrement fervent qui veut lui témoigner son affection en essayant de le convertir à l’Islam. En chemin, les deux hommes découvrent le cadavre d’un Français dévoré par les vautours… Sur les bords du Nil, une réputation de médecin exceptionnel est attribuée à l’auteur qui a pu soigner certains malades à l’aide de quelques granules d’homéopathie. Un notable lui demande de sauver son épouse atteinte de neurasthénie. Mais celle-ci n’est pas ce qu’elle paraît être… Parvenu aux bords de la Mer Rouge, Karl May est capturé par une bande de pirates avant d’être libéré par Halef et de faire la connaissance d’un autre voyageur un Autrichien rentrant de Bombay et se dirigeant vers Trieste. May veut à tout prix visiter La Mecque et Médine où il risque de trouver la mort s’il est découvert, car les deux villes saintes sont interdites aux « infidèles ».

« Les pirates de la Mer Rouge » est un roman d’aventures et de voyages en quatre parties comme on n’en écrit plus depuis bien longtemps. Le héros est une sorte de chevalier sans peur et sans reproche qui arrive toujours à se sortir des situations les plus inextricables. Presque un super-héros, il est capable de mettre au défi toute une bande de fines gâchettes de réussir à l’atteindre en usant de dons de cavalier hors pair ou de combattre et de venir à bout d’un lion qui terrorisait toute une région. On n’est pas loin de la bande dessinée. L’ouvrage, fort plaisant à lire néanmoins, reste intéressant moins par les rebondissements nombreux que par la description de tribus de bédouins passant leur temps à guerroyer les unes contre les autres, à piller, razzier, rançonner les voyageurs, mais toujours avec courage et panache. Karl May ne cache pas son admiration pour ces gens. Les rôles de méchants sont d’ailleurs toujours tenus par des non-musulmans et en particulier par un Arménien vicieux et retors et par un Grec tout aussi fourbe. Tous se déguisent en bédouins, font illusion aux Arabes, mais pas à Karl May. Si l’on en croit la biographie de Wikipédia, l’auteur n’aurait pas accompli le dixième des voyages qu’il décrit dans ses ouvrages. Si c’est le cas, il s’est bien documenté tant les détails véridiques sont nombreux !
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Au gré de la tourmente

Pris dans une terrible tempête du Pacifique, le « Poséidon », trois-mâts américain commandé par le capitaine Roberts, est venu s’écraser sur la barrière de corail de l’île Pomatau. L’équipage a pu sauver la cargaison, mais n’a guère de moyen de reprendre la mer. Un peu plus tard, les naufragés voient une quinzaine de pirogues se diriger vers leur île. La première arrivée est celle de Patomba, un prince polynésien qui s’avère être pourchassé par les autres. Les marins se mettent à son côté et repoussent les assaillants. Le narrateur, Charley repart avec Patomba pour chercher du secours à Papeete. Sur place, il est pris en charge par le capitaine Turnestick, ami de longue date de Charley. Le beau-père de Patomba veut lui reprendre sa fille pour la remarier avec un Polynésien animiste. Avec l’aide de Charley et de Turnestick, Patomba arrive à récupérer son épouse après s'être débarrassé du père, du rival et de quelques acolytes…

« Au gré de la tourmente » est un roman d’aventures maritimes datant du début de l’autre siècle. Personne n’écrit plus ce genre d’histoire pleine de rebondissements et de bons sentiments. Les héros sont positifs et ne s’encombrent pas de fausse culpabilité pour sanctionner les coupables ou se débarrasser des méchants. Le style est vif et enlevé. L’ensemble est très agréable à lire, même aujourd’hui. C’est revigorant et même particulièrement dépaysant. Les descriptions des mondes polynésien et chinois sont tout à fait surprenantes. Le lecteur pourra se rendre compte à quel point le monde a changé en un siècle ! (Plus de costumes traditionnels, plus de nattes obligatoires, plus de femmes aux pieds bandés). La plongée dans l’univers de la mafia chinoise mérite à elle seule le détour Auteur oublié aujourd’hui, Karl May, qui fut une sorte de Jules Verne allemand, rencontra un immense succès de son vivant surtout avec ses romans sur le Far-West qu’il décrivit sans y être allé. Et pourtant, sans doute grâce à un travail de recherche et de documentation soigné, l’ensemble est tout ce qu’il y a d’intéressant à bien des points de vue. À noter : de belles illustrations sous forme de dessins en noir et blanc.
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Winnetou, l'homme de la prairie

Cet excellent western est un classique de la littérature jeunesse allemande. Les talents d'écriture et d'imagination de son auteur ont fait traverser de nombreuses frontières et, notamment celle du temps, à ce roman et à ses suites.

