AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Kate Summerscale (74)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Ce roman raconte l'histoire vraie d'une des premières demandes de divorce qui a eu lieu sur le sol anglais, en 1855.

Monsieur Robinson tombant sur le journal intime de sa femme, y découvre, horrifié, le récit d'un adultère ( celui de sa femme et son médecin), ainsi que l'inclination qu'a eu celle-ci, pour les deux précepteurs de ses fils. Il y découvre aussi ce qu'elle pense de lui, et son profond malheur dans ce mariage. Sa fureur sera égale à l'affront qu'il estime avoir subi...

Je savais, grâce aux romans de Jane Austen , puis plus tard, grâce à ceux d'Anne Perry, le peu de poids qu'avaient les femmes à cette époque, mais j'ai encore appris des choses...

Edifiantes, révoltantes...

Ce brave époux, horrifié par la conduite de sa femme ( qui reste à prouver...) trouvait normal de demander le divorce pour adultère , alors que lui-même menait une double-vie, ( double-vie qui lui a donné deux filles... ).

Et la société , de donner raison à ce pauvre mari, (société masculine )...

Grâce à un travail de recherches phénoménal (extraits de procès, de journaux, courrier...), l'auteure a pu reconstituer non seulement la vie de cette pauvre femme , mais aussi, redonner vie à une époque, car Isabella, érudite, était amie avec certaines personnalités.

Histoire de la médecine ( neurosciences, gynécologie, cures de repos...) , histoire de la littérature, car ce procès retentissant a donné lieu à des oeuvres littéraires ou en a influencées certaines ( W Collins)... On y croise Dickens, Darwin...

Intéressant, instructif et très souvent révoltant, je suis ressortie de cette lecture, en remerciant la vie, de m'avoir fait naître en France, au 20° siècle ...



Challenge Plumes féminines 2020

Challenge Multi défis.
Commenter  J’apprécie          512
Un singulier garçon

Tiens ! J'ouvre le bal !

C'est le troisième livre de Kate Summerscale que je lis, et c'est toujours passionnant.

Elle est spécialisée dans les faits divers victoriens, qu'elle reprend et analyse, comparant les mentalités de l'époque et la nôtre. Ici, il s'agit d'un matricide de 1895. Un jeune garçon de treize ans poignarde sa mère, avec la complicité tacite de son petit frère de 11 ans...Beurk, dites-vous, pauvres gens...Effectivement.

Ce qui est très intéressant est le procès des enfants, jugés comme des adultes, mais pas tout à fait, et, surtout, les analyses psychiatriques très datées des jeunes meurtriers. On accuse...leurs lectures ( des feuilletons à sensation type Eugène Sue ou Jules Verne) de leur avoir perverti l'esprit et de les avoir incités à la violence...Comme aujourd'hui les jeux vidéo. L'auteur analyse aussi la crainte de la société devant l'alphabétisation croissante des classes pauvres. Leur esprit ne peut pas supporter trop d'informations...On cherche chez eux des signes physiques de dégénérescence... Crâne etc...Dommage, ils sont tous les deux très beaux et harmonieux...On va très peu chercher dans l'histoire familiale, mais c'est aussi parce que la défense veut plaider la démence. De fait, l'aîné est jugé irresponsable et se retrouve au célèbre asile de Broadmoor...Foin des clichés, il y est très bien traité et grandit...

Relâché en 1914 à 30 ans ( entré à 13 ans, quand même), il s'embarque pour l'Australie, puis c'est la guerre. Kate Summerscale réussit ensuite à retrouver sa trace jusqu'à sa mort, toujours cherchant des réponses à ce crime extraordinaire.

La fin du livre est particulièrement émouvante. Elle rebat les cartes. On ne peut pas tout comprendre d'une âme aussi complexe que celle de ce garçon, mais certains voiles sont levés. L'horreur du crime reste entière...Peut-on passer une vie à se racheter ?
Commenter  J’apprécie          357
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Inspiré d’un fait divers réel, le meurtre d’un petit garçon de 4 ans dans une famille bourgeoise anglaise, ce roman est également un excellent documentaire sur l’époque victorienne.

On y apprend comment se déroulait les enquêtes policières sans le recours à la science mais avec les débuts de la psychiatrie, comment les préjugés sur les différentes classes sociales empêchaient de seulement imaginer qu’un membre de la famille puisse être coupable du crime, comment l’assassin a finalement été mis sous les verrous bien plus tard, et ce qu’il est advenu de chacun des protagonistes au fil des années suivantes (les membres de la famille, les domestiques et les policiers).

Très documenté, ce roman en devient par moment un petit peu long, mais l’intérêt pour l’histoire reprend toujours le dessus.

Ce roman nous apprend aussi que ce meurtre odieux fut une source d’inspiration pour de nombreux écrivains, notamment Mary Elizabeth Braddon qui écrivit « Le secret de Lady Audley » et Wilkie Collins qui s’inspira du personnage du policier dans « La dame en blanc ».

Commenter  J’apprécie          270
La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Lecture en demi teinte, une première partie ennuyante mais j'ai bien fait de persévérer rien que pour la deuxième partie consacrée au procès.

