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Critiques de Kij Johnson (176)
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Un pont sur la brume

Un pont, des prix.

Hugo, Nebula, Asimov's 2012 du meilleur roman court et grand prix de l'imaginaire 2017.





Un empire, fantasy de type médiéval séparé en deux par un fleuve d'une brume mystérieuse et dangereuse que seuls quelques téméraires passeurs savent traverser en bateau pour relier est et ouest.

Kit est dépêché à Procheville pour reprendre la construction d'un pont. 400 mètres à traverser sans pilier intermédiaire. L'affaire de 4 ou 5 ans.





C'est les piliers de la terre en 80 pages (au lieu de 1000) et sans les coups bas, les multiples et incessants bond et rebondissements.

Vous n'aurez pas d'explications sur le monde et sa brume. Elle est. Point. Vous n'aurez pas de longues tirades sur le background et les personnages. Vous aurez une lecture linéaire, dans une atmosphère cotonneuse (j'ai piqué le terme à un autre, mais je le trouve tout à fait adéquat), sans grande envolée, sans coups d'éclat mais une belle histoire de vie, de construction et d'amour. Amour de son métier, amour des gens. 80 presque trop courtes pages, mais 80 pages bien remplies et se suffisant à elle-mêmes. Pas d'arrière goût de manque ou d'impression d'inachevé.





Quelques agréables minutes de lecture. Il serait dommage de passer à côté de de ce petit récit.
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Un pont sur la brume

J’ai aimé ce petit roman de science-fiction, au ton mélancolique et à l’ambiance cotonneuse. Et pour cause ! Il s’agit de lancer un pont au-dessus de la brume. Une brume épaisse, immense, se formant au-dessus du lit d’un fleuve, dont on ne sait d’où elle vient, ni où elle va… Une brume redoutable, néfaste, qui abrite des créatures géantes jalouses de leur territoire. Une brume qui sépare un Empire en deux et qu’on ne peut traverser qu’avec des bacs. Une sorte de traversée du styx aléatoire, franchement dangereuse, que seuls des passeurs peuvent mener à leur terme… dans la plupart des cas…

Cet Empire de science-fiction, qui a le souci du bien commun, décide de construire un pont qui relierait les deux rives. Un projet titanesque confié à Kit, le meilleur de ses architectes. On voit le pont s’élever petit à petit au-dessus de la brume : c’est une addition de petites victoires au milieu des difficultés, des doutes et des drames… En fin de livre, il y a ce vieux proverbe Gallois qui fait méditer : « Pour être un chef, sois un pont. » Kit Meinem d'Atyar à l’envergure d’un chef, d’un vrai !

Et puis, il y a cette histoire d’amour entre Kit l’architecte et Rasali le passeur, celle qui sur son fragile skiff sait traverser la brume pour déposer gens et marchandises sur l’autre rive ; qui voit son monde et sa raison de vivre disparaître à mesure que le pont s’élève. Une belle histoire d’amour pleine de retenue, de pudeur et de longs silences. Une belle histoire d’amour entre une femme du passé et un homme de l’avenir, entre la belle Rasali qui se retire sur la pointe des pieds et Kit qui tire des plans sur la comète.













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Un pont sur la brume

« Un pont sur la brume, lauréat des prix Hugo et Nebula 2012, a été élu meilleur roman court de l'année par les lecteurs de la revue américaine Isaac Asimov's Science Fiction Magazine. »



Voilà un court roman fort étonnant… c'est l'histoire de Kit Meinem d'Atyar, un architecte qui doit construire (comme le titre l'indique) un pont sur la brume. Une brume aussi mystérieuse que dangereuse, voire mortelle.



Au début de ma lecture, je n'étais pas très convaincue que l'auteure allait réussir à me faire vibrer : le rythme est très lent et on pourrait très bien croire que l'on est en train de rêver. Puis après l'accident de Loreh… quelque chose a changé. Je crois que c'est parce à ce moment que j'ai pris toute la mesure du personnage de Kit et aussi de Rasali. Ils ont émergé de la brume dirais-je ^_^



Est-ce que la mort a un sens ? Doit-elle en avoir ?



«- Si ça arrive, si elle vient pour vous, vous serez aussi enthousiaste ?

La passeuse rit et son humeur pensive se dissipa. « Non, pas du tout. Je maudirai les étoiles et je tomberai en me battant. Mais ça aura quand même été merveilleux de traverser la brume. » »



Belle découverte… j'ai même trouvé une musique de fin.



https://www.youtube.com/watch?v=AS_NVUyBK9Y





Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (130)

Challenge plumes féminines 2018 (roman d'une auteure anglophone)

Challenge petits plaisirs 2018 (1)

Challenge multi-défis 2018 (1)

LC/Trolls de Babel
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Un pont sur la brume

Un grand merci à Babelio et aux éditions Le Bélial'...



Lorsque Kit Meinem d'Atyar débarque à Procheville, une petite localité bien différente de la capitale qu'il connait, avec deux malles et un porte-documents contenant les plans du pont, il se dirige aussitôt vers l'auberge afin de trouver quelqu'un susceptible de lui faire traverser la brume afin de rejoindre Loinville. Kit Meinem d'Atyar, un grand architecte renommé, reprend en effet un chantier d'envergure : construire un pont sur la brume. Une brume si dense que seuls quelques passeurs peuvent naviguer sur ses vagues. Une brume qui, aujourd'hui, sépare l'empire en deux et freine tout commerce. Avec ce chantier colossal, qui risque bien de changer les habitudes et les modes de vie, Kit devra s'entourer de gens compétents et expérimentés qui l'aideront à mener à bien ce projet. Il fera notamment connaissance avec Rasali Bac et son neveu, Valo...



