Déprimée, je me suis traînée à quatre pattes pour traverser une pièce, et cela pendant des mois. Mais normale ou maniaque, j'ai couru plus vite, pensé plus vite, aimé plus fort que la plupart des gens que je connais.
Je me demande comment je réussissais à passer pour normale au lycée [...].
Ce n'était pas un simple effort, mais un effort énorme que je faisais pour ne pas me trahir.
Je savais que quelque chose n'allait pas, vraiment pas, mais je n'avais aucune idée de ce que c'était [...].
Cela étant, tenir mes amis et ma famille à distance psychologique se révéla désespéramment facile.
La distinction usuelle entre le jour et la nuit n'existait plus depuis longtemps.
Les heures sans fin de whisky, de coups e gueule et de crises de rire avaient fini par produire leur effet prévisible, sinon ultime.
A 2h du matin, si vous êtes en état maniaque, même le centre médical de l'UCLA présente un certain charme.
L’hôpital, d'ordinaire un froid conglomérat de bâtiments sans attrait, représentait [...] un délicieux pôle d'attraction pour mon fringuant système nerveux connecté à merveille.
Vibrisses hypersensibles, antennes dressées, les yeux sur le qui-vive - à facettes comme ceux d'une mouche -, je captais tout ce qui m'environnait.
M'en donnerait-on le choix, je me suis souvent demandé si je voudrais être maniaco-dépressive.
Si l'on ne pouvait pas se procurer de Lithium, ou s'il ne me réussissait pas, la réponse serait un NON catégorique.
Mais le Lithium agit bien sur moi, et je peux donc me permettre de poser la question.
Chose étrange, je crois que je choisirais d'avoir cette maladie !
Dans le travail comme dans le reste, le très bon cédait soudain au très mauvais, lequel était à son tour englouti dans le très bon. JE menais une existence insensée; merveilleuse, épouvantable, incroyablement difficile, étonnamment facile, compliquée, sans issue, délectable, cauchemardesque.
L'exubérance nous emmène là où nous n'irions pas sans elle - par la savane, sur la Lune, dans l'imaginaire - et si, individuellement, elle nous fait défaut, nous sommes prêts à nous laisser porter ensemble par la joie communicative de ceux qui en sont pourvus.
Il y avait tant de rêves perdus. Tout nos projets d'une maison pleine d'enfants, perdus. Tout le meilleur de tout, perdu.
-Vous ne devez pas avoir d'enfants! Vous avez une psychose maniaco-dépressive!
Je suis sidérée de ne pas en être morte, laissée à moi-même, et je n'en reviens pas qu'une petite lycéenne ait eu la vie si compliquée , si risquée.