La condition des femmes au milieu du 19eme siècle en Angleterre est affligeante : un monde d'hommes fait par les hommes et rien que pour les hommes. Une femme appartient à son père puis à son mari, une femme n'a aucun pouvoir de décision. Si elle exprime le moindre désir ou aspiration d'ordre sexuelle, elle est vite cataloguée malade (une liste de maladie réelles et imaginaires) expliquant ses déviances, et elle risque d'être internée.

J'en passe et des meilleures, pour vous faire une idée, grosso modo pour obtenir le divorce un homme doit prouver que sa femme l'a trompé une fois, mais pour une femme elle doit prouver que son mari l'a trompée 2 fois et une autre faute qui est listée.

Une telle hypocrisie est impressionnante dans cette société où seule la réputation compte et où les hommes peuvent se débarrasser facilement de leur femme dont il ne veulent plus en les laissant quasiment sans le sou, car l'homme dispose des biens de sa femme, et sans ses enfants.

Je salue le travail de l'auteure pour ses recherches sur Isabella Robinson et sur le procès intenté par son mari pour obtenir le divorce pour adultère en s'appuyant sur le journal intime de sa femme. Et comble de l'hypocrisie, son mari avait une maîtresse avec qui il a eu deux enfants illégitimes.
Commenter  J’apprécie          260
La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

C'est après ce genre de livre qu'on se rend vraiment compte de l'évolution des droits de la femme et de la bénédiction de l'époque dans laquelle nous vivons.



Ce livre est basé sur des faits réel et se présente sous la forme non pas d'un roman ou d'un enquête mais d'un docu-fiction vraiment pas mal (notamment la seconde partie ayant trait au procès en lui-même ). Des extraits de lettres, d'articles de journaux, du journal intime de Mrs Robinson sont insérés dans le récit, permettant une vraie plongée dans l'Angleterre de cette époque. Cela apporte également une humanité aux protagonistes de ce procès.



La première partie est un peu "bourrative" de part de nombreuses disgressions sur des sujets souvent secondaires (l'hydrothérapie, la phénologie) apportant une lourdeur au récit... Par contre, la seconde partie concernant le procès lui-même est passionnante à lire !



J'ai appris de nombreuses choses sur le divorce comme :

- un homme peut obtenir le divorce si sa femme est adultérine

- une femme, elle doit prouver l'adultère de son époux, la violence à son encontre, la maltraitance et l'abandon du foyer...



Nota Bene : Le livre est moins volumineux qu'il n'y parait... en effet, environ 30% du livre sont des notes de bas de pages.
Commenter  J’apprécie          250
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Ce récit ne semble pas rencontrer le succès qu'il mérite...

Ce qu'on lui reproche en général, c'est sa longueur et les descriptions très détaillées de Kate Summerscale.

Il faut avouer que les références en tous genres ne manquent pas : Whicher est comparé à tous les enquêteurs réels ou fictifs possibles, de nombreux autres romans sont cités en référence, l'histoire de la famille et de Road Hill House sont exploités dans les moindres détails...

Et pourtant, je n'ai pas trouvé ces longueurs pénibles. Elles sont même plutôt logique dans un roman qui ne prétend pas être un polar, mais plutôt un documentaire sur une enquête ayant eu lieu au XIXe siècle.



La famille Kent est présentée, comme tout le reste, en détail par l'auteure et

ces gens, malgré le malheur qui les frappe, semblent très suspects dès les premières pages. Du coup, même si on lit un documentaire, l'ambiance générale du récit devient vraiment très malsaine : on se sent tendu rien qu'à lire certains passages parlant des habitants de Road Hill House (famille ou domestiques), qui paraissent tous plus ou moins suspects. Plusieurs d'entre eux seront d'ailleurs inquiétés par la police...



Le passé de toutes ces personnes nous est d'ailleurs également révélé. Et certains détails obscurs de la vie de Samuel Kent, le père de Saville, font surface : sa première épouse était folle, dit-on, et est resté cloîtrée chez elle une bonne partie de sa vie. On doute toutefois bien vite de cette affirmation : est-elle vraie, ou Mrs Kent a-t-elle été "accusée" à tort, afin de justifier le remariage rapide de son mari (devenu très opportunément veuf) avec la nounou de ses enfants ? Saville, l'enfant né de ce second mariage, a-t-il été enlevé et assassiné par l'un de ses frères et sœurs qui n'a pas supporté le remariage de Mr Kent ? Le mystère est épais !



La maison elle-même est très bien décrite, et ça c'est plutôt un avantage, puisque cela permet de mieux comprendre l'agencement des lieux. Je déplore souvent l'absence de carte dans les romans policiers (du genre de celle qu'Agatha Christie nous offre dans Le crime de l'Orient-Express) : c'est le genre de détail qui permet tout de suite de mieux rentrer dans une intrigue.

Ici, tout est facilité par les descriptions et les photos des lieux et on repère tout de suite les endroits de la maison par où le(s) coupable(s) auraient pu passer avec Saville sans faire aucun bruit et, surtout, sans laisser aucune trace...