Auréolé de quelques prix prestigieux, notamment le Hugo ou le Nebula, ce court roman retrace, sur quelques années, la construction de ce pont. L'on suit ainsi Kit Meinem d'Atyar, cet architecte, peut-être le plus doué de l'empire, qui, entouré des gens de la communauté, devra réaliser cet ouvrage de quatre cents mètres au-dessus de la brume et composer avec chacun. Un immense projet qui, Kit s'en rendra compte, va changer la vie de tous. Kij Johnson nous décrit subtilement ce monde étrange où plane une onde de mystère et les relations qui unit l'architecte à la communauté, des personnages vraiment attachants mais aussi les effets du progrès qui obligent tout un chacun à s'adapter. Un roman pour le moins original et intimiste dans lequel flotte une ambiance paisible, cotonneuse et un brin ensorcelante.
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Un pont sur la brume

« Un pont sur la brume » fait partie de la nouvelle collection « Une Heure-Lumière » du Bélial. Elle propose des textes courts et de qualité, écrits par de grands auteurs français et étrangers issus de la littérature de l'Imaginaire.

Cette novella, couronnée du prix Hugo et du prix Nebula de la meilleure nouvelle en 2011, m'a attirée par la beauté de sa couverture, par son ambiance mystérieuse, un brin angoissante, mais aussi par son petit format, 160 pages seulement.



*

Kit Meynem d'Atyar, un ingénieur et architecte talentueux, a été envoyé par l'Empire pour poursuivre la construction d'un pont suspendu à travée unique au-dessus d'un fleuve de brume. Cet ouvrage d'art de quatre cent mètres de hauteur demande un savoir-faire et des compétences de très haut niveau mais sa construction est vitale car elle permettra, à terme, de relier les deux parties de l'Empire et ainsi, de se déplacer en toute sécurité d'une rive à l'autre du fleuve.



Pour l'heure, la liaison entre les deux rives se fait par bateau. Elle est assurée par des familles qui acceptent de piloter à leurs risques et périls dans cette rivière de brume. A ce stade-là, vu l'extrême dangerosité de la navigation, on peut même parler de sacrifice. Beaucoup de passeurs ne reviennent pas de ces traversées.



Kit Meynem d'Atyar aura-t-il la faculté et l'habileté requises pour accomplir la tâche laissée inachevée par son prédécesseur ?

Le bruit des travaux, les tremblements du sol lors du creusement des fondations du pont, ne vont-ils pas attirer les Géants vers la surface ?



*

Le point fort de ce récit est incontestablement son atmosphère mystérieuse, fascinante où la mer de brume tient un rôle essentiel. En quelques mots, l'autrice met en place des décors, créer une ambiance feutrée, nébuleuse, ouateuse.

Ondoyant ou parcouru de crêtes, le banc brumeux s'étire tout le long du fleuve en un dense manteau d'écume en mouvement. Pareil à des coulées crémeuses d'une blancheur éblouissante au soleil, il est cependant composé d'un acide excessivement corrosif. Ses profondeurs sont également peuplées d'étranges créatures, d'immenses poissons et des "Géants", capables de faire chavirer les embarcations.



Si la description de la brume est particulièrement riche de détails, l'autrice reste évasive quant à son origine.

De même, elle nous laisse imaginer ses abysses et les Géants qui la peuplent. Ce monde enveloppé de mystère et d'interrogations pourrait paraître frustrant, mais cette part d'imagination laissée au lecteur m'a au contraire beaucoup plu.



« Maintenant, je m'interroge. Quelle taille les Géants atteignent-ils dans l'Océan de brume ? Et qu'y a-t-il de l'autre côté ? »



Si j'ai beaucoup aimé l'univers impénétrable, contemplatif et terriblement attrayant développé par Kij Johnson, j'ai cependant trouvé que les descriptions techniques de la construction du pont ralentissaient parfois le récit et cassaient le charme poétique et envoûtant de cette brume.



*

L'écriture est très agréable, pleine de douceur, de sensibilité et de mélancolie, mais aussi de violence et de tristesse, car l'autrice n'oublie pas les personnages. En effet, l'autrice tisse une histoire profondément humaine qui entremêle étroitement les individus à leur environnement et au pont qui se construit lentement. Les émotions sont présentes dans les relations que nouent les personnages : liens d'amitiés, sentiments d'amour, de perte et de solitude, de deuil et de culpabilité.



« Avoir plus de choses à aimer, c'était avoir plus de choses qui lui manqueraient lorsqu'il finirait par partir. »



Le texte parle aussi de rêves et d'espoir : bâtir, créer, traverser la brume et partir à la rencontre de ceux qui sont de l'autre côté.



*

Pour finir, j'ai passé un bon moment avec ce roman d'atmosphère au magnétisme étrange. Kij Johnson nous offre une histoire captivante et immersive qui mélange avec subtilité un univers imaginaire onirique et le pont dont la construction permettra de bâtir de nouvelles relations sociales.



Une novella à découvrir.





***

Merci Patrick (@Patlancien) pour avoir attiré mon attention sur cette jolie nouvelle par ton billet. J'ai pris beaucoup de plaisir à m'éloigner des rives de la réalité et dériver dans les flots brumeux de l'imaginaire. ;-)

***
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Un pont sur la brume

A part celui de la rivière Kwaï et le pidou, j'étais peu branché pont.

