AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Katharine Burdekin (29)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Swastika night

Littérairement, Swastika Night m’a semblé assez mauvais. Voire mauvais tout court. Mais son intérêt n’est pas là. Il est dans les réflexions sur le totalitarisme, l’asservissement, la construction d’une société, le féminisme, la culture, l’histoire, l’esprit critique, la réflexion personnelle...



Plus encore, il est dans le contexte de son écriture : le livre n’est pas une uchronie parmi d’autres présentant un monde alternatif où l’Allemagne nazie aurait gagné la Seconde Guerre Mondiale... car il a été publié AVANT la Seconde Guerre Mondiale. Et pourtant on y trouve des éléments sur la guerre ou la solution finale ! L’auteure était douée d’une étonnante prescience au moment où les démocraties traitaient encore Hitler comme un partenaire européen lambda...



Si les personnages sont caricaturaux et la thèse de l’auteure amenée au rouleau compresseur, il y a quelques instants de finesse et de grâce. Ainsi cette théorie que l’homme ne peut plus créer s’il perd sa liberté de penser, et que la seule culture d’une dictature serait celle du passé... voire celle du passé qui a échappé aux purges et aux réécritures... De même pour ces passages étranges où on apprend qu’il y a beaucoup de suicides parmi les nazis parce qu’une paix trop longue leur a permis de réaliser la vacuité de leur vie et de leur monde...



En un mot, même si ce livre n’est pas très bon, il est assez révolutionnaire. Il faut donc le lire, ne serait-ce que pour éviter chez nous l’avènement d’une telle Swastika Night.
Commenter  J’apprécie          501
Swastika night

Une autre uchronie qui prend place dans un futur où les nazis ont gagné la Deuxième Guerre Mondiale. Qu'est-ce qu'elle a de spéciale, celle-là, allez-vous me demander?



Bien... Elle a été écrite par une femme en 1937. Avant la guerre. Pourtant, à quelques détails près, elle aurait pu être écrire aujourd'hui. On y parle d'homosexualité, de féminisme, de masculinité toxique, de religion, mais surtout, d'égalité.



On y retrouve les autodafés de Fahrenheit 451, le rapport aux mots de 1984 et le rôle des femmes de Handmaid's Tale.



Bref, la science-fiction doit beaucoup à ce livre pourtant obscur.



Le seul hic : il ne se passe pas grand chose. Sur un peu moins de 300 pages, il y a de l'action dans les 50 premières et les 50 dernières. Les 200 pages centrales sont essentiellement des dialogues socratiques qui explorent l'histoire de cet univers (on est en 2600) et ses enjeux éthiques.



Ça ne m'a pas dérangé une seconde. Mais ce n'est pas pour tout le monde.
Commenter  J’apprécie          310
Swastika night

Avant de découvrir ce roman dans la dernière sélection Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions Pocket, ainsi qu'aux éditions Piranha qui l'ont traduit en premier lieu !), je n'avais jamais entendu parler de "Swastika Night", tout comme j'ignorais tout de son auteur, la Britannique Katharine Burdekin. Celle-ci a donc imaginé une uchronie dans laquelle les nazis et leurs alliés japonais ont gagné la guerre, ce qui débouche sur... Stop ! Une uchronie, vraiment ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord, nous ne sommes pas face à un petit frère du "Maître du Haut Château" ou de "Fatherland" comme il en existe tant. Publié en France pour la première fois en 2016, ce roman date pourtant de 1937, soit quatre ans après l'accession au pouvoir de Hitler et deux ans avant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, à une époque où les dirigeants des démocraties occidentales en étaient encore à traiter avec le Troisième Reich comme avec n'importe quel partenaire... "Swastika Night" n'est donc pas une uchronie, laquelle consiste à modifier le passé pour imaginer un autre déroulement de l'histoire, mais une anticipation, puisque Katharine Burdekin extrapole sur les événements de son présent pour imaginer un avenir possible. Loin d'être anecdotique, cette distinction fait tout l'intérêt et la subtilité du roman.



Le futur imaginé par Katharine Burdekin est glaçant. Le "Reich de mille ans" promis par Hitler dans notre version de l'histoire est sur le point de devenir réalité, puisqu'il dure ici depuis plus de sept siècles. Le monde est équitablement partagé entre deux totalitarismes, allemand et japonais, qui se regardent en chien de faïence en attendant d'en découdre pour de bon. L'auteur étant une militante féministe, elle met l'accent sur le terrible sort réservé aux femmes, en écho à l'idéologie machiste qui prévalait à son époque dans l'Allemagne nazie : les femmes dans le Saint Empire germanique sont littéralement traitées comme du bétail, "dépourvues d'âme" elles sont privées des plus élémentaires libertés et leur seule fonction dans la société est celle de la reproduction. Sous la coupe des nazis, l'humanité s'est enfoncée dans l'obscurantisme : la plupart des hommes sont illettrés, il n'y a plus de culture, plus d'art, et le passé précédant la naissance du nazisme a été soigneusement effacé des mémoires. Hitler est devenu l'objet d'un culte religieux, dans lequel le Führer mythifié est célébré sous la forme d'un colosse blond mesurant plus de deux mètres. Mais la mise au jour d'un livre rédigé plusieurs siècles plus tôt, et rétablissant la vérité historique, va faire vaciller les certitudes des nazis du futur...



Au vu de la clairvoyance dont fait preuve l'auteur en dénonçant de manière virulente les méfaits du nazisme dès 1937, les lecteurs francophones qui découvrent ce roman au 21ème siècle peuvent se demander pourquoi celui-ci a été si longtemps oublié, au lieu de connaître la renommée de dystopies fameuses et devenues des classiques telles que "Le meilleur des mondes", "1984" ou "Fahrenheit 451"... Sauf que Katharine Burdekin, il faut le reconnaître, n'est pas un écrivain de la trempe de Huxley, Orwell ou Bradbury. D'un point de vue strictement littéraire, le roman est tout juste passable. Il souffre notamment du fait d'être explicatif et démonstratif à l'excès. Les protagonistes — au nombre de quatre seulement : le chevalier von Hess, Hermann le paysan nazi, Joseph le chrétien et Alfred le "candide" anglais — n'ont aucune substance, ce ne sont que des silhouettes destinées à donner ou recevoir des informations et des explications, au cours de tunnels de dialogues s'étendant parfois sur plusieurs dizaines de pages. Quant à l'intrigue, si tant est qu'il y en ait une, elle est réduite à la portion congrue. Je suis loin d'être un intégriste de l'adage "Show, don't tell", mais en l'occurrence tout le roman ou presque est sur le mode "tell", ce qui est assez dommageable : l'horreur de ce régime nazi du futur nous est exposée en détail, mais on ne la ressent pas réellement, elle peut frapper l'imagination mais ne prend pas aux tripes.