Même si la plume de Kate Summerscale n'a rien à voir avec celle de Truman Capote, j'ai trouvé ce récit aussi passionnant que In Cold Blood. On est réellement plongé dans les faits et c'est passionnant de suivre pas à pas une enquête qui a inspiré The Moonstone à William WIlkie Collins.
Commenter  J’apprécie          160
Un singulier garçon

En 1895, Robert, un adolescent de treize ans, assassine sa mère, Emily, plus ou moins avec la complicité de son frère cadet. A ce moment son père, steward sur un paquebot, était en train de traverser l’océan en direction de New York. La famille vivait dans les faubourgs de Londres, un quartier de petites maisons mitoyennes, ils menaient une vie un peu plus difficile que leurs propres parents, avaient un peu de mal à joindre les deux bouts, sans être dans la misère. Après le meurtre, les deux garçons continuent de vivre comme si de rien n’était, alors que le corps de leur mère est dans la pièce d’à côté, et racontent aux voisins qu’elle est en voyage. Ils tentent d’emprunter de l’argent, de gager des objets de famille, pour pouvoir aller s’amuser, puis pour se nourrir. Ce comportement posera beaucoup de questions et permettra à l’avocat de Robert de trouver une ligne de défense, de plaider la folie.

Kate Summerscale, journaliste et auteure anglaise, plonge pour la troisième fois dans des documents d’archives, après L’affaire de Road Hill House et La déchéance de Mrs Robinson. Je n’ai pas lu les deux premiers, mais j’avais écouté un entretien passionnant avec l’auteure lors des Assises Internationales du Roman l’année dernière.

L’époque victorienne est minutieusement reconstituée par Kate Summerscale, la vie de famille, la rue, l’école, les métiers harassants, la justice et même dans ce livre, la psychiatrie. Ce dernier point ne manque d’ailleurs pas de surprendre. L’hôpital psychiatrique dont il est question dans le roman, et où Robert est le plus jeune détenu, ne suivait pas les méthodes en usage à l’époque, et beaucoup de commentateurs trouvaient que les meurtriers qui passaient pour fous ou malades étaient enfermés dans des conditions passablement clémentes, voire luxueuses selon certaines exagérations. J’ai trouvé ce roman captivant, jusqu’à la fin où l’auteure recherche en Australie les traces de Robert, émigré après sa libération et la guerre.

Maintenant, entre les romans classiques d’époque victorienne et les romans contemporains qui s’emparent de cette période historique, il faut ajouter les livres de Kate Summerscale.

L’éducation dans cette deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la façon dont sont considérés enfants et adolescents, la crainte que les petits romans d’aventures vendus quelques pennies, que les jeunes lisent abondamment, ne leur corrompent l’esprit, ces questions sont particulièrement bien cernées par l’auteure. Elle a recherché de nombreux documents d’archives et en a tiré le meilleur parti. Je prévoirais volontiers de lire les deux autres livres qu’elle a écrits, si mes listes à lire n’étaient pas déjà aussi longues !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          110
La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Le sous-titre de ce livre est « Journal intime d’une dame de l’époque victorienne ». C’est un roman surprenant. On s’attend à lire une histoire classique d’ennui conjugal, de tromperie et de procès « en direct ». Il n’en est rien. Kate Summerscale a pris le parti de raconter son histoire comme si un narrateur racontait les faits. On assiste au déroulement chronologique de sa vie, et de celle des différents protagonistes. Le tout est scindé en deux parties, elles-mêmes découpées en chapitres. La seconde partie est celle qui relate effectivement le procès en divorce.



Mais la singularité et l’intérêt de ce livre ne s’arrêtent pas là. L’auteur nous fait traverser une page de l’histoire britannique concernant, non seulement le divorce et la condition féminine, mais également l’évolution de la science, la littérature et l’impact des auteurs sur les consciences.



La situation des femmes au 19ème siècle n’était pas enviable. On leur prêtait toutes les folies et tous les dérèglements. Elles n’avaient aucune existence juridique, les hommes avaient tous pouvoirs sur elles, et la sexualité, au centre de nombre de préoccupations, était stigmatisée comme le Vice absolu.



Kate Summerscale, dans une écriture fluide, nous fournit un récit complet, dense et documenté sur les mœurs de l’époque, avec pour point central les débuts de la procédure de divorce, détachée de l’influence de l’Eglise.



Les tâtonnements juridiques, les ignominies faites aux femmes sont rigoureusement argumentés.



Je ne peux que vous conseiller ce livre.
Lien : http://chroniqueslitteraires..
Commenter  J’apprécie          110
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..



L'Affaire de Road Hill House

The Suspicions of Mr Whicher

Traduction : Eric Chédaille



Au centre de cet ouvrage, sous-titré "L'Assassinat du Petit Saville Kent", deux grands thèmes : une affaire criminelle aussi sordide qu'énigmatique et l'étude du phénomène social représenté par l'apparition, sous les Victoriens, du personnage de l'enquêteur de police. Un personnage qui aura bien du mal à s'imposer et qui, on le verra plus de vingt années après, avec les meurtres de Jack l'Eventreur, restera désarmé tant que la science n'aura pas mis un peu d'ordre dans les méthodes d'investigation alors en vigueur.