Puis l'on m'a parlé de celui sur la brume et je me suis ouvert à de nouveaux horizons. Bouché l'horizon, brume oblige, mais fort plaisant au demeurant.



En très peu de pages, Kij Johnson aura su bâtir une solide histoire tout en développant un monde futuriste suffisamment élaboré pour pouvoir s'y projeter de façon crédible.



Juste ce qu'il faut de dangerosité avec cette brume omniprésente recelant moult dangers mortels, une pincée de sentiments ambigus entre le meilleur architecte de l'empire et celle maniant le bac de traversée comme personne et qui a tout à perdre avec l'achèvement de ce monumental chantier, l'auteur aura soufflé le chaud et le froid avec maestria, faisant de ce court récit futuriste un must have indéniable.
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Un pont sur la brume

Ce livre confirme, s’il était besoin, que l’Imaginaire n’est pas forcément synonyme de batailles, crimes ou invasions. On peut écrire une excellente histoire sur… la construction d’un pont.



Bien sûr, il s’agit d’un pont formidable, quelque chose d’aussi dingue que le canal du Panama, avec le même esprit : relier les hommes de l’Empire et faciliter les échanges entre les deux côtés du fleuve de brume.

Ce fleuve, c’est l’élément fantastique, une brume qui n’est pas de l’eau, qui se creuse et se soulève, et qui cache en son sein d’étranges poissons plats et d’inquiétants Géants. Certaines femmes et certains hommes ont un don pour le traverser et assurent le passage par bac. Ce n’est jamais exempt de danger. S’ils se trompent en « sentant » l’humeur de la brume, il n’y a pas d’échappatoire.



Kij Johnson nous conte avec beaucoup d’empathie la tranche de vie de ceux qui bâtissent le pont et des gens qui habitent tout près dans les villages de Procheville et Loinville. Comment ils s’apprivoisent petit à petit, s’habituent les uns aux autres, voire en viennent à s’aimer. L’auteure met en scène la grande sensibilité de ses héros : la joie d’observer le fleuve depuis le haut d’un pilier du pont, la tristesse et le sentiment de culpabilité lors d’un accident, l’angoisse augmentée d’exaltation lors de la traversée de la brume.

Elle laisse aussi s’installer ce sentiment que, quelle que soit la durée de l’aventure ou du train-train que partagent les hommes et les femmes, cela s’arrête un jour et chacun repart vers d’autres horizons, le cœur empli de souvenirs qui nourrissent la nostalgie.



Une novella profondément humaniste.

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Un pont sur la brume

A priori, la construction d'un pont n'est pas le sujet qui m'emballe le plus. Mais comme je pense que tout sujet peut être rendu intéressant si le traitement est bon, il m'arrive parfois de me retrouver à lire un ouvrage sur un thème qui aurait dû me laisser insensible. En voyant l'engouement autour du court roman de Kij Johnson, j'ai eu envie de le lire.



J'ai vraiment bien fait de ne pas me laisser rebuter par le sujet. Finalement, même les considérations techniques relatives à la construction du pont m'ont intéressée. Cette histoire de pont est un symbole bien trouvé pour raconter d'autres histoires, celles plus intimes des personnages. Ce pont c'est celui qui relier les villes, les hommes, c'est aussi un symbole de l'homme qui regarde vers le futur mais qui oublie peut-être de regarder derrière lui...



L'intrigue est plutôt ténue. Il ne se passe pas grand chose dans "un pont sur la brume". L'auteure s'intéresse avant tout aux personnages. Et il faut reconnaître qu'ils sont admirablement dessinés. Finesse et subtilité sont les maîtres mots dans la caractérisation des protagonistes. C'est un tour de force que réussit Johnson, en quelques pages, elle donne vie à des personnages complexes, denses et dépeint leurs relations de façon magnifique.



Par ailleurs, l'atmosphère dans laquelle baigne le récit est singulière et très intéressante. L'omniprésence de cette brume, à la fois fascinante et inquiétante, donne au récit une note onirique envoutante. Je regrette simplement qu'on n'en sache pas plus sur la brume, ce qu'elle est, ce qui la peuple...



J'ai donc passé un très bon moment de lecture avec "un pont sur la brume" et je suivrai avec intérêt ce qu'écrira Kij Johnson.

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Un pont sur la brume

Kit Meinem d'Atyar est architecte. Sa mission est de construire pour l'Empire un pont qui passera au-dessus de la brume mortelle qui divise le territoire en deux, afin de relier les deux villes de Procheville et Loinville.



Ces plusieurs mois de travail vont l'amener à faire la connaissance des habitants, à se lier d'amitié et à vivre une partie de leur quotidien avec eux. On y voit également ce que va changer la construction de ce pont dans la vie de Kit, mais aussi dans la vie de tous les autres, ce que cela implique également comme gains et comme pertes.



Ce roman retrace ces quelques mois dans la vie de Kit. On est mis face à ses certitudes, ses doutes, ses connaissances, ses lacunes, ses sentiments. Il vit une aventure humaine très riche, et on la vit avec lui.



Ce court roman est une petite bulle fort agréable dans laquelle l'auteur nous prend par la main et nous fait faire connaissance avec des personnages très réalistes, très humains, avec leurs défauts, leurs qualités, leur vision de la vie.



J'ai beaucoup aimé l'écriture de Kij Johnson, elle nous accompagne vraiment tout en douceur dans son roman. Elle nous fait découvrir au fil des pages le personnage de Kit à l'aide de flashback mais aussi dans sa relation avec les autres personnages.



