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Citations de Kevin Powers (147)


Rien ne vous exclut plus que d'avoir une histoire singulière. Du moins, c'est ce que je croyais. A présent, je sais : toutes les douleurs sont identiques. Seules changent les circonstances.
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On ne dit presque jamais ce que l'on pense, et l'on entend presque jamais ce qui est dit.
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Le monde fait de nous tous des menteurs.
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« Soldat, tu oublies le danger, parce qu’il est constant ici. » Il marqua une pause et s’alluma une cigarette. […] « Mais si tu rentres aux États-Unis dans ta tête avant que tes fesses soient là-bas aussi, tu es un putain d’homme mort. Je te le dis. Tu ne sais pas où Murph est parti, mais moi je le sais.
- Où, Sergent ?
- Murph est rentré, Bartle. Et il va rentrer, oui, mais avec un drapeau dans le cul, et fissa. »
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La guerre prendrait ce qu'elle pourrait. Elle était patiente. Elle n'avait que faire des objectifs, des frontières. Elle se fichait de savoir si vous étiez aimé ou non. La guerre s'introduisit dans mes rêves cet été-là, et me révéla son seul et unique but : continuer, tout simplement continuer. Et je savais qu'elle irait jusqu'au bout.
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« - Tu sais quoi, Bart ? dit Murph.
- Quoi ?
- Je lui ai piqué sa place, à ce mec, dans la file d’attente au mess. »
Je regardai autour de moi. « Quel mec ?
- Le mec qu’est mort.
- Oh, dis-je. C’est pas grave. T’en fais pas.
- Je me sens minable.
- Arrête, c’est rien.
- Putain, j’ai l’impression que je deviens dingue. »
Il se tenait la tête entre les mains tout en se frottant les paupières avec ses paumes. « Je suis carrément content de ne pas avoir été à sa place. C’est de la folie, non ?
- Nan. Tu sais ce qui est fou ? C’est de ne pas penser à ça. »
Je m’étais dit la même chose : combien j’étais heureux de ne pas m’être pris une balle, combien j’aurais souffert si j’avais été celui étendu là en train de mourir, à regarder les autres qui l’observaient agoniser. Et moi aussi, même si c’est avec tristesse à présent, j’avais songé intérieurement, Dieu merci, il est mort et pas moi. Dieu merci.
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Un journaliste nous avait demandé ce que cela faisait de se battre...
" C'est comme un accident de voiture. Tu comprends? Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours".
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Tu n’es rien, voilà le secret : un uniforme dans une mer de nombres, un nombre dans une mer de poussière. Et nous, nous pensions d’une certaine façon que ces nombres représentaient notre insignifiance. Nous nous disions que si nous demeurions ordinaires, nous n’allions pas mourir
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Nous parcourûmes des ruelles, vîmes les restes de l’ennemi gisant, là où il s’était posté en embuscade, éloignâmes les armes du corps du bout de nos bottes. Rigides et pestilentiels, les cadavres gonflaient sous le soleil dans des positions improbables, certains le dos légèrement décollé du sol, d’autres tordus de façon absurde comme obéissant à des règles géométriques morbides.
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Quand on vient d'un endroit où quelques faits suffisent à vous définir, où quelques habitudes constituent une vie, on éprouve une forme de honte à nulle autre pareille. Nous avions eu jusqu'alors des existences étriquées, qui aspiraient à quelque chose de plus substanciel que des routes en terre et des rêves minuscules. Ainsi, nous étions venus ici, où l'on n'avait pas besoin de planifier sa vie et où les autres vous disaient quoi faire.
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La guerre essaya de nous tuer durant le printemps. L’herbe verdissait les plaines de Ninawa, le temps s’adoucissait, et nous patrouillions à travers les collines qui s’étendaient autour des villes. Nous parcourions les herbes hautes avec une confiance fabriquée de toutes pièces, nous frayant, tels des pionniers, un chemin dans la végétation balayée par le vent. Pendant notre sommeil, la guerre frottait ses milliers de côtes par terre en prière. Lorsque nous poursuivions notre route malgré l’épuisement, elle gardait ses yeux blancs ouverts dans l’obscurité. Nous mangions, et la guerre jeûnait, se nourrissant de ses propres privations. Elle faisait l’amour, donnait naissance, et se propageait par le feu.

(Incipit)
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A yellow bird
With a yellow bill
Was perched upon
My windowsill
I lured him in
With a piece of bread
And then I smashed
His fucking head...