Cette hybridation est parfois ressentie comme pénible car le lecteur a l'impression d'un discours qui part dans toutes les directions. En outre, Kate Summerscale n'a pas cet art du conteur quasi inné et que l'on peut cependant rencontrer dans des livres relatant une enquête policière, les deux étant loin d'être incompatibles. Mais passons puisque, en dépit de ces quelques critiques, "L'Affaire de Road Hill House" se laisse lire.



Les amateurs d'Histoire littéraire y apprécieront les nombreuses références aux grands auteurs du temps, s'engouffrant dans la voie royale mais ténébreuse ouverte par Edgar Allan Poe avec son chevalier Dupin. Au milieu de noms aujourd'hui oubliés, se distinguent encore Wilkie Collins avec sa "Pierre de Lune" et sa "Dame en Blanc" et, bien entendu, Charles Dickens pour "Bleak House" et plus encore pour l'inachevé "Mystère d'Edwin Drood."



Dickens d'ailleurs avait, sur l'affaire Saville Kent, des idées bien arrêtées, qu'on pardonnera à un romancier aussi exceptionnel : ce maître du roman-feuilleton en tenait en effet pour l'hypothèse d'un enfant étouffé par la nurse cruelle après qu'il eut assisté sans le vouloir aux ébats de ladite gouvernante et de son père. Toute la fascination horrifiée que le sexe et ses manifestations les plus innocentes inspiraient aux sujets de la reine Victoria sont contenues dans cette théorie dickensienne - que le romancier ne pouvait d'ailleurs pas mettre en scène dans ses propres textes sous peine de perdre son public.



L'Affaire Saville Kent débute par l'un des meurtres les plus ignobles qui se puissent commettre : celui d'un enfant. Les faits sont les suivants :



Au matin du 30 juin 1960, le corps du petit Saville, le fils que Samuel Kent, sous-inspecteur des manufactures pour le compte du Gouvernement, a eu de sa seconde épouse, Mary Pratt, est retrouvé dans les latrines du jardin. Selon l'autopsie, l'enfant est mort étouffé, quelques heures plus tôt. Selon l'enquête - sur ce point, les enquêteurs locaux comme ceux de Londres tomberont d'accord - le ou les meurtriers étaient issus de la maison.



Il faudra à peu près cinq ans pour qu'une personne revendique la responsabilité du meurtre. Mais avec la meilleure volonté du monde et bien qu'ils aient servi à obtenir une condamnation, ces aveux ne sauraient satisfaire l'observateur attentif. Ici, l'étude policière rejoint la dissection un peu brouillonne d'une société engoncée dans des principes rigides et incapable de concevoir une explication rationnelle pour des pulsions qui, un siècle plus tôt, auraient été encore imputées à une influence démoniaque.



Le tableau est d'autant plus étouffant que ce que nous considérons aujourd'hui comme la police n'en était encore à cette époque qu'à ses tout débuts, que l'idée d'un meurtrier appartenant aux classes élevées de la population tenait du sacrilège et que les détectives marchaient en conséquence sur des oeufs en émettant leurs hypothèses, y compris les plus logiques. Sans oublier que tout ce qui se rapportait à la sexualité était passé sous silence, voire carrément occulté et que, s'il y avait déficience mentale dans une famille, elle ne pouvait être le fruit que du sang maternel mais jamais, au grand jamais d'une syphilis récoltée par le mari ou le frère ou l'amant dans les maisons closes ou sur les trottoirs.



A lire donc et, éventuellement, à approfondir avec un autre volume consacré à la même affaire. ;o)
Commenter  J’apprécie          110
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Angleterre, 1860. Un crime horrible a été commis dans la maison d’une famille bourgeoise typique. Le jeune Saville, 3 ans, a été sauvagement assassiné. Le meurtrier est forcément un membre de la maisonnée.



Le résumé ressemble fortement un roman d’Agatha Christie, mais il s’agit d’un fait divers réel. Ce livre n’est pas une fiction, mais un essai sur ce crime et son contexte historique. Il est question de la création d’une vraie police, de ses méthodes de travail, avec les balbutiements que ça implique dans l’organisation et la vision des enquêtes. On parle également beaucoup du rôle de la presse, qui se développait à cette époque, ainsi que des 1ers romans de littérature policière (beaucoup d’auteurs semblent s’être inspirés de cette affaire). Il y a aussi une réflexion sur la société victorienne et ses moeurs.



Du fait qu’on parle d’un véritable crime, du meurtre d’un enfant qui-plus-est, l’ambiance est très pesante, ce n’est donc pas une lecture facile de ce point de vue. L’autrice insiste sur l’impact qu’a eu cette affaire sur la société de l’époque et sur le retentissement qu’elle a eu à travers tout le pays, pendant des années. Pour vous donner une idée de l’impact médiatique et sociétal, l’affaire serait à peu près de la dimension de celle dite « du Petit Grégory », dont on entend encore parler 35 ans plus tard. Dans les deux cas, la victime est un jeune enfant que les membres de la famille sont soupçonnés tour à tour d’avoir tué. Ici, quelqu’un a finalement été condamné pour le crime, mais des parts d’ombres subsistent.