C'est un roman qui se passe dans un monde qui n'est pas le notre et pourtant on se sent très proches de ces gens et de ce qu'ils vivent. C'est un récit qui fait relativiser également. Enfin bref, c'est un roman que j'ai aimé et dont la lecture m'a fait du bien, donc je le conseille (d'autant qu'il est très court, ce serait dommage de passer à côté...).
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Un pont sur la brume

Vous prenez deux villages séparés par une brume mystérieuse. Vous y ajoutez un bac qui la traverse ou essaie de le faire quand celle-ci le permet. Vous y faites venir un ingénieur de la ville pour construire un pont dans le but de relier les deux rives définitivement. Vous réunissez ces ingrédients pour les mettre dans un Empire fantastico-médieval et vous saupoudrez le tout avec des Géants, un peu d'amour et des drames. Vous obtenez une novella écrite par Kij Johnson, une autrice américaine habituée des prix Nebula et Hugo dans la catégorie des écrits courts de SF.

Ce petit roman qui est agréable à lire, est avant tout un parcours initiatique qui permet comme son pont de relier des dualités et des antagonismes que l'on retrouve tout du long de l'aventure. On assiste d'abord à l'arrivée de son architecte Kit Meinen, ingénieur de la capitale qui va devoir servir de lien entre le modernisme qu'il représente face à l'obscurantisme moyenâgeux des villageois. On découvre ensuite la liaison amoureuse de la belle Rasali qui va devoir elle aussi faire le lien entre son ancien métier de passeuse de bac et sa nouvelle vie suscitée par la construction du pont par l'homme qu'elle aime et qu'elle veut conserver à tout prix. Enfin les deux amants devront aussi trouver les mots qu'il faut face aux accidents et décès provoqués par le pont devant les avantages économiques qu'il peut apporter à la population. On voit ainsi la place que prend l'ouvrage d'art dans l'évolution des personnages. On comprend mieux en fin de livre, l'importance qui est donné à ce vieux proverbe Gallois et qui est un résumé à lui seul du bouquin « Pour être un chef, sois un pont. »

Merci à Feygirl de m'avoir convaincu de lire cette nouvelle qui m'aura permis à moi aussi d'aller d'une rive à l'autre de mon imagination.

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Un pont sur la brume

Kit Meinem d'Atyar est appelé pour reprendre la construction d'un pont au-dessus de la brume qui facilitera les échanges entre Proche et Loinville. Traverser la brume avec bacs et passeurs est dangereux, ce pont est indispensable.

Le pont sur la brume, c'est tout une ambiance : deux contrées séparées par une brume cachant quelques créatures dangereuses, des passeurs conscients que leur métier est risqué. Un bout de monde imaginaire avec ses codes, ses vies fragiles. Il ne se passe pas grand chose, ça pourrait être un peu décevant mais cette construction de pont que s'étale sur quelques années est intéressante à suivre, comme les vies qui s'y tiennent. Une lecture agréable même si j'attendais un peu plus de ce petit livre.
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Un pont sur la brume

Je vais me répéter, comme chaque fois que je lis et commente un ouvrage de la collection Une heure-lumière de chez Bélial : bravo à Aurélien Police pour la très belle illustration de couverture. Ce pont familier suspendu dans des nuées est très réussi et cadre parfaitement avec le récit.



Kij Johnson nous emporte dans un univers singulier. Un Empire, séparé géographiquement par un fleuve de brume, deux lunes dans son ciel. Côté techniques, on est plus près d'Un monde sans fin de Ken Follett que du pont de Tancarville, même si le résultat pourrait y ressembler.



Arrivé de la capitale impériale, Kit Meinem est un architecte encore jeune mais à la réputation déjà bien assise. Il est fils de bâtisseur et a étudié avec une des plus grandes architectes de l'Empire. Il arrive à Procheville, base du premier pilier du pont qui devra enjamber d'un seul tenant les 400 mètres de largeur du fleuve, à une hauteur inusitée, pour rejoindre le second pilier, fixé à Loinville.

Jusqu'ici, la traversée s'effectuait sur un bac, naviguant sur la brume. Avec tous les dangers inhérents à ladite nébulosité. On ne sait d'où elle vient ni de quoi elle est véritablement constituée. Brume est d'ailleurs un qualificatif faute de mieux. Mais dangereuse, c'est certain, à cause des créatures qui vivent dedans. Jamais vraiment distinctes, leur présence est un facteur anxiogène tout le long du récit.



Histoire de construction architecturale, histoire fantastique, la novella est, à mes yeux, surtout une histoire humaine. Nouvel arrivé dans une communauté dont il diffère par son statut et par toute sa physionomie, Kit apprend à vivre et à connaître les habitants des deux cités, le chantier partant pour plusieurs années. Histoire de rencontre avec l'autre mais aussi de découverte de soi-même. Et c'est avec une grande simplicité et une économie de moyens que Kij Johnson parvient à rendre son court roman si intrigant. J'ai aimé cet aspect mesuré et la personnalité de Kit et de la passeuse du bac, l'acceptation des habitants à la vie telle qu'elle est dans cet endroit spécifique, un fatalisme ni sombre ni morose.



Je ne connaissais pas du tout cette auteure américaine. Il aurait été dommage de passer à côté de son roman. Encore un très bon choix de chez Bélial.
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Une Heure-Lumière, Hors-Série 2020 : Retour à n'dau

Excellent ce petit Une Heure-Lumière hors série.