(Un moineau jaune
Au bec jaune
S'est penché
Sur ma fenêtre
J'lui ai donné
Une miette de pain
Et j'lai éclaté
Ce putain d'serin... )

Chant militaire traditionnel de l'armée américaine
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Ce n'était pas facile de penser que tout irait bien, que nous nous étions bien battus. Mais je me souviens d'avoir entendu quelque part que la vérité ne dépend pas du fait d'être cru.

p.35
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Mais maintenant, alors que j’ai presque trente ans, et suis suffisamment vieux pour regarder en arrière, je me vois tel que j’étais à l’époque : à peine un homme. Même pas un homme. Je portais la vie en moi, mais elle clapotait tel un fond d’eau dans un verre presque vide.
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Je n’aurais pas pu le formuler à l’époque mais j’étais entrainé pour croire que la guerre fédérait tout le monde. Qu’elle rassemblait les gens plus que tout autre activité humaine. Tu parles. La guerre fabrique surtout des solipsistes* : comment vas-tu me sauver la vie aujourd’hui ? En mourant, peut-être. Si tu meurs, j’ai plus de chances de rester en vie.

* Solipsiste : attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l'unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n'étant que des représentations.
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Je me réveillais un matin dans la petite pièce adjacente à la cuisine, dans mon lit une place, regrettant d'être toujours en vie, et j'aurais aimé ne pas ouvrir les yeux. Ce n'était pas la première fois. J'en avais assez de ressasser toutes les nuits des choses dont je me souvenais, puis des choses que j'avais oubliées mais dont je m'imputais la responsabilité devant la véracité éclatante des scènes qui tournaient en boucle sous la surface rouge et vert de mes paupières closes.
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De vilaines corneilles croassaient, perchées sur la ligne électrique qu’elles ornaient de leur plumage noir, et leurs cris me rappelèrent les sifflements des obus de mortier au-dessus de ma tête, et là, dans mon jardin, je me mis en position de sécurité avant l’impact. Allez, bande d’enculés, me dis-je, vous m’avez finalement eu ; mais les volatiles s’envolèrent et je repris mes esprits, jetant un œil par-dessus mon épaule, et apercevant ma mère qui me souriait par la fenêtre de la cuisine. Je lui rendis son sourire en agitant la main, me saisis du fil de fer qui se détachait du grillage et le réajustai avec des clous. C’est comme si vous aviez envie de tomber, c’est tout. Vous pensez que vous ne pouvez pas continuer ainsi. Comme si votre vie était suspendue au sommet d’une falaise mais avancer vous semble impossible, non par manque de volonté, mais par manque d’espace. La possibilité d’un jour nouveau se dresse avec défiance face aux lois de la physique. Et vous ne pouvez pas faire machine arrière. Donc, vous voulez tomber, lâcher prise, abandonner, mais vous ne pouvez pas. Et chaque bouffée d’air que vous aspirez vous rappelle votre situation. C’est comme ça.
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Puis chacun avait déjà passé son chemin, et c'était bon de sentir quelque part en moi que seul nous séparait la barrière de la langue ; pour quelque temps encore, ma solitude n'aurait pas d'autre cause.

p.63
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Je n’étais pas certain qu’il fût sain d’esprit, mais je savais qu’il était courageux.
Et je sais à présent à quel point c’était vrai. Son courage était très polarisé, mais il était pur. Il relevait d’une sorte d’autosacrifice fondamental dénué de toute idéologie ou de toute logique. Sterling aurait été capable de prendre la place d’un autre garçon sur l’échafaud tout simplement parce qu’il trouvait la corde plus adaptée a son cou.
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Je me remémorais, par exemple, la fois où nous étions assis un soir dans la tour de garde, observant les traînées rouges et vert et les lueurs plus brèves du spectacle de la guerre, et qu'il m'avait raconté (..) le jour où il fut émerveillé, sans trop savoir pourquoi, quand son père rapporta de la mine une douzaine de canaris en cage, et les laissa sortir; comme les serins avaient voltigé et pépié quelques instants avant de revenir se percher au sommet de leurs cages, que son père avait rangées en ligne, pensant que les oiseaux choisiraient la liberté et que les cages pourraient servir à autre chose: de jolies corbeilles pour les légumes, ou peut-être des bougeoirs qu'ils pourraient suspendre dans les arbres. Mais comme le monde s'organise en d'étranges silences, avait dû se dire Murph, alors que les oiseaux s'étaient installés paisiblement sur leurs petites prisons et s'étaient tus.
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