Le récit n’est pas dénué de longueurs, du fait que l’autrice insiste beaucoup sur le contexte, notamment sur les policiers et leur formation. Elle prend aussi le temps, en fin d’ouvrage, de détailler ce que sont devenus les différents protagonistes mêlés à cette affaire. Mais la plume est agréable et précise, c’est le genre de documentaire qu’on lit comme un roman. Le livre comporte de nombreuses illustrations: photos, dessins, plans, etc, qui permettent au lecteur de se faire une idée assez complète des lieux, des personnes et des évènements.



Une lecture pesante vu son sujet sordide, mais très intéressante et instructive. Si vous vous intéressez au sujet ou aux romans policiers classiques, ce livre devrait vous plaire.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          100
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

L'horrible énigme du meurtre du petit Saville Kent, 3 ans et 10 mois, en juin 1860, suscita en Angleterre une émotion intense. C'était les "débuts" de la police métropolitaine, et les débuts de la presse de masse et de la littérature policière.

Kate Summerscale tente de montrer les liens obscurs qui se nouent entre le meurtre réel de l'enfant, la police, la presse et la littérature. Presse et littérature boivent littéralement le sang de la famille Kent et des enquêteurs, jugeant la compétence des uns et le comportement des autres, s'inspirant éhontément de la situation de la famille pour produire, pour notre plus grand plaisir inavouable , quelques chefs-d'oeuvres : La dame en blanc (qui paraît en même temps que l'affaire), La pierre de lune, de Wilkie Collins, le mystère d'Edwin Drood (Dickens), le tour d'écrou (James), le secret de Lady Audley (M-E Braddon), j'en passe... Cette étude est intéressante.

Mais le plus fascinant est ce qui apparaît de cette famille anglaise victorienne mise à nue par la presse et la police, ou plutôt ce qui n'en apparaît pas. Car, si le meurtre est résolu, si la presse a multiplié les articles et la police les rapports, d'immenses zones d'ombres demeurent, les êtres gardent leurs secrets et surtout d'étranges silhouettes encore plus fortes que la fiction se dessinent : une épouse folle -ou pas, une (très méchante ?) gouvernante, un père tyran, satyre ? Des enfants maltraités ? Des enfants favorisés ? Des domestiques complices ? ou menteurs ? Qui a tué les femmes du patriarche ? Pourquoi donc a-t-on assassiné le petit Saville ? Vraiment vraiment intriguant, tout cela, toute cette violence feutrée puis éclatante entre deux tasses de thé...



Commenter  J’apprécie          102
Un singulier garçon

A partir d’un fait divers terrible et bien réel, un matricide commis par deux jeunes frères alors âgés de 12 et 13 ans, Kate Summerscale reconstitue les bas-fonds londoniens de la fin du XIXème siècle. Son approche purement documentaire, dénuée de tout point de vue moral, passe au crible les conditions de vie de cette classe laborieuse, les arcanes d’un procès criminel puis les conditions de détention du condamné avant de retracer son changement radical de vie. Basé sur une solide documentation, ce « singulier garçon » tire les fils de la société victorienne marquée une grande contrainte morale, une violence quotidienne et un libéralisme économique qui bouscule autant qu’il détruit.

Essai sociologique et politique, ce documentaire romanesque se lit également comme un grand roman policier au sang-froid.

Commenter  J’apprécie          90
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Ce livre se propose sous la forme d'un roman-enquête historique de nous décortiquer un crime abominable qui a été commis sur un petit garçon de 3 ans en Angleterre, à l'époque victorienne. Nous suivons l'horreur de son exécution une nuit de juin jusqu'à la mort des protagonistes quasi un siècle plus tard.

Kate Summerscale n'est pas à son premier essai dans le genre : elle avait déjà relaté l'affaire de Mrs Robinson que j'avais beaucoup appréciée

Cette fois-ci, nous sommes plongés dans une enquête qui a bouleversé l'Angleterre par son horreur et par les changements que cela a provoqués dans la société (notamment la vision de la police et des inspecteurs). Les faits sont relatés froidement et par moment sans le moindre sentiment, que cela rend vite le meurtre du petit garçon (Saville Kent) abstrait. Les hypothèses, les indices nous plongent dans une sombre enquête où l'on en ressort avec plus d'interrogations que de réponses... notamment sur les raisons du meurtre, le nombre de coupables (je doute que la coupable ai agit seule)..



Récit poignant, mais qui est vraiment froid... Très vite on oublie que la victime était un enfant de 3 ans, innocent...

Par contre, belle rétrospective de la civilisation anglaise de l'époque, notamment au travers des minutes du procès et des journaux.



Une enquête bien détaillée, mais trop stérile en sentiments.
Commenter  J’apprécie          80
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

L'Affaire de Road Hill House... ou le bouquin trois en un ( voir plus), très intéressant, mais assez indigeste.



Pitch :

1860, l'Angleterre, la famille Kent, en leur maison de Road Hill House... trois enfants déjà grands d'un premier lit, deux filles et un garçon, et puis trois autres d'un second, encore petits deux filles et un petit garçon.... et puis le drame... le petit Saville à disparu en pleine nuit, alors que la maison était fermée.. le petit Saville un petiot de trois ans, tout blond, le chérubin tout choupi... on le retrouvera au matin mort, assassiné d'une façon atroce et enfouis dans les latrines du personnel de maison... Mais qui a bien pu faire ça ?!