On y trouve un article qui donne la parole à chaque traducteur ayant officié dans la collection. Ceux-ci donnent leur avis sur le format de la novella, leur ressenti sur les textes UHL qu’ils ont eus à traduire et sur l’influence éventuelle sur leurs propres créations littéraires, pour ceux qui sont également auteurs.



On y trouve surtout une novella très exotique de Kij Johnson – Retour à n’dau – qui déploie le décor d’une Terre assez vieille pour avoir fortement ralenti sa rotation sur elle-même. Désormais, comme la Lune aujourd’hui, elle y met autant de temps ou presque que pour faire son tour de Soleil. Conséquence, elle montre toujours la même face au Soleil.

Des humains y vivent encore, qui n’ont plus aucun souvenir de nos temps passés. Ils sont revenus à une vie nomade, presque paléolithique, du moins pour ceux que l’on va suivre. Il paraît pourtant qu’il existe des empires quelque part. J’ai beaucoup aimé le changement de paradigme qui s’est imposé pour localiser les lieux. C’est la taille de l’ombre que fait le corps -qui ne change jamais, ou presque, en un lieu donné – qui permet de savoir où on est.

La novella montre la violence mais aussi une certaine sérénité de vie, une forte adaptabilité et avouons-le, une certaine beauté romantique.

Un beau texte.

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La quête onirique de Vellitt Boe

Ça fait quand même un moment que l'industrie hollywoodienne nous impose son hypocrisie, ses quotas et sa pseudo morale avec un acteur noir par ci, un acteur latino par là (c'est plus récent), un acteur asiatique par ici (c'est encore plus frais), un homosexuel par là, etc., etc. Les deux derniers trucs à la mode, c'est de transformer un héros blanc bon teint en héros à la peau noir, ou, dernière trouvaille merveilleuse, en femme. Alexandre Astier lui-même, qui n'est en général pas peu fier de son originalité créative, s'est moulé tout gentiment dans le modèle consensuel nord-américain.Ça peut fonctionner parfois, ça peut avoir un intérêt réel (même si c'est franchement rare), mais la plupart du temps, non seulement ça ne fait pas sens, non seulement ça fleure bon la mascarade, mais ça fait carrément contre-sens. Dernier exemple désastreux en date : le remake des chevaliers du Zodiaque par Netflix, qui n'a strictement rien compris à la philosophie de l'anime, et a transformé en femme badasse un personnage masculin qui incarnait justement une autre image de la virilité que celle du combattant lourdingue. Cela dit, comme il existe un réel problème d'accès à la culture aux États-Unis, et c'est rien de le dire, on peut comprendre que le public nord-américain gobe ça tout cru. On fait semblant de gommer sur écran les inégalités sociales et sociétales en tous genres, et les flics blancs peuvent continuer à flinguer tranquillement des citoyens noirs dans la rue, les femmes sont toujours priées de faire du bénévolat (excellente démarche pour lutter contre le chômage, mais il est bien connu qu'il n'y a pas de chômage aux États-Unis), de bosser à temps partiel et de rester dépendantes sur le plan financier, les Latinos ont toujours autant de mal à trouver un boulot correct, voire un boulot tout court, le communautarisme est un modèle de vie, et j'en passe. Mais pas de problème, du moment qu'Hollywood pratique un joli lifting qui masque tout ça.



Et quel rapport avec La quête onirique de Vellit Boe ? Tout. Kij Johnson, en bonne citoyenne des États-Unis qui n'a jamais réfléchi à la tartuferie que tout ça représente mais tout ingéré sans se poser de questions, a repris tous ces codes pour concocter une bouse prétendant dénoncer la misogynie et le racisme de Lovecraft. Oui, parce qu'avant Kij Johnson, absolument personne ne s'était rendu compte que Lovecraft était raciste. Donc, heureusement qu'elle était là pour nous apporter LA révélation. À ce point, on ne peut même plus parler de révélation mais carrément d'épiphanie : je pense que le mot n'est pas trop fort. Donc, Kij Johnson se veut, ni plus ni moins, l’écrivain qui a remis Lovecraft à sa place. Sauf que... Sauf que déjà, pour écrire, il faut avoir des idées. Je ne suis a priori pas contre le fait de reprendre un personnage, un univers, de le rendre malléable et de l'enrichir. Mais reprendre le schéma d'un autre roman, avec en gros les mêmes péripéties, en changeant juste deux-trois trucs par-ci par-là et en transformant le héros en femme, sous un prétexte fallacieux et, pire qui recèle des clichés qui valent largement ceux de Lovecraft, on ne peut pas appeler ça de la création. Bon, je peux reconnaître à Johnson un meilleur sens du rythme que celui de Lovecraft dans La quête onirique de Kadath, qui manque cruellement, à mon sens, à ce roman (roman que je n'aime pas plus que ça, d'ailleurs). Mais pour le reste, ça revient juste à surfer sur la vague très lucrative de la mode lovecraftienne, mode bien juteuse ces temps-ci. Mais ce n'est évidemment pas le but de Johnson que de faire des ventes faciles avec un roman qui se vendra de toute façon comme des petits pains...