Au bout du compte, en tant que document historique, de témoignage d'une époque, "Swastika Night" est une oeuvre de grande valeur, qui sera lue avec profit par tous ceux que l'histoire du nazisme et de la Seconde guerre mondiale intéresse ; en revanche, pour les lecteurs de SF et plus généralement de littérature, j'aurais du mal à conseiller ce roman avec enthousiasme...
Commenter  J’apprécie          2610
Swastika night

Il fallait avoir une sacrée paire de couilles pour publier une uchronie dystopique (une dystopie uchronique ?) sur les dangers du nazisme en 1937, alors que la Seconde Guerre Mondiale n’avait pas encore commencé et que certains pensaient toujours qu’elle n’aurait pas lieu.



Des couilles et une sacrée vision des choses qui pourraient se produire si cette idéologie gagnait toute l’Europe.



La guerre n’est pas encore déclarée que l’auteure avait déjà imaginé un conflit terrible, basant son récit sur une victoire des allemands.



Pire, ayant connaissance des faits, je reste sans voix devant la clairvoyance de la dame qui, même si elle remplace les Juifs par des chrétiens, parle déjà d’extermination totale. Et en plus, dans son récit, les Juifs n’existent quasi plus… Exterminés qu’ils furent par les allemands.



C’est là que le roman prend toute sa force car il ne s’agit pas ici d’une 36ème version parlant d’une fin alternative de la Seconde Guerre mondiale mais bien d’une anticipation terrible sur l’avenir de l’Europe et du monde si le nazisme triomphait.



Le roman fait froid dans le dos… Nous sommes 700 ans après Hitler (oui, le vilain moustachu a remis à zéro le compteur de Jésus-Christ), le saint empire hitlérien domine toute l’Europe, et quand je dis toute, c’est toute, même pas un village gaulois pour résister.



Nous sommes face à une dictature impitoyable où les femmes ont autant de droit que les chiens et dont leur rôle est celui de poules pondeuses, juste bonne à se faire engrosser par les hommes et à mettre au monde des garçons, qui leur seront enlevés à l’âge de 18 mois.



Parqués dans des camps, nous sommes soumises au bon vouloir des mâles et le viol n’est plus un crime depuis longtemps. Nous n’avons plus de pensées, plus de vie, plus d’allant, plus rien…



L’art et la culture n’existent plus, les livres c’est pareil, hormis la Bible d’Hitler et les manuels techniques, les gens ne savent plus lire, lire ne sert à rien. Ne reste que la musique, mais tous les grands compositeurs que nous connaissons sont devenus allemands ou autrichiens, sans exception.



De plus, on a beau être 700 plus tard, les technologies ne sont pas très avancées, comme si les Hommes en avaient peur, comme s’ils vivaient toujours à l’époque de 1940 avec ses aéroplanes et ses vieux camions de l’époque.



L’univers qui est décrit dans ses pages est tout bonnement impitoyable, horrible, donnant des sueurs dans le dos car tout le monde a oublié ce qu’il y avait avant l’avènement du nain de jardin moustachu et on a fait de ce dernier un Dieu, limite un Jésus puisqu’il a donné naissance à une religion, la sienne.



Tout est effacé, on a réécrit l’Histoire, les faits ont été changés, tout est à la gloire des allemands et des nazis, les religions éradiquées et ce qui les remplace est une horreur sans nom, les chrétiens étant même considéré comme moins que des rats !



Ah, et le petit homme ventripotent que nous connaissons, moustachu, moche, avec du bide et une mèche de cheveux gras est devenu – propagande oblige – un grand blond magnifique (2,10m) aux yeux bleus, avec des cheveux blonds et longs digne d’une pub de chez l’Oréal, un être quasi divin, et pas sorti du ventre d’une femme.



On lui a écrit une légende, il fait l’objet de culte, on visite les lieux saints en Allemagne et les seuls à ne pas avoir été envahis sont les japonais, qui eux, tiennent sous leur coupe les américains.



L’histoire gravite autour d’Alfred, un anglais, le personnage principal avec Herman, l’ouvrier agricole l’allemand et Von Hess, le chevalier.



Malgré leurs différences et leurs divergences, ces trois là vont discuter ensemble et le chevalier fera de terrible révélations à nos deux hommes, plongeant dans le désarroi le plus total l’allemand qui voit ses croyances s’effondrer.



Trois personnages attachants, réalistes, avec leurs pensées conformes à ce qu’ils ont toujours vu et vécu, la rébellion étant à proscrire chez les soumis, d’ailleurs, ils n’y penseraient même pas. Pourtant, comme le personnage d’Orwell dans 1984, Alfred a déjà conscience qu’on lui a menti cherche à déjouer la supercherie.



On ne peut pas dire qu’il se passe des tas de choses importantes, dans ce roman, mais on s’en moque, la narration étant tellement forte que l’on blêmit lors des conversations entre Alfred et le chevalier (haut grade chez les allemands), en découvrant la vie des gens, la condition de la femme, de l’enfant, les pensées qui sont celles des humains de tout bord.



Loin d’être indigeste, ce petit roman de 230 pages est limpide, facile à lire, même s’il a tendance à vous foutre des claques régulièrement, et pas des petites.



Il y a un réalisme effroyable, dont des faits qui se remarquent depuis quelques temps chez les Chinois avec leur règle de l’enfant unique (plus de garçons que de filles et un déséquilibre, comme dans notre roman).



Ceci est plus qu’un roman, c’était une vraie mise en garde en son temps, et elle vaut toujours pour notre époque ! Qui voudrait d’une telle société où les gens ne pensent pas par eux-même ?