Après de longues années, quelques romans, une dizaine d'adaptations cinématographiques et une série TV Winnetou, Old Shatterland et leurs amis n'ont pas pris une ride.

On suit leurs aventures avec toujours autant de plaisir et avec une certaine nostalgie.
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Winnetou, l'homme de la prairie, tome 1

Classique de la littérature allemande, l'œuvre de Karl May est peu voire pas connue en France. Pourtant, Winnetou lui-même fut joué durant des années par le français Pierre Brice... Devenu une star en Allemagne et un nom obscur en France.



Ce roman raconte l'histoire d'un allemand fraichement débarqué aux États-Unis, "un greenhorn" (ce qui signifierait fruit pas encore mûr en français) découvre les lois, les contrebandes, les mœurs et les Indiens en Amérique. Il fera justement la rencontre avec l'apache Winnetou, qui deviendra par la suite son frère de sang et ami.

Une histoire d'aventure et d'amitié devenu un classique de la littérature.
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Winnetou, l'homme de la prairie

Cet ouvrage paru aux éditions Flammarion en 1980 est la première partie du roman Winnetou I, il s'intitule Winnetou, l'homme de la prairie tome 1.

(Les subtilités des coupures dans les ouvrages étrangers à la mode française sont vraiment bizarres).

L'auteur est un jeune homme qui est arrivé il y a peu dans l'Ouest américain. Pour l'instant, ce n'est qu'un blanc-bec, un « Greenhorn » comme on dit, mais très vite ses compétences et ses connaissances acquises dans les livres vont l'emmener à découvrir le monde sauvage du Far West et il va rencontrer le jeune chef indien Apache, Winnetou.

Une écriture facile et fluide, ce roman d'aventure western se lit très vite. Un classique de la littérature allemande. A lire absolument.
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Le Roi des requins

Après un naufrage au large des îles de la Société, un équipage américain accompagné d'un unique passager allemand trouve refuge sur une île déserte où finit par aborder un peu plus tard Potoma, un prince polynésien pourchassé par ses ennemis, des païens qui lui reprochent sa conversion au christianisme. De retour à Tahiti, Potoma découvre que son beau-père, chaman animiste, a tué sa mère et a enlevé sa jeune épouse. Comment va-t-il pouvoir la récupérer et se venger sans renier son idéal ?... Dans les plaines du Far-West, Canada Bill est un joueur et tricheur professionnel. Confondu avec une carte dans la manche par le héros, Tim Kroner, il le menace de revenir se venger de la pire manière. Leurs routes vont se croiser dramatiquement à plusieurs reprises... A Alger, Monsieur Latréaumont, un négociant qui voit toutes ses caravanes attaquées dans le désert du Sahara, ses serviteurs assassinés, son fils pris en otage et ses marchandises volées, en appelle au narrateur et à Emery Bothwell, un aventurier anglais, pour aller faire rendre gorge aux auteurs de ces rezzous...

Dans « Le roi des requins », le lecteur a droit à trois romans d'aventures et d'exploration pour le prix d'un ! Karl May le transporte de la Polynésie au Sahara en passant par le grand Ouest américain. Trois histoires passionnantes, bien écrites, pleines de sentiments positifs, sans doute un peu manichéens (époque oblige, le livre a été écrit au tout début du vingtième siècle) et avec un réel désir descriptif et didactique. Sorte de Jules Verne ou de R.L.Stevenson allemand, May se sert de ses souvenirs de voyages (et également de guides quand il n'est pas allé physiquement sur les lieux) pour rendre vivantes les descriptions de décors, de situations et de territoires encore considérés à l'époque comme « sauvages » voire inexplorés. Dans cet ouvrage, le plus surprenant est sans doute l'intervention d'Abraham Lincoln en coureur de prairie tenté par la profession d'avocat, rôdant ses plaidoiries seul au fond des bois. (Authentique ???) A notre époque de mondialisation et de tourisme tout azimut, il peut être tout à fait passionnant de retrouver un regard différent, une fraîcheur et une assurance qui n'est plus de mise aujourd'hui. Ne serait-ce que pour considérer le chemin parcouru par nous en un siècle ainsi que l'évolution du monde et des mentalités, voire leur immanence...
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Les Pirates de la Mer Rouge

Bien que traduit tardivement en France, pour des raisons de germanophobie bien compréhensibles en leur temps, l’allemand Karl May est un monument du roman d’aventures, contemporain et extrêmement proche dans son approche narrative de l’italien Emilio Salgari et du britannique Henry Rider Haggard.