Passons au plat principal : la misogynie et le racisme. Où est-il question de dénoncer le racisme d'une société (américaine ou autre) dans La quête onirique de Vellit Boe ? Jamais. Les personnages sont presque tous d'une blancheur de peau immaculée, dont Vellit Boe, l’héroïne. Un ou deux autres ont vaguement le teint hâlé, et voilà. Y a-t-il une interrogation posée sur les discriminations ethniques ? Non. Y a t-il des manifestations de discrimination de la part de Vellit Boe envers des créatures qui ne lui ressemblent pas du tout ? Oui, et pas qu'un peu. On peut clairement noter son dégoût pour plusieurs créatures des mondes oniriques, même si elle finit par s'y habituer parfois vaguement. Las chats, c'est cool, elle connaît. Les autres créatures qu'elle n'a jamais appris à côtoyer, c’est cracra. Et puis celle des créatures "dégoûtantes" qui la suit le plus longtemps va se transformer en bagnole à la fin : ben ouais, un bel objet utilitaire, c'est quand même mieux qu'un ami qu'on trouve moche (oui, je divulgâche, et je m'en fous). Voilà pour le racisme : Johnson nous fait une belle démonstration de ses propres préjugés (et vu ce qu'elle dit des créatures fantastiques des mondes oniriques, je n'ose même pas imaginer ce qu’elle pense des clochards, par exemple. Je suppose qu'elle les trouverait plus charmants si on les transformait en voitures).



Quid à présent de la misogynie ? Comme je l'écrivais en début de critique, ce serait si facile si on se contentait de remplacer un héros masculin par une héroïne et qu'on réglait ainsi tous les problèmes. Visiblement, c'est ce que prétend réussir Johnson. Sauf que là encore, il y a un léger hic. Car La quête onirique de Vellit Boe est un roman sexiste. Alors en effet, ce ne sont pas les femmes qui sont en première ligne. Ce sont les hommes. Ici, les hommes sont lâches, voire brutaux, rêveurs donc puérils, incapables d'affronter la vie, pénibles, inutiles. Remplacer un type de sexisme par un autre, voilà qui est constructif, ma foi ! Quant aux petites phrases de Kij Johnson, qui joue l'innocence dans l’interview de fin de livre, tout en affirmant que certaines femmes violées ont tout intérêt à donner dans le déni et à éviter se considérer comme victimes, je ne crois pas que ça aide beaucoup les victimes (car oui, ce sont des victimes) de viols... Par conséquent, et au-delà de cette dernière et épineuse question, on a là un roman aux tendances discriminatoires, et clairement sexiste. Et quand vous saurez qu'en 2017 , Johson n'a rien de trouvé de mieux que d'écrire le remake du Vent dans les saules en remplaçant les personnages masculins par des personnages féminins, vous aurez compris qu'elle explpite juste un bon filon, sur la base d’œuvres littéraires inventées par d'autres qu'elle. On attend donc dans les années à venir Le Hobbit avec une hobbite et des naines, Vingt mille lieues sous les mers avec une capitaine et un équipage féminin, un docteur Jekyll qui se transformerait en femme, etc. etc. C'est à pleurer.



Et je ne sais même pas ce que me dérange le plus dans tout ça. Parce qu’en sus, Kij Johnson, ça se sent dans le roman mais ça se se confirme dans l'interview, ne connaît pratiquement rien à Lovecraft. Pire, elle n'a rien compris à La quête onirique de Kadath, qui est une ode à la nostalgie de l’enfance. C'est pourtant clair, faut pas un QI de 180 pour le comprendre, mais elle est complètement passée à coté de ça ; là aussi, c'est à pleurer. Parce que la conclusion de La quête onirique de Vellit Boe, c'est qu'être serveuse à mi-temps dans un café miteux aux États-Unis pour pouvoir se payer des études au rabais, c'est le pied, que conduire un 4x4, c'est le pied (message hautement écologique), que se nourrir en se faisant livrer de la bouffe industrielle, c'est le pied, et, cerise sur la gâteau (je l'ai déjà dit, mais il faut que je le répète), que les créatures vivantes qui nous dérangent parce qu'elles sont trop différentes de nous, c'est le pied de les voir être reléguées au statut d’objets utilitaires. Belle morale, ma foi, qui fait sacrément honneur à son auteur ! Ah oui, et j’oubliais un détail, Kij Johnson affirme ceci dans son interview : "J'ai grandi dans un coin de campagne où tout le monde était d'origine allemande, norvégienne ou suédoise, sans trop penser aux questions de races [en France, on n’utilise pas le terme de race, évidemment], une problématique qui me semblait essentiellement urbaine." Alors c'est marrant ; qu’elle n'ait jamais réfléchi au racisme, ça, on l'avait bien compris, mais on notera au passage qu'il n'est pas question dans ce coin de campagne, dont le racisme était - évidemment ! - absent, d’Africains, d'Asiatiques, de Latino-Américains, d'Océaniens...



Et j'ai donc envie de dire que, franchement, on ne prétend pas se réapproprier Lovecraft (ou n’importe qui d'autre) quand on connaît très peu et très mal son œuvre. Qu'on ne prétend pas donner des leçons d'anti-misogynie lorsqu’on est soi-même sexiste, ou d’anti-racisme quand on suinte les clichés discriminatoires. Et qu'on ne prétend pas donner des cours d'écriture fictive (c'est le métier de Johnson) quand on écrit des nullités soi-même. Mais ce qui me rend le plus triste, que Le Bélial', d'abord, s'abaisse à publier ce genre de bouse sous prétexte de faire du chiffre, et ensuite de me rendre compte que le lectorat français se fait avoir aussi facilement que le lectorat nord-américain avec ce genre de supercherie. Misère !
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Un pont sur la brume

Un petit livre tout à fait dépaysant.



