Kim Karr

Il embrasse mes paupières et, en plaçant sa bouche juste devant la mienne, il parle autour de mes lèvres.
- Depuis que je t'ai rencontrée, aucune fille n'a valu la peine que je pense à elle.
J'ouvre les yeux et il appuie son front contre le mien avant de poursuivre :
- J'ai la sensation que le destin nous a de nouveau réunis. Je crois aussi que, ce soir-là, il y a si longtemps, ce n'était tout simplement pas le moment pour nous. Mais aujourd'hui, si.
Je referme les yeux en entendant son aveu. En les gardant fermés, cette fois, je reste là, immobile, toujours incapable de parler. Quand je les ouvre, je m'imprègne de lui, de tout son être, de tout chez lui, surtout ses magnifiques paroles.

Journal de Ben

Je suis enfin rentré chez moi après être sorti de cette salle de conférences. N’ayant jamais pensé que je reviendrais, je ne peux pas dire que la route a été longue, mais je peux dire que je suis vraiment sûr d’être hyper content d’être ici. Je n’arrive pas à croire que je suis à Laguna, l’endroit que j’aime, avec tous les gens que j’aime.

Les mecs en costume me rassuraient, avant que je ne quitte le bureau sur Wilshire Boulevard, en me disant que ma réapparition ne serait pas rendue publique avant le procès. Je n’aurai donc pas à m’occuper de toutes ces questions pour le moment, à part celles qui concernent ma famille et ma copine. Voir ma mère a été bien plus émouvant que je ne m’y attendais. Quand l’un des mecs en costard est entré pour me dire qu’elle était en train de parler à l’agent spécial Bass dans la salle d’attente, j’ai essayé de ne pas craquer en sortant de la pièce en trombe. J’aurais aimé être auprès d’elle quand ils lui ont tout raconté. Je savais que ça lui ferait un choc d’apprendre que j’étais vraiment en vie. Que je n’avais pas été tué cette nuit-là, il y a presque trois ans, alors que je me rendais à une cérémonie de récompense pendant que ma copine était témoin de toute la scène depuis la voiture.

Je pose mes mains sur ses joues et laisse parler mon cœur en divulguant quelque chose que je n'ai jamais exprimé.
- River, ça a toujours été toi. Dès la minute où je l'ai vu au bar, je pense que ça a toujours été toi. Je n'ai même jamais fixé une date de mariage avec Ben et c'était peut-être pour ça. Parce que tu étais l'homme de ma vie... Tu es l'homme de ma vie.

Il n'y a pas de morceau, je te le promets
Le verre peut éclater, et les os, se briser
Mais je t'appellerai toujours, je te retrouverai toujours
Notre amour est puissant
Sois tranquille, je t'aimerai toujours
Je t'aimerai toujours
Nous ne serons jamais en morceaux.

- Un, deux, un, deux, trois, quatre, articule-t-il avant que l'introduction de la chanson retentisse dans la salle.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su au moment où tes yeux ont croisé les miens.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su la première fois où j'ai murmuré
à ton oreille et que mon cœur s'est arrêté.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su quand ton visage a frappé mon esprit.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su quand j'ai embrassé tes lèvres
et je l'ai senti du plus profond de mon âme.
Alors, où es-tu passée, où es-tu passée ?

- Toujours à moi, murmure-t-il en mordillant le lobe de mon oreille.
- A jamais à toi, dis-je dans un souffle avant d'enfouir ma tête dans son cou.

- Je t'aime. Toi et rien que toi. D'accord ? Et je veux partager l'un de mes endroits préférés avec toi. Je veux qu'on vive ça ensemble. Il faut qu'on le fasse, River... Pour toi et pour moi. Pour nous.

Pour essayer de détendre l’atmosphère, je ramasse la blouse de l'hôpital et la lui lance d'un air taquin.
- C'est ton tour de te déguiser.
Ses lèvres affichent finalement un semblant de sourire, mais ses yeux sont toujours aussi tristes.
- Je pense que je vais passer mon tour, si cela ne te dérange pas. Le vert ne me va pas bien au teint.

Il commence à jouer la jolie mélodie que j'ai entendue tout à l'heure. Je le fixe, hypnotisée par son air attendrissant. Pendant qu'il joue, sa concentration et son intensité donnent vie aux accords. Il interprète les deux premières phrases de la chanson et je l’écoute.
Cinq ans, deux cent soixante semaines, mille huit cent vingt-cinq jours, deux virgules trois millions de minutes. Voilà depuis combien de temps je t'ai rencontrée.
Ses paroles résonnent immédiatement dans mon cœur. Je le sens gonfler, les intégrant comme celui qui l'habite, celui qui est censé le tenir dans ses mains.

Il continue à parler et je continue à écouter. Il a toute mon attention quand il se met à chanter tout doucement :
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su au moment où tes yeux ont croisé les miens.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su la première fois où j'ai murmuré
à ton oreille et que mon cœur s'est arrêté.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su quand ton visage a frappé mon esprit.
Tu étais ma rencontre d'une vie,
Je l'ai su quand j'ai embrassé tes lèvres
et je l'ai senti du plus profond de mon âme.
Alors, où es-tu passée, où es-tu passée ?