Bel homme au charisme perceptible même sur ses photos, on peut dire de Karl May qu’il écrivit durant toute son existence les aventures lointaines et exotiques qu’il aurait voulu vivre, et à laquelle une partie de lui-même aspirait grandement, bien que sa vie fût plutôt bourgeoise et casanière. Cet investissement personnel est pour beaucoup dans la qualité de ses récits, et dans le succès qu’ils rencontrèrent. Le héros principal de ses livres était souvent un alter-ego de lui-même, un personnage généreux, courageux et moralement intègre, auquel beaucoup d’adolescents pouvaient s’identifier d’autant plus facilement qu’il était véritablement conçu pour cela, par son auteur même qui était le premier à l'enfiler comme un déguisemement.

Tout comme Emilio Salgari, Karl May était un adversaire vigoureux du colonialisme. Ses romans sont donc exempts de tout racisme ou de toute condescendance suprémaciste. Bien au contraire, très souvent, son héros cherche à se fondre dans les populations locales en adoptant leurs vêtements, leurs coutumes, leurs langages, répétant souvent que l’Européen doit laisser aux frontières d’un pays ses propres références morales et culturelles s’il veut véritablement fraterniser avec les populations exotiques.

Karl May possédait d’ailleurs une caractéristique rare pour un allemand : il était profondément catholique, et son antiracisme, son désir de fraterniser avec les autres civilisations, reflétait aussi son opposition à la pensée protestante et déterministe de l'Allemagne, plus encline au racisme, car persuadée que si certaines populations sont restées primitives ou tribales, c’est que Dieu l’a voulu ainsi. À l’opposé de cette mentalité, le christianisme universel de Karl May aspirait à une évolution de l’humanité par l’échange et l’enrichissement mutuel des hommes et de leurs cultures. Les différences religieuses, même, n'étaient pas selon lui un obstacle : chez Mahomet comme chez Jésus, les valeurs morales et les vertus sont semblables, et c’est sur ce point que les hommes devaient se retrouver car tous les hommes sont à la recherche du même Père Eternel dans le même souci de probité morale et de dévotion au Bien. Le Dieu que l’on nomme de cent noms différents à travers le monde serait en fait la même et unique déité souveraine à laquelle nous nous sentons tous intimement liés.

Ainsi, dans ses premiers récits d'aventure de Karl May, son héros et alter-ego a adopté le nom de Kara Ben Nemsi, ce qui signifie en turc et en arabe « le fils d’Allemagne à la peau noire ». Habillé en bédouin, le teint noirci par les sables des déserts, Kara Ben Nemsi est devenu un ottoman, sans pour autant faire mystère de ses origines allemandes ou de son christianisme. Il en est fier pour des raisons exactement similaires à celle d’un Arabe fier de ses origines et de sa foi en l’Islam et, par conséquent, il respecte la fierté du musulman mais exige en retour d’être respecté par ce dernier comme chrétien et occidental.

Kara Ben Nemsi voyage d’ailleurs avec un ami authentiquement bédouin et musulman, Hadschi Halaf Omar, personnage fantasque et fanfaron qui enrichit son nom de nombreux titres ronflants et nobiliaires, qui changent à chaque nouvelle aventure. Toutefois, Kara Ben Nemsi n’aura de cesse d’aider son ami à conquérir pour de vrai ces titres dont il se pare, à commencer par le titre "haji" (ici, transposé de manière très germanique en "hadschi"), réservé aux musulmans qui ont déjà accompli le pèlerinage rituel à La Mecque, et où Kara Ben Nemsi l’accompagnera au péril de sa vie, puisque l’enceinte de La Mecque est interdite aux non-musulmans.