Le contexte est très original et je n'ai pas souvenir d'avoir lu quoi que ce soit d'approchant le fond de cette petite histoire.



Les personnages sont formidablement brossés, d'une profondeur psychologique étonnante eût égard à la taille du livre. Il est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'action et que, du coup, toute l'histoire est centrée sur les personnages, leurs ressentis, leur vie, leur mort aussi, tous leurs questionnements autour de tout ça...



Hormis une tournure de phrase qui m'a complètement échappée, (C'est Mladoria qui a du me l'expliquer, mdr), c'est très bien écrit - et traduit - et on tourne les pages sans s'en rendre compte, un peu comme dans un rêve.

Kit, Rasali et Valo sont très attachants. J'aurais bien aimé les suivre un peu plus loin...



Un petit livre qui mérite ses prix et son succès. Avec tout de même un petit goût de "trop peu" à la fin...



LC Imaginaire Janvier 2018 Forum des trolls
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Un pont sur la brume

Cette novella nous propose de partir dans un mystérieux Empire de Fantasy, où le bâtisseur Kit est chargé de construire un gigantesque pont sur la Brume.



La Brume, ce fleuve qui n’est pas un fleuve mais une brume énigmatique, corrosive, changeante, presque vivante, et surtout très dangereuse avec ses poissons qui ne sont pas des poissons et ses Géants mythiques qu’on ne voit pas. Cette brume qui sépare l’Empire en deux, qu’on ne peut traverser qu’avec un bac quand elle le permet — c’est-à-dire rarement — et qui engloutit régulièrement les biens et les hommes. Kit, envoyé par la capitale, arrive dans Procheville qui fait face à Loinville sur l’autre rive. Ces deux bourgs évoquent des villages de pécheurs médiévaux, alors même que Kit, féru de mathématiques et de technique, représente la science. Cette science qui échoue à expliquer ce qu’est la Brume.



L’auteur nous conte de façon convaincante la construction de ce pont — on sent qu’il s’y connaît en travaux publics, ou alors il a fait de longues recherches — et son avancée au fil des saisons, les relations de Kit avec les ouvriers, les fournisseurs, la capitale… Le chantier n’évitera pas les accidents, provoquera le développement des deux villages et, surtout, annoncera le changement : changement pour une région auparavant délaissée car difficilement accessible, et changement pour Rasali et son neveu qui étaient chargés du bac. Que deviendront-ils, ces amoureux de la traversée de la Brume ? Kit aussi, à sa façon, sera changé par cette aventure hors norme.



Ce récit vaut beaucoup par son ambiance fantastique avec la Brume si effrayante et fascinante, sa galerie de personnages — notamment Kit et Rasali, mais les personnages secondaires sont bien vus — et sa description d’un grand chantier qui promet un monde nouveau.



J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette novella qui a un pouvoir d’évocation et qui conserve une part de mystère étrange et inquiétant.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Un pont sur la brume

Une histoire ni plaisante ni déplaisante, c'est plutôt le calme plat, limite dépressif, fantastique mais sans véritable action ni même intrigue !



Le continent est coupé en deux par un fleuve de brume et qui n'est traversé que par des bacs qui disparaissent régulièrement. La brume est acide, presque solide parfois, et une légende parle de Géants, de Presque Grands qui y vivraient et seraient dangereux !



Un architecte vient construire un pont entre Procheville et Loinville, il y rester cinq années où il ne se passe rien, quelques disparitions de villageois et de bacs, si ce n'est que le pont grandit régulièrement.



Les personnages sont éthérés, le paysage est éthéré, la brume est brumeuse et rien d'autre ne semble exister ! Il faut lire ce court roman en sachant qu'il n'y a que le pont qui mène quelque part, que nous ne saurons rien de plus et que la 4ème de couverture refermée nous aurons tout oublié, y compris les personnages ! Pléthore de prix ??? Je n'ai pas lu ni ressenti quoique ce soit qui les justifie, mêmes les tournures de phrases sont maladroites !



Challenge MAUVAIS GENRE 2021

Challenge RIQUIQUI 2021

Lecture THEMATIQUE juillet 2021 : Les voyages
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Un pont sur la brume

Kij Johnson, avant cette lecture, était pour moi une inconnue. Encore une merveilleuse découverte permise par la collection UHL du Bélial', précieuse collection que je suis depuis sa naissance et à qui je souhaite de nombreuses années de vie et, pour moi, de nombreuses heures de plaisir.



Un pont sur la brume est avant tout un livre d'ambiance. Si on se laisse prendre, comme ce fut le cas pour moi, on part pour un voyage dans une contrée pas si éloignée de ce qu'on connait. À part la brume, cette masse mystérieuse et peuplée de dangers. Elle suffit à apporter la part d'inconnu nécessaire à un dépaysement bienvenu.



Dans ce lieu, proche dans l'imaginaire du Londres (mais en pleine cambrousse) empli de fog, de son obscurité lumineuse, de ses ombres menaçantes, vivent des individus faits de chair et de sang, aux envies bien humaines, aux désirs forts et vibrants. Je me suis attaché rapidement à Kit, le personnage principal, architecte envoyé créer un pont fantastique. Mais dans un chantier si dangereux ! En quelques pages, il prend vie et l'on suit ses actions, ses pensées avec naturel.



Par contre, pas de réponses, à la fin de cette novella, quant à l'origine de la brume, à sa raison d'être. Mais quel intérêt ? Seul compte le plaisir de se laisser embarquer pendant quelques rapides heures dans un ailleurs si fort qu'il nous imprègne encore longtemps après la dernière page tournée.