Un fait divers réel, une histoire vraie... bon, en général je suis pas super friande de ce genre de truc, mais vu l'époque, 1860, je me suis dit que ça pourrait être intéressant, pour apprendre des choses tant à la vie de tous les jours, qu'aux techniques d'investigations.. essayer de se plonger dans cette époque, le balbutiement de la police criminelle, c'était le début...

Alors pourquoi pas..



Alors oui, j'en ai appris de trucs... Diantre ! Mazette !

Parce que le truc avec ce bouquin c'est que l'auteur a voulu trop en mettre... trop en faire.



Nous avons donc l'enquête de l'époque, les protagonistes et y en a un sacré tas.. ok... Summerscale s'est plongée dans les archives, les livres et les journaux de l'époque... tout est relaté, tout est expliqué, sur le concret, le concret de cette maison, les minutes, les gens, les boulots, les fringues etc.. tout.. niveau immersion dans le lieux, l'époque, j'ai pas été déçue du tout.



Mais elle nous a fait aussi tout un parallèle avec l'essor, le début de la littérature policière en faisant des parallèles avec cette affaire, c'est plein de citation, d'auteur.. Mary Elizabeth Braddon qui écrivit « le secret de Lady Audley » et Wilkie Collins qui s'inspira du personnage du policier dans « La dame en blanc », Dickens, et tout un tas d'autres...



Et en soit ce n'est pas inintéressant non plus, voir même le contraire... très intéressant, l'émergence de ce style littéraire, le roman policier, et par cela aussi l'on comprend comment cette histoire, comment ce crime a secoué la population, et même les intellectuels de l'époque. Tout le monde y allait de son commentaire, de son ressenti.. le crime qui cristallise l'imagination de toute une population (nous, enfin à mon époque, on a eu l'affaire du petit Grégory, eux, c'était l'affaire du petit Saville..)



Elle nous a également fait toute l'historique journalistique de l'époque, et la place des journaux dans cette époque.. Sur cette affaire qui d'emblée par son caractère horrible et par la position sociale de cette famille (des bourgeois) a marqué l'opinion publique et a rapidement attiré de nombreux journalistes. L'auteur nous parle donc des journalistes, des journaux, des prise de partie d'un journal à l'autre (le nombre de journaux à l'époque était considérable)... ok... C'est pas inintéressant non plus, mais vu que je me fais déjà, une enquête criminelle, la construction de la police judiciaire anglaise, plus un parallèle avec la littérature de l'époque... Heu t'es sûre que tu m'en rajoute une couche là ?... bon, si, donc on rajoute les journaux.



Et à travers tous ces éléments, on suit le cours de l'enquête, les panouilles, les problèmes etc... et à travers tout ça, l'auteur nous fait une étude sociologique et psychologique de l'époque... Pour les gens de l'époque, de cette époque, les changements opérés et sur tous les sujets abordés (la police/les littéraires/les journaux/le peuple..etc) dans un sens ou dans l'autre, (on encense ou l'on met au pilori)... Et au final nous mets en lumière les changement qui ont découlé de cette affaire criminelle, changements de pensée, d'écrire, d'enquêter etc... Et tout cela est très intéressante.. si si... très.



Mais les mettre tous dans le même bouquin rend le tout lourd et indigeste, parfois même plutôt confus... l'enquête première se dilue, dans des circonvolutions, et des explications d'un autre ordre, explication de tant et de tant de chose... ce qui rend le tout très lourd, et il faut reconnaître que le style n'aide pas vraiment... c'est un livre qui demande une attention certaine, pas une lecture si simple, le côté easy reading... nope... Mais ce n'est pas désagréable en soit, c'est juste que c'est très foisonnant, une lecture dont on sort moins bête que quand on l'avait commencée.. et il faut admettre c'est plutôt bien.



Même si bon à la fin, à cette époque ils ont connu le fin mot de cette histoire, et le coupable, même s'il leur à fallu attendre un peu.. nous et notre petit Grégory, j'ai comme qui dirait l'impression c'est que c'est pas demain la veille...
Commenter  J’apprécie          70
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Lorsque j'ai travaillé sur mon mémoire sur Sherlock Holmes et Scotland Yard, je suis tombée sur le cas de Saville Kent. J'avais été très intriguée par l'histoire de Jack Whicher et de son enquête, si bien que j'en avais parlé dans mon mémoire. Je n'avais malheureusement pas eu le temps à l'époque de me plonger dans le livre de Kate Summerscale, mais lorsque je l'ai trouvé l'autre jour à la bibliothèque, je n'ai pas hésité longtemps! Que dire alors de ma lecture de L'affaire de Road Hill House? Et bien c'est un livre que j'ai apprécié, mais qui a quelques défauts.



Tout d'abord, je tenais à mentionner quelque chose que j'ai découvert en attaquant le livre. Il était rangé dans la catégorie fiction de ma bibliothèque, et je m'attendais donc à un roman. Cependant, L'affaire de Road Hill House est en réalité une non-fiction, qui raconte très sérieusement le cas du meurtre de Saville Kent. Si vous avez du mal avec la non-fiction, je tenais à vous prévenir.