Glaçant !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          195
Swastika night

En Résumé : J’avoue je ne ressors pas complètement convaincu de ma lecture de ce Swastika Night qui m’a paru manquer de profondeur, de soin et de finesse. Alors, je ne lui enlève pas son côté récit précurseur face à la montée du nazisme, ce récit ayant été écrit en 1937, mais voilà le reste m’a paru manquer de consistance. L’univers qui nous est présenté parait ainsi en parti incohérent et surtout n’offre qu’une toile de fond minimaliste au récit. Les personnages sont majoritairemnt des clichés qui m’ont donné l’impression d’être exagérés, mais surtout manquent de soin pour qu’on puisse vraiment s’intéresser à eux. Alors, c’est vrai, il s’agit d’un récit d’idées et non d’une histoire romancée, mais même au niveau des réflexions je ne suis qu’en partie convaincu. En effet tout ce qui concerne la notion de pouvoir, de domination, de fachisme, de totalitarisme manque finalement de profondeur, de travail et reste trop léger. Pour moi seul la thématique sur la position de la femme dans la société, sur la notion patriarcale et de domination poussée à l’extrême m’q paru un peu intéressante, même si un peu plus de profondeur aurait été encore plus percutant. L’abus de dialogue dans la construction du récit a aussi été un frein à la lecture. Au final j’ai lu que l’autricce écrivait ses romans en 6 semaines et c’est un peu l’impression que j’ai eu, une envie de partager des idées, mais une réalisation trop expéditive. Dommage.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          110
Swastika night

Quelle découverte intéressante ! Des siècles après la seconde guerre mondiale, gagnée par l'Allemagne, Hitler a été deifié, Mein Kampf est devenu une bible, l'histoire des pays conquis a été oubliée... Mais des chevaliers résistent comme très toute attente, en se remémorant des souvenirs de cette période, manière de résister à la doxa commune. Parmi eux, un chevalier se confie à un mécanicien anglais. Leurs échanges sont un pur produit de ce monde effrayant, dépeint par l'auteure...en 1937! Encore plus impressionnant et plus intéressant donc, d'autant que le point de vue de la femme rajoute à l'intérêt du texte. Une belle lecture, qui fait réfléchir...
Commenter  J’apprécie          100
Swastika night

Avec Swastika Night, vous avez le droit à un roman satirique et à un essai. L'un assez réussi, bien qu'outrancier par endroit, l'autre ennuyeux.

Reste l’intérêt historique...



Hitler a gagné, la moitié du monde est libéré de la démocratie et du communisme. Le bonheur ?

Pas si sûr. voyons ce qu'il en est. 700 ans après la victoire nazie, le monde est divisé en deux parties, l'empire allemand et l'empire du soleil levant. Soit bonnet brun contre brun bonnet ! Hitler est devenu un Dieu et la mythologie a fait le reste.



"L’Unique et Saint, le Héros-Dieu, lui, n’avait naturellement jamais fumé, ni mangé de viande, ni bu bière ou vin. Sa colossale stature (deux mètres dix, mesurait-Il) et les phénoménales prouesses que Lui autorisait Sa force ne devaient rien à la nourriture riche et grossière que prisent les Allemands inférieurs."



Les femmes ont enfin reprit leur place naturelle : au poulailler. Le viol est considéré comme un simple acte sexuel, les hommes allemands, ont tous les droits. Plus de famille, les enfant sont retirés à leur mère dès leur plus jeune âge, les femmes restent parquées dans des camps, réduites à un simple statut reproducteur.



"Qu’un homme puisse exprimer une préférence sexuelle pour une femme en particulier (hors celle que pouvaient susciter l’état de santé et la force musculaire de cette femme) était une faiblesse, une preuve d’absence de virilité. "



Et pour diriger cette douce société utopique, il faut bien un cadre. Donc, hiérarchie pyramidale : les chevaliers, les religieux, les simples nazis, les populations asservies, les chrétiens (les juifs ayant été exterminé, il faut bien trouver un nouveeau bouc émissaire) et en bout de chaine les femmes considérés comme de simples animaux.

Le tout avec falsification de l’histoire allant jusqu'à son oubli.



Pour l’intérêt historique, c'est réussi même si parfois la projection est un peu trop satirique, outrancière et appuyée. Mais quelle clairvoyance. Écrit en 1937, l'anticipation de l'idéologie nazie est parfaitement juste.



Pour ceux dont les cours d'histoire ennuie, l'anticipation se suffit-elle seule ?

Nous sommes dans une veine assez satirique, avec des personnages réduits à leur simple expression : le candide, l'initié et l'apprenti. Leurs aventures peuvent donc sembler à la limite du rocambolesque.

Quelques moments assez hilare cependant à mon sens : comme la découverte du vrai Hitler par Alfred et Hermann sur une photographie, l'exacte opposée du mythe. Voilà pour une première partie. Et puis patatras, rupture de ton, on assiste à un dialogue érudit sans fin contredisant la psychologie des personnages. Et comme Hermann, j’avais envie de me présenter devant les rhétoriciens et de leur dire que je préférais continuer ma vie d'avant, ou qu'un résumé me suffirait.



"si vous aviez la bonté de m’y autoriser, j’aimerais mieux continuer à travailler aux champs plutôt que d’entendre parler du livre de votre trois fois noble ancêtre. Veuillez le croire, je ne suis pas un lâche ; cependant, lorsque vous discutez avec Alfred, je n’y comprends rien. Je préfère qu’il me l’explique après vos conversations. Je vous prie donc, Bien-Né, de bien vouloir me congédier. "



Et de deviser sur le nazisme, la virilité, les civilisations, les gouvernements, l'histoire,les femmes et les arts. J'avais l'impression d'être en cours face à un prof ennuyeux, la lecture en diagonale comme seule évasion. Et parfois, l'impression que Katharine Burdekin avait plus à dire sur le féminisme que le nazisme.

N'est pas romancier qui veut. Dommage car le sujet était intéressant et l'anticipation juste



Une postface, Cauchemars éveillés : Et si le Troisième Reich l’avait emporté ?, de Bertrand Campeis clôture le roman. Il revient sur l'uchronie et la seconde guerre mondiale. Paru en 1937, le livre est une dystopie, pourquoi nous parler d'uchronie via une petite pirouette ?
Commenter  J’apprécie          92
Swastika night

Paru en 1937 et tout récemment traduit, cette uchronie est d’une incroyable perspicacité. Sept cents ans après la « Guerre de vingt ans » remportée par l’Allemagne, celle-ci gouverne l’Europe et l’Afrique; l’autre moitié du monde étant sous l’emprise des Japonais. Hitler a été institué Dieu-né et du haut de ses 2m10, la statue de ce blond aux yeux bleus décore chaque ville de l’Empire.