Challenge multi-auteures SFFF 2020
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La quête onirique de Vellitt Boe

Il y a quelques années j’avais beaucoup apprécié ma lecture de la novella « Un pont sur la brume » et je m’étais promis de suivre l’auteure Kij Johnson. Me voilà donc à lire le roman « la quête onirique de Vellit Boe » qui se veut une variation du roman de Lovecraft « La quête onirique de Kadath l’inconnue ». Une auteure qui m’avait fait une première bonne impression, HPL, les ingrédients étaient là pour me séduire. Il n’en est rien. Je ressors de ma lecture plus que déçue, presque en colère car « la quête onirique de Vellit Boe » est très mauvais, navrant.



Je n’ai pas lu le roman de Lovecraft dont s’inspire ici Johnson mais je connais suffisamment les écrits du maître de Providence pour pouvoir comparer les deux œuvres. Il me semble que Johnson n’aime pas Lovecraft, c’est ce qui transparait tout au long du roman et aussi dans l’interview qui suit. L’auteure explique pourquoi elle a voulu proposer une variation de l’œuvre de HPL, gênée qu’elle était par le racisme et le côté rétrograde de Lovecraft. Elle ajoute qu’elle n’a pas lu Lovecraft de la même façon adulte qu’elle l’avait lue étant adolescente. Et bien moi, je lis Lovecraft aujourd’hui comme je le lisais autrefois, toujours aussi enthousiasmée par l’angoisse qu’il sait susciter. J’avoue en outre que le racisme de Lovecraft ne pollue en rien le plaisir que j’ai à le lire. J’en fais abstraction, je le mets de côté et je me délecte de l’atmosphère et du talent de l’écrivain. Dans l’interview, Johnson ose même dire que « la quête onirique de Kadath » n’est pas très bien écrit ni très bien mené, que le personnage principal est plat et mal caractérisé. C’est là que la moutarde me monte au nez. Comment Johnson se permet-elle de juger de façon si péremptoire et si prétentieuse l’œuvre d’un auteur dont elle ne parvient pas à la cheville ? Prétend-elle faire mieux avec son « Vellit Boe » ? C’est ce que laisse penser cette interview. Or, « la quête onirique de Vellit Boe » est un roman absolument désolant en tous points. Tout d’abord, le personnage principal est totalement insipide, plate et sans intérêt. D’autre part, le récit est extrêmement mal mené et raconté. Chez Lovecraft, il ne se passe pas forcément des choses tout le temps, ses récits ne sont pas vraiment trépidants. Mais, il sait installer une ambiance, une atmosphère et créer un crescendo qui met le récit sous tension et le rend addictif. Chez Johnson, tout est une platitude infinie, il n’y a aucun relief. Les péripéties s’enchaînent en donnant l’impression qu’il ne se passe strictement rien, que le personnage n’est jamais en danger. Quel ennui ! Le périple de Vellit Boe ressemble à une randonnée du 3ème âge qui l’emmène jusqu’à un dénouement totalement ridicule avec son héroïne qui sait tout instinctivement du monde dans lequel elle vient d’arriver au volant de sa créature transformée en voiture.



Il ne suffit pas d’utiliser l’univers créé par un autre pour prétendre le révolutionner. Il ne suffit pas de mettre du Lovecraft à toutes les pages pour prétendre qu’on a compris son œuvre. Ah ça oui, Johnson ne cesse de citer Lovecraft, Ulthar, Kadath, les zoogs, les chats… mais ce qu’elle est bien incapable de faire c’est de créer une atmosphère. Du coup, j’en viens à me demander si la réussite d’un « Pont sur la brume » était un coup de chance ou bien si je m’étais faite avoir à l’époque. En tout cas, Kij Johnson c’est fini pour moi mais par contre, je compte bien lire tout plein d’autres Lovecraft.

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La quête onirique de Vellitt Boe

C’est bel et bien la couverture exceptionnelle du roman qui m’a poussée à le lire ! Et je ne le regrette pas car j’ai voyagé plaisamment dans un univers singulier.

Bien sûr, j’avais lu des avis et des informations autour de ce roman. Je sais qu’il est une sorte de prolongement d’une œuvre de Lovecraft, que je n’ai jamais lu et qui ne me tente pas du tout pour l’instant (n’en déplaise aux amateurs). Alors lorsque j’ai trouvé qu’il manquait des explications ou des descriptions pour appréhender le monde dans lequel évoluent les personnages, je savais que cela était dû à cette lacune. Cela dit, je n’ai pas été gênée outre mesure.

Je suis entrée progressivement dans cette lecture, me laissant porter par le style qui m’a touchée dès les premières lignes avec ce vocabulaire précis et riche, ces phrases mesurées et empruntes d’une certaine poésie. Le personnage de Vellitt est d’emblée charismatique et j’ai aussitôt apprécié son regard sur les choses et son recul vis-à-vis du passé. Il ne s’agit pas d’un roman initiatique puisque Vellitt est âgée et a déjà fait le plein de très nombreuses expériences avant de s’installer dans une vie calme et rangée. C’est peut-être davantage la conclusion de toutes ses expériences pour parvenir au bout de cette quête.

Si le parcours de Vellitt m’a semblé intéressant, j’en ai surtout apprécié la deuxième partie malgré quelques passages peu vraisemblables et des facilités excessives parfois.

Il me restera en mémoire de nombreuses images, certaines lumineuses d’autres plus sombres, de ce parcours.

Une expérience de lecture enrichissante.
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