Il me regarde avec un air curieux et dit :
- Je peux te demander à quoi tu penses ?
Je pousse un soupir et bloque mes pensées sur mon regretté père.
- Rêve comme si tu vivais éternellement, vis comme si tu allais mourir aujourd'hui.

Je me penche pour l'embrasser et regarde son beau visage.
- Bonjour, ma Belle au bois dormant, dis-je doucement, sentant que je manque légèrement de sommeil moi-même.
Je sais qu'elle doit être fatiguée parce qu'elle ne se réveille jamais après moi. Au moins, elle ne se réveille pas au lever du soleil chaque matin grâce aux rideaux occultants que nous avons installés dans la chambre.
- Bonjour, marmonne-t-elle en s'étirant avec le sourire.
Elle se réinstalle, se blottit contre moi et m'offre un baiser pour me saluer. J'adore quand, au milieu de notre baiser, je la sens sourire.
Elle s'écarte, toujours avec le sourire, et me demande:
- Prêt ?
Je baisse les yeux sur mon corps sous les draps et affiche un petit sourire espiègle.
- Ouais, je suis prêt.
Je devine donc qu'elle veut sauter les préliminaires, ce matin.
- Super ! Alors, allons-y, lance-t-elle en me poussant du lit tandis qu'elle saute et se dirige vers la salle de bain.
- Dahlia ! Non, vraiment ? Sous la pluie ? Maintenant ?
C'est tout ce que je peux dire parce que j'étais vraiment prêt, mais pas pour aller courir.

Cinq ans, deux cent soixante semaines, milles huit cent
vingt-cinq jours, deux virgule trois millions de minutes.
Voilà depuis combien de temps je t'ai rencontrée.
Si je refaisais tout. Viendrais-tu avec moi ?
Si je refaisais tout. Entrerais- tu dans le jeu avec moi ?

[...] Elle n'a pas à s'inquiéter de son collier de perles qui ne lui apportera plus de magie parce qu'il est cassé, car c'est elle, la magie.

Parce que je t'aime. Crois-tu que nous serons toujours ensemble ? Je l'espère.
Parce que je t''aime vraiment. Tu le sais ?
Tremblant de bonheur et mourant d'envie de le toucher, de l'enlacer, de lui montrer que j'éprouve la même chose, je rampe sur le lit lorsqu'il chante la dernière phrase.
Maintenant, oui... Je t'aime, ma belle.

Il m'embrasse goulûment, éloigne ses lèvres et appuie son front contre le mien. Son souffle chaud effleure mes joues quand il dit :
- Je dois l'avouer, j’adore jouer avec toi...
En passant ses lèvres sur le côté de mon visage, il appuie sa bouche contre mon oreille. Des frissons déferlent sur mon corps. Il poursuit :
- ... plus que je n'ai jamais aimé jouer avec quiconque. Jamais.

Il a marqué une minute de pause et caressé mon cou. Quand il s'est humecté les lèvres, un frisson m'a parcourue et m'a fait rougir. La chair de poule a recouvert mon corps quand il a ajouté :
- Je veux vraiment qu'on apprenne à se connaitre, qu'on passe du temps ensemble.
Après avoir déposé un baiser sur mon nez, il a conclu par :
- Je sens quelque chose entre nous que je n'ai jamais senti auparavant et je veux lui donner un chance.

Quand il arrive à un couplet que je connais vraiment bien, je souris, car il invente ses propres paroles.
- Je suis accro à toi, à tout ce que tu fais. Peu importe si tu marches ou tu danses, quand nous sommes ensemble, les bruits que tu fais et le sourire sur ton visage ne ressemblent à rien d'autre que j'aie déjà vu.

- Je sais, et je t'aime aussi.
Encore une fois, je me suis demandé : Pourquoi cette démonstration d'affection ?
Ben me surplombait pour m'aider à attacher la lanière autour de ma cheville gauche. J'ai remarqué que son expression avait encore changé pour prendre un air plus sérieux.
- Non, Dahlia, je t'aime vraiment. Ne l'oublie jamais, quoi qu'il arrive.
- Dahlia ? Tu ne m'appelles jamais comme ça, ai-je dit en remuant le pied et en le dirigeant vers son ventre pour alléger l'atmosphère.

[...] Quoi qu'il en soit, il m'a adressé un dernier sourire à couper le souffle, s'est penché et m'a embrassée. Mon corps a réagi étrangement à son baiser. Une vague de quelque chose que j ne pouvais identifier a déferlé en moi. D'abord, il s'est contenté de toucher légèrement mes lèvres avec les siennes. Pendant quelques brèves secondes, il les a pressées plus fort avant de s'éloigner. Je ne lui ai pas rendu son baiser, mais je me suis complètement perdue sur le moment.
- J'espère que tu es devenue une fan ! a-t-il lancé avec un clin d’œil avant d'attraper son bonnet.