Le passé a été supprimé des mémoires, les livres ont été brulés et la bible nazie expurgée de toutes traces de l’Histoire. La société est divisée en trois : le Führer, les Chevaliers et les Nazis. Asservies, les femmes ne sont que des reproductrices serviles, même le sens du mot mariage a été oublié.

Les races inférieures ont été anéanties et celles restant sont soumises et régies par l’autorité nazie et ses lois décadentes. Les quelques chrétiens restants sont persécutés mais vivent encore en famille.



Alfred, un jeune mécanicien anglais de 36 ans, a obtenu le droit de réaliser un pèlerinage sur le sol du Saint Empire Germanique. Retrouvant son ami Hermann qui travaille à la ferme du Chevalier von Hess, il a l’occasion de rencontrer ce dernier. Franc et direct, Alfred ose affirmer qu’ « il n’y a pas d’honneur là où ne règne pas la liberté de jugement. » Bizarrement, le courant passe entre eux et Friedrich von Hess révèle à Alfred comment l’histoire fut déformée par un homme, amenant les Allemands à détruire toutes traces du passé. Il n’en faudra pas plus pour qu’Alfred, déjà sceptique, s’engage à répandre ces informations afin que la vérité éclate.



Dans cet univers futuriste, rien n’a évolué : pas de technologie, ni de progrès dans les domaines artistiques, scientifiques, médicaux, militaires... La conformité, l’honneur, le militarisme extrême et le patriarcat sont les ferments de l’Empire en place. Reléguées au rang d’esclaves sexuelles destinées à perpétuer la race, les femmes ont fini par ne plus mettre au monde de garçons et l’équilibre de la société est en danger. Ce sera l’élément déclencheur de la réflexion et du changement.





Il est étonnant que ce roman écrit à la même époque que 1984 d’Orwell soit resté dans l’anonymat aussi longtemps. Les deux histoires présentent des similitudes notamment dans la description du pouvoir aliénant et de l’autoritarisme aveugle. Dans chacun des romans, le héros est conscient qu’on lui ment et cherchera à déjouer la supercherie.



Ce récit rédigé en pleine montée du nazisme et bien avant qu’il ne livre ses pires moments laisse paraitre sa violence, son injustice, sa misogynie et l’horreur qui en découlera. Mais il annonce aussi sa chute. Féroce et subtile fiction qui m’a glacée d’un bout à l’autre.



A lire absolument !



Commenter  J’apprécie          82
Swastika night

Je crois que j'ai davantage aimé le fond que la forme !



L'écriture est très dense, elle m'a rappelé les œuvres que nous étudions au lycée en cours de philo ^^

Les dialogues sont très fournis et reposent souvent sur des remises en question profondes, ce qui est très intéressant



Place, statut et rôle de la femme dans la société, relations parents/enfant, vie de famille, haine de l'autre, définition de l'homme, cohabitation des religions et origines, amitiés... Beaucoup de sujets qui sont tour à tour développés et bousculés



J'ai parfois eu du mal à garder le fil de l'histoire en tête au cours de mes sessions de lecture mais la trame revenait assez vite



Les thèmes abordés sont quand même ultra intéressants et cela fait froid dans le dos de réaliser, une nouvelle fois, que le monde dans lequel nous vivons (et tel que nous le connaissons), ne tient peut-être pas à grand chose et qu'il aurait pu être bien différent si seulement quelques événements n'avaient pas pris la tournure connue (première publication en 1937, tout de même !)



La fin arrive un peu de manière abrupte d'après moi mais clôture bien l'œuvre donc je n'en suis pas du tout déçue =)



(Yo, si tu passes par là : merci pour la découverte !)
Commenter  J’apprécie          72
Swastika night

Nous sommes plus de 700 ans après le triomphe de l'Allemagne Nazie.

Le monde tel que nous le connaissons a complètement disparu. Une nouvelle ère s'est installée.

L'empire Nazi a pris soin de faire disparaître toute trace du monde d'avant.

Désormais, le nazisme est devenu une religion qui vénère le dieu tonnerre et son messie, Hitler.

Hitler, géant aryen, blond aux yeux bleu, qui n'est pas né d'une femme, mais "explosé".

Dans le monde nazi, le culte d'Hitler se perpétue grâce au Führer et à ces chevaliers, les bien-nés.

Les juifs ont depuis longtemps disparu. Les chrétiens sont considérés comme moins que des hommes et à peine toléré. Les femmes, quant à elles, sont reléguées au rang de simple reproductrice, parquée dans des fermes où elles ne servent qu'à enfanter, si possible un maximum de garçons.



Swastika Night est une uchronie de plus.

Et si les nazis avaient gagné la guerre ?

Combien de romans, plus ou moins inspirés, ont brodés sur ce point de départ ?

Beaucoup.

Trop, sans doute.

L'originalité de Swastika Night tient à sa date de parution: 1937. Hitler venait d'obtenir les pleins pouvoirs au Reichstag.

Katharine Burdekin, écrivain féministe, s'inspire de l'idée d'un Reich de 1000 ans énoncé par Hitler pour imaginer le pire.

Publié à l'origine sous le pseudonyme de Murray Constantine, ce roman fut longtemps oublié avant d'être redécouvert en 1985, lorsqu'il fut réédité sous le nom de Katharine Burdekin. Il aura fallut 80 ans pour qu'il soit enfin traduit en français.

La lucidité glaçante dont l'auteur, qui a écrit plusieurs romans de fiction spéculatives marquées par des thèmes sociaux et féministes, fait preuve est impressionnante. Toutes ses "prédictions" restent étrangement crédible. Elle imagine l'éradication totale des juifs, avant que la Solution Finale ne soit finalement mise en oeuvre. Elle décrit une réécriture totale de l'histoire passant par la destruction de tous livres antérieurs au Reich. Les autodafés étaient déjà nombreux à l'époque. Quant au sort des femmes, elle ne fait que s'inspirer des Lebensborns en poussant le concept jusqu'à l'absurde, faisant au passage de la Servante Écarlate une bluette.

Derrière l'outrance assumée de sa dystopie, je ne peux m'empêcher de frissonner. Katharine Burdekin avait compris dans quelle spirale de folie meurtrière Hitler allait plonger le monde. Elle avait entendu les bruits de bottes. Elle n'était sans doute pas la seule. Et pourtant...

Pour excessif que soit le propos, l'histoire ne l'a pas fondamentalement démentie. La folie d'Hitler allait dans une direction qui pouvait déboucher sur le monde qu'elle décrit dans son roman.

