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Citation de LadyDoubleH


Il était vrai que les noirs n'avaient ni champs ni clôtures, ne construisaient pas de maisons dignes de ce nom et vagabondaient sans se soucier du lendemain. Il était vrai qu'ils étaient trop ignorants pour se couvrir le corps et qu'ils s'asseyaient cul nu dans la terre comme des chiens. Et à cet égard, certes, ils n'étaient rien qu'une bande de sauvages.
Mais, par ailleurs, ils ne semblaient pas avoir besoin de travailler pour subvenir à leurs modestes besoins. Tous les jours, ils consacraient un peu de temps à remplir leurs écuelles et à attraper les créatures qu'ils accrochaient à la ceinture. Après cela, ils prenaient le temps de bavarder longuement auprès du feu, de plaisanter et de caresser les membres potelés de leurs bébés.
En comparaison, la maisonnée Thornhill se levait avec le soleil, coltinait l'eau, sarclait sans répit le champ de maïs et déboisait la forêt qui le bordait. Il lui fallait attendre que le soleil ait glissé derrière les montagnes pour prendre ses aises et personne n'avait alors envie de plaisanter ou de jouer. Personne n'avait plus assez d'énergie pour faire rire un bébé.
L'idée le traversa quand il était sur le point de s'endormir : les noirs étaient des fermiers, au même titre que les blancs. Mais ils ne se souciaient pas de construire des clôtures pour enfermer leurs animaux. Ils préféraient s'arranger pour créer un coin de verdure appétissant et les appâter. Et en fin de compte, ça se traduisait par de la viande fraîche pour dîner.
Mais plus encore, ils lui faisaient penser aux nobles. Comme eux, ils consacraient un bref moment de chaque jour à leurs affaires, puis passaient le reste du temps comme ça leur chantait. La différence, c'est que dans leur univers, il n'y avait pas besoin d'une autre classe de gens qui attendaient sur le fleuve; de l''eau jusqu'aux cuisses, qu'ils eussent fini leur bavardage pour les mener voir une pièce de théâtre ou leur maîtresse.
Dans le monde de ces sauvages dénudés, tout le monde était noble.
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