À certains égards, la vie n’était pas aussi pénible que durant la guerre proprement dite. Il n’y avait pas de couvre-feu, dans le Sud. Certes, les gens étaient soumis au rationnement, aux queues interminables, aux restrictions et sempiternelles démarches touchant la liberté de circulation et les papiers d’identité. Mais tant que l’on ne cherchait pas à franchir la ligne de démarcation, il était possible d’oublier, pour un moment, que la France avait été vaincue. Oublier le vide qu’avait laissé au cœur de la maison l’absence de leur père.