Cela dit, au delà de la curiosité, ce roman n'est pas vraiment le chef d'oeuvre qu'on essaye de nous vendre. Le roman se perd parfois dans des longues discussion pseudo-philosophiques qui alourdissent le propos. On sent la volonté de l'auteur de convaincre, d'intellectualiser son propos, d'étayer ses thèses. Swastika Night n'était pas prévu pour être un jeu littéraire sans conséquence. C'était une arme littéraire, qui voulait convaincre plus que divertir. Historiquement, le propos est passionnant. Pour le simple amateur, ce roman est intéressant mais jamais vraiment passionnant. Il mérite d'être découvert pour son intérêt historique mais il n'est pas d'une qualité exceptionnelle d'un point de vue purement littéraire. A vous de voir ce que vous recherchez avant de vous attaquer à Swastika Night.
Lien : http://labdmemmerde.blogspot..
Commenter  J’apprécie          70
Swastika night

Adorant les dystopies, j'ai été ravie de recevoir ce roman dans ma box de lecture Collibris du mois de décembre 2017 et me suis empressée de le lire. Finalement, ce roman n'est pas réellement celui auquel je m'attendais.



Dès les premières pages du roman, nous sommes plongés dans une société dystopique inquiétante : l'Allemagne nazie règne sur une bonne partie du monde depuis plus d'un siècle, les peuples soumis, les chrétiens et les femmes sont méprisés, seuls les nazis et, surtout, les chevaliers bénéficient d'un statut privilégié au sein de cette nouvelle société. L'hitlérisme, nouvelle religion, a été mise en place, avec Hitler comme dieu – un Hitler bien différent de celui que nous connaissons. Comme dans la majorité des dystopies, pour mieux manipuler la population, celle-ci est maintenue dans l'ignorance : les livres ont été brûlés et l'Histoire modifiée pour glorifier cette nouvelle Allemagne ; la culture et la créativité ont été anéanties. Comme on peut l'espérer, les personnages principaux vont remettre en cause cette société et l'ordre qu'elle a réussi à établir.



Ainsi, l'originalité et l'intérêt du roman réside dans sa date de publication – 1937, soit quelques années avant la Seconde Guerre Mondiale – et dans la réflexion proposée et la manière de la mettre en scène. L'action reste assez statique et marginale : la révolte et la résistance contre l'ordre établi ne se font pas principalement par les actes, il s'agit plutôt d'une révolte individuelle et intellectuelle, qui va tout juste commencer à se construire. Les dialogues prennent une place assez importante au sein du roman, permettant d'exposer les problèmes, pistes de réflexion liées aux risques de la prise de pouvoir du parti nazi et d'introduire de courts débats entre les personnages. Ceux-ci résistent à leur manière, par petites touches et après quelques prises de conscience. le lecteur peut donc être frustré de ne pas assister réellement à une révolte active et organisée qui aboutit à un résultat observable, laissant un espoir quant à l'issue de la situation ; beaucoup de questions restent en suspens à la fin du roman, j'aurais aimé que l'auteur s'intéresse également aux actes et à la construction d'un réel mouvement de résistance.



Ce roman offre une réflexion à la fois politique, féministe et religieuse. Il condamne toute forme de violence et de soif de pouvoir, préférant faire l'éloge de la culture, de l'esprit et de l'importance de conserver et diffuser la mémoire des événements passés. Autant de questions concernant à la fois les lecteurs contemporains de l'auteur que les lecteurs actuels : il était temps que ce roman soit traduit en français !



A lire donc, même s'il s'agit d'une dystopie assez traditionnelle – dont 1984 d'Orwell sera l'une des héritières – et statique. Elle reste cependant d'actualité et les réflexions qu'elle propose sont toujours aussi salutaires si l'on considère le contexte actuel.
Commenter  J’apprécie          60
Swastika night

Ce n’est pas le roman le plus passionnant ni le mieux écrit que j’ai lu mais l’intérêt de Swastika night n’est pas là. Uchronie parue avant la seconde guerre mondiale, ce livre est d’une pertinence et d’une justesse assez incroyable. Mais comment Katharine Burdekin a pu écrire et imaginer cette histoire avant le début de la guerre ?



L’Allemagne nazie a gagnée, Hitler est devenu un dieu et 700 ans après cette victoire l’Europe est complément sous la coupe des vainqueur qui ont effacé jusqu’à la trace de l’ancien monde. Effrayant de réalisme sur ce que notre monde pourrait donner sous un tel régime, précurseur au niveau féminisme, ce livre est abouti et tellement enrichissant. Alors oui ce n’est sans doute pas la lecture la plus divertissante que j’ai eu cette année mais elle reste très instructive et surtout malheureusement toujours autant d’actualité.

Commenter  J’apprécie          50
Swastika night

Avant de commencer ma chronique, je tiens à préciser que ce livre a été publié en 1937.



L'auteure, Katharine Burdekin, envisage à travers cette histoire soit 700 ans après le règne d'Hitler, un nouveau monde où les nazis ont une position dominante sur l'Europe, l'Afrique et une partie de l'Asie, dans laquelle se joint le Japon, deuxième puissance mondiale régnant sur l'autre moitié. Dans ce nouveau monde, Hitler est représenté comme un blond aux yeux bleus qui n'a jamais été enfanté par une femme et vénéré comme le dieu, le un, le tout puissant. Statique est ce monde. Tout a été supprimé : la technologie, la découverte, les voyages, la littérature, la musique... Chacun est à sa place, la mémoire est réduite au minimum, comme un bon lavage de cerveau. Les hommes règnent en maître dans l'autoritarisme et pensent être supérieurs aux autres races, tandis que les femmes se retrouvent rasées du crane, enfermées dans des cages, à l'état sauvage, en esclavage ; violées, pour enfanter, si possible, que des mâles. En clair, du simple bétail reproductif.



...leur conformation physique et intellectuelle les empêche d'accomplir quoi que ce soit de valable, c'est-à-dire d'abouti, hormis leur bestiale activité de mère.



A partir de là, faut bien se mettre en tête que ce monde est différent de l'Allemagne actuel voire du monde actuel, quoique... Un simple Allemand est tout bonnement un nazi où l'Hitlérisme fait partie de lui jusqu'à dans la religion (la Bible Hitler) et le contraire serait grave, pourtant, quelques électrons libres vivent en retrait, comme des marginaux ou des déchets de cette société : les nouveaux juifs qu'on appelle chrétien.