Passée cette petite surprise, j'ai dans l'ensemble beaucoup aimé le livre. Premier point important: Kate Summerscale a visiblement passé beaucoup, beaucoup de temps à faire des recherches pour son livre. Le livre est extrêmement documenté et riche en informations. Il contient aussi des photos et une longue bibliographie ainsi que de nombreuses notes, témoignant du sérieux du travail de l'auteure. J'ai appris en travaillant cette chronique que Kate Summerscale avait reçu plusieurs prix pour ce livre, ce qui ne m'étonne pas lorsqu'on voit la richesse des détails.





L'auteure nous plonge aussi dans l'histoire, comme si on y était. On a vraiment l'impression d'assister à l'enquête comme si nous suivions Jack dans le moindre de ses mouvements. C'est une histoire vraiment passionnante et intéressante, surtout si vous vous intéressez à l'Histoire criminelle, car Kate Summerscale met bien en avant les difficultés rencontrées par les policiers et enquêteurs de l'époque. C'est un livre qui est à la fois une enquête, une analyse sociale, et une étude historique sur la police britannique.



Parmi les autres points positifs, j'ai aussi apprécié le style de l'auteure. Très plaisant et avec un petit côté journalistique, le livre est agréable à lire. Le début m'a particulièrement plu, avec la description de la journée de la découverte du corps et le début de l'enquête.



Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, le livre présente également de très nombreux aspects que j'ai trouvés intéressants. Ayant travaillé là-dessous pour mon mémoire, j'ai aimé le traitement fait par l'auteur sur la façon dont la police était considéré par la population, et plus particulièrement la façon dont les détectives étaient perçus par la bonne société.



Cependant, j'ai tout de même un gros point négatif à relever: les longueurs. Le livre est parfois long, très long, et l'auteure fait régulièrement des détours pour parler d'autres éléments. Si j'ai trouvé certains points pertinents, j'ai tout de même été assez lassée à certains moments par les longueurs. Le livre reste dans l'ensemble très intéressant, mais je tenais à mentionner cet aspect.



Si vous vous intéressez aux débuts de la police et aux grandes affaires criminelles, je vous recommande fortement L'affaire de Road Hill House, ainsi que son adaptation!


Lien : http://livroscope.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          60
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

J'ai lu à peu près 200 pages de cet ouvrage. Je suis déçue car je pensais qu'il s'agissait d'un polar classique mais en réalité il y a de nombreux chapitres qui relèvent d'essais sur les enquêtes policières au 19 ème siècle, le début des détectives privés et c'est trop pointu et précis ça gêne la lecture du roman. Cela ne m'a pas trop passionnée, dommage !
Commenter  J’apprécie          60
La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Ma chronique va être particulièrement car j’ai aimé cette lecture mais pas pour les raisons que j’espérais. En effet, en page de titre il est indiqué «Journal intime d’une dame de l’époque victorienne ». Ce sous-titre est franchement réducteur et trompeur pour le lecteur. En réalité, l’auteure nous propose une chronique de cette affaire de divorce (l’un des premiers en Grande-Bretagne) en remontant le temps jusqu’aux prémices de celle-ci. En ouvrant ce livre, je m’attendais à lire un roman mais pas du tout. En effet, Kate Summerscale nous expose les faits en s’attachant aux journaux intimes d’Isabella Robinson, à la correspondance des protagonistes, aux comptes rendus de procès ainsi qu’aux coupures de presse de l’époque.



L’auteure met un point d’honneur à nous exposer le contexte de l’époque qu’il soit scientifique (médecine, phrénologie, théorie de l’évolution) mais aussi artistique (de nombreux écrivains sont cités comme Charles Dickens par exemple). La condition des femmes, l’évolution des lois sur le divorce et les thèses (souvent fumeuses) des maux utérins sont également très détaillés. Il serait facile de s’attendre à un récit rigoureux. Mais au contraire, la plume m’a paru agréable et facile à lire. Cependant, quelques passages explicatifs m’ont paru longs et sans intérêt pour l’histoire. Il y a presque 100 pages de notes en fin de livre. Le lecteur est libre de les lire ou non. De même un index est présent. Il est donc possible de se référer à ce livre en cas de recherche.



Cet ouvrage est vraiment intéressant pour toutes les raisons citées. J’ai appris beaucoup de détails qui m’étaient étrangers auparavant. Il est aussi déroutant car on s’attend à un roman pour finalement se voir lire une retranscription de cet évènement voir presque une biographique d’Isabella Robinson à certains moments.
Lien : http://danslemanoirauxlivres..
Commenter  J’apprécie          60
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Comment me faire abandonner une lecture



- Faire une présentation des personnages. Elle est tellement longue qu’on est déjà perdu



- Faire une note sur la valeur de l’argent, en offrant un système de conversion.



- Quand commence le récit, intégrer des paiements de toutes sortes pour voir si le lecteur a bien retenu la leçon





- Bien décrire les itinéraires des trains.