Cependant, selon Karl May, l’homme qui croit profondément en Dieu, et l’adoree sous toutes ses formes, ne peut que se sentir chez lui partout. Il respecte et partage les traditions de ses frères. S’immerger dans cette dévotion musulmane renforce Kara Ben Nemsi non seulement dans sa propre foi chrétienne, mais aussi dans sa grande estime de l’Islam. Kara Ben Nemsi et Halaf Omar entretiennent aussi une compétition amicale, durant les moments où ils traversent ensemble les terres désertiques, où la solitude absolue et l’uniformité des horizons les amènent souvent à discuter théosophie et métaphysique. Chacun tente, par un débat argumenté, de convertir l’autre à sa religion, mais cela se fait dans la plus complète amitié, avec de l'humour et dans la plus élémentaire courtoisie, chacun sachant bien que l’autre restera sur sa foi et que ces tentatives de conversion sont en réalité une démonstration d’affection envers un ami cher auquel on souhaite instinctivement de connaître l’extase des Bienheureux selon l’idée que l’on s’en fait soi-même.

On mesure aujourd’hui à quel point le message de Karl May pouvait paraître totalement lunaire dans l’Europe de la Belle-Époque, pas encore convertie à la laïcité. Karl May, il est vrai, écrivait pour un public d’adolescents, et pouvait toujours arguer que cette philosophie déiste et cosmopolite entrait principalement dans le charme insolite de ses récits exotiques. En réalité, né dans un milieu peu instruit et d’une grande pauvreté, Karl May avait eu une jeunesse tumultueuse de petit escroc et de voleur, et avait passé plusieurs années dans des prisons et des maisons de redressement, où il avait non seulement découvert la foi catholique, mais aussi ses talents littéraires.

Il y avait probablement en lui une solide expérience de la vie qu’avaient enluminée sa révélation spirituelle et, sans doute aussi, une immense gratitude d’avoir pu échapper au sordide destin qui l’attendait. Le petit voyou devenu conteur exemplaire pour les adolescents avait compris tout ce qu’une bonté d’âme empreinte de tolérance et d’amour universel pouvait apporter à celui qui se sentait exclu ou marginalisé par la société.

De 1881 à 1888, Karl May connut son premier grand succès littéraire avec son « Orientzyklus », une série de 17 nouvelles mettant en scène les aventures de Kara Ben Nemsi et Hadschi Halaf Omar qui parurent dans le magazine « Deutscher Hausschatz », avant d’être réunies en six tomes à partir de 1892, dans une édition revue et corrigée. La relation amicale, et probablement plus intime, que Karl May, parfaitement bilingue, partageait avec la traductrice française Juliette Charoy, qui officiait sous le pseudonyme J. de Rochay chez l’éditeur tourangeau Alfred Mame Et Fils (probablement le meilleur éditeur de livres pour la jeunesse de la Belle-Époque, bien supérieur même à Hetzel), fit que Karl May fut publié en volume en France avant de l’être en Allemagne.

« Les Pirates de la Mer Rouge » rassemble donc les cinq premières nouvelles du « Orientzyklus », publiées en magazine en 1881, et correspond au futur premier tome allemand, « Durch Wüste Und Harem ». On a beaucoup reproché à Juliette Charoy d’avoir adapté et incorrectement traduit ces nouvelles. En réalité, elle a fidèlement traduit les récits de 1881 dans le « Deutscher Hausschatz ». C’est Karl May lui-même qui, lors de leurs publications en volume, a considérablement réécrit et corrigé ses récits. Il était bon que cela soit dit.

Le succès en France ne fut que modérément au rendez-vous, et il n’est pas certain que tous les volumes de ce cycle aient été traduits. Karl May attira plus l’attention bien plus tard, en France, par son roman consacré au corsaire Surcouf, puis, par ses westerns traduits à partir des années 20, tous fort honorables mais relevant plus modestement d’une littérature populaire très codifiée. « Les Pirates de la Mort Rouge » ne fut jamais réédité, et demeure un ouvrage excessivement dur à trouver pour le bibliophile.

Les cinq nouvelles de ce recueil forment des récits indépendants, quoique se succédant de manière chronologique, et comptant des personnages annexes récurrents : « Sur les Bords du Nil » (« Die Tschikarma »), narrant la délivrance d’une jolie monténégrine, enlevée par un sultan fort épris puis rendue à son fiancé légitime, est indéniablement le conte le plus réussi.