Dans tout ça, on fait la connaissance de Alfred, un anglais, mécanicien d'aéroplanes, en pèlerinage en Allemagne pour visiter quelques lieux saints, quand il tombe sur Hermann, un ouvrier agricole allemand connu pendant son service militaire en Angleterre. Tout au long de la lecture, l'histoire est centrée en partie, sur ces deux protagonistes, jusqu'à ce que Alfred soit convoqué chez le chevalier von Hess, gouverneur du comté, pour s'être interposé dans un viol. Sincèrement touché par ce jeune homme, par sa personnalité, le chevalier décide, quelques jours plus tard, de lui faire part d'un immense secret : le monde avant tous ces bouleversements. Un monde aux antipodes de celui-ci où la place et les conditions des femmes étaient bien différentes de l'actuel. D'ailleurs, cette deuxième partie du livre où les révélations tombent comme une pluie de météorite, le chevalier s'attarde énormément sur le rôle de femmes avant et après. La comparaison est une bombe qui explose en pleine tête quand il précise qu'elles étaient instruites, féminines, travailleuses et vivaient en couple... On sent que c'est quelque chose d'important pour lui et qu'il faut absolument le partager. Il parle également d'Hitler, loin d'être blond aux yeux bleus, mais bien trapu, avec une bedaine, les cheveux foncés, preuve à l'appui avec photographies et livre retraçant l'Europe depuis des décennies. J'ai remarqué en avançant dans ma lecture que l'auteure, Katharine Burdekin, bien que ce livre ait été écrit en 1937, avait déjà anticipé certains faits sans trop s'attarder dessus, heureusement ! du coup, nous sommes plongés dans une dystopie (une première pour moi) où le nazisme a pris possession du monde, et ça fait froid dans le dos, si tel était le cas !



Dans l'ensemble, j'ai passé un très, très bon moment de lecture mais j'ai trouvé les chapitres relativement trop longs, descriptifs et sans trop d'action. La deuxième partie est très instructive !



Je recommande !
Commenter  J’apprécie          50
Swastika night

Si je vous parle de dystopie et de contre-utopie, au mieux vous allez me citer Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 de George Orwell, Le Massacre de Pangbourne de J. G. Ballard, Un bonheur insoutenable d’Ira Levin, L’Orange mécanique d’Anthony Burgess, Les Monades urbaines de Robert Silverberg, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, La Servante écarlate de Margaret Atwood, au pire vous me direz que c’est la même chose et que je ne sais pas de quoi je parle. Sincèrement, le débat sur la différence entre dystopie et contre-utopie n’a pas vraiment lieu d’être : c’est avant tout une question de point de vue, l’un définissant une société cauchemardesque s’assumant comme tel, tandis que l’autre est une société cauchemardesque qui se cache derrière des simulacres. Notez que ce qui peut être onirique pour les uns peut être cauchemardesque pour les autres, et inversement.

Toujours est-il que très peu de personnes me citerons Swastika night de Katharine Burdekin, une autrice britannique de la première moitié du XXème siècle, connue pour ses fictions utopiques et dystopiques.

Pendant longtemps j’ai eu du mal avec les dystopies ; je les ai étudiées à la fac, en première année de licence de lettres modernes, j’en ai lu beaucoup. Puis est arrivé la mode des dystopies pour ados et jeunes adultes : Hunger Games de Suzanne Collins a ouvert la voix aux Divergente de Veronica Roth et Le Labyrinthe de James Dashner. Si j’étais et suis encore amusé du fait que la jeunesse s’emparait du genre de la dystopie en même temps que fleurissaient en librairie les rayons de développement personnel, la course au bonheur, à la prolifération de pseudo-études scientifiques qui prétend(ai)ent que se plaindre est mauvais pour sa santé mais surtout pour celle des autres et à cette horrifique aberration qui consiste à faire de la pensée positive la clé du bonheur – bref, que des choses typiques d’une dystopie -, j’étais aussi agacé de voir qu’il n’y avait aucune identité dans l’une ou l’autre réécriture de Hunger Games. Ou devrais-je parler de fanfiction – le terme est assez éloquent pour que je n’ai pas à préciser qu’il s’agit de récits écrits par des fans d’un univers ou d’un autre (Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, Star Wars…). C’est assez ironique, quand on sait que l’uniformisation est aussi quelque chose de terriblement et justement contesté par les récits dystopiques. Et finalement, j’ai fini par abhorrer le genre. J’y reviens tout doucement, je me plante, ce sont des choses qui arrivent, même quand on pense détenir une dystopie originale. Et je pense avoir trouvé la dystopie qui fera prendre du recul à celles et ceux qui pensent que La servante écarlate de Margaret Atwood est la première dystopie féministe, parce que, mon pote, Swastika night est une dystopie féministe parue en 1937, soit un demi-siècle plus tôt.



Fallait-il avoir du cran, à l’époque, pour écrire un roman d’anticipation dans lequel l’Allemagne nazie a triomphé de toutes les puissances, alors même que la Seconde Guerre mondiale n’a pas encore commencé ! Et la dangerosité du nazisme et d’Hitler n’apparaissait sans doute pas clairement aux yeux de tous, y compris en Angleterre – car on a beau dire, le national-socialisme a connu ses antennes un peu partout, et ça perdure encore aujourd’hui. Aux environs du 27 ou 28ème siècle, l’Allemagne nazie domine le monde. Hitler est érigé en Saint, les seuls livres – et d’ailleurs la seule culture – autorisés sont des manuels techniques et la Bible d’Hitler. Les femmes sont réduites à l’état de poules pondeuses, aliénées, déshumanisées, engrossées lors de viols – qui ne sont plus considérés comme des crimes. On leur arrache les enfants dès 18 mois. Les chrétiens sont traqués, pourchassés, parce que accusés de tous les maux, tandis que les juifs sont exterminés définitivement. Encore une fois, la clairvoyance de Katharine Burdekin est troublante… En 1937, Swastika night est loin d’être le premier roman de science-fiction qui fait du nazisme un élément central. De ce qui est indiqué sur la troisième de couverture de l’édition Piranha, le premier ouvrage, écrit en allemand et encore inédit en français serait Nie wieder Krieg !, publié en 1931 !



