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Petite philosophie de la chaussette
Jean-Claude Kaufmann
Éditions Buchet-Chastel
« La chaussette, c'est sans doute l'accessoire de notre vestiaire le plus discret, le plus anodin, parfois même le plus invisible, et c'est un défi que relève dans ce livre Jean-Claude Kaufmann : nous présenter une Petite philosophie de la Chaussette pendant deux cents pages. C'est vraiment un livre passionnant, parce qu'on découvre que la chaussette cristallise en fait bien des aspects de notre époque contemporaine, notre rapport à la mode, notre rapport à l'argent, notre rapport aussi au couple... »
Guillaume, libraire à La Procure de Paris
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" Le balai... il cache des secrets, des trésors d'intelligence. "
Le conjoint envahit des espaces que l'on désirerait plus réservés. Par tyrannie domestique, par amour, par simple familiarité. Il ne souhaite rien d'autre que se rapprocher et n'imagine pas le problème de celui qui se sent agressé, étouffé, collé, épié. Deux éthique à nouveau s'affrontent, cherchant à redessiner la frontière des sphères personnelles.
Je parlais de "petit drame", car bien que les agacements (surtout ceux des autres) tendent souvent à nous faire rire, il y a peut-être aussi matière à pleurer. Nous nous trouvons pris au piège d'une injonction contradictoire, opposant besoin de tranquillité et modernité libératrice. La première injonction est celle qui nous pousse à rechercher le bien être personnel et la paix conjugale. Qui pourrait, qui voudrait y renoncer? Dans notre société, déjà si agressive et éprouvante, assurément personne. C'est donc l'injonction contraire qui risque d'en faire les frais, celle qui était pourtant au centre du double programme émancipateur du dernier demi-siècle : l'égalité parfaite entre les hommes et les femmes, et la créativité individuelle, loin des inacceptables rôles imposés.
Ne prenons pas la fesse à la légère. Car elle fut au fondement de l'humanité. Sans le muscle fessier en effet, il n'y aurait pas eu de station debout, donc de cerveau développé. Les singes n'ont que des rudiments de derrière ; la fesse véritable est le propre de l'homme. (p. 7)
"Les week-ends, les réveillons, les couchers de soleil et les impôts seront toujours les ennemis des solitaires."
La passion, dans ses formes multiples, s’inscrit mal dans la durée, et se laisse encore moins mettre en projet.
A tout seigneur tout honneur : je commencerai par quelques objets qui portent avec éclat la symbolique des agacements dans le couple. Pour dire encore un mot de la place des choses, les clés par exemple sont un grand classique. Dans de très nombreuses familles, un endroit approprié est prévu pour les mettre. Or il est rare que les deux protagonistes du petit drame qui va suivre respectent le mode opératoire à un même degré. L'agacement est d'autant plus irritant ici que celui (ou celle) qui "oublie" de mettre la clé à l'endroit où il est prévu de la mettre reconnaît plus ou moins qu'il a tort et promet de ne plus recommencer. Or il (ou elle) recommence.
Le premier matin n’est jamais un événement isolé. Parfois il commence brusquement. Mais toujours il s’inscrit dans une suite. Il est d’ailleurs un peu réducteur […] de parler du premier matin au singulier.
Tout a commencé par le lit. Alors que j'enquêtais sur la tendre guerre qui se mène sous la couette, plusieurs témoignages évoquaient une même image : non plus de simples petits agacements, mais une vraie souffrance. Des femmes expliquaient comment elles s'agrippaient au bord du matelas de peur de frôler le corps de celui qui avait été autrefois aimé, désormais haï. Pour mille raisons, elles ne pouvaient rompre, la fuite s'avérait impossible, elles étaient piégées. Dans ce qui était devenu un enfer, un enfer conjugal.
Plus l'expérience conjugale se prolonge, plus chacun des deux partenaires découvre que ce qui l'agace personnellement n'agace pas l'autre et inversement. A propos de détails minuscules (...) s'ouvrent soudainement de subtils et diffus chocs des cultures. Le point de départ est un objet agaçant pour l'un des deux partenaires.