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Pendant que Stella s'affaire à ranger, Kookoo, assise dans son fauteuil, lui raconte les derniers ragots. Ce qui s'est passé dans le quartier depuis qu'elle est partie. Qui s'est enfui avec qui, la série de cambriolages, les vitres brisées, et les gangs qui sont si dangereux. [...]
"Tu n'as jamais eu envie de déménager, Kookoo ? demande Stella au bout d'un moment. De partir t'installer ailleurs ?
- Partir m'installer où? C'est chez moi ici. C'est là que j'ai grandi." Elle pointe le menton en direction de la rivière. "Tu as grandi là." Elle le pointe dans l'autre direction. "J'ai toujours vécu ici.
- Je sais, mais ce n'est pas un quartier sûr, Kookoo . On devrait peut-être aller vivre ailleurs." Elle dit "on" au cas où ça pourrait convaincre sa grand-mère. Si Stella déménageait en premier, elle la rejoindrait peut-être volontiers.
"Sûr ou pas, un quartier est un quartier."
Stella secoue la tête. "C'est faux. Il y a plein de trucs qui n'arrivent pas dans les quartiers sûrs."
Kookoo rit sans méchanceté. "C'est juste différent là-bas, ma Stella. C'est juste différent, ou alors c'est bien camouflé. Ça a l'air différent mais il se passe des choses épouvantables partout.
- Ma Kookoom." l'air sérieux, Stella regarde sa grand-mère droit dans les yeux. "Les filles ne se font pas agresser dans les quartiers sûrs."
Sa grand-mère la fixe malgré sa quasi- cécité." Ma Stella, les filles se font agresser partout." (P. 327)
Phoenix conserve en elle toutes les histoires dont elle se souvient. Elle avait l'habitude de les considérer comme de bons secrets qu'elle seule détenait. Quand elle était petite, elle croyait que si elle en avait plus de bons que de mauvais, alors tout irait bien. Maintenant qu'elle a grandi, elle sait que ce sont des conneries, mais elle continue à chérir les bons secrets.
Cheryl expire et essaie de donner de la force à sa petite-fille. Les loups nous enseignent l’humilité – ils nous enseignent que nous sommes tous dans le même bateau, que nous faisons tous partie du même tout. Si quelque chose arrive à l’un d’entre eux, ils le ressentent tous. Cheryl expire un souffle profond et chaud, inspire la douleur d’Emily et lui transmet en retour toute la force qu’elle possède.
(Page 114)
[...] je rêve à Charlie. Mes yeux s'assombrissent et sont entourés de bleus en permanence, comme c 'était le cas lorsqu'il était en vie. Dans mon rêve, il est comme la tornade qu'il était jadis - cette façon qu'il avait de secouer ma tristesse, comme s'il était le vent. D'un souffle, il soulevait mon esprit comme si je n'étais que de la terre friable et sèche. Après, je flottais là, pulvérisée, poussières dansant bas dans le ciel. Tout était flou, et je ne pouvais jamais lever les yeux pour voir le soleil. Chaque fois que je rêve à Charlie, je me réveille avec des sueurs froides. Mes poings se serrent. Puis je me rappelle où je suis. Je me rappelle que je suis à l'abri de Charlie, qu'il n'y a plus de Charlie, mort depuis longtemps.
Elle a vécu une vie entière depuis la mort de sa mère. Elle a obtenu son diplôme de fin d'études secondaires, elle est allée à l'université, elle a voyagé, occupé des postes intéressants, épousé un type bien, planifié ses grossesses - toutes ces choses dont elle n'aurait jamais pensé être capable. Elle est devenue le genre de femme qu'elle n'avait jamais rencontré avant. Et pourtant, la voilà, la même enfant sur le même canapé, avec les mêmes visages qui la regardent depuis le mur. Petite, frigorifiée, apeurée, seule, elle se retrouve dans le périmètre de quelques pâtés de maisons où elle a passé la plus grande partie de son existence. (P.319)
Dans une demi-heure, elle sera rentrée dans son appartement et pourra travailler jusque tard dans la nuit. Mais d’abord, il lui faut profiter d’être là, bien au chaud, entourée de ses filles.
Ce sont les moments qu’elle préfère, ceux qui lui font toujours du bien, quoi qu’il arrive.

L’agent Scott essaie d’avoir l’air gentil, encore, et lui demande une fois de plus :
— Êtes-vous en mesure de vous rappeler quelque chose d’autre ? N’importe quoi ?
Stella laisse s’échapper une larme en clignant des yeux et secoue la tête. À travers la fenêtre, elle observe la Brèche, ce terrain vague à côté de sa maison. Elle n’a pas besoin de regarder pour savoir qu’il neige doucement. Elle entend le faible bourdonnement, le ronronnement subtil des pylônes d’Hydro, situés en dehors de son champ de vision. Le ciel demeure rose vif dans la nuit, gonflé de la neige encore à venir. La Brèche est une ardoise blanche et vierge s’étirant vers les habitations au loin. La lumière de la lune et celle des lampadaires se réfléchissent sur la neige et sur le revêtement des maisons, dont les fenêtres sont noires, bien sûr. Toutes les fenêtres sont noires, sauf celles de Stella.
Les deux policiers sont allés là-bas ; en tapant la neige avec leurs pieds, ils ont tracé un cercle autour du sang. La flaque avait fait fondre la neige. Stella peut en distinguer un coin à travers la fenêtre. Elle s’étend sur le sol blanc comme une ombre sombre, probablement gelée à l’heure qu’il est. Les flocons tombent dessus, cherchent à la recouvrir. Ça n’a pas l’air lugubre. Ça n’a pas l’air de ce que c’est vraiment.
Le fait est que lorsque ma sœur est apparue, vêtue d’une vieille chemise et d’un pantalon de jogging, avec un énorme saladier à la main, Pete l’a regardée comme s’il n’avait jamais rien vu d’aussi beau. Son visage s’est littéralement illuminé.
Quand je t’ai entendue, encore pénétrée de tant de souffrance et de tristesse, je n’ai voulu qu’une chose, être à tes côtés. J’avais encore besoin que tu aies besoin de moi. Je suis le souffle léger et le vent autour de toi. Je suis la certitude que tu n’es jamais vraiment seule. Tu es tout ce qui fait ma force et rien de ce qui fait ma faiblesse. Tu es le rêve de ma vie. Voilà ce que j’ai à t’offrir.
- Je suis différent, je suis un sang-mêlé, Je le serai toujours, la moitié du sang de l'un et la moitié de l'autre. Différent des deux.