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Citation de UnCurieux


Sax Russell se leva à son tour. Il restait le même petit homme discret, il battait des paupières comme un hibou. Il avait sans doute le visage un peu coloré, mais sa voix restait calme et sèche, comme s’il récitait un texte sur la thermodynamique ou la table des éléments.

-C’est dans l’esprit de l’homme que réside la beauté de Mars. Hors de la présence humaine, ce n’est qu’une collection d’atomes, guère différente de toutes celles qu’on peut observer dans l’univers. C’est nous qui comprenons Mars, qui lui donnons son sens véritable. Avec tous ces siècles que nous avons passés à l’observer avec nos télescopes, à deviner des canaux dans chaque changement d’albedo. Avec nos romans de SF stupides remplis de monstres, de princesses et de civilisations disparues. Avec tous les étudiants qui ont rassemblés toutes les données pour nous conduire jusqu’ici. C’est ça qui donne sa beauté à Mars. Et non pas le basalte ou les oxydes. […]
-Maintenant que nous sommes ici, continua-t-il, ça ne suffira pas de nous cacher à dix mètres sous terre pour étudier la roche. Oui d’accord, c’est de la science, et elle est même nécessaire. Mais la science va bien au-delà. La science fait partie d’une entreprise humaine plus vaste, qui implique d’aller jusqu’aux étoiles, d’adapter les autres planètes à notre forme de vie. La science, c’est créer. L’absence de vie sur cette planète, et le fait que nous n’en ayons pas trouvé trace en cinquante ans de travail sur le programme SETI, indique que la vie est rare, et la vie intelligente encore plus. Pourtant, la beauté est tout le sens de l’univers. Elle réside dans la conscience de la vie intelligente. Nous sommes la conscience de l’univers, et notre travail est de la répandre, d’observer les choses, d’aller vivre là où nous le pouvons. Il est trop dangereux de confiner la conscience de l’univers à une seule planète. Elle pourrait être balayée. Nous voilà donc sur deux planètes, trois si nous comptons la Lune. Et nous avons les moyens de transformer cette planète-ci, si nous voulons y vivre en sécurité. En la transformant, nous ne la tuerons pas. Il sera sans doute plus difficile de déchiffrer son passé, mais nous n’en supprimerons pas la beauté. En quoi des lacs, des forêts, des glaciers pourraient-ils diminuer cette beauté ? Pour moi, cela ne fera que l’accentuer. Cela lui apportera la vie, le plus beau des systèmes. Mais la vie n’abattra pas Tharsis, elle ne comblera pas Marineris. Mars restera Mars. Différente de la Terre, plus froide, plus sauvage. Mars et nous pouvons survivre en même temps. C’est inscrit dans l’esprit humain : si ça peut être fait, ce sera fait. Nous transformer Mars et la construire, comme nous avons construit les cathédrales. Ce sera un monument à l’humanité et à l’univers. »
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