Je me suis cru dans un cahier de vacances.
Commenter  J’apprécie          52
L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Tiré d'une histoire vraie, ce livre raconte la découverte, en 1860, du corps d'un petit garçon de 5 ans issu d'une famille bourgeoise. Ce crime défraya la chronique et les journaux. Jack Whicher, détective en quête de l'affaire, essaiera de mettra en évidence des faits et aura même des suspicions sur une personne. Malheureusement la police scientifique n’existe pas et c’est parole contre parole. De plus, à cette époque, lorsque qu'un meurtre est perpétrer dans une famille bourgeoise, les hauts fonctionnaires préfèrent faire taire l'histoire que de trouver le meurtrier. Une certaine bienséance (et d'hypocrisie aussi) est de mise au profit du travail d'un détective. Heureusement, ce crime, ne restera pas impuni mas laissera des traces autant sur les membres de la famille bourgeoise que sur la personne du détective.
Commenter  J’apprécie          50
La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Ce livre est le fruit des recherches de l’auteure sur un procès un peu singulier qui eut lieu en 1858 (ce n'est pas un roman). Alors que la procédure de divorce s’ouvrait plus largement, un homme a demandé le divorce en se fondant sur le journal intime de son épouse. Kate Summerscale nous raconte une époque, une femme, une grande affaire oubliée.



Le livre commence par un poème poignant de William Allingham puis pose le décor avec des arbres généalogiques et les hommes de loi intervenus au procès. Après un rapide prologue qui annonce clairement le procès (mais sans en donner l’issue), Kate Summerscale commence à nous parler d’Isabella Walker. Son premier mariage avec un Mr Dansey, son premier fils, le décès de son époux, et le remariage avec Henry Robinson, de nouveau des enfants, mais une vie insatisfaisante aux côtés d’un mari pétri de défauts, et une société qui ne lui convient pas. Femme intelligente et qui aime se cultiver, elle va coucher sur papier chacun de ses sentiments, même les plus honteux, ceux qu’elle devrait cacher, qu’elle devrait taire, en particulier sa passion naissante pour un certain Edward Lane.



Il faut se l’admettre, Isabella n’est pas vraiment une femme attachante. Je ne pense pas, contrairement à d’autres lectrices, que c’est dû au style de l’auteure. Elle nous livre de nombreux extraits de son journal, et celui-ci nous permet de connaître la femme telle qu’elle se représentait elle-même. Malgré un certain talent littéraire et des circonstances « atténuantes » (son deuxième mari était vraiment un gros c**), Isabella Robinson m’a fait l’effet de ne pas bien se rendre compte. Je ne l’ai pas appréciée, mais j’ai su la plaindre. La société victorienne est viciée par des convenances trop éloignées de la nature humaine et favorise le développement des défauts chez les uns et les autres. Entre l’hypocondrie et le traitement artisanal de véritables pathologies (j’ai frissonné d’horreur lors du passage consacré à la gynécologie de l’époque), la façon dont les individus, et bien sûr en particulier les femmes, étaient considérés, et les règles de bonne conduite, il y a de quoi se sentir piégée, comme Isabella, et faire des grosses bêtises.



Il est difficile de dire si oui ou non elle est « coupable » de ce dont son mari l’accuse. Je pense qu’elle l’était, et Edward Lane avec elle, ce qui fait de lui un sacré *bip* aussi. Trop facile de dire que l’autre affabule, a des crises de délire ou que sais-je encore ! Quel beau monde que celui où on accuse les autres pour se laver de tout soupçon ! Pas besoin d’aller dans les rues de Whitechapel pour constater que cette époque n’était pas si reluisante qu’elle veut bien le faire croire.



J’ai donc trouvé ce livre extrêmement intéressante. Les développements sur d’autres personnes, qui peuvent paraître trop s’éloigner du sujet principal (comme l’histoire de George Drysdale), m’ont beaucoup plu parce qu’il permettait de vraiment avoir une photographie réaliste de la vie de ces gens bourgeois. Cela permet aussi de croiser des personnages « historiques », qui ont fortement compté, et là je pense surtout à Darwin, qu’on voit régulièrement à partir d’un certain moment. J’ai appris beaucoup de choses (enfin, si tant est que je les ai retenues !) sans avoir l’impression d’avaler un manuel. J’ai trouvé l’écriture de Kate Summerscale très fluide. Sa démarche est tout à fait passionnante.



Là où je m’interroge, c’est sur les notes… Il y en a sur des dizaines de pages, mais elles ne sont pas indiquées dans le corps du texte, et j’ai eu du mal à comprendre l’intérêt de les lire après coup ! Le format n’est pas très bien pensé. De même, le livre porte en sous-titre "Journal intime d'une dame de l'époque victorienne", ce qui a induit en erreur beaucoup de lecteurs, qui pensaient lire un journal. Je m'étais renseignée avant de l'acheter et n'ai donc pas été surprise, mais c'est vrai que la nature de ce livre n'est pas clairement indiquée. Mais à part ça, rien à redire.



En bref, ce fut une très bonne lecture, vraiment intéressante à tous points de vue, et je suis curieuse de lire d’autres livres de l’auteure, qui a écrit sur d’autres affaires.
Lien : http://sans-grand-interet.co..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Kate Summerscale (309)Voir plus

Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1287 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur cet auteur

{* *}