Swastika night gravite autour de trois personnages : Alfred, un Anglais, Hermann, un ouvrier agricole, et von Hess, un chevalier. Alors qu’Hermann est un nazi convaincu, ébranlé par la certitude de son ami Alfred qui lui dit qu’il va faire s’effondrer l’empire nazi, va être abasourdi par les révélations du chevalier von Hess.



On va pas se mentir : c’est vieillot. Le style est vieillot, ça parle beaucoup plus que ça n’agit. En 5 chapitres, soit quasiment 100 pages, il se passe très peu de choses et c’est particulièrement redondant. Il faut du courage pour franchir la première puis la seconde moitié du roman sans laisser le livre nous tomber des mains. Les dialogues sont vieillots, très littéraires, trop littéraires pour nous, habitués que nous sommes à une littérature qui écrit comme elle parle depuis Louis-Ferdinand Céline, au moins. Rien n’est naturel, en fait.

De l’action, il y en a. Elle est tout aussi tartinée sur des dizaines de pages que les dialogues et les réflexions internes des trois personnages principaux et là aussi, ça risque de décevoir un lecteur ou une lectrice d’aujourd’hui et je suis prêt à parier quoi que ce soit que c’était un peu le cas, aussi, à l’époque (comparé aux pulp fictions qui vendaient du space opera ou du planet opera sans problème).



En fait, ce roman est un mauvais roman de SF. Non pas que Katharine Burdekin soit trop intellectuelle, et on la sait capable de faire mieux que ça. Mais je pense que l’autrice se préoccupait plus de donner du nazisme l’image que l’on a à peu près tous – à une époque où Hitler était encore considéré comme certes un peu taré, mais ça vaaaa, ça passe – que de raconter une histoire qui ferait réfléchir autant qu’elle divertirait. D’ailleurs, le seul élément réellement SF de l’histoire, c’est que ça se passe 700 après notre ère. Pas de machines volantes, pas de pistolasers, pas de croix gammée sur la Lune, Mars ou dans le système jovien. C’est une uchronie, un pari risqué pour l’époque, une dystopie, certes, mais ce n’est pas bien folichon.

Katharine Burdekin pose aussi une vérité malsaine : le nazisme n’a pas besoin d’Hitler pour exister. D’aucuns pensent que si l’Allemagne et ses alliés avaient gagné la Première Guerre mondiale et humiliée leurs adversaires, les relents fascistes se seraient fait sentir en France, en Angleterre… Et l’Italie, qui pourtant a fait partie du camp des vainqueurs de la Grande Guerre, a vu le fascisme monter très rapidement. Oui, la question est complexe, intéressante, passionnante.



Oui, Swastika night s’adresse davantage à des historiens du fascisme et des amateurs de philosophie morale qu’aux fans de SF que nous sommes. Déçu ? Non, il convient de savoir que ce roman existe, il convient de savoir, si vous êtes dans la rédaction d’une thèse sur les dystopies ou que vous êtes simplement passionné.e par le genre, que ce titre mérite d’être cité plus pour ses idées que pour son histoire.
Commenter  J’apprécie          40
Swastika night

La première uchronie sur le nazisme, publiée en 1937.



J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman d'une très grande modernité. L'auteure imagine les conséquences d'un totalitarisme nazi triomphant et décrit le monde qu'il aurait engendré.



C'est effroyable, bouleversant et révoltant. La finesse de l'analyse de la psychologie humaine et particulièrement masculine est magistrale.



Un roman de science-fiction féministe et passionnant.



Commenter  J’apprécie          40
Swastika night

roman d'anticipation glaçant a propos du IIIème Reich ou roman féministe ?



publié en 1937, avant meme la guerre mondiale, à une époque ou Hitler grimpe les échelons politique et étend son idéologie sans être le symbole de la cruauté nazi qu'on connaît aujourd'hui.



700 ans après la victoire du IIIeme Reich, ils ont vaincus et coloniser le monde (excepté le japon et quelques nations sous leur coupe) l'idéologie est bien ancré, et le chancelier est devenu un Dieu, le nazisme une religion. hitler n'est plus homme mais divinité, mesurant deux mètres dix, n'ayant jamais fumé, bu d'alcool, mangé de viande et encore moins approché une femme de toute son existence.



déjà, je dois dire que ma lecture a été difficile, par là je veux dire longue: les dialogues sont loin de ressembler a une véritable conversation entre deux hommes mais plus d'un monologue qui aligne les faits les uns après les autres pour décrire l'évolution de leur idéologie nazi. c'était tout de même intéressant pour voir les décalages qui en ont résulté, les changements qui se sont éloignés des idées d'Hitler: abaissement de la place des femmes et l'homosexualité omniprésente sont les plus parlante je trouve. mais après tout, pourquoi pas ? les années ont bâti le mythe d'un homme glorifié, remplaçant les dieux des religions oubliées ou "impures". les nazis sont rois et leurs violences sont légion. l'auteur jour sur l'éveil de la conscience, les plus opprimés qui, encore, on le droit de réfléchir et de se poser des questions. ou même les plus forts sont amenés à une réflexion.



mais Swastika Night parle surtout des femmes, il est même très largement axée là-dessus. neuf chapitres et plusieurs les ont pour sujet central. le livre s'ouvre d'ailleurs par le culte, ou on découvre vite les femmes: crânes rasés reléguées au rang d'objet, usine a fournir des mal qu'on leur arrache ensuite. bien sûr, le livre s'étant sur plusieurs sujets, sur ce qui a amené le monde a devenir ce qu'il est mais l'auteur semble se concentrer sur la condition des femmes.



malheureusement, si le livre était intéressant je suis plutôt passé à côté, la faute a une conversation peu fluide et - souvent - des arguments répétés encore et encore qui en deviennent assommant. y a tout de même de bonnes choses, des réflexions pertinente sur le monde, sur la vision que ces hommes en ont, eux, les rare qui se permettent d'y réfléchir vraiment.



Swastika night part d'une très bonne idée (d'autant plus quand on sait qu'il a vu le jour avant la guerre), il est composé de plein de bonnes choses, d'idées intéressantes et d'une réflexion assez poussée mais l'écriture et le manque de fluidité des conversations ont alourdis la lecture.

Commenter  J’apprécie          40
Swastika night

Je ne suis pas emballée par ma lecture que j’ai trouvé très longue, j’avoue que je me suis ennuyée. Cependant ça fait peur quand on y pense. Pour moi il me manque quelque chose dans cette lecture je n’en ressors pas entièrement satisfaite.



