Anton a la quarantaine. Il vit seul à Berlin, il est médecin.
Ses parents vivent en province, dans une ville où on se soucie de Volkswagen et de son jardin. Anton tombe amoureux de Lydia, elle aussi médecin, lorsqu’il la renverse alors qu’elle est à vélo. Lydia a déjà une fille, Rachel, mais elle vit seule maintenant. Les parents d’Anton vont être enfin heureux : Anton va avoir un foyer lui aussi, c’est dans l’ordre des choses, et ils vont pouvoir partir l’esprit libre.
Sa mère surtout, qui comme chaque année va pouvoir ramasser les fraises qu’elle cultive dans son jardin, en faire des confitures et les envoyer à son fils par la poste.
Mais ses parents ne vont pas bien, sa mère surtout, elle perd la tête. Elle en oublie même de planter ses fraises.
« Les heures, les lieux ne correspondaient plus. Et alors que chaque année, début juin, elle faisait la première confiture de fraises, parce qu’elle avait attendu avec impatience les premiers fruits sucrés de l'été pour les envoyer à ses enfants, elle oubliait maintenant de planter des fraises. »
Et puis il y a une ombre sur le tableau.
Lydia a vécu il y a quelques années une période difficile. Elle buvait. Un homme s’est occupé d’elle à ce moment-là, un certain Rüdiger, un type qui n’est pas très fréquentable et qui s’est engagé dans la Légion avec un autre individu, Martin, au passé aussi douteux.
Tous les éléments du drame sont là : on le sent monter à travers la filature auxquels les deux légionnaires se livrent pour surveiller Lydia et sa fille Rachel. La menace est très présente : Rüdiger et Martin sont les témoins d’un autre monde, un monde où on tue impunément, un monde de folie meurtrière, en Afghanistan, en Afrique ou ailleurs. Et quand on revient dans la vie civile, on ne peut pas se réadapter à la vie de tous les jours.
Un autre drame se joue dans le même temps. Hilde perd la boule et Anton, malgré tous ses talents de médecin, ne peut rien contre la rapide dégradation de la mémoire. Il aurait besoin de l’appui de sa sœur Caroline, mais celle-ci a fait le choix de vivre aux Etats-Unis, peut-être pour ne pas assister à la déchéance de sa mère.
Hilde vit encore sa passion : elle s’obstine à vouloir planter des fraises comme avant, quand Caroline et Anton étaient petits, ensuite elle en fera des confitures et tout continuera comme avant.
Katharina Hacker parvient à décrire les errances de la mère avec beaucoup de tendresse. Ce sont deux générations, mais aussi deux univers (la campagne et la ville de Berlin) qui sont dépeintes par l’auteure allemande.
Peut-on tourner la page d’un passé obscur ? Anton va-t-il réussi à fonder une famille avec la belle Lydia et avec Rachel, qu’il aime déjà ? Grâce à une construction de points de vue successifs, Katharina Hacker nous tient en haleine jusqu’au bout, jusqu’à la scène de la récolte des fraises pour laquelle tous les personnages vont se retrouver.
Une belle sensibilité pour décrire des personnages avec des failles – humains donc.
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