L’ambiance est ici clairement inspirée  des Mille-Et-Une-Nuits, tout en étant bien plus centrée sur l’humain. Les intrigues sont classiques, les paysages joliment esquissés, mais c’est avant tout l’âme ottomane que Karl May dissèque avec beaucoup de réalisme. Bien qu’il se soit prétendu très globe-trotter, il semble que Karl May ait imaginé la plupart des voyages qu’il a prétendu avoir fait. Il n’empêche qu’il décrit, de manière érudite et assez positive, la fierté ombrageuse des peuples orientaux. Dans chaque récit, Kara Ben Nemsi joue un rôle de négociateur pour résoudre une crise, pour lui-même si ce n’est pour d’autres. La question de sa double-identité revient souvent : les Arabes se défient de cet Allemand costumé en bédouin. Lui-même joue alors la carte de l’homme offensé dont on remet en cause l’honorabilité : il s’habille en bédouin, car il ne vient pas en colon. Il ne cache pas son origine allemande, car il ne veut pas mentir. Il n’impose pas sa religion, il vient en apprendre une autre, qui prône les mêmes valeurs que la sienne.

Souvent, ces duels d’orgueil débouchent sur de brillantes joutes verbales, où l’on est à deux doigts de sortir les sabres, mais où finalement, on se juge, on s’estime, on finit par se comprendre et par partager le thé de l’amitié. Le personnage alter-ego de Karl May est bien un peu messianique dans sa forme, mais la religion est ici l’identité commune et multiforme que partagent des hommes qui croient au combat des Forces du Bien contre les Forces du Mal.

Parce que la spiritualité prend des formes très différentes entre le Christianisme et l’Islam, Karl May effectue son jumelage sur un plan finalement très culturel et identitaire. Tout cela confère à cet aspect-là de son récit une surprenante modernité.

Les deux dernières nouvelles, qui sont aussi les plus longues, « Les Pirates de la Mer Rouge » (« Eine Wüstenschlacht ») et « Une Bataille dans le Désert » (« Der Merd-es-Scheïtan I »), qui se déroulent respectivement en Arabie Saoudite en en Irak, marquent un essoufflement notable du rythme, et un éparpillement narratif parfois difficile à suivre, mais indéniablement, l’ensemble dégage un certain charme exotique, même si on pourra estimer que tout cela se complait dans des affrontements virils, et manque un peu de femmes, et totalement de romantisme.

Le dépaysement est toutefois garanti, et Karl May se montre très habile à concilier les scènes d’action nécessaires à tout récit d’aventure avec des questionnements spirituels articulés en dialogues platoniciens. On a donc une œuvre d’une grande qualité, fort instructive culturellement, tout en sacrifiant aux impératifs musclés d’une narration pour ados, et incitant à un mysticisme philosophique peut-être un peu niais, mais qui fait tout de même un peu fonctionner la matière grise.

Il n’y aurait à reprocher à ces « Pirates de la Mer Rouge » qu’une tendance à la répétition des situations, qui fut peut-être corrigée pour l’édition définitive allemande, d’ailleurs; et un essoufflement manifeste dans les dernières pages, pourtant censées être les plus épiques. On imagine néanmoins que si Karl May, pendant 7 ans, en a tiré six volumes, qui ont été adaptés en feuilleton télévisé dans les années 70 (« Kara Ben Nemsi Effendi »), et qui restent encore une référence littéraire en Allemagne, c’est que son expérience littéraire lui a permis de renouveler, au fil des volumes, ce qui dans cette première mouture, semblait terriblement avoir besoin de l’être.

On ne peut que regretter qu’aucune nouvelle traduction du « Orientzyklus » de Karl May n’ait été initiée en France, et cette fois-ci avec les superbes gravures qui accompagnaient la publication initiale des récits, et qu’apparemment le « Deutscher Hausschatz » n’a pas voulu céder à Alfred Mame Et Fils.

On peut d’autant plus le regretter que cette œuvre colossale, humaniste et pacifique, pourrait tout à fait séduire et émerveiller aujourd'hui un lectorat musulman, tout en le sensibilisant à l’aspect le plus bienveillant de la laïcité et de l’acceptation de la différence face au multiculturalisme.   



Quelques images de l'adaptation télévisée :

https://www.youtube.com/watch?v=8qwQ2Dq9Bus
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La trahison des Comanches

Cet ouvrage paru aux éditions Flammarion en 1980 est la première partie du roman Winnetou II, il s'intitule Winnetou, l'homme de la prairie tome 3, la trahison des Comanches.