700 ans après la victoire de Hitler, ils ont vaincu et colonisé le monde. Le chancelier est devenu un dieu et le nazisme une religion. Ce roman d’anticipation est assez glaçant a été publié en 1937.
Commenter  J’apprécie          30
Swastika night

Mélange entre la dystopie et l'uchronie, "Swastika Night" nous plonge 700 ans après la victoire d'Hitler, dans une société servile et hiérarchisée. En haut de l'impitoyable pyramide sociale trônent les chevaliers et les nazis qui exercent une terrible autorité sur "les rebuts de la société" : les étrangers et les femmes.



Alfred, un mécanicien anglais, fait figure de rebelle remettant en cause les dogmes que les nazis ont voulu lui inculquer depuis sa naissance. Sa rencontre avec un chevalier, le chevalier von Hess, va conforter ses doutes. Sentant qu'il peut faire confiance au jeune mécanicien, il va lui révéler des secrets sur la période qui a vu l'avènement d'Hitler.



Dans ce monde, Hitler est partout. Toute trace du passé a été effacée, toute velléité de lecture et d'écriture anéantie, tout bon sentiment a disparu au profit d'une haine générale. Le langage même des personnages est empreint du respect que continue à inspirer le Führer - on notera le choix d'expressions comme "je ne sais à quel nazi me vouer" ou les injonctions comme "par Hitler !" - sept siècles après la victoire du IIIème Reich.



J'ai été impressionnée par l'écriture de cet auteur visionnaire, Katharine Burdekin, dont l'imagination projetait toute l'horreur de l'Histoire à venir. C'est la dernière partie qui m'a parue la plus intéressante avec le "revirement" d'Alfred suite à sa rencontre avec le chevalier : la façon de considérer sa fille, alors qu'il est censé la dénigrer, et sa fascination pour les livres que von Hess lui confie.



Merci Babelio et merci aux éditions Piranha - découvertes grâce à ce Masse Critique ! - pour cette lecture !







Commenter  J’apprécie          30
Swastika night

Mélangez La servante écarlate avec Candide et plongez tout ça dans la sauce nazie et vous obtiendrez cet OVNI littéraire. À lire le résumé, on pourrait penser qu'il s'agit d'une uchronie comme il en existe beaucoup.

Sauf que... le roman a été écrit en 1937, soit avant la guerre, avant la solution finale, à un moment où beaucoup croyaient (espéraient ?) encore qu'Hitler restait un être humain ouvert à la négociation.

Swastika night est donc bien un roman d'anticipation, comme 1984, douze ans plus tard. L'autrice réalise le tour de force d'avoir étudié, et compris, l'idéologie nazie et de livrer sa vision de ce que serait la vie dans un monde pliant sous le joug hitlérien.

Avec le recul, c'est effrayant de voir à quel point elle a vu juste, à quel point elle a bien analysé les dérives possibles !

À mi-chemin entre roman philosophique et pamphlet libertaire, Swastika night surprend par son ton très libre pour l'époque. On y parle de sexualité avec légèreté (et elle a casé une interprétation du futur sur les relations entre hommes, avec un humour froid typiquement British, qui a dû faire hurler les nazis qui l'ont lu ;) ).

Certains passages sont longuets et le style est ampoulé, il est clair que littérairement, on est loin du chef-d’œuvre. Mais, ne serait-ce que pour la clairvoyance de Burdekin, ce court roman vaut vraiment le coup d'être découvert.
Commenter  J’apprécie          20
Swastika night

Lors de la dernière Masse Critique de Babelio, j'ai eu la chance de recevoir Swastika Night de Katharine Burdekin. J'avais choisi ce roman sans même lire le résumé, car la couverture m'avait tapé dans l’œil.



Swastika Night est un roman de science-fiction qui nous plonge dans un monde où l'Allemagne nazie a gagné la Seconde Guerre mondiale. Suite à cette guerre, l'Allemagne et le Japon se sont partagés le monde en deux. L'Europe est devenu le Saint Empire Germanique, où Hitler est vénéré comme un dieu et où les femmes sont considérées comme du bétail. Parquées dans des camps, elles n'ont pour objectif que de procréer. Les garçons sont retirés à leur mère et élevés par leur père. La notion de famille n'existe plus et la société est devenue profondément misogyne. Les filles ne reçoivent aucune éducation, et les garçons sont conditionnés pour devenir des parfaits nazis. L'objectif pour le Saint Empire Germanique étant de déclarer dans les prochaines années la guerre au Japon pour asseoir sa suprématie. Mais la guerre tarde et les femmes mettent de moins en moins de garçons au monde. C'est dans ce climat que nous faisons la connaissance d'Alfred, un Anglais qui vient effectuer un pèlerinage en Allemagne. Sceptique, il remet en cause l'idéologie nazie. Il va rencontrer le chevalier Von Hess (un haut dignitaire nazi) qui va confirmer ses soupçons. Commence alors un long dialogue entre les deux hommes. Alfred va peu à peu découvrir l'effroyable vérité.



Swastika Night est un court roman qui se lit rapidement. Essentiellement composé d'échange entre Alfred et le Chevalier, il nous donne beaucoup à réfléchir. Ce qui est assez incroyable, c'est que ce roman a été écrit en 1937, soit quelques années avant la Seconde Guerre mondiale. Il est par certain coté assez prophétique (élimination des Juifs et des "anormaux", haine des étrangers, volonté d'une race pure...). L'auteure aborde des sujets parfois complexes, mais reste facilement compréhensible tant son style est fluide. J'ai lu, il y a peu Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley écrit un peu avant. Je n'ai pu m’empêcher de comparer les deux romans, tant leurs auteurs sont visionnaires.



En conclusion, Swastika Night de Katharine Burdekin est un roman incontournable pour les amateurs d'anticipation, mais pas seulement. Écrit il y a 80 ans, il sonne encore résolument juste en abordant des sujets et des idéologies auxquels nous sommes encore malheureusement confrontés
Lien : http://www.overbooks.fr/2017..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Katharine Burdekin (130)Voir plus

Quiz Voir plus

Histoire de Paris (2)

Paradoxalement, le Pont-Neuf est le plus vieux pont de Paris ...

c'est vrai
c'est faux

11 questions
4 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire de france , paris xixe siècle , moyen-âge , urbanisme , Églises , Vie intellectuelle , musée , histoire contemporaineCréer un quiz sur cet auteur

{* *}