A la maison nous avons un système de langage propre à notre famille. Chacun parle son dialecte natal en plus du mandarin auquel vient maintenant s'ajouter le français.
Cela fait cinq langues au total. Dans une phrase, il m'arrive de mélanger le cantonnais, le mandarin et le français. Il y a des mots que je connais que dans une seule langue.
Je ressentais une différence, sans véritablement en prendre conscience.
C'était comme si j'avais nagé toute ma vie à contre-courant et que, soudainement, on me demandait de nager dans un lac.
Je n'ai réalisé que bien plus tard avoir grandi en portant le poids de tous les rêves et espérances de mes parents. (p.147)
Enfin si, ils parlent tous français !
Juste pas le même ...
Il y a celui de Carole et Gérard, niveau avancé, celui de mon père, niveau "basique avec accent chinois", et celui de ma mère, niveau "un sourire vaut mieux que deux tu l'auras".
Mon niveau de français et mon manque de culture sur la France à l'époque ont créé des lacunes dans certaines matières, notamment en histoire.
Louis XIV, la Première et la Seconde Guerre mondiale étaient aussi réalistes pour moi que les fables de La Fontaine. (p.75)
N'ayant pas d'autres membres de ma famille en France, ça m'a donné l'impression de n'avoir ni mémoire ni passé. C'est sans doute pour ça que j'ai toujours été mauvaise en histoire.
Le fait d'être née à Hong Kong, sachant que cette ville s'apparente plus à Londres ou New York qu'à Pékin, ne fait qu'accentuer ce sentiment de « non-appartenance ». (p.82)
Mes cousines consacrent un budget monstrueux aux produits cosmétiques pour avoir un joli teint. Elles veulent ressembler à des petites japonaises à la peau blanche. Il est très mal vu en Chine d'avoir une peau mate car cela rappelle les « paysans » exposés au soleil. (p.108)
J'oubliais que j'étais chinoise sauf quand on me le rappelait.
- Mais tu as le visage tout aplati !!!
- Non, mais en vrai ton prénom c'est quoi ?
- Vous mangez vraiment des chiens ? (p.64)
Je me suis retrouvée dans une église à apprendre le catéchisme avec d'autres petits enfants chinois…
Je crois qu'ils [mes parents] se préoccupaient plus que je me trouve d'autres copains chinois que de faire mon éducation religieuse. D'autant plus que mes parents sont athées, même pas un tantinet bouddhistes.
J'étais déçue…
Il faut dire qu'un homme souriant et bien en chair me rassurait plus qu'un homme ensanglanté sur une croix.(p.126-127)
J'ai constaté que les Français avaient des animaux domestiques et aimaient les chiens.
Le chien de chasse de Claire, qui faisait deux fois ma taille, tenait absolument à dormir avec moi ou plus précisément sur moi.
J'ai donc passé la nuit entière sous le lit de mon amie, à regarder son chien dormir dans mon sac de couchage et à l'écouter ronfler. (p.60)
Ils collectionnaient des vers à soie de toutes les couleurs comme si c'étaient des cartes Pokémon. (p.93)