Kate Hewitt

Quand s'était-elle vraiment amusée pour la dernière fois, sans faire semblant ? Était-elle heureuse ? L'argent, la célébrité, sa brillante carrière... Non, rien de tout cela ne la rendait heureuse. Ce constat ne l'étonnait même pas, ce qui la rendait d'autant plus triste. Avait-elle travaillé si dur, fait tant de sacrifices, pour ça ? Une existence vide, faite de peurs et de solitude ?

Maintenant que les portes étaient verrouillées de l’intérieur, la seule personne dont Laurel devait être protégée, c’était lui.

Lukas la regardait d’un air concentré, comme s’il cherchait à l’analyser autant qu’à analyser ses propres réactions. Rhiannon aussi essayait de comprendre. Pourquoi l’attirait-il à ce point ? Pourquoi, depuis qu’il la dévisageait ainsi, avec ce regard à la foi tendre et attentif, était-elle devenue incapable de réfléchir, toute soumise à son corps et à ses sens en alerte ? — Eh bien… je veux bien un verre de vin blanc, finit-elle par lui répondre tout en s’installant sur le tabouret haut qu’il lui désignait. Lukas fit signe au barman puis sourit de nouveau à Rhiannon. Aussitôt, elle cessa de penser. Le barman posa un verre devant elle, et elle but une gorgée de vin. Une fraîcheur bienfaisante se répandit en elle immédiatement. Lukas ne la quittait pas des yeux. Comme s’il attendait quelque chose. Elle sentait sur elle son regard brûlant et elle en était à la fois troublée et apeurée. Ses jambes lui semblaient en coton, elle se sentait la tête en feu, et ses lèvres étaient sèches. Etait-ce de désir ? Aussitôt, elle paniqua : il fallait absolument qu’elle se reprenne !
— Etes-vous venue seule ? lui demanda Lukas sur un ton d’intérêt poli qui contrastait avec son regard de braise. Il la caressait des yeux, et cette caresse allumait le feu en elle. Etait-ce possible ? Lukas Petrakides était-il vraiment en train de flirter avec elle ? Lui plaisait-elle au point qu’il… la désire ?

Elle revit ses solides épaules et ses hanches étroites, imagina ses yeux bleus s’assombrir de désir… Ses mains aux longs doigts errer sur son corps, avec une lenteur exquise… Natalia repoussa les images absurdes qui défilaient dans son esprit. Non, ce genre de fantasmes ne l’intéressait absolument pas. Ben Jackson était un type trop arrogant et trop dominateur pour devenir autre chose que son patron. D’autre part, en dépit des soi-disant aventures torrides que lui prêtait la presse à scandale, Natalia se montrait toujours très sélective dans ses relations intimes.

Quittant les lumières de Princes Street, Lizzie se dirigea vers son domicile situé à Stockbridge. Le quartier, accessible à pied depuis la vieille ville, abritait une population aisée, cosmopolite. Sa maison décrépie, de style géorgien, détonnait au milieu des autres, parfaitement rénovées, et aurait bien eu besoin d’un ravalement de façade et de nouvelles fenêtres. Des travaux lourds devaient être entrepris, mais Lizzie n’en avait pas les moyens. Et puis, quel que soit l’état de cette maison, elle l’adorait parce qu’elle était pleine de souvenirs.