(Les subtilités des coupures dans l'édition française sont toujours aussi étranges).

Je retrouve avec plaisir Old Sutherland, par contre, il faut attendre presque la moitié du livre pour retrouver Winnetou. Ici Old Sutherland va rencontrer Old Death et ensemble se mettre à la poursuite d'un escroc et de sa victime.

Je ne sais pas si c'est dû à la traduction française, mais je trouve cet exemplaire un peu confus par rapport aux précédents ouvrages, entre le Klu Klux Klan et la guerre des Comanches, on perd un peu le fil.

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Le trésor des montagnes Rocheuses

Cet ouvrage paru aux éditions Flammarion en 1980 est la deuxième partie du roman Winnetou I, il s'intitule Winnetou, l'homme de la prairie tome 2, le trésor des montagnes rocheuses.

(Les subtilités des coupures dans l'édition française sont étranges).

Elle suit exactement la première partie, et nous retrouvons avec plaisir Old Sutherland et Winnetou !

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Winnetou (L'Apache Winnetou t. 1)

Le narrateur, nouvel arrivé au Far-West, traité de greenhorn (pied-tendre, novice) par ses compagnons avec qui il réalise l'arpentage du futur tracé d'une ligne de chemin de fer pour l'Atlantic and Pacific Company, ne tarde pas à réaliser, sans en avoir l'air, de tels exploits qu'on le surnomme rapidement Old Shatterhand (La main qui frappe). Après de nombreuses péripéties, il s'allie aux Apaches contre les Kiowas et devient le frère de sang du chef Winnetou...



Les aventures de Old Shatterhand et Winnetou continuent dans la suite des romans imaginés par Karl May. J'ai reçu ce livre comme cadeau d'anniversaire. Il a bercé mon enfance.
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Le trésor des incas

A Buenos Aires, se prépare une corrida suivie de la mise à mort d'un bison et d'un jaguar. Plusieurs toréadors dont un certain Perillo, l'espada (épée) la plus célèbre du pays, doivent affronter ces animaux sauvages. Mais la rencontre se passe mal. Perillo donne une si piètre prestation qu'il faut qu'un spectateur intervienne pour venir à bout du jaguar. Ce héros s'appelle Duval, c'est un géant d'origine française, à la fois aventurier, chercheur d'or et trappeur, surnommé « le père Jaguar ». Un banquier lui donne pour mission d'accompagner son fils dans la traversée du dangereux Gran Chaco. Un autre français nommé Cazenave, archéologue à la recherche d'ossements d'animaux préhistoriques comme le glyptodon, ayant monté une petite expédition avec Olive Bessard, autre français précédemment garçon de café et Don Parmesan, plus charcutier que chirurgien se retrouvent dans la même région. L'intervention de tribus indiennes mettent en péril l'expédition de Cazenave...

Un roman d'aventures pour adolescents comme plus personne n'en écrit aujourd'hui. Il faut dire que Karl May, écrivain allemand mort en 1912 et père de « Winnetou », fut un auteur prolifique qui savait inventer des histoires pleines d'imprévu mais également bourrées de données géographiques, ethnographiques voire anthropologiques. Cela donne un côté éducatif et didactique à ce livre qui semble un peu désuet à une époque si envahie d'images et de films que le lecteur n'a plus besoin de description et de longues explications pour s'imaginer le cadre, le contexte et le décor d'une histoire qui se passe en Amérique du Sud vers le milieu du XIXème siècle, c'est à dire à une époque aussi troublée que passionnante : révoltes indiennes, coups d'état à répétition et exploration de grands espaces quasiment vierges. Relire aujourd'hui ce genre de texte permet de se replonger dans la psychologie et l'imaginaire d'une époque déjà lointaine et de mesurer le chemin parcouru. Il est regrettable que ce livre et la plupart des autres de cet auteur oublié ne soient plus disponibles que sur Gallica (BNF).
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Winnetou, l'homme de la prairie, tome 2

Comme le tome , c'est pour moi un livre plein de souvenirs et chargé d'histoire et de magie !

Très addictive, l'histoire est pleine de rebondissements inattendus, de personnages extraordinaires et/ou attachants, ... C'est aussi un des premiers romans qui prend part pour les Indiens et ne les présente pas comme des sauvages sanguinaires.



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