Que vous restera-t-il d'un être que vous avez perdu, quand le temps aura dérobé à votre mémoire son visage et sa voix ? A quoi penserez-vous quand vous voudrez vous le rappeler ? Quelque geste, quelque vivacité de voix, quelques petits moments particuliers. Il ne vous restera que des traces de souvenirs. Le reste, le temps vous l'aura rongé.
Même la forêt ne veut plus de moi
Mon corps
Trace
À la surface
Un delta crayeux
Moins qu’une aurore
Rouge placentaire avec un goût de bourgeons
C’est toujours la même question
La sagacité du mercure
Le lever du soleil
L’épaisseur de la glace
Sous nos pieds
Nos chances d’y arriver
On peut venir et souffrir
Ce n’est rien
Se frotter contre tout ce qui brille
Rien comme
Dater au carbone ses propres ossements
Tous ceux qui brûlent comprendront
En février, il a fallu faire le décompte des amis qui pendent au bout de leur corde. On a pris une grande bouffée de mort au bout d’une cigarette et levé un verre à nos vies – poissons rouges, rats, tourne-disques – à nos rêves de défibrillateur, d’envergures ailées et de canaux de sèves à s’y méprendre entre arbre poumon et continent. La vie a séquestré un fleuve entier en chevaux de glace, cédé le terrain battu en retraite. Surtout, Ours, n’oublie pas, c’est partout la même neige. Surtout, ours, n’oublie pas, garde le petit feu.
Quelle différence entre avoir aimé et perdre ?
Avoir perdu ?
"Le printemps qui surgit, mais n'arrive jamais
L'incertitude d'une